ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"560"> rés du cahos & mis en oeuvre pour servir à la construction d'un corps vivifié, à la reproduction d'un végétal ou d'un animal.

Cette disposition, qui sans cesser d'être la même essentiellement, produit dans le même individu des effets si contraires en apparence: cette disposition, qui commence, entretient & finit la vie dans les êtres organisés, est sans doute un ouvrage bien merveilleux; mais quelque étonnant, quelque admirable qu'il nous paroisse, ce n'est pas dans la maniere dont existe chaque individu qu'est la plus grande merveille, c'est dans la succession, dans le renouvellement & dans la durée des especes, que la nature paroît tout - à - fait inconcevable, qu'elle présente un sujet d'admiration tout opposé dans cette vertu procréatrice, qui s'exerce perpétuellement sans se détruire jamais; dans cette faculte de produire son semblable, qui réside dans les animaux & dans les végétaux, qui forme cette espece d'unité toûjours subsistante. C'est pour nous un mystere dont on a si peu avancé jusqu'à - présent à sonder la profondeur, que les tentatives les plus multipliées semblent n'avoir servi qu'à convaincre de plus en plus de leur inutilité; ensorte même que c'est, pour ainsi dire, violer le sein de la pudeur, où la nature cache son travail, que d'oser seulement tenter de chercher à en appercevoir la moindre ébauche. Aussi ayant à traiter dans cet article d'une matiere si difficile & si délicate, nous ne ferons point de recherches nouvelles, nous nous bornerons à faire un exposé simple & aussi discret qu'il est possible, des moyens évidens qu'elle a voulu employer pour préparer ce travail secret, & du peu de phénomenes que de hardis observateurs ont pû dérober à cette chaste ouvriere.

Ces moyens, c'est - à - dire les opérations méchaniques qui servent à la reproduction des végétaux & des animaux, sont de différente espece, par rapport à ces deux genres d'êtres & à chacun d'eux en particulier. Généralement les animaux ont deux sortes d'organisations, essentiellement distinctes, destinées à l'ouvrage de la reproduction. Cette organisation constitue ce qu'on appelle les sexes. Voyez Sexe. C'est par l'accouplement ou l'union des deux sexes, que les individus de ce genre se multiplient le plus communément; au lieu qu'il n'y a aucune sorte d'union, d'accouplement sensible des individus générateurs, dans le genre végétal; la reproduction s'y fait en général par le développement des graines ou des semences qui ont été fécondées par le moyen des fleurs. Voyez Végétal, Plante, Fleur . Ce développement des semences s'opere entierement hors de l'individu, qui les fournit: la reproduction des végétaux s'opere aussi par l'extension d'une portion de plante, qui, lorsqu'elle est une branche vivante, ou portion de branche séparée du tronc, du corps de la plante, & en tant qu'elle est destinée à cet usage, s'appelle bouture. Voyez Bouture. Et lorsqu'elle est une partie détachée de la racine de la plante, elle porte le nom de cayeu.

Il vient d'être dit que l'accouplement ou l'union des sexes dans les animaux est le moyen le plus commun par lequel fe fait la multiplication des individus; ce qui suppose qu'il n'est par conséquent pas l'unique. En effet il y a des animaux qui se reproduisent comme les plantes & de la même maniere. La génération des pucerons qui se fait sans accouplement, est semblable à celle des plantes par les graines, qui sont fécondées & disposées au développement sans le concours de deux individus; & celle des polypes, qui peut se faire en les coupant par pieces, ressemble à la reproduction des végétaux par boutures. Mais ces mêmes animaux avec la faculté particuliere de se multiplier à la maniere des plantes, sans accouplement, ne laissent pas d'avoir aussi la fa<cb-> culté commune à tous les autres animaux, de se reproduire par l'accouplement qui est la plus ordinaire pour ceux - là, comme elle est unique pour la plûpart de ceux - ci; ce qui fait aussi que c'est celle que l'on désigne spécialement par le mot de génération, & qui doit faire le sujet de cet article. Pour ce qui est donc des autres manieres mentionnées dont se reproduisent ou peuvent se reproduire les animaux & les végétaux, manieres qui établissent à cet égard quelques rapports particuliers entre eux, voyez les articles Animal, Végétal, Plante, Reproduction, Semence, Graine, Bouture, Puceron, Polype

La génération de l'homme entre tous les animaux étant celle qui nous intéresse le plus, est par conséquent celle qui doit nous servir d'exemple, & qui va faire ici le principal objet des recherches dont nous allons rendre compte; d'autant plus que ce qui peut être dit sur ce sujet par rapport à l'espece humaine, convient presqu'entierement à toutes les autres especes d'animaux, pour la reproduction desquels il est nécessaire que se fasse le concours de deux individus, c'est - à - dire qu'un mâle & une femelle exercent ensemble la faculté qu'ils ont de produire un troisieme, qui a constamment l'un ou l'autre des deux sexes. Ces sexes consistant dans une disposition particuliere d'organes destinés à la génération, il est nécessaire d'avoir une connoissance exacte de la structure de ces organes & des rapports qui existent entr'eux: mais cette exposition etant faite dans les différens articles appartenant aux noms de ces organes, elle ne sera pas répétée ici. On la peut consulter si on en a besoin, pour l'intelligence de ce qui va être dit ici concernant la génération.

L'âge auquel l'homme commencc à être propre à se reproduire, est celui de la poberté: jusqu'alors la nature paroit n'avoir travaille qu'à l'accroissement & à l'affermissement de toutes les parties de cet individu; elle ne fournit à l'enfant que ce qui lui est nécessaire pour se nourrir & pour augmenter de volume; il vit, ou plûtôt il ne fait encore que végeter d'une vie qui lui est particuliere, toûjours foible, renfermée en lui - même, & qu'il ne peut communiquer: mais bien - tôt les principes de vie se multiplien en lui; il acquiert de plus en plus non - seulement tout ce qu'il lui faut pour son être, mais encore dequoi donner l'existence à d'autres êtres semblables à lui. Cette surabondance de vie, source de la force & de la santé, ne pouvant plus être contenue au - dedans, cherche à se répandre au - dehors.

L'âge de la puberté est le printems de la nature, la saison des plaisirs; mais sur - tout de ceux que l'usage de nouveaux sens peut procurer: tout ceux dont l'homme est doüé, se forment avec lui & s'exercent des qu'il joüit de la vie; parce qu'ils lui sont tous nécessaires ou utiles pour l'exciter ou pour l'aider à satisfaire aux différens besoins attachés à la conservation de son individu. Les organes susceptibles du sentiment qui le porte à s'occuper des moyens par lesquels il peut contribuer à la propagation de son espece, sont les seuls qui ne se développent, & n'ont de fonctions que lorsque l'individu est presque parvenu à son dernier degré d'accroissement, & que toutes les parties ont acquis la fermeté, la solidité qui en fait la perfection: ces organes n'étant pas destinés à son propre service, il convenoit qu'il fût pourvû de tout ce qui peut contribuer à sa duree, avant qu'il contribuât lui - même à la reproduction. Ainsi le développement des parties destinees à la génération, tant dans l'individu maseulin que dans le féminin, est, pour ainsi dire, une nouvelle production qui s'annonce par plusieurs signes, & principalement par les premieres impressions de l'appetit vénérien: d'où s'ensuit le sentiment, qui fait con<pb-> [p. 561] noitre dans chaque individu la différence des deux sexes, d'une maniere plus caractérisée qu'elle n'avoit été jusqu'alors. Voyez Puberté, Orgasme.

Le sentiment du desir dont il vient d'être fait mention; cet appétit qui porte les individus des deux sexes, ordinairement de même espece, à se faire réci proquement une tradition de leurs corps pour l'acte prolisique, est attaché à une disposition physique de l'animal, qui consiste dans une sorte d'érétisme des fibres nerveuses des organes de la génération. Cet érétisme est produit par la qualité stimulante des humeurs particulieres qu'ils contiennent, cu par la dilatation des vaisseaux qui entrent dans leur composition, remplis, distendus au - delà de leur ton naturel; effet d'un abord de fluides plus considérable, tout étant égal, qu'il ne se fait dans les autres vaisseaux du corps, ou par tout attouchement, tout contact propre à exciter une sorte de prurit dans ces organes; ou par les effets de l'imagination dirigée vers eux, effets qui y produisent les mêmes changemens que le prurit. D'où s'ensuit une sorte de fievre dans ces parties, une sorte d'inflammation commençante qui les rend susceptibles d'impressions propres à ebranler tout le genre nerveux, à rendre ses vibrations plus vives, à redoubler le flux & le reflux qui s'en fait du cerveau à ces organes, & de ces organes au cerveau; ensorte que l'animal dans cet état ne sent presque plus son existence, que par celle de ce sens voluptueux, qui semble alors devenu le siége de son ame, de toute sa faculté sensitive, à l'exclusion de toute autre partie, c'est - à - dire qui absorbe toute la sensibilité dont il est susceptible, qui en porte l'intensité à un point qui rend cette impression si forte, qu'elle ne peut être soûtenue long - tems sans un desordre général dans toute la machine. En effet la durée de ce sentiment fait naître une sorte d'agitation, d'inquiétude, qui porte l'animal à en chercher le remede comme par instinct, dans ce qui peut tirer de cette intensite même des efforts propres à en détruire la cause, en produisant une excrétion des humeurs stimulantes, en faisant cesser l'éretisme, & par conséquent en faisant tomber dans le relàchement les fibres nerveuses & tous les organes, dont la tension étoit auparavant comme l'aliment même de la volupté.

Telle est donc la disposition physique que l'auteur de la nature a voulu employer pour porter l'homme par l'attrait du plaisir, à travailler à se reproduire, comme il l'a engagé par le même moyen à se conserver, en satisfaisant au sentiment qui le porte à prendre de la nourriture; il ne s'occupe dans l'un & l'autre cas, que de la sensation agréable qu'il se procure, tandis qu'il remplit réellement l'objet le plus important qu'ait pu se proposer le conservateur supreme de l'individu & de l'espece.

La secrétion de la liqueur spermatique; la reserve de cette liqueur toûjours renouvellce. mais en même tems toûjours retenue en saffisante quantité pour remplir plus ou moins les vésicules seminaires; la disposition constante à ce que le membre viril acquierre l'état d'érection, qui peut seul le rendre propre à être introduit dans le vagin, & à y être mis en mouvement à différentes reprises, pour donner lieu au frottement de l'extremite de ce membre, doüée d'un sentiment exquis, contre les plis veloutés des parois de ce canal, resserrées & lubrifiées (comme sont dans le vivant celles d'un boyau vuide), pour continuer ce frottement jusqu'à ce qu'il excite par communication, dans toutes les parties relatives, une sorte de prurit convulsif, d'où s'ensuive l'éjaculation: telles sont dans l'homme les conditions réquises pour qu'il soit habile à la fonction appellée coït ou copulation, par laquelle il concourt essentiellement à l'oeuvre de la génération. Voyez Semence (Physiolog.) Testicule, Vésicule séminale, Verge, Erection, Ejaculation .

Le coït ou la copulation n'étant autre chose que l'acte par lequel l'homme s'unit à la femme par l'intromission de la verge dans le vagin, & par lequel s'opere la fécondation, moyennant le concours des dispositions efficaces pour le succes de cette oeuvre; elles consistent ces dispositions de la part de la femme, en ce que le canal dans lequel doit se faire cette intromission, en soit susceptible; qu'il puisse être dilaté; que ses parois se laissent écarter & pénétrer sans de grands obstacles, jusqu'à l'orisice de la matrice, & qu'elles résistent cependant assez pour donner lieu au frottement nécessaire, qui doit produire dans les parties génitales de l'homme qui en sont susceptibles, le prurit & l'émission convulsive de la liqueur séminale dans ce même canal, ensorte que cette liqueur puisse y être retenue, pour opérer ensuite les effets auxquels elle est destinée.

Ce frottement excité dans le coït entre la verge & le vagin, ne donne pas seulement lieu au prurit, qui s'excite en conséquence dans les parties génitales de l'homme: il produit aussi cet effet dans celles de la femme, attendu le sentiment délicat dont est doüé ce canal; sentiment qui par le moyen des nerss correspondans, se communique à tous les organes qui concourent au même usage; d'où s'ensuit une véritable érection du clitoris, un gonflement & une tension générale dans toute l'étendue des membranes spongieuses & nerveuses du vagin & de la matrice; une sorte de constriction spasmodique dans le cercle de fibres musculaires qui entourent le vagin; d'où suit un retrécissement du canal & un plus grand resserrement de la verge qui y est actuellement contenue; d'où suit encore vraissemblablement en même tems une autre sorte d'érection dans les trompes de Fallope, qui les applique à ce qu'on appelle les ovaires, pour les effets qui seront expliqués dans la suite. Ce sont ces différentes dispositions qui constituent le plus grand degré d'orgasme, qui n'est autre chose qu'un érétisme commun à toutes ces parties, par l'effet duquel, s'il est suffisamment continué, les glandes qui ont leur conduit excrétoire dans les cavités du vagin & de la matrice, étant fortement exprimées, y répandent l'humeur dont leurs vaisseaux sont remplis; & cette effusion se fait comme celle de la semence dans l'homme, par une sorte d'action convulsive qui la rend semblable à l'éjaculation, & n'a pas peu contribué sans doute à faire regarder cette liqueur de la femme comme une vraie semence, une liqueur aussi prolifique que celle de l'homme. Voyez Semence (Physiol.).

C'est parce que la copulation produit cet orgasme, cette tension du genre nerveux dans les organes de la génération de l'un & de l'autre sexe, tension qui se communique, s'étend souvent à toutes les parties du corps, au point d'y causer aussi des secousses, des agitations comme convulsives, que Démocrite a comparé les phénomenes qui accompagnent le coït, à ceux que l'on observe dans de legeres attaques d'épilepsie. Voyez Orgasme.

Telle est l'exposition abregée que l'on a cru devoir placerici, du méchamsme qui dispose à l'oeuvre de la génération, & de ce qui est relatif à ce méchanisme: mais cette oeuvre ne dépend elle même essentiellement d'aucane opération méchanique, tout y est physique: la nature employe les moyens les plus secrets, les moins susceptibles de tomber sous les sens pour opérer elle - même la fécondation, dont les individus des deux sexes n'ont fait par la copulation que lui fournir les matériaux, ou, pour parler plus exactement, rassembler ceux qu'elle avoit préparés elle - même dans chacun de ces individus. C'est dans la maniere dont elle les met en oeuvre ces matériaux,

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