ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"464"> je viens de les décrire. C'est ainsi qu'un soigneux examen des noms imposés aux choses, en nous apprenant la cause de leur imposition, nous fait remonter aux choses mêmes; nous donne lieu de pénétrer leurs causes & leurs effets; nous remet sur les voies des premiers principes des Arts & de leurs progrès successifs; nous fait suivre les opérations de l'inventeur à la trace des termes appellatifs, qu'il a mis en usage.

Au reste, notre méthode d'usage actuel inventée par Guy d'Arezzo, de tracer la Musique sur le papier par des notes noires disposées sur les lignes & les entre - lignes de cinq raies, quoique très - ingénieuse, n'est pas fort bonne: elle est compliquée de figures embarrassantes & nombreuses. On sent assez que, soit que l'on se servît de raies, de notes, de lettres, de chiffres, ou des sept couleurs, il seroit facile d'inventer dix méthodes différentes d'écrire les chants, plus simples, plus courtes, & plus commodes, sur - tout pour la musique vocale: car l'instrumentale plus chargée de chants, présenteroit peut - être un peu plus de difficulté. L'ancienne tablature greque par lettres étoit, p. ex. meilleure que la nôtre. Mais à quoi serviroit d'introduire une nouvelle méthode plus parfaite, aujourd'hui que nous avons tant d'ouvrages célebres imprimés selon l'ancienne? On ne supprimera pas tout ce que nous avons de Musique gravée, imprimée, manuscrite, pour le publier de nouveau sur une nouvelle tablature. Ainsi la nouvelle introduction auroit le plus grand inconvénient qu'elle puisse avoir; c'est celui de ne pas abolir l'ancienne, & de ne procurer aux hommes qu'un travail de plus. Il faudroit que ceux qui savent lire notre Musique apprîssent à lire une seconde fois; & que ceux à qui l'on enseigneroit à lire selon la nouvelle réforme, apprîssent aussi l'ancienne maniere, pour pouvoir joüir des ouvrages écrits avec nos figures actuelles. Ceci soit dit en passant, pour tous les projets de cette espece tendant à introduire une réforme sur des choses où il n'est pas possible de supprimer les grands établissemens déjà faits sur l'ancien pié ».

Nous avons donné au mot Échelle, la comparaison de la gamme ou échelle diatonique des Grecs avec notre gamme moderne. Nous avons fait voir comment ces gammes se formoient par le moyen des sons fa, ut, sol, & de leurs harmoniques: ces trois sons sont le fondement des deux gammes, par la raison suivante. Le son ut fait résonner sa douzieme au - dessus sol, & fait frémir sa douzieme au - dessous fa. Voyez Fondamental. Or au lieu des douziemes, on peut prendre ici les quintes, qui en sont les octaves ou répliques. Voyez Octave & Réplique. Ainsi on peut aller indifféremment du son ut à ses deux quintes sol & fa, quoiqu'avec un peu plus de prédilection pour sol, & révenir de même de fa & de sol à ut. Ces trois sons forment la basse fondamentale la plus simple du mode d'ut (Voyez Mode); & ces trois sons avec leurs harmoniques, c'est - à - dire leurs tierces majeures & leurs quintes (Voyez Fondamental), composent toute la gamme d'ut.

Le son fondamental ut renfermant en lui - même sa tierce majeure & sa quinte (Voyez Fondamental), il s'ensuit que le chant le plus naturel en partant d'ut, est ut, mi, sol, ut: mais le chant diatonique le plus naturel, c'est - à - dire celui qui procede par les moindres degrés naturels à la voix, est celui de la gamme, soit des anciens, soit des modernes.

Nous avons vû au mot Échelle, que pour former la basse fondamentale de notre gamme moderne, il faut ou répéter deux fois le son sol dans cette gamme; ou, ce qui revient au même, faire porter à ce seul son deux notes de basse fondamentale, savoir ut & sol; ou en faisant porter à chaque note de la gamme une seule note de basse, introduire dans la basse des accords de septieme, savoir, sol, si, ré, fa, & ré, fa, la, ut; & dans tous les cas, introduire dans la basse la note , & par conséquent, le mode de sol. Voyez Mode. C'est cette introduction du mode de sol dans la basse fondamentale, qui fait que les trois tons fa, sol, la, si, peuvent se succéder immédiatenent dans notre gamme; ce qui n'a pas lieu dans celle des Grecs, parce que sa basse fondamentale ne porte & ne peut porter que les sons fa, ut, sol. De plus on ne peut entonner facilement ces trois tons qu'à la saveur d'un repos exprimé ou sous - entendu après le son fa; ensorte que ces trois tons fa, fol, la, si, sont censés appartenir à deux tétracordes différens. La difficulté d'entonner naturellement trois tons de suite, vient donc de ce qu'on ne le peut faire sans changer de mode.

Pour former la gamme du mode mineur, il faut dans la gamme des Grecs, substituer des tierces mineures au lieu des tierces majeures que portent les sons de la basse fondamentale. Prenons pour exemple cette basse fondamentale ré, la, mi, du mode mineur de la; il faudra faire porter le fa & l'ut au & au la, au lieu du fa dièse & de l'ut dièse, qu'ils porteroient si le mode étoit majeur. A l'égard de la dominante mi (Voyez Dominante), elle portera toûjours la tierce majeure sol dièse, lorsque ce sol montera au la: on en dira la raison, d'après M. Rameau, au mot Note sensible; & on peut, en attendant, la voir dans nos élémens de Musique, art. 77. Ainsi la gamme des Grecs, dans le mode mineur de la, est sol #, la, si, ut, ré, mi, fa. Mais dans le même mode mineur de la, la gamme des modernes sera la, si, ut, ré, mi, fa #, sol #, la, dans laquelle le mi porte ou est censé porter deux notes de basse fondamentale, la, mi, & dans laquelle le fa est dièse, parce qu'il est quinte du si de la basse; la basse fondamentale de cette gamme etant la, mi, la, ré, la, mi, si, mi, la.

Ainsi la gamme des modernes dans le mode mineur, differe encore plus de celle des Grecs, que dans le mode majeur, puisqu'il se trouve dans celle - là un fa #, qui n'est point & ne doit point être dans celle - ci.

La gamme du mode majeur en descendant, est la même qu'en montant; & nous avons vû, au mot Échelle, quelle est alors la basse fondamentale de cette gamme: on peut encore lui donner celle - ci. ut, sol, ré, sol, ut, fa, ut, sol, ut, qui est la même (renversée) que la basse fondamentale de la gamme en montant, & dans laquelle le son sol de la gamme porte à - la - fois les deux sons sol, ut, de la basse. Au moyen de cette basse, qui est la même, soit que la gamme monte, soit qu'elle descende, on peut expliquer un fait qui seroit peut - être difficile à expliquer autrement, sçavoir pourquoi la gamme s'entonne aussi naturellement en descendant qu'en montant.

La difficulté est plus grande pour la gamme du mode mineur; car on sait que cette gamme n'est pas la même en descendant qu'en montant: la gamme de la mineur, par exemple, est en montant, comme on l'a déjà vû, la, si, ut, ré, mi, fa #, sol #, la; & cette gamme en descendant, est, la, sol, fa, mi, ré, ut, si, la, qui n'a plus ni sol ni fa dièse. La basse fondamentale de cette gamme est fort difficile à trouver: car le sol ne peut porter que mi, & le fa que ré: or deux sons mi, ré, immédiatement consécutifs, sont exclus par les regles de la basse fondamentale. Voy. Bassefondamentale, Harmonie, & Mode M. Rameau détermine cette basse, en retanchant de l'échelle le son sol, en cette sorte: [p. 465] la, fa, mi, ré, ut, si, la, dont la basse fondamentale est la, ré, la, ré, la, mi, la.

C'est ce qu'on peut dire de plus plausible là - dessus; & c'est aussi ce que nous avons dit, d'après M. Rameau, dans nos élémens de Musique: mais on doit avoüer que cette solution ne sarisfait pas pleinement, puisqu'il faut, ou ne point faire porter d'harmonie à sol, ou anéantir l'ordre diatonique de la gamme; deux partis dont chacun a ses inconvéniens. Cet aveu donnera lieu à une autre observation que nous avons quelque droit de faire, ayant eu l'honneur d'être du nombre des juges de M. Rameau dans l'académie des Sciences, & ensuite ses interpretes auprès du public; c'est que cette compagnie n'a jamais prétendu approuver le systeme de Musique de M. Rameau, comme renfermant une science démontrée *, mais seulement comme un systeme beaucoup mieux fonde, plus clair, plus simple, mieux lié, & plus étendu qu'aucun de ceux qui avoient précédé; mérite d'autant plus grand, qu'il est le seul auquel on puisse prétendre dans cette matiere, où il ne paroît pas possible de s'élever jusqu'à la démonstration. Tout le systeme de M. Rameau est appuyé sur la résonnance du corps sonore: mais les conséquences qu'on tire de cette résonnance n'ont point & ne sauroient avoir l'évidence des théorèmes d'Euclide; elles n'ont pas même toutes un egal degré de force & de liaison avec l'expérience fondamentale. Voyez Harmonie, Note sensible, Mode mineur, Septieme , &c. Aussi M. Rameau dit - il très - bien au sujet de la dissonnance, qui est une branche étendue de la Musique: « c'est justement parce que la dissonnance n'est pas naturelle à l'harmonie, quoique l'oreille l'adopte, que pour satisfaire la raison sur ce point, autant qu'il est possible, on ne sauroit trop multiplier les rapports, les analogies, les convenances, même les métamorphoses, s'il y en a ». D'où il s'ensuit, qu'il ne range sa théorie musicale que dans la classe des probabilités. C'est aussi uniquement comme un systeme tres - supérieur aux autres, que nous avons expliqué cette théorie dans un ouvrage particulier; tres - disposés en même tems à recevoir tout ce qui pourra nous venir de bon d'ailleurs. Voyez Fondamental.

Sur les differences de la gamme des Grecs dans les genres diatonique, chromatique, & enharmonique, voyez Genre. (O)

GAMUTO (Page 7:465)

* GAMUTO, s. m. (Commerce.) espece de chanvre qu'on tire du coeur de quelques palmiers des Indes; on en fait des cordages, mais que l'eau détruit facilement. Les Espagnols & les autres Européens, excepté les Hollandois, en achetent des insulaires des Philippines. Les Hollandois les tirent de Mendanao.

GANACHE (Page 7:465)

GANACHE, s. f. (Maréchallerie.) On appelle en général de ce nom l'os qui compose la mâchoire postérieure. Cet os est partagé en deux branches dans le poulain. Dans le cheval elles sont tellement unies, qu'il ne reste qu'une legere trace de leur jonction; trace que l'on observe à la partie inférieure, & qui forme la symphise du menton. L'espace qu'elles laissent entr'elles contient intérieurement un canal dans lequel la langue est logée, & extérieurement un autre canal nommé proprement l'auge.

Celui - ci doit être tel, qu'il puisse admettre & recevoir une portion de l'encolure, dans le moment où l'animal est déterminé à se placer. S'il n'est point assez évidé, si supérieurement les deux branches sont trop rapprochées, si elles ont trop de volume

* N. B. La démonstration du principe de l'ha monie, par M. Rameau, ne portoit point ce titre quand elle a été présentée à l'académie, & n'a point aussi été annoncée lous ce titre dans le rapport qui en a été fait.
& trop de rondeur aux angles de la mâchoire, ce qui rend d'ailleurs la ganache quarrée, & la tête difforme & pesante; il est fort à craindre que l'animal ne se ramene point & porte constamment au vent.

Il importe donc d'examiner attentivement la conformation de cette partie, lorsque l'on achete un cheval, & de rechercher encore dans le canal exterieur, si les glandes maxillaires & sublinguales ne sont point sensibles au tact, c'est - à - dire si elles sont non - appercevables & dans leur état naturel. Lorsqu'elles se manifestent aux doigts, elles sont gorgées d'une lymphe épaissie; & selon qu'elles sont plus ou moins dures, plus ou moins grosses, plus ou moins adhérentes ou mobiles, & que le cheval est plus ou moins âgé, elles présagent des maladies plus ou moins dangereuses & plus ou moins funestes. (e)

GANCHE (Page 7:465)

GANCHE, s. m. (Hist. mod.) sorte de potence dressée pour servir de supplice en Turquie. Le ganche est une espece d'estrapade dressée ordinairement à la porte des villes. Le bourreau éleve les condamnés par le moyen d'une poulie; & lâchant ensuite la corde, il les laisse tomber sur des crochets de fer, où ces misérables demeurent accrochés tantôt par la poitrine, tantôt par les aisselles, ou par quelqu'autre partie de leur corps. On les laisse mourir en cet état, & quelques - uns vivent encore deux ou trois jours. On rapporte qu'un pacha passant devant une de ces poiences en Candie, jetta les yeux sur un de ces malheureux, qui lui dit d'un ton ironique: Seigneur, puisque tu es si charitable, suivant ta loi, fais - moi tirer un coup de mousquet pour finir cette tragédie. (D. J.)

GAND (Page 7:465)

GAND, Ganéavum, (Géogr.) ville capitale de la Flandre autrichienne, avec un fort château bâti par Charles - Quint pour tenir en bride les habitans, & un évêché suffragant de Malines, érigé par Paul IV. en 1559. L'Escaut, la Lys, la Lieve, & la Moëre, coupent cette ville en plusieurs iles. Eile est située à 9 lieues S. O. d'Anvers, 11 O. de Malines, 10 N. O. de Bruxelles, 8 S. E. de Middelbourg.

Cette ville si souvent prise, reprise, & cédée par des traités, perd tous les jours de son lustre & de sa force. Les Gantois étoient plus libres dans le xv. siecle sous leurs souverains, que les Anglois même ne le sont aujourd'hui sous leurs rois. Personne n'ignore que le mariage de leur princesse qu'ils conclurent avec Maximilien, fut la source de toutes les guerres qui ont mis pendant tant d'années la maison de France aux mains avec celle d'Autriche.

Charles - Quint, rival de François I. plus puissant & plus fortuné, mais moins brave & moins aimable, naquit à Gand le 24 Février 1500. On le vit, dit M. de Voltaire, en Espagne, en Allemagne, en Italie, maître de tous ces états sous des titres différens, toûjours en action & en négociation, heureux long - tems en politique & en guerre, le seul empereur puissant depuis Charlemagne, & le premier roi de toute l'Espagne depuis la conquête des Maures, opposant des barrieres à l'empire ottoman, faisant des rois, & se dépouillant enfin de toutes les couronnes dont il étoit chargé, aller mourir en triste solitaire, après avoir trouble l'Europe, & n'ayant pas encore 59 ans.

La. patrie de Charles - Quint n'a pas été féconde en gens de lettres célebres. Je ne me rappelle parmi les littérateurs que Levinius Torrentius: ce savant, après s'être distingué par quelques ouvrages en vers & en prose, & sur - tout par une édition de Suétone accompagnée de bonnes notes, mourut le 26 Avril 1695.

La longitude de Gand, suivant Cassini, est 21d. 26'. 30''. latit. 51d. 3'. (D. J.)

GANDERSHEIM (Page 7:465)

GANDERSHEIM, (Géogr.) petite ville d'Allemagne au cercle de la basse Saxe, dans le duché de

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