ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"576"> noms propres qui n'existent pas ou qu'on ignore; cette pierre, mon chapeau, cet homme. D'autres fois on supplée par cet artifice à une énumération ennuyeuse & impossible de noms propres; les philosophes de l'antiquité, au lieu du long étalage des noms de tous ceux qui dans les premiers siecles ont fait profession de philosophie.

Il y a diverses manieres de restreindre la signification d'un nom générique: ici c'est l'apposition d'un autre nom, le prophete roi: là c'est un autre nom lié au premier par une préposition, ou sous une terminaison choisie à dessein; la crainte du supplice, metus supplicü: dans une occasion c'est un adjectif mis en concordance avec le nom; un homme savant, vir doctus: dans une autre c'est une phrase incidente ajoûtée au nom; la loi qui nous soûmet aux puissances: souvent plusieurs de ces moyens sont combinés & employés tout - à - la - fois. C'est ainsi que l'esprit humain a su trouver des richesses dans le sein même de l'indigence, & assujettir les termes les plus vagues aux expressions les plus précises. (E. R. M.)

GÈNES (Page 7:576)

GÈNES, (l'État de) Géog. hist. République d'Italie, dont Gènes est la capitale; elle comprend la côte de Gènes, en latin ligustica littora, l'île de Corse, & l'île de Capraïa vis - à - vis la côte de Toscane.

De tous les états qui partagent l'Europe, il n'y en a peut - être pas qui ait éprouvé autant de révolutions que celui de Gènes. Connu dans l'histoire plus de deux siecles avant J. C. il a été successivement exposé aux entreprises - des Romains jusqu'à la chûte de leur empire; des Goths, jusqu'à ce que Narsès eut renversé le nouveau royaume qu'ils avoient formé; des Lombards sous Rotharis, de Charlemagne, & de ses descendans en Italie.

Les Sarrasins qui ont ravagé la côte à plusieurs reprises, ont considérablement inquiété la ville jusqu'au dixieme siecle; mais comme c'étoit un port commerçant, le négoce qui l'avoit fait fleurir, servit à la soûtenir. En peu de tems même les Génois furent en état de chasser les Arabes de leurs côtes, & de reprendre sur eux l'île de Corse dont ils s'étoient emparés.

Les richesses & les autres avantages de la navigation mirent cette nouvelle république à portée de donner de puissans secours aux princes armés dans les croisades: en vain les Pisans lui déclarerent la guerre en 1125; l'avantage fut entierement du côté des Génois. Enfin l'enthousiasme de la liberté rendit cet état capable des plus grandes choses, & il parvint à concilier l'opulence du commerce avec la supériorité des armes. Dans le treizieme siecle il remporta de telles victoires contre Pise & Venise réunies ensemble, que les Pisans ne se releverent jamais de leurs défaites, & que les Vénitiens furent obligés de demander la paix.

Malheureusement les esprits échauffés d'abord par l'amour de la patrie, ne le furent dans la suite que par la jalousie & par l'ambition. Ces deux cruelles passions n'arrêterent pas seulement les progrès de la république de Gènes, elles la remplirent cent fois d'horreur & de confusion par la part que prirent dans ses troubles les empereurs Robert roi de Naples, les Visconti, les marquis de Monferrat, les Sforces, & la France, qui y furent successivement appellés par les différens partis qui la divisoient. Enfin André Doria ayant eu le bonheur & l'habileté de réunir les esprits de ses concitoyens, il parvint en 1528 à établir dans Gènes l'ordre du gouvernement aristocratique qui y subsiste encore aujourd'hui, & qui est connu de tout le monde. Ce grand homme qui auroit pu peut - être s'emparer de la souveraineté, se contenta d'avoir affermi la liberté, & procuré la tranquillité si nécessaire à sa patrie.

Gènes dans ses tems florissans possédoit plusieurs îles de l'Archipel, & plusieurs villes sur les côtes de la Grece & de la mer Noire; Pera même, un des fauxbourgs de Constantinople, étoit sous sa domination: mais l'aggrandissement de la puissance ottomane lui ayant fait perdre toutes ces possessions là, son commerce du Levant en a tellement souffert, qu'à peine voit - on paroître à - présent quelqu'un de ses vaisseaux dans les états du grand - seigneur.

Son principal commerce consiste en soies greges & en matasses qu'elle tire de toute l'Italie; en velours, damas, satins, tapis, draps d'or & d'argent, papeteries, fer en oeuvre, & autres manufactures considérables. La construction des vaisteaux, tant pour sa propre navigation que pour l'usage des étrangers, est encore un objet fort important. La république entretient cinq galeres & quelques srégates, & autres bâtimens, en course contre les Barbaresques, avec lesquels elle est habituellement en guerre.

Gènes & Venise long - tems rivales, sont aujourd'hui revenues à une espece d'égalité pour le négoce; avec cette différence que les Vénitiens en font un plus considérable dans le Levant; & les Génois un plus grand que les Vénitiens en France, en Espagne, en Portugal, & ailleurs. Une grande partie des particuliers génois trafiquent en banque, ou autrement; & leur opulence est communément d'une grande ressource à l'état. (D. J.)

Gènes (Page 7:576)

Gènes, (Géog.) Genua; & dans les siecles ignorans du moyen âge, Janua, comme si Janus en étoit le fondateur; ancienne, forte, riche ville, & l'une des principales d'Italie, capitale de la république de Gènes, avec un archevêché & un bon port. Les églises, les édifices publics & les palais y sont magnifiques: les palais se suivent sans être joints avec des maisons ordinaires; ce qui fait le plus bel effet qu'on puisse desirer. Cette ville commerçante est presque au milieu de l'état de Gènes, en partie dans la plaine, & en partie sur une colline près de la Méditerranée, dans une heureuse & riante situation, à 28 lieues sud - oüest de Milan, 25 sud - est de Turin, 26 sud - oüest de Parme, 45 nord - oüest de Florence, 90 nord - oüest de Rome. Long. suivant Salvego, Cassini & le pere Grimaldi, 26d. 7'. 15". latit. 44d. 25'. 0". (D. J.)

GENESE (Page 7:576)

GENESE, s. f. (Théolog.) premier livre de l'ancien testament où la création & l'histoire des premiers patriarches est écrite.

Le livre de la Genese est à la tête du Pentateuque, & Moyse en est l'auteur. Quelques - uns croyent qu'il l'a écrit avant la sortie d'Egypte; mais il est plus vraissemblable qu'il la composé depuis la promulgation de la loi. Il comprend l'histoire de 2369 ans ou environ, qui s'étendent depuis le commencement du monde jusqu'à la mort de Joseph. Il est défendu chez les Juifs de lire les premiers chapitres de la Genese & ceux d'Ezéchiel avant l'âge de trente ans. Voyez Bible, Écriture. (G)

GENESTROLLE (Page 7:576)

GENESTROLLE, s. f. (Botan.) genista tinctoria, C. Bauh. Pin. 395. Tournef. instit. 643. Boerh. ind. A. 2. 25. genistella tinctoria. Ger. Emac. 1136. Raü hist. 2. 1725. synops 3. 474. &c.

Le port de cette plante herbeuse est le même que celui du genêt dont elle est la plus petite espece, & vient beaucoup moins haut; ses verges sont plus minces & plus courtes; ses feuilles, ses fleurs & ses gousses sont aussi plus petites.

La genestrolle croît naturellement & sans culture, ce qui lui a donné le nom de genêt, de pâturage ou d'herbe de pâturage; elle sert quelquefois aux Teinturiers pour teindre en jaune les choses de peu de conséquence, & c'est pour cela qu'on l'appelle en françois comme en latin, le genêt des Teinturiers. Cette herbe ne se peut garder que quand elle a été cueillie en maturité; mais si l'on veut s'en servir aussi - tôt [p. 577] après l'avoir cueillie, il n'importe pas qu'elle soit si mûre. (D. J.)

GENET (Page 7:577)

GENET, s. m. geneta, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur légumineuse, dont le pistil sort du calice, & devient une silique applatie qui s'ouvre en deux parties, & qui renferme des semences en forme de rein. Les feuilles de la plante sont alternes ou verticillées. Tournef. inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Genêt commun (Page 7:577)

Genêt commun, (Botan.) genista vulgaris, Park. theat. 228. Merete, bot. 1. 37. Phyt. britst. 43. &c. arbrisseau qui s'éleve quelquefois à la hauteur d'un homme; saracine est dure, ligneuse, longue, pliante, s'enfonçant profondément en terre, jaune, garnie en quelques endroits de fibres obliques. Les tiges sont serrées, jettant plusieurs autres menues verges anguleuses, vertes, flexibles, que l'on peut entrelacer facilement, & qui sont souvent partagées en d'autres verges plus greles; sur les tiges naissent plusieurs petites feuilles pointues, velues, d'un verd fonce, dont les premieres sont trois à - trois, & les autres seules - à seules; elles tombent de bonne heure.

Ses fleurs viennent aussi sur les verges; elles sont papilionacées d'une belle couleur jaune, larges, garnies d'étamines, recourbées & surmontées de sommets jaunes. Il succede à ces fleurs des gousses applaties, larges, noirâtres, quand elles sont mûres, à deux cossés remplies de graines plates, dures, roussâtres, faites en forme de rein.

Cette plante croît par - tout en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Portugal & en France; elle est cultivée aux environs de Paris, parce que ses verges y sont d'un grand débit pour des balais. Quelques modecins font usage de cette plante; & ce qui vaut peut - être mieux, on tire de ses fleurs par artifice une belle laque jaune, recherchée des Peintres & des Enlumineurs. Voyez l'article suivant pour la matiere médicale, & pour la Peinture Laque artificiflle. (D. J.)

Genêt d'Espagne (Page 7:577)

Genêt d'Espagne, (Botan. & Agric.) genista juncea, J. Bauh. 1. 395. Spartiam arborescens, C. B. p. 396. en anglois, spanish broom.

C'est un arbrisseau qui s'eleve à la hauteur de cinq à six piés, & par une bonne culture à douze & quatorze piés; son tronc est de la grosseur du bras. Il en sort des jets cylindriques, plians, verdâtres, sur lesquels lorsque la plante est en fleur & encore jeune, se trouvent quelques feuilles oblongues, étroites, semblables aux feuilles de l'olivier qui tombent, & qui sont presque de la couleur des branches.

Les fleurs naissent comme en épi au sommet des rameaux, & en grand nombre; elles sont légumineuses, amples, d'un jaune doré, très odorantes & agréables au goût.

Leur pistil se change en une gousse à deux cosses droites, longues de quatre ou cinq pouces, applaties, un peu courbes, presque de couleur de chataigne; elle contient des graines quelquefois au nombre de vingt, souvent en moindre nombre, plates en forme de rein, rougeâtres, luisantes, d'une saveur légumineuse qui approche de celle des pois.

Cet arbuste vient de lui - même dans les pays chauds, en Languedoc, en Italie, en Espagne, en Portugal; on le cultive dans les jardins des curieux. Il se distingue du genêt commun par sa grandeur, par l'odeur suave de ses fleurs, par ses branches pleines d'une moëlle fongueuse, & par ses feuilles qui ne sont point posées au nombre de trois sur une même queue.

On le multiplie de graine dont on seme une ou deux dans un pot, pour ensuite déplanter l'un ou l'autre des deux piés qu'elles auront produit, & les replanter dans un autre pot qu'on aura rempli d'une terre à potager bien criblée; il aime une belle expo<cb-> sition, mais point trop chaude. Quand ceux qu'on aura plantés seront devenus trop grands pour être contenus dans des pots, on les dépotera; on les plantera en pleine terre en lieu convenable. La fleur que donne cet arbrisseau fait un bel effet dans un grand parterre, ou dans de longues plates - bandes. On a remarqué qu'elle est émetique, & que la graine pilée prise en moindre dose qu'un dragme, est un cathartique qui irrite & picote les membranes des intestins.

Bradley dit que les jardiniers ont bien de la peine à assujettir le genêt d'Espagne à aucune forme; il conseille de la planter dans les bosquets parmi les autres arbrisseaux à fleurs, entre lesquels il figure fort bien. Il produit tous les ans quantité de fleurs d'un jaune agréable, résiste au froid de l'Angleterre, & y perfectionne sa graine. Miller enseigne la maniere de le cultiver dans les pepinieres; il ne faut pas l'y garder plus de trois ans, après lequel tems il seroit dangereux de l'en retirer, parce que c'est un des arbustes à fleurs des plus difficiles à transplanter quand il est parvenu à une certaine grosseur. (D. J.)

Genêt (Page 7:577)

Genêt, (Mat. med.) on employe en Pharmacic deux sortes de genêt, le commun & celui d'Espagne; leur vertu passe pour être à peu - près la même. On se sert à Paris du premier qui est fort commun dans les environs; mais dans nos provinces méridionales, on employe indifferemment celui - ci ou celui d'Espagne qui y croit fort abondamment.

L'infusion ou plutôt la lessive des cendres de genêt, est un remede très - employé dans la leucoplegmatie & dans l'hydropisie; les medecins de Montpellier s'en servent beaucoup dans ce cas. Ce remede évacue en effet très - efficacement par les couloirs dn ventre & par les voies des urines; mais on ne voit point pourquoi on le préféreroit à la lessive des cendres de tout autre végétal qui fourniroit à - peu - près la même quantité d'alkali fixe & de sel neutre qu'on retire de la plus grande partie des végétaux par la combustion. Les cendres de genêt paroissent avoir tiré lear célébrité particuliere de la proprieté qu'a la plante inaltérée, & sur - tout sa semence, d'exciter puissamment les selles & les urines, selon l'observation de Mathiole, de Lobel, de Rai & plusieurs autres medecins.

La fleur de genêt est un vomitif doux selon Lobel; quoi qu'il en soit, nous employons fort peu les feuilles, les sommités, les graines & les fleurs de genêt, parce que nous avons des hydragogues & des émétiques plus sûrs.

Sa cendre ou plutôt son sel lixiviel n'a, comme nous l'avons insinué déjà, que les propriétés communes des sels lixiviels. Voyez Sel lixiviel. (b)

Genêt - Cytise (Page 7:577)

Genêt - Cytise, s. m. (Hist. nat. bot.) cytiso - genista, genre de plante qui differe du genêt & du cytise, en ce qu'elle a des feuilles seules, & d'autres qui sont trois ensemble. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Genêt épineux (Page 7:577)

Genêt épineux, (Botan. & Agric.) genista spinosa vulgas, Ger. Emacul. genista ou eartium majus, aculeatum. Tournef. en anglois, the, common, furz, wheins ou gorse.

Les épines dont de cet arbrisseau est couvert le distinguent des autres genêts; ses fleurs en épis sont succédées par des gousses applaties, courbes, contenant trois ou quatre graines faites en forme de rein. Le grand & le petit genêt épineux sont communs dans les montagnes & bruyeres d'Angleterre, & l'on en voit de cultivés dans leurs jardins qui y font une belle figure, & qui ne le cedent point aux meilleurs arbrisseaux toûjours verds. On les tond comme l'if, mais ils les surpassent à tous égards; car ils fleurissent dans toutes les saisons de l'année, & gardent long - tems toutes leurs fleurs. Quand ils sont bien taillés & soignés, ils forment des haies impénétra<pb->

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