ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"578"> bles; on observe seulemene ne les point tailler dans un tems fort sec, ni tr tôt au printems, ni trop tard en automne. Leur lture est la même que celle du genét d'Espagne; ils le plaisent dans une terre seche & sablonneuse. On multiplie de graine, car les boutures ne reprenne point; & on ne réussiroit pas mieux en coupant urs branches: comme ils ont peu de parties sponguses, il leur faut peu d'eau; enfin on ne doit pas les transplanter plus tard qu'au bout de l'an. (D. J.)

Genêt (Page 7:578)

Genêt, (Econ. rust.) Quoique quelques genêts méritent d'être cultivés, cependant comme la plûpart perdent les bonnes terres où ils pullulent, il ne faut pas alors hésiter de les détruire, parce qu'ils jettent de profondes racines, qui sucent le sel de ces terres précieuses. La bonne méthode pour parvenir à leur entiere destruction, est de brûler ces terres, les labourer profondément, & les fumer ensuite, soit avec du fumier & des cendres, soit en y répandant de la marne & de l'urine des bestiaux. Si c'est un terrein de pâturage, le meilleur parti seroit de couper les genêts raz terre au mois de Mai, qui est le tems de leur seve; ensuite d'y jetter du bétail qui fourragera l'herbe, & dont l'urine fera mourir les racines des genêts, outre qu'ils ne viennent point dans un lieu qui est bien foulé par les piés des animaux. Au reste cette plante pernicieuse dans les cas dont nous venons de parler, n'est pas toûjours nuisible au laboureur; au contraire il peut quelquefois en tirer un parti fort utile, comme par exemple en former du chaume, qui fait avec art est aussi durable qu'excellent pour la couverture des granges. (D. J.)

Genêt (Page 7:578)

Genêt, (Manége.) Quelques personnes prétendent que ce mot, qui est aujourd'hui très - peu usité parmi nous, est dérivé du grec EU=GNHS2, bene natus: d'autres avancent qu'il n'a d'autre origine que le terme espagnol ginette, cavalier, homme de cheval; d'où ces derniers concluent que les Francois l'ont transporté de l'animal à l'homme, puisqu'il s'applique spécialement à certains chevaux d'Espagne qui sont d'une petite taille & parfaitement bien conformes. Il paroît aussi que du tems de Louis XI. cette espece de chevaux étoit en usage, & servoit de monture à des cavaliers qui étoient nommés génétaires.

On a dit encore genêt de Portugal, genêt de Sardaigne.

Je me déchargerai d'un faix que je dédaigne, Suffisant de crever un genêt de Sardaigne. Regn. Voyez Ménage. Voyez aussi le dictionn. de Trévoux, de l'autorité duquel on ne me reprochera pas d'abuser. (e)

GENETER un Fer (Page 7:578)

GENETER un Fer, (Manége & Maréchallerie.) c'est en courber les éponges sur plat en contre - haut. Voyez Fer, Ferrure. (e)

GENETHLIE (Page 7:578)

GENETHLIE, (Myth.) c'étoit une solennité d'usage chez les Grecs, en mémoire d'une personne morte; & Genetyllis étoit une grande fête célébrée par toutes les femmes de la Grece en l'honneur de Genetyllis, la déesse du beau sexe. Poter, arch oeol. Groec. lib. II. cap. xx. Voy. Genetyllides. (D. J.)

GENETHLIAQUES (Page 7:578)

GENETHLIAQUES, s. m. pl. terme d'Astrologie, c'étoit le nom qu'on donnoit dans l'antiquité aux astrologues qui dressoient des horoscopes, ou qui prédisoient ce qui devoit arriver à quelqu'un par le moyen des astres, qu'ils supposoient avoir présidé à sa naissance. Voyez Horoscope & Astrologie.

Ce mot est forme du grec GE/NESIS2, origine, génération, naissance.

Les anciens appelloient ces sortes de devins Chaldai, & en général Mathematici. Les lois civiles & canoniques que l'on trouve contre les Mathématiciens, ne regardent que les Généthliaques ou Astrologues. Voyez Géométrie.

L'assûrance avec laquelle ces insensés osoient prédire l'avenir, faisoit qu'ils trouvoient toûjours des dupes; & qu'après avoir été chassés par arrêt du sénat, ils savoient encore se ménager assez de protections pour demeurer dans la ville. C'est ce que disoit un ancien: homimum genus quod in civitate nostrâ semper & vetabitur & retinebitur. Voyez Divination.

Antipater & Archinapolus ont prétendu que la Généthliogie devroit être plûtôt fondée sur le tems de la conception, que sur celui de la naissance. Qu'en savoient - ils? Chambers. (G)

Genethliaque (Page 7:578)

Genethliaque, (Poëme) Littérat. espece de poëme qu'on fait sur la naissance de quelque prince ou quelqu'autre personne illustre, à laquelle on promet de grands avantages, de grandes prospérités, des succès & des victoires, par une espece de prédiction: c'est sur - tout dans ces sortes de pieces que les Poëtes se livrent à l'enthousiasme, & qu'ils prononcent des oracles que leurs héros n'ont pas toûjours soin de justifier.

Telle est l'églogue de Virgile sur la naissance du fils de Pollion, qui commence ainsi:

Sicelides Musoe, paulò majora canamus.

On appelle aussi discours généthliaques, ceux qu'on fait à l'occasion de la naissance de quelque prince ou autre personne d'un rang très - distingué. (G)

GENETTE (Page 7:578)

GENETTE, s. f. genetta, (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport aux foüines, mais qui est plus gros. Il a une couleur mêlée de jaune & de noir, avec des taches noires. Gesner a fait la description d'une peau de genette qui avoit sur la queue huit anneaux noirs & huit de couleur blanchâtre. Cet animal ne monte pas sur les lieux élevés, il reste le long des rivieres. On dit qu'il se trouve en Espagne. Bellon a vû à Constantinople des genettes qui étoient apprivoisées dans les maisons comme des chats. La peau a une bonne odeur qui approche de celle du musc. Raii, synop. anim. quadrup. pag. 201. Voyez Quadrupede. (I)

Genette (Page 7:578)

Genette, s. f. (Man.) embouchure autrefois en usage. Il y avoit des genettes vraies; il y en avoit de bâtardes: elles étoient employées dans l'intention d'assûrer la tête du cheval, de lui former l'appui, de l'empêcher de peser, de tirer, &c.

Pour concevoir une idée de cette sorte de mors, qui differe peu de celui que l'on nomme mors à la turque, il suffit de se représenter d'une part un canon non - brisé, ayant assez de montant pour s'élever à la hauteur de l'oeil du banquet, & de l'autre un anneau de fer d'une seule piece, mobilement engagé dans le sommet de ce montant, & diversement contourné pour embrasser la barbe de l'animal & tenir lieu de gourmette.

La genette tient une place distinguée parmi cette foule d'embouchures & d'instrumens effrayans, que les anciens avoient imaginés, & que nous avons rejettés avec d'autant plus de raison, que nous ne les devions qu'à leur ignorance. (e)

GENETYLLIDES (Page 7:578)

* GENETYLLIDES, s. f. pl. (Myth.) Pausanias qui a parlé seul de ces divinités, se contente de nous apprendre que c'étoient des déesses qui avoient des statues dans le temple de la Vénus Colliade.

GENÈVE (Page 7:578)

GENÈVE, (Hist. & Politiq.) Cette ville est située sur deux collines, à l'endroit où finit le lac qui porte aujourd'hui son nom, & qu'on appelloit autrefois lac Leman. La situation en est très - agréable; on voit d'un côté le lac, de l'autre le Rhonc, aux environs une campagne riante, des côteaux couverts de maisons de campagne le long du lac, & à quelques lieues les sommets toûjours glacés des Alpes, qui paroissent des montagnes d'argent lorsqu'ils sont éclairés par le soleil dans les beaux jours. Le port de Genève sur le lac avec des jettées, ses barques, ses marchés, &c. & sa position [p. 575B] entre la France, l'Italie & l'Allemagne, la rendent industrieuse, riche & commerçante. Elle a plusieurs beaux édifices & des promenades agréables; les rues sont éclairées la nuit, & on a construit sur le Rhone une machine à pompes fort simple, qui fournit de l'eau jusqu'aux quartiers les plus élevés, à cent piés de haut. Le lac est d'environ dix - huit lieues de long, & de quatre à cinq dans sa plus grande largeur. C'est une espece de petite mer qui a ses tempêtes, & qui produit d'autres phénomenes curieux. Voyez Trombe, Seiche, &c. & l'hist. de l'acad. des Seiences des années 1741 & 1742. La latitude de Geneve est de 46d. 12'. sa longitude de 23d. 45'.

Jules César parle de Genève comme d'une ville des Allobroges, alors province romaine; il y vint pour s'opposer au passage des Helvétiens, qu'on a depuis appellés Suisses. Dès que le Christianisme fut introduit dans cette ville, elle devint un siége épiscopal, suffragant de Vienne. Au commencement du v. siecle, l'empereur Honorius la céda aux Bourguignons, qui en furent dépossédés en 534 par les rois francs. Lorsque Charlemagne, sur la fin du jx. siecle, alla combattre le roi des Lombards & délivier le pape (qui l'en récompensa bien par la couronne impériale), ce prince passa à Genève, & en fit le rendez - vous général de son armée. Cette ville fut ensuite annexée par héritage à l'empire germanique, & Conrad y vint prendre la couronne impériale en 1034. Mais les empereurs ses successeurs occupés d'affaires tresimportantes, que leur susciterent les papes pendant plus de 300 ans, ayant négligé d'avoir les yeux sur cette ville, elle secoüa insensiblement le joug, & devint une ville impériale qui eut son évêque pour prince, ou plûtôt pour seigneur, car l'autorité de l'évêque étoit tempérée par celle des citoyens. Les armoiries qu'elle prit des - lors exprimoient cette constitution mixte; c'étoit une aigle impériale d'un côté, & de l'autre une clé représentant le pouvoi: de l'Eglise, avec cette devise, post tenebras lux. La ville de Genève a conservé ces armes après avoir renoncé à l'église romaine, elle n'a plus de commun avec la papauté que les clés qu'elle porte dans son écusson; il est même assez singulier qu'elle les ait conservées, après avoir brisé avec une espece de superstition tous les liens qui pouvoient l'attacher à Rome; elle a pensé apparemment que la devise post tenebras lux, qui exprime parfaitement, à ce qu'elle croit, son état actuel par rapport à la religion, lui permettoit de ne rien changer au reste de ses armoiries.

Les dues de Savoie voisins de Genève, appuyés quelquefois par les évêques, firent insensiblement & à differentes reprises des efforts pour établir leur antorité dans cette ville; mais elle y résista avec courage, soûtenue de l'alliance de Fribourg & de celle de Berne: ce fut alors, c'est - à - dire vers 1526, que le conseil des deux - cents fut établl. Les opinions de Luther & de Zuingle commençoient à s'introduire; Berne les avoit adoptées; Genève les goûtoit, elle les admit enfin en 1635; la papauté fut abolie; & l'évéque qui prend toûjours le titre d'évêque de Genève sans y avoir plus de jurisdiction que l'evêque de Babylone n'en a dans son diocese, est résident à Annecy depuis ce tems - là.

On voit encore entre les deux portes de l'hôtelde - ville de Genève, une inscription latine en mémoire de l'abolition de la religion catholique. Le pape y est appellé l'antechrist; cette expression que le fanatisme de la liberté & de la nouveauté s'est permise dans un siecle encore à demi - barbare, nous paroit peu digne aujourd'hui d'une ville aussi philosophe. Nous osons l'inviter à substituer à ce monument injurieux & grossier, une inseription plus vraie, plus noble, & plus simple. Pour les Catholiques, le pape est le chef de la véritable église; pour les Protestans sages & modérés, c'est un souverain qu'ils respectent comme prince sans lui obéir: mais dans un siecle tel que le nôtre, il n'est plus l'antechrist pour pertonne.

Genève poûr defendre sa liberté contre les entreprises des ducs de Savoie & de ses évêques, se fortifia encore de l'alliance de Zurich, & sur - tout de celle de la France. Ce fut avec ces secours qu'elle resista aux armes de Charles Emmanuel & aux thrésors de Philippe II. prince dont l'ambition, le despotisme, la cruauté & la superstition, astûrent à sa memoire l'exécration de la postérité. Henri IV. qui avoit secouru Genève de 300 soldats, eut bien - tôt après besoin lui - même de ses secours; elle ne lui fut pas inutile dans le tems de la ligue & dans d'autres occasions: de - là sont venus les priviléges dont les Genevois joüissent en France comme les Suisses.

Ces peuples voulant donner de la célébrité à leur ville, y appellerent Calvin, qui joüissoit avec justice d'une grande réputation, homme de lettres du premier ordre, écrivant en latin aussi - bien qu'on le peut faire dans une langue morte, & en françois avec une pureté singuliere pour son tems; cette pureté que nos habiles grammairiens admirent encore aujourd'hui, rend ses écrits bien superieurs à presque tous ceux du même siecle, comme les ouvrages de MM. de Port - Royal se distinguent encore aujourd'hui par la même raison, des rapsodies barbares de leurs adversaires & de leurs contemporains. Calvin jurisconsulte habile & theologien aussi eclairé qu'un hérétique le peut être, dressa de concert avec les magistrats, un recueil de lois civiles & ecclésiastiques, qui fut approuvé en 1543 par le peuple, & qui est devenu le code fondamental de la république. Le superflu des biens ecclésiastiques qui servoient avant la réforme à nourrir le luxe des évêques & de leurs subalternes, fut appliqué à la fondation d'un hôpual, d'un college & d'une académie: mais les guerres que Genève eut à foûtenir pendant pres de soixante ans, empêcherent les Aris & le Commerce d'y fleurir autant que les . Enfin le mauvais succès de l'escalade tentée en 1602 par le duc de Savoie, a été l'époque de la tranquillité de cette république. Les Génevois repousserent leurs ennemis qui les avoient attaqués par surprise; & pour dégoûter le due de Savoie d'entreprises semblables, ils firent pendre treize des principaux genéraux ennemis. Ils crurent pouvoir traiter comme des voleurs de grand - chemin, des hommes qui avoient attaqué leur ville sans déclaration de guerre: car cette politique singuliere & nouvelle, qui consiste à faire la guerre sans l'avoir déclarée, n'étoit pas encore connue en Europe, & eut - elle été pratiquée deslors par les grands états, elle est trop prejudiciable aux petits, pour qu'elle puisse jamais être de leur goût.

Le duc Charies Emmanuel se voyant repousse & ses généraux pendus, renonça à s'emparer de Genève. Son exemple servit de leçon à ses successeurs; & depuis ce tems, cette ville n'a cessé de se peupler, de s'enrichir & de s'embellir dans le sein de la paix. Quelques dissensions intestines, dont la derniere a éclaté en 1738, ont de tems en tems altéré legerement la tranquillité de la république; mais tout a été heureusement pacifié par la mediation de la France & des Cantons conféderés; & la sûreté est aujourd'hui établie au - dehors plus fortement que jamais, par deux nouveaux traités, l'un avec la France en 1749, l'autre avec le roi de Sardaigne en 1754.

C'est une chose très - singuliere, qu'une ville qui compte à peine 24000 ames, & dont le territoire morcelé ne contient pas trente villages, ne laisse pas d'être un état souverain, & une des villes les plus florissantes de l'Europe: riche par sa liberté & par son commerce, elle voit souvent autour d'elle tout en feu sans jamais s'en ressentir; les évenemens

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.