RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"313">
Qu'est - ce qu'une moindre chaleur? La réponse
à cette question dépend visiblement de l'idée qu'on
doit se former de la chaleur en général; on sait que
les Physiciens sont partagés sur cet article. Le plus
grand nombre persuadés que le feu est un corps particulier
distingué de tous les autres, croyent que la
seule présence de ce même feu mis en mouvement,
constitue la chaleur. C'est le sentiment le plus vraissemblable,
& qui paroit le mieux s'accorder avec
l'observation. Voyez
Cette maniere de le concevoir est simple & naturelle;
elle ne multiplie point les principes sans nécessité;
elle rend raison des phénomenes. Pour les
expliquer, elle n'a point recours à de vaines suppositions;
la diminution de chaleur & la force de
cohésion suffisent à tout. J'entends ici par force de
cohésion, celle que tous les Physiciens admet>ent
sous ce nom, par laquelle les parties qui composent
les corps, tendent les unes vers les autres, s'unissent
entr'elles, ou sont disposées à s'unir. Voyez
Ce n'est point precisément par le défaut de chaleur (on ne peut trop le faire remarquer) que les corps se réduisent à un moindre volume. Un tel effet pourroit - il dépendre d'une simple privation, d'un être purement négatif? Non sans doute, c'est la force de cohésion qui condense les corps; une moindre chaleur n'est ici qu'une résistance plus ou moins diminuée, qu'un obstacle plus facile à surmonter.
Ne perdons point de vûe ce principe incontestable que la cohésion des parties intégrantes des corps est d'autant plus forte, que la chaleur est plus affoiblie. Il suit évidemment de - là qu'un corps en deve<cb->
Nous venons de déduire la formation de la glace
de l'idée du froid, conçû comme une moindre chaleur.
Musschenbroek, quoiqu'attaché à cette même
idée, explique autrement la congelation: le froid
& la gelée ont beaucoup moins de rapport, selon lui,
qu'on ne l'imagine communément. Il regarde le froid
comme la simple privation du feu, & il croit que
la gelée est l'effet d'une matiere étrangere, qui s'insinuant
entre les parties d'un liquide, fixe leur mobilité
respective, les attache fortement ensemble, les
lie en quelque maniere, comme feroit de la colle
ou de la glu. La présence de cette matiere tantôt
plus, tantôt moins abondante dans l'air, & la facilité
qu'elle a d'exercer son action en certaines saisons
& en certains climats, supposent la réunion de
plusieurs circonstances, dont le froid, s'il en faut
croire l'illustre auteur que nous citons, n'est pas toûjours
la plus essentielle. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner
en détail cette explication. Voyez
C'est encore à l'introduction de cette matiere
étrangere, que le même Musschenbroek attribue
l'augmentation du volume de l'eau glacée. Essai de
physique, teme I. chap. xxv. D'autres physiciens en
tres - grand nombre, pensent que l'air contenu dans
l'eau forme différentes bulles, qui se dilatant par
leur ressort, sont l'unique cause de cet effet. Il y
en a qui ont eu recours au dérangement des parties
d'eau, en vertu de leur tendance à former entr'elles
certains angles déterminés. Voyez M. de Mairan,
dissert. su la glace, pages 169 & suiv. M. de Reaumur
admet un deplacement dans les parties du fer fondu,
pour rendre raison de la dilatation qu'éprouve ce
métal, dans l'instant qu'il perd sa liquidité acquise
par la fusion. Toutes ces explications qui rapportent
le phénomene dont il s'agit, à des causes particulieres,
différentes de l'action générale du froid, ont
chacune leur probabilité, comme nous le verrons à
l'article
Si nous considérons dans les corps froids l'action qu'ils exercent sur nos organes, nous n'aurons pas de peine à comprendre comment un corps moins chaud que les parties de notre corps auxquelles il est appliqué, peut en diminuant la chaleur de ces mêmes parties, exciter en nous la sensation de froid. Et premierement il est clair que l'application d'un tel corps doit diminuer le degré de chaleur de nos organes, suivant ce principe général, que deux corps inegalement chauds étant contigus, le plus chaud des deux communique de la chaleur à l'autre, & en perd lui - même. D'un autre côté, cette diminution de chaleur introduisant dans nos organes un véritable changement, pourquoi la sensation de froid n'en pourroit - elle pas résulter? [p. 314]
Consultons l'expérience; elle nous apprendra que
la sensation de froid est relative à l'état actuel de l'organe
du toucher, de sorte qu'un corps est jugé froid,
quand il est moins chaud que les parties de notre
corps auxquelles il est appliqué, quoiqu'à d'autres
égards le degré de sa chaleur soit considérable. C'est
par cette raison que des caves d'une certaine profondeur,
qui réellement sont plus chaudes en été
qu'en hyver, nous paroissent si froides dans la premiere
de ces deux saisons, & si chaudes dans la derniere.
Voyez
Tous les autres effets du froid s'expliquent avec la même facilité par la simple notion d'une chaleur affoiblie. Cette idée se soûtient toûjours parfaitement dans l'application qu'on en fait au détail des phénomenes. Eile est d'ailleurs d'une grande simplicité. Par ces deux raisons elle doit être préférée. Imaginer d'autres systèmes, ce seroit s'écarter de la premiere regle de Newton, suivant laquelle on ne doit admettre pour l'explication des effets naturels, que des causes réellement existantes, propres à rendre raison de ces mêmes effets.
C'est en vain qu'on auroit recours à des parties frigorifiques, dont l'existence, pour ne rien dire de plus, n'est nullement prouvée On ne nie pas que certaines particules subtiles s'introduisant dans les pores d'un corps ne puissent en chasser le feu, au moins en partie, & on conviendra de même qu'elles pourront diminuer le mouvement intestin des parties du corps, si, comme le prétendent quelques philosophes, un certain mouvement déterminé constitue la chaleur. C'est en agissant de la sorte que les sels communiquent en se fondant un nouveau degré de froid à la neige ou à la glace pilée. Mais outre qu'il n'est pas prouvé que les corpuscules salins ou d'autres particules de cette espece se trouvent toûjours par - tout où il y a diminution de chaleur; il est certain d'ailleurs que ces sortes de particules ne sont point frigorisiques dans le sens qu'on attache communement à ce terme. Les Gassendistes & ceux qui pensent comme eux à cet égard, designent par - là des parties, qui non - seulement chassent le feu des
Le froid n'étant qu'une chaleur affoiblie, le plus grand degré de refroidissement d'un corps est la privation de toute chaleur. Un corps refroidi à ce degré seroit froid absolument & à tous égards; ainsi on a raison de donner à cette extinction totale de chaleur le nom de froid absolu. Il y a apparence qu'untel froid n'existe point dans la nature. La chaleur tend toûjours à se répandre par - tout unitormément. Ainsi nul corps n'est probablement exempt de toute chaleur.
En voilà assez sur la nature du froid. Il est tems de parler des causes qui peuvent opérer le refroidislement des corps, ou ce qui est le même, diminuer leur chaleur. Ces causes sont en grand nombre. les unes purement naturelles, agissent d'elles mêmes en certaines ci - constances; les autres, pour pro>une leur effet, attendent que l'art ou l'industrie huma ne les mette en action; de - là la division du froid en naturel & artificiel.
Du froid naturel. Le froid naturel, comme nous venons de le dire, doit sa naissance à des cautes purement naturelles, à des agens que l'art des homme; n'a point excités, mais qu obéissent simplement aux lois générales de l'univers. Tel est le froid qui se fait sentir en hyver dans nos climats; tel est celui qu'éprouvent les habitans des zones glaciales pendantl a plus grande partie de l'année.
C'est dans l'air de notre atmosphere que le froid dont il est ici question s'excite le plus promptement; les autres corps placés sur la superficie de notre globe reçoivent les mêmes impressions; ce froid penetre enfin dans l'intérieur de la terre, jusqu'à une profondeur qui excede rarement 90 ou 100 piés.
Tout ceci ne suppose qu'une chaleur simplement diminuée. Or une grande partie de la chaleur des corps terrestres venant de l'action que le soleil exerce sur eux, il est évident que tout ce qui affoibat cette action doit par - là même contribuer au froid.
On a vû au mot
Les causes particulieres & accidentelles du froid en se mêlant avec la cause générale, empêchent qu'on ne puisse reconnoitre ce qui appartient précisément à celle - ci. Ces causes accidentelles sont de plusieurs sortes. Celles qu'on a raison de regarder comme les principales, sont la situation particuliere des lieux, la nature du terrein, l'élevation ou la > pression de certaines vapeurs ou exhalaisons, les vents.
Plusieurs pays sont par leur situation particuliere
beaucoup plus froids que leur latitude ne temble le
comporter. En général plus le terrein d'un pays est
élevé, plus le froid qu'on y éprouve est considérable.
C'est une chose constante qu'à toutes les latitudes
& sous l'équateur même la chaleur diminue, &
le froid augmente, à mesure qu'on s'éloigne de la surface
de la terre; de - là vient qu'au Pérou, dans le
centre même de la zone torride, les sommets de certaines
montagnes sont couverts de neiges & de glaces
que l'ardeur du soleil ne fond jamais La rareté
de l'air toûjours plus grande dans les couches plus
élevées de notre atmosphere, paroît être la principale
caute de ce phénomene. Un air plus rare & plus
subtil étant plus diaphane, doit recevoir moins de
chaleur par l'action immédiate du soleil. En effet,
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.