ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"534"> choient par le bout, comme les branches d'une lyre; elles avoient quinze pouces de longueur & dix lignes de diametre par le bas; elles étoient rondes dans les femelles, un peu applaties dans les mâles, & plus recourbées en - arriere: le museau ressembloit au museau des chevres; celui des mâles étoit plus camus que celui des femelles. Il y avoit sur le palais une peau dure en forme d'écailles, & au - dedans des levres, quantité de papilles.

Les gazelles ruminent; celles dont il s'agit ici n'avoient point de dents incisives à la mâchoire supérieure; les dents du bas étoient au nombre de huit, plus larges à l'extrémité qu'à la racine: les deux du milieu avoient autant de largeur que les six autres prises ensemble. La queue des femelles étoit garnie d'un poil long & noirâtre, plate & large à son origine, plus étroite à l'extrémité, dont le poil descendoit jusqu'au jarret & étoit dur comme du crin: dans les mâles, il se trouvoit plus doux & seulement un peu plus long que le poil du reste du corps. Il y avoit sur les jambes de devant, au - dessous du genou, un poil plus dur & plus long que celui du reste de la jambe; il étoit couché à droite & à gauche comme l'épi d'un cheval; & dans cet endroit la peau étoit plus épaisse qu'ailleurs. Le devant des piés étoit formé par les ergots, & le derriere par la peau qui formoit la plante du pié, & n'étoit pas défendue par la corne des ergots, comme dans le cerf, le chevreuil, & les autres animaux à pié fourchu. Les piés des gazelles étoient fendus d'une maniere particuliere; les deux ergots pouvoient s'éloigner beaucoup l'un de l'autre, & étoient joints par une peau qui s'étendoit aisément; il n'y avoit que deux mammelles & deux mammelons. Il se trouvoit à côté & au - dessous de chaque mammelle dans les aînes deux cavités ou poches peu profondes dont la peau étoit sans poil & parsemée de grains formés par de petites glandes, & percées dans le milieu d'où il sortoit une matiere onctueuse. Mém. pour servir à l'hist. naturelle des anim. premiere partie. (I)

GAZETTE (Page 7:534)

GAZETTE, s. f. (Hist. mod.) relation des affaires publiques. Ce sut au commencement du xvije siecle que cet usage utile fut inventé à Venise, dans le tems que l'Italie étoit encore le centre des négociations de l'Europe, & que Venise étoit toûjours l'asyle de la liberté. On appella ces feuilles qu'on donnoit une fois par semaine, gazettes, du nom de gazetta, petite monnoie revenante à un de nos demisous, qui avoit cours alors à Venise. Cet exemple fut ensuite imité dans toutes les grandes villes de l'Europe.

De tels journaux étoient établis à la Chine de tems immémorial; on y imprime tous les jours la gazette de l'empire par ordre de la cour. Si cette gazette est vraie, il est à croire que toutes les vérités n'y sont pas. Aussi ne doivent - elles pas y être.

Le medecin Théophraste Renaudot donna en France les premieres gazettes en 1631; & il en eut le privilége, qui a été long - tems un patrimoine de sa famille. Ce privilége est devenu un objet important dans Amsterdam; & la plûpart des gazettes des Provinces - Unies sont encore un revenu pour plusieurs familles de magistrats, qui payent les écrivains. La seule ville de Londres a plus de douze gazettes par semaine. On ne peut les imprimer que sur du papier timbré, ce qui n'est pas une taxe indifférente pour l'état.

Les gazettes de la Chine ne regardent que cet empire; celles de l'Europe embrassent l'univers. Quoiqu'elles soient souvent remplies de fausses nouvelles, elles peuvent cependant fournir de bons matériaux pour l'Histoire; parce que d'ordinaire les erreurs d'une gazette sont rectifiées par les suivantes, & qu'on trouve presque toutes les pieces auten<cb-> tiques que les souverains mêmes y font insérer. Les gazettes de France ont toûjours été revûes par le ministere. C'est pourquoi les auteurs ont toûjours employé certaines formules qui ne paroissent pas être dans les bienséances de la société, en ne donnant le titre de monsieur qu'à certaines personnes, & celui de sieur aux autres; les auteurs ont oublié qu'ils ne parloient pas au nom du Roi. Ces journaux publics n'ont d'ailleurs été jamais souillés par la médisance, & ont été toûjours assez correctement écrits. Il n'en est pas de même des gazettes étrangeres. Celles de Londres, excepté celles de la cour, sont souvent remplies de cette indécence que la liberté de la nation autorise. Les gazettes françoises faites en pays étranger ont été rarement écrites avec pureté, & n'ont pas peu servi quelquefois à corrompre la langue. Un des grands défauts qui s'y sont glissés, c'est que les auteurs, en voyant la teneur des arrêts du conseil de France qui s'expriment suivant les anciennes formules, ont cru que ces formules étoient conformes à notre syntaxe, & ils les ont imitées dans leurs narrations; c'est comme si un historien romain eût employé le sty le de la loi des douze tables. Ce n'est que dans le style des lois qu'il est permis de dire, le Roi auroit reconnu, le Roi auroit établi une lotterie. Mais il faut que le gazetier dise, nous apprenons que le Roi a établi, & non pas auroit établi une lotterie, &c... nous apprenons que les François ont pris Minorque, & non pas auroient pris Minorque. Le style de ces écrits doit être de la plus grande simplicité; les épitheres y sont ridicules. Si le parlement a une audience du Roi, il ne faut pas dire, cet auguste corps a eu une audience, ces peres de la patrie ont revenus à cinq heures precises. On ne doit jamais prodiguer ces titres; il ne faut les donner que dans les occasions où ils sont nécessaires. Son altesse dina avee Sa Majesté, & Sa Majesté mena ensuite son aitesse à la comédie, après quoi son altesse joua avec Sa Majesié; & les autres altesses & leurs excellences messieurs les ambassadeurs assisterent au repas que Sa Majesté donna à leurs altesses. C'est une assectation servile qu'il faut éviter. Il n'est pas nécessaire de dire que les termes injurieux ne doivent jamais être employés, sous quelque prétexte que ce puisse être.

A l'imitation des gazettes politiques, on commença en France à imprimer des gazettes littéraires en 1665; car les premiers journaux ne furent en effet que de simples annonces des livres nouveaux imprimés en Europe; bien - tôt après on y joignit une critique modérée qu'elle étoit. Nous ne voulons point anticiper ici l'art. Journal; nous ne voulons point anticiper ici l'art. Journal; nous ne parlerons que de ces gazettes littéraires, dont on surchargea le public, qui avoit déjà de nombreux journaux de tous les pays de l'Europe, où les seiences sont cultivées. Ces gazettes parurent vers l'an 1723 à Paris sous plusieurs noms differens, nouvelliste du Parnasse, observations sur les écrits modernes, &c. La plûpart ont été faites uniquement pour gagner de l'argent; & comme on n'en gagne point à loüer des auteurs, la satyre sit d'ordinaire le fonds de ces écrits. On y mêla souvent des personnalités odieuses; la malignité en procura le débit; mais la raison & le bon goût qui prévalent toûjours à la longue, les firent tomber dans le mépris & dans l'oubli. Article de M. de Voltaire.

Une espece de gazette très - utile dans une grande ville, & dont Londres a donné l'exemple, est celle dans laquelle on annonce aux citoyens tout ce qui doit se faire dans la semaine pour leur intérêt ou pour leur amusement; les spectacles, les ouvrages nouveaux en tout genre; tout ce que les particuliers veulent vendre ou acheter; le prix des effets commerçables, celui des denrées; en un mot tout ce qui [p. 535] peut contribuer aux commodités de la vie. Paris a imité en partie cet exemple depuis quelques années.

GAZETIER (Page 7:535)

GAZETIER, s. m. (Hist. mod.) celui qui écrit une gazette; un bon gazetier doit être promptement instruit, véridique, impartial, simple & correct dans son style; cela signifie que les bons gazetiers sont très - rares.

GAZIE (Page 7:535)

GAZIE, s. f. (Hist. mod.) nom que les princes mahométans donnent à l'assemblée des troupes qu'ils levent pour la propagation de leur religion; comme les Chrétiens ont appellé croisades leurs guerres saintes. Ils arborent l'étendard de la religion; & c'en est assez pour lever en peu de tems des armées formidables. Vers l'an 1200 Almansor II. passa d'Afrique en Espagne avec une armée de quatre cents mille hommes qu'il avoit assemblés de cette maniere.

GAZIER (Page 7:535)

GAZIER, le fabriquant ou le marchand de gaze. Ceux qui fabriquent la gaze à Paris sont du nombre des Ferrandiniers, qui, quoique formant un même corps, sont divisés en deux sociétés: savoir, ceux qui ne font que des ferrandines, & qui ont retenu le nom de Ferrandiniers, & ceux qui ne travaillent qu'en gazes, & qui se font appeller Gaziers ou Gazetiers. Voyez Ferrandines.

GAZNAH (Page 7:535)

GAZNAH, (Géogr.) ville d'Asie en Perse, & dans la province de Zablestan. Nassir Edden & Vlug Beig lui donnent 104d. 20'. de long. & 33d. 35'. de latit. (D. J.)

GAZON (Page 7:535)

GAZON, s. m. (Agricult.) motte plus ou moins grande de terre fraiche, molle, garnie d'une herbe courte & touffue. Le gazon est l'objet de la campagne le plus agréable aux yeux; c'est le plus grand ornement des parterres & des jardins de propreté.

Il nait de lui - même dans un terrein favorable, ou bien il vient par culture; la culture se fait de graine ou de placage. Parlons de ces deux manieres de culture, & tirons nos instructions du pays qui joüit des plus beaux gazons du monde.

Pour faire un gazons de graine, on prépare en Angleterre le terrein qu'on destine à ce gazon. On le nivelle, on l'épierre, on le beche, on le laboure, en sorte que la terre en soit bien ameublie; on la passe au rateau, on en casse les mottes, on on unit la surface, & on répand dessus un ou deux pouces d'épaisseur de bon terreau, pour facilite encore mieux la levée du gazon.

La semence ordinaire du gazon est de graine de bas - pré, choisie dans les plus belles communes, & dans celles où l'herbe est la plus fine & la moins mélangée. On seme dans la terre préparée cette graine fort épaisse, afin que le gazon qui en naîtra le soit aussi. On couvre d'un peu de terre humide cette graine pour empêcher qu'elle ne soit point dissipée par les vents.

On choisit même un tems calme pour semer le gazon, parce que lorsqu'il vente, la graine qui est fort legere, s'envole, & tombe sur terre par tas, au lieu d'être également distribuée.

On seme le gazon au milieu du jour, & quand le tems est à la pluie, parce qu'il épargne la peine des arrosemens; outre que la pluie venant à tomber, plombe la terre, & fait lever la graine beaucoup plùtôt.

On préfere, pour semer du gazon, le commencement du printems ou de l'autonne, c'est - à - dire les mois de Mars ou de Septembre, avant & après les grandes chaleurs de l'été.

On s'estime très - heureux, si le gazon qu'on a semé dans un tems favorable, & qui vient de monter, se trouve pur, épais, & d'un beau verd; mais néanmoins, comme on sait qu'il périroit bien - tôt, si on l'abandonnoit à lui - même, on prend grand soin de l'entretenir. Ce soin consiste à le tondre très - souvent, tous les huit ou tous les quinze jours. Plus l'herbe est coupée fréquemment, plus elle s'épaissit & devient belle. Ensuite on seme chaque année de la nouvelle graine dans tous les endroits où le gazon est trop clair, afin de l'épaissir, le rafraîchir, & le renouveller.

On lui donne tous les arrosemens nécessaires; on n'oublie pas de le baure, quand il s'éleve trop, & de rouler continuellement par - dessus un rouleau de bois, de pierre, ou de fer, afin d'affaisser, d'arrasier l'herbe de bien près, & d'empêcher qu'un brin ne passe l'autre.

Malgré toutes ces précautions, les Anglois ont remarqué que leur gazon semé de graine n'avoit point une certaine beauté uniforme, qu'il ne venoit point pur, qu'il étoit toûjours mêlé d'herbes qui le déparoient, & que ces herbes dégénéroient encore chaque année. Ils ont long - tems tâché d'y remédier, en arrachant ces mauvaises herbes, & en semant à leur place de la nouvelle graine. Mais tous ces remedes ne répondant point à leurs desirs, ils ont enfin imaginé l'art de gazonner, & l'ont mis en pratique avec un succès surprenant.

Cet art de gazonner consiste à enlever des plus belles pelouses des carreaux de gazon, & à les appliquer ailleurs. Voici comme on se conduit pour réussir. Après avoir préparé la terre de la même maniere, que s'il s'agissoit de la semer de graine, on prend une beche pour enlever le gazon qu'on a choisi d'avance dans un pré, ou dans quelque riche pelouse toute pleine d'herbes fines. On taille ce gazon par pieces quarrees de l'épaisseur d'environ trois pouces & de la largeur d'environ dix - huit pouces; ensuite on couche la beche presque sur la surface de la terre, on la pousse contre les piecès de gazon taillées, on les coupe entre deux terres, on les enleve, on les porte au lieu qui leur est destiné, on les place proprement à l'endroit qu'il s'agit de gazonner, & on les arrange pressées les unes contre les autres, comme font nos carreleurs quand ils carrelent un appartement.

S'il s'agit de gazonner un espace de terrein considérabie, on commence à bien niveller le terrein préparé; ensaite on place le long d'un cordeau les pieces equarries de gazon qu'on a levées, on les joint ensemble très - exactement; & pour cimenter les joints, des plaqueurs applatissent uniment le placage avec leurs battes. Quand le gazon est nivelé, joint, plaqué, on l'arrose amplement pour le réunir encore à la terre, à laquelle il est appliqué; & enfin on y passe divers rouleaux pour l'affermir. Tous ces moyens font que le gazon s'attache inébranlablement à la nouvelle terre, s'incorpore avec elle, y jette ses racines de toutes parts, & s'en nourrit. Il ne s'agit plus pour la conservation du gazon, que de le tondre, le rouler, & l'entretenir.

Telle est la maniere dont les Anglois gazonnent, non - seulement des bordures, des rampes, des talus, des glacis, mais des boulingrins, des parterres, des allées, des promenades entieres; c'est un spectacle admirable que ces beaux tapis ras & unis de velours verd qu'on voit dans toutes leurs campagnes, & que les autres nations n'ont encore pu se procurer. On a tenté vainement de les imiter en France; on y seme, il est vrai, d'assez grandes pieces de gazon; on en plaque çà & là quelques massifs; on fait venir à ce dessein de la graine & des carreaux de gazon d'Angleterre: mais le gazon qui leve en France n'est ni fin, ni garni, ni d'un beau verd; il fait de larges jets, pousse des touffes séparées, de mauvaises herbes, dégénere en chien - dent; & d'ailleurs il n'est ni roulé, ni tondu avec le soin & l'intelligence nécessaires. En un mot, à l'exception peut - être du gazon du palais royal, tous les autres gazons du royaume, comparés à ceux d'Angleterre, ne paroissent que des

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