ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"558"> porter par - tout une attention égale, & sur - tout depuis que les besoins de l'état ont obligé à augmenter les charges du peuple; d'autres sont trop petites eu égard aux premieres; & ces dernieres cependant sont bien suffisantes pour occuper tout entier un homme attentif & laborieux. Dans la même généralité, il se trouve des cantons tout entiers où certaines natures de droits se perçoivent sous l'autorité du commissaire départi d'une autre province: il y a même des paroisses dont une partie est d'une généralité, & l'autre partie d'une autre; ce qui donne souvent lieu à des abus & des difficultés. Maintenant que le royaume paroît avoir pris toute la consistence dont il est susceptible, il seroit à souhaiter qu'il se fît un nouveau partage des généralités, qui les réduiroit à une presque - égalite, & dans lequel on auroit égard aux bornes que la nature du pays indique, à la nature des impositions, & aux formes d'administration particulieres à chaque province. S'il ne s'agissoit dans ce partage que de dispenser entre un certain nombre d'intendans l'administration de toutes les parties, ce seroit une opération fort aisée; comme ils n'ont que des commissions, on leur feroit à chacun telle part de cette administration qui conviendroit le mieux au bien des affaires: mais la multitude des charges relatives aux impositions, & dont les finances ont été fixées eu égard aux droits ou à l'étendue de jurisdiction qui leur étoient accordés sur ces impositions mêmes, ou sur un nombre déterminé de paroisses; telles que les charges de receveurs généraux des finances, receveurs des tailles, trésoriers de France, élus, officiers de greniers à sel, & autres pareils offices: cette multitude de charges, dis - je, donneroit lieu à de grandes difficultés: & c'est sans doute le motif qui empêche le conseil d'y penser.

Voyez, pour l'établissement & succession des généralités, Pasquier, recherches de la France, liv. VII. & VIII. Miraumont, Fournival; les registres de la chambre des comptes; les mémoires sur les priviiéges & fonctions des trésoriers généraux de France, imprimés à Orléans en 1745; l'état de la France, imprimé à Paris en 1749, tome V. à l'article des généralités; le Dictionnaire encyclopédique, tome IV. au mot Cour des Aides.

GÉNÉRATEUR (Page 7:558)

GÉNÉRATEUR, GÉNÉRATRICE, subst. terme de Géométrie, se dit de ce qui engendre par son mouvement, soit une ligne soit une surface, soit un solide: ainsi on appelle cercle générateur de la cycloïde, le cercle qui dans son mouvement trace la cycloïde par un des points de sa circonférence. Voyez Cycloïde. On appelle ligne génératrice d'une surface, la ligne droite ou courbe qui par son mouvement engendre cette surface, &c. Voyez Génération. (O)

GÉNÉRATION (Page 7:558)

GÉNÉRATION, s. f. en Géometrie, est la formation qu'on imagine d'une ligne, d'un plan, ou d'un solide, par le mouvement d'un point, d'une ligne, ou d'une surface. Voyez Ligne, Point, Surface Par exemple, on peut imaginer qu'une sphere est formée par le mouvement d'un demi - cercle autour de son diametre: on appelle pour lors ce diametre, axe de révolution ou de rotation. De même on peut regarder un parallélogramme comme engendre par le mouvement d'une ligne droite qui se meut toûjours parallelement à elle - même, & dont tous les points se meuvent en ligne droite: dans ce dernier cas, la ligne suivant laquelle le mouvement se fait, s'appelle quelquefois la directrice. Voyez Directrice & Engendrer. (O)

Génération (Page 7:558)

Génération, en Physique, c'est en général l'action de produire ce qui n'existoit point auparavant; ou, pour parler plus exactement, c'est le changement d'un corps en un autre, qui ne conserve aucun reste de son état précédent. Car, à proprement parler, la génération ne suppose point une production de nou<cb-> velles parties, mais seulement une nouvelle modification de ces parties: c'est en cela que la génération differe de ce que nous appellons création. Voyez Création.

Génération differe d'altération, en ce que dans celle - ci le sujet paroît toûjours le même; les accidens seuls & les affections sont changés; comme quand un animal en santé tombe malade, ou quand un corps qui étoit rond devient quarré.

Enfin génération est opposée à corruption, qui est la destruction d'une chose qui existoit; comme lorsque ce qui étoit auparavant bois ou oeuf, n'est plus ni l'un ni l'autre. Les anciens philosophes concluoient de - là que la génération d'une chose est proprement la corruption d'une autre. Voyez Corruption. Chambers.

La génération des corps en général, est un mvstere dont la nature s'est reservé le secret. Pour savoir comment les corps s'engendrent, il faudroit résoudre des questions qui sont fort au - dessus de notre portée. Il faudroit savoir 1°. si les parties d'un corps quelconque, d'une plante, par exemple, sont differentes des parties d'un autre corps, comme d'une pierre; en sorte que les parties qui composent une plante, combinées comme on voudra, ne puissent jamais faire une pierre: ou si les parties de tous les corps, les premiers élémens qui les composent, sont les mêmes, & produisent par la seule diversité de leur arrangement, les différens corps que nous voyons. 2°. Quand cette question seroit décidée, le mystere de la génération n'en seroit pas plus clair. Il faudroit ensuite savoir comment il arrive qu'un grain de blé, par exemple, étant mis en terre, ce grain de ble aide par l'action des sucs terrestres, attire & dispose d'une maniere convenable pour former l'épi, ou les parties de blé qui sont dans le sein de la terre, ou les parties de terre, & d'autres substances, qui par une nouvelle modifi cation deviennent des parties de blé. Que répondre à ces questions? se taire & admirer les sressources oe la nature: sans doute on peut faire sur ce sujet des systemes, des raisonnemens à perte de vûe, de grands discours; mais que nous apprendront - ils? rien. (O)

Génération (Page 7:558)

Génération, en Théologie, se dit de la procession ou de la maniere dont le Fils de Dieu procede du Pere éternel; on l'appelle génération, au lieu que la procession du S. Esprit retient le nom de procession. Voyez Trinité.

On dit en ce sens, que le Pere produit son Verbe & son Fils de toute éternité, par voie de génération; expression fondée sur plusieurs textes précis de l'Ecriture, & qui attache au mot génération une idée particuliere; elle signifie une progression réelle quant a l'entendement divin, qui produit un terme semblable à laimême en nature; parce qu'en vertu de cette progression, le verbe devient semblable à celui dont il tire son origine; ou, comme S. Paul l'exprime, il est la figure ou l'image de sa substance, c'est à - dire de son être & de sa nature.

Les anciens peres grecs appelloient cette génération W=RO/*BOLHN, en latin prolationem, terme qui pris à la lettre signifie l'émanation d'une chose de la substance d'une autre chose. Cette expression sut d'abord rejettee par l'abus qu'en faisoient les Valentiniens pour expliquer la prétendue génération de leurs cons. Voyez Éons. Aussi voit - on qu Origene, S. Athanase, S. Cyrille, ne veulent pas qu'on se serve de ce mot pour expliquer la génération éternelle du Verbe: mais depuis on fit réflexion que ce terme pris en lui - même & en écartant les idées d'imperfection qu'emporte avec soi le mot génération applique aux hommes, n'avoit tien de mauvais; & l'on ne balaça plus à s'en servir, comme il paroit par Tertullien, dans son ouvrage contre Praxée, chap. vüj. par S. Irénée, liv. II. chap. xlviij. & par S. Gregoire de Nazianze, orat. 35. [p. 559]

Les scholastiques définissent la génération, l'origine d'un être vivant d'un autre être vivant par un principe conjoint en ressemblance de nature; définition dont tous les termes sont inintelligibles: voici celle qu'en donne M. Wuitasse, un des auteurs les plus estimés sur cette matiere.

On l'appelle, dit - il, origine, c'est - à - dire émanation, procession; nom commun à toute production.

2°. D'un être vivant, parce qu'il n'y a que ce qui est vivant qui soit proprement engendré.

3°. D'un autre être vivant; parce qu'il n'y a point de génération proprement dite, si ce qui engendre n'est vivant: ainsi, ajoûte cet auteur, on dit qu'Adam fut formé du limon, mais non pas engendré du limon.

4°. Par un principe conjoint; ce qui signifie deux choses. 1°. Que cet être vivant d'où procede un autre être vivant, doit être le principe actif de la production de celui - ci: par cette raison, Eve ne peut point être appellée proprement la fille d'Adam, parce qu'Adam ne concourut pas activement, mais seulement passivement, à la formation d'Eve: 2°. que cet être vivant qui produit un autre être vivant, doit lui être conjoint ou uni par quelque chose qui lui soit propre; comme les peres, quand ils engendrent leurs enfans, leur communiquent quelque partie de leur substance.

5°. En ressemblance de nature; termes qui emportent encore deux idées; 1°. que la génération exige une communion de nature au - moins spécifique; 2°. que l'action qu'on nomme génération doit par elle - même tendre à cette ressemblance de nature; car le propre de la génération est de produire quelque chose de semblable à celui qui engendre.

De - là ils concluent que la procession du Verbe doit seule être appellée génération, & non procession; & que la différence qui se trouve entre cette génération & la procession du S. Esprit vient de ce que le Verbe procede du Pere par l'entendement, qui est une facuité affirmative, c'est - à - dire qui produit un terme semblable à elle - même en nature; au lieu que le S. Esprit procede du Pere & du Fils par la volonté, qui n'est pas une faculté assimilative; ce que S. Augustin a exprimé ainsi, lib. IX. de trinit. c. cij. mens notitiam suam gignit cum se novit; & amorem suum non gignit cum se amat. Cependant il faut convenir que les anciens peres n'ont pas poussé si loin que les théologiens leurs recherches íur ces matieres mystéricuses; & S. Augustin lui - même avoue qu'il ignore comment on doit distinguer la génération du fils de la procession du S. Esprit, & que sa pénétration succombe sous cette difficulté: distinguere inter illam generationem & hanc processionem nescio, non valeo, non sufficio. lib. II. contrà Maxim. c. xjv. n°. 1.

Génération (Page 7:559)

Génération, se dit encore, quoique un peu improprement, pour signifier généalogie, ou la suite des enfans & des descendans qui sortent tous d'une même tige. Ainsi l'évangile de S. Mathieu commence par ces mots, liber generationis Jesu - Christi, que les traducteurs les plus exacts rendent par ceux - ci, le livre de la génealogie de Jesus - Christ. Voyez Généalogie. (G)

Génération (Page 7:559)

Génération, (Hist. anc. & mod.) est synonyme à peuple, race, nation, sur - tout dans les traductions littérales de l'Ecriture - sainte, dans laquelle on rencontre presque par - tout le mot génération, où le latin porte generatio, & le grec GENEA ou GENE/SIS2: ainsi, « c'est une génération méchante & perverse qui demande des miracles, &c.».

Une génération passe, & il en vient une autre.

Génération (Page 7:559)

Génération, se dit aussi de l'âge ou de la vie ordinaire d'un homme. Voyez Age.

De là nous disons, jusqu'à la troisieme & quatrieme génération: en ce sens les Historiens comptent ordi<cb-> nairement une génération pour l'espace de trenterois ans ou environ. Voyez Siecle.

Hérodote met trois générations pour cent ans; & ce calcul, selon les auteurs modernes de l'arithmétique politique, paroît assez juste. Voyez Arithmétique politique & Chronologie

Génération (Page 7:559)

Génération, (Physiologie.) on entend en général par ce terme, la faculté de se reproduire, qui est attachée aux êtres organisés, qui leur est affectée, & qui est par conséquent un des principaux caracteres par lequel les animaux & les végétaux sont distingués des corps appellés minéraux.

La génération actuelle est donc, par rapport au corps végétant & vivant, la formation d'un individu semblable par sa nature à celui dont il tire son origine, à raison des principes préexistans qu'il en reçoit, c'est - à - dire de la matiere propre & de la disposition à une forme particuliere que les êtres générateurs fournissent pour la préparation, le développement & l'accroissement des germes qu'ils produisent ou qu'ils contiennent. Voyez Germe.

C'est donc par le moyen de la génération que se forme la chaine d'existences successives d'individus, qui constitue l'existence réelle & non interrompue des différentes especes d'êtres, qui n'ont qu'une durée limitée relativement à l'état d'organisation qui donne une forme déterminée & propre aux individus de chaque espece.

C'est par la disposition même des parties en quoi consiste cette organisation, que celle - ci est bornée dans sa durée; disposition que l'auteur de la nature a établie de telle maniere, que ce qui est dans les êtres organisés le principe de leur existence comme tels, c'est - à - dire de la vie végétante ou animée dont ils joüissent entant qu'il y entretient l'action, le mouvement des parties solides & fluides dont ils sont composés, tend continuellement à devenir sans effet, & par conséquent à détruire la vie par l'exercice même des moyens vivisians; parce qu'après avoir employé un certain tems à procurer à ces êtres le degré de consistance soit absolue soit respective qui en fait la perfection essentielle, il ne peut continuer à agir sans augmenter cette consistance à un point où elle devient excessive, & forme un défaut radical en rendant les organes toûjours moins propres à perpétuer le jeu qui leur est affecté, entant qu'il les prive insensiblement de la flexibilité qui leur est nécessaire pour cet effet, & qu'il laisse perdre la fluidité des parties, qui ne la conservoient que par accident, par l'effet de l'action à laquelle elles étoient exposées, de cette action qui dépend de la flexibilité dont on vient de dire que les organes étoient enfin privés.

C'est cette considération qui a fait dire à un ancien, que vivere est continuò rigescere; c'est - à - dire que la condition de tous les corps organises est de prendre par degré de la solidité, de se durcir, de se rendre roides de plus en plus, & de devenir ainsi dans la suite toûjours moins propres à entretenir la vie par les mêmes effets qui ont d'abord formé ces corps, & qui les font subsister: d'où il s'ensuit dans les individus tant végétaux qu'animaux, le changement d'état qu'on appelle mort, qui n'est autre chose que la cessation du mouvement propre à ces individus entant que vivans, qui ne présente pour toute différence qu'une inaction commune à tout corps privé d'organisation, ou dont l'organisation n'est pas actuellement vivifiée: par conséquent, cet état laisse les corps organisés, comme tous ceux qui ne le sont pas, exposés aux impressions des agens destructeurs de toutes les formes particulieres qui dégradent l'organisation, & réduisent la matiere qui l'avoit reçûe à la condition de la matiere brute, informe, jusqu'à ce que ces matériaux des corps organisés soient de nouveau ti<pb->

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