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3°. Qu'il y a un grand nombre d'observations de conceptions qui se sont faites dans les trompes de Fallope, dans lesquelles les oeufs fécondés ont pris leur accroissement, & les fétus ont grossi comme dans la matrice. Riolan, Duverney, Mauriceau, Dionis, Douglas, & bien d'autres auteurs, rapportent des exemples de grossesses tubales. Mais outre ce que des accidens, des écarts de la nature ont appris à cet égard, on ne doit pas omettre ce que l'art a confirmé sur ce sujet par la fameuse expérience faite & rapportée par Nuck (adenogr. curios.), qui ayant lié la trompe d'une chienne trois jours après la copulation, assûre avoir trouvé le vingt - unieme jour deux fétus entre l'ovaire & la ligature, tandis que la portion de la trompe entre la ligature & la matrice se trouvoit absolument vuide. L'accord de ce fait avec ceux qui viennent d'être allégués, qui ont un rapport très - direct à celui - ci, ne laissent aucun doute sur la vérité du résultat.
4°. Que l'érection des trompes, l'application du
pavillon aux ovaires, le mouvement péristaltique
de ces conduits, concourent à annoncer qu'ils sont
destinés à recevoir les oeufs détachés des ovaires &
à les transporter dans la matrice. Toutes ces propriétés
étant prouvées par les observations de plusieurs
anatomistes célebres, tels que Graaf, Malpighi, Valisnieri, Bohn, &c. semblent ne devoir laisser
aucun doute sur les effets qui doivent s'ensuivre,
sans lesquels on ne verroit point de quel usage peuvent
être ces organes dans l'économie animale. Voyez
5°. Que la qualité alkalescente halitueuse, qui est
reconnue dans la partie subtile de la semence du
mâle (voyez
6°. Que l'on ne peut pas douter que la semence ne puisse être portée jusqu'à l'ovaire, par le moyen de la matrice & des trompes en érection. Si l'on fait attention que cette liqueur n'est pas d'une gravité spécifique plus considérable que celle des parois de la matrice & des trompes; qu'elle peut par conséquent contracter adhésion avec la surface intérieure de ces organes, & qu'elle peut être attirée de proche en proche jusqu'à l'extrémité des trompes par une suction semblable à celle des tubes capillaires; qu'on peut aussi se représenter le transport de la semence dans les cavités de la matrice & des trompes, comme étant fait par un méchanisme semblable à celui de la déglutition dans l'oesophage, par une sorte de mouvement péristaltique que l'on a dit ci - devant
7°. Que la comparaison se soûtient à tous égards entre ce qui se passe pour la génération des animaux vivipares & des animaux ovipares; que comme les oeufs de ceux - là ont besoin de l'incubation, pour que la chaleur y prépare les sucs nourriciers de l'embryon qui y est contenu, & le dispose à prendre de l'accroissement, à se fortifier assez pour sortir de sa prison & devenir ensuite un animal parfait; de même les oeufs fécondés dans les vivipares sont retenus dans la matrice, pour y être gardés & exposés à une véritable incubation au même degré de chaleur pendant un tems plus ou moins long, pour les mêmes effets que le poulet, par exemple, éprouve dans l'oeuf couvé.
8°. Que cette analogie, à l'égard de la génération entre les animaux ovipares & les vivipares, paroît bien complete, sur - tout en raisonnant d'après les expériences nombreuses & rapportées par plusieurs auteurs (vid. comment. instit. medic. Boerhaav. §. 669. not. 20. Haller), qui prétendent que les femmes, & par conséquent les femelles de la plûpart des autres animaux vivipares, ont non - seulement des oeufs susceptibles d'être portés dans la matrice, après avoir été fécondés, mais encore de ceux qui peuvent y être portés, sans être fécondés: que ceux - ci ont la faculté de grossir assez, par la seule nourriture qui leur est fournie, de l'individu femelle dont ils font partie, pour se détacher de l'ovaire, être reçus dans les trompes, portés dans la matrice, & en sortir avec le sang menstruel, ou même avec la liqueur qui s'en repand dans les actes voluptueux, comme le coït, & les autres moyens propres à exciter l'orgasme vénérien; dans lesquels oeufs inféconds on n'observe cependant aucune trace de l'embryon contenu, parce qu'il est imperceptible tant qu'il ne joüit pas d'une vie qui lui soit propre, & qui puisse commencer à rendre sensible le développement de ses parties.
9°. Enfin que l'analogie conduit à adopter le sentiment des oeufs à l'égard de la génération, non - seulement par rapport aux animaux ovipares, mais encore par rapport aux plantes, qui, selon l'observation des plus habiles botaniologistes, tels que MM. Linnaeus, de Savuages, se reproduisent toutes par le moyen d'une trompe qui sert à porter dans l'amas de graines, que l'on peut regarder comme un ovaire, la poussiere séminale pour les féconder; ensorte que cette trompe étant liée, & cette poussiere n'y pouvant pénétrer, elles restent infécondes.
Quelques auteurs ont prétendu qu'il n'est pas absolument nécessaire que la semence du mâle entre dans la matrice pour parvenir aux ovaires, & pour rendre par cette voie la femelle féconde; parce que, selon quelques observations, des femelles bouclees, qui n'avoient par conséquent pu recevoir cette liqueur, ou d'autres, qui de fait ne l'avolent point reçue dans le vagin, mais seulement sur les bords de son orifice extérieur, n'avoient pas laissé que d'être imprégnées. Ils ont imaginé que pour résoudre cette difficulté, il suffit de supposer que la semence ainsi versée sur les bords du vagin, est reçue dans les vaisseaux absorbans qui la portent dans les veines; d'où elle est bien - tôt mélée dans toute la masse du sang, & portée par la circulation jusqu'aux ovaires; ensorte que l'oeuf disposé à être fécondé, n'est fait tel, qu'après que toute la masse des humeurs de la femelle a été, pour ainsi dire, fécondée elle - même.
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C'est à ce mélange de la liqueur séminale du mâle
dans le sang de la femelle, que M. Fizes, qui entr'autres
a adopté ce sentiment (exercitatio de generat.
homin. perioch. III.), attribue tous les desordres,
dont sont fatiguées, tourmentées la plûpart des femmes
nouvellement enceintes. On peut en voir une
raison plus vraissemblable dans l'article
Mais, d'après cette idée de fécondation procurée par le moyen de la circulation, il devroit s'ensuivre que cette oeuvre admirable pourroit être opérée, par quelque voie que la semence soit introduite dans la masse du sang, & que les oeufs des ovaires devroient être rendus féconds tous à - la - fois, ce qui est contre l'expérience.
Quoi qu'il en soit, de quelque maniere que l'oeuf
soit fécondé; soit que la semence du mâle portée
immédiatement jusqu'à lui, par la voie de la matrice
ou des trompes de Fallope, en pénetre la substance;
soit que délayée dans la masse des humeurs, elle n'y
parvienne que par les routes de la circulation vers
les ovaires: cette semence ou cet esprit séminal
ayant la propriété d'exciter l'irritabilité des parties
de l'embryon imperceptible, qui sont déjà toutes
formées dans l'oeuf, y met ainsi en jeu le principe
du mouvement qui leur est particulier, & les dispose
à se développer, à se rendre sensibles. L'oeuf
jusque - là fixement attaché à l'ovaire, s'étend en
tous sens, sort de la cavité qui ne peut plus le contenir,
rompt son pédicule, se détache par conséquent
de l'ovaire: il est reçu dans le canal de la
trompe, dont l'extrémité appellée le pavillon, embrasse
alors l'ovaire pour recevoir cet oeuf, qui delà
est porté dans la matrice par le méchanisme dont
il a été fait mention ci - devant. Alors semblable aux
graines des plantes ou des arbres, lorsqu'elles sont
reçues dans un terrein propre à les faire germer &
végéter, l'oeuf pousse des racines de la surface des
membranes dont il est composé, qui, pénétrant dans
les pores de la matrice jusqu'à s'anastomoser avec
les vaisseaux de cet organe, en tirent les sucs nourriciers
nécessaires pour son accroissement, & pour
celui de l'embryon qu'il contient, & qui fait un tout
avec lui; ensorte qu'il se nourrit du sang de sa mere,
comme les plantes des sucs de la terre, & qu'il commence
à vivre par une véritable végétation. Voyez
ci - après
Au reste, qu'une espece de solidité, de dureté qui
se trouve ordinairement dans l'enveloppe extérieure
des oeufs des oiseaux, n'empêche pas de comparer
à ces oeufs les sacs dans lesquels sont enfermés les
embryons des vivipares; les oeufs de plusieurs animaux,
des tortues, des serpens, des lésards, & des
poissons, n'ont point d'enveloppe dure, & n'en ont
qu'une mollasse & flexible; ce ne sont pas moins des
oeufs, comme plusieurs de ceux que font bien des
poules, qui sont sans coquille. Ainsi il est bien des
animaux qui confirment cette analogie par rapport
aux enveloppes respectives des embryons; on peut
même rapprocher encore davantage la génération
des animaux vivipares de celle des ovipares, si l'on
fait attention qu'il n'y a pas d'autre différence, qu'en
ce que dans ceux - ci les oeufs n'éclosent que quelque
tems après être sortis du corps de la femelle;
au lieu que dans les vivipares les oeufs éclosent immédiatement
en sortant du corps de la mere: d'ou il
s'ensuit que l'incubation qui est nécessaire pour le
développement des parties de l'embryon, tout formé
dès la fécondation, se fait dans le corps à l'égard
des vivipares & hors le corps des ovipares, &
que par conséquent ces deux sortes de générations
reviennent au même. Voyez
Quelque bien fondé que paroisse, par toutes ces
Une autre des difficultés générales que l'on propose, qui est plus embarassante que la précédente, c'est le progrès à l'infini par rapport aux embryons contenus dans les oeufs; de maniere que la premiere femme devoit renfermer tous les embryons des hommes qui ont été, qui sont & qui seront, & de ceux qui par la fécondation auroient pû, peuvent, & pourroient être. On ne peut pas se dissimuler que cette difficulté ne soit d'un très - grand poids, malgré l'idée de la divisibilité possible de la matiere à l'infini; parce que ce n'est qu'une idée, qui lorsqu'on essaye de la réduire en acte par le calcul, étonne l'imagination autant qu'elle paroissoit d'abord la contenter. En effet, selon la supputation que l'on trouve dans l'histoire naturelle de M. de Busson, tome III. chap. v. l'homme seroit plus grand par rapport à l'embryon contenu dans l'oeuf de la sixieme génération en remontant, que la sphere de l'univers ne l'est par rapport au plus petit atome de matiere qu'il soit possible d'appercevoir au microscope. Que seroit - ce, dit cet illustre auteur, si l'on poussoit ce calcul seulement à la dixieme génération; calcul qui peut s'appliquer aux vers spermatiques, comme aux oeufs? Il faut encore convenir que l'expansibilité des matieres odoriférantes, de la lumiere même, ne fait pas évanoüir ce que cette supputation présente de fort contre la vraissemblance du progrès à l'infini.
C'est pour éviter cet écueil, que quelques physiciens
modernes ont crû devoir chercher dans les opinions
des anciens des explications plus satisfaisantes
du mystere de la génération, comme on a fait à l'égard
de celles de la formation de l'univers, que l'on
a pour la plûpart renouvellées des Grecs, & sur - tout
d'Epicure: c'est ainsi que le savant auteur de la Vé -
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