ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"253"> geurs un nombre de troupes de l'escorte, supérieur aux détachemens ou aux partis de l'ennemi; & lorsque ces partis se trouvent à - portée d'être attaqués, on les fait charger vigoureusement, en recommandant expressément aux troupes de l'escorte de ne pas s'abandonner à leur poursuite, mais de réjoindre la queue des fourrageurs aussi - tôt qu'elles aurout rompu celles de l'ennemi, de maniere qu'elles ne puissent pas se rallier aisément. On en use ainsi, afin que les troupes de l'escorte ne cessent point de couvrir la retraite des fourrageurs, & qu'elles soient toûjours en état de s'opposer aux nouvelles entreprises que l'ennemi pourroit faire contre eux.

5°. Lorsque l'ennemi se trouve obligé pour interrompre ou troubler un fourrage, de s'éloigner de son camp d'une distance trop considérable pour en être aisément secouru dans le besoin, il arri ve rarement qu'il ose le tenter; parce qu'il ne peut guere le faire sans s'exposer à être battu: car comme il est difficile qu'il soit exactement informé de la force des troupes qui composent l'escorte, il peut arriver qu'elles soient supérieures aux siennes, & qu'elles le laissent s'engager dans le pays pour lui fermer la retraite & le défaire entierement. Un général prudent ne s'expose pas à cet inconvénient; c'est pourquoi il ne cherche guere à troubler les fourrages qui se font loin de son camp, au - moins avec de gros corps de troupes; il se contente d'y envoyer quelquefois des troupes legeres, & alors les escortes bien placées & bien commandées, sont suffisantes pour la sûreté des fourrageurs.

6°. Lorsque le général est plus fort en cavalerie que son ennemi, & qu'il ne craint point de s'engager à combattre, il peut se hasarder davantage dans les fourrages qu'on ne l'a supposé ici.

Il peut mener sa cavalerie du côté de l'ennemi; & s'il ne voit point de mouvemens dans son camp, faire mettre pié à terre à une partie de son monde pour sourrager, pendant que l'autre qui est sous les armes, tient l'ennemi en respect. S'il se met en devoir d'attaquer les troupes qui couvrent les fourrageurs, ceux - ci laissent - là aussi - tôt le fourrage, se mettent en selle, & se présentent avec les autres pour combattre.

Mais si le général a des raisons particulieres pour ne point engager une action, il prend de bonneheure les précautions convenables pour n'être point entamé dans sa retraite.

Pour cet effet il envoye de gros détachemens d'infanterie dans les bois, les villages, & les différens défilés, par où il doit se retirer. Il est à propos que ces détachemens ayent avec eux plusieurs pieces de canon; on en impose alors davantage à l'ennemi, & l'on rallenit l'activité de sa poursuite. On doit aussi y joindre quelques troupes de cavalerie pour soûtenir la retraite de ces détachemens.

Lorsqu'en se retirant d'un endroit qu'on a fourragé on craint que l'ennemi ne tombe sur la queue des fourrageurs, la meilleure partie de l'escorte doit être à l'arriere - garde; mais s'il peut tomber sur le flanc de la marche, il faut qu'il y ait différens corps de troupes legeres qui rodent continuellement sur ce flanc, pour decouvrir de bonne - heure les mouvemens de l'ennemi, & pour en avertir le commandant du fourrage. Il fait aussi - tôt les dispositions nécessaires pour s'opposer aux desseins de l'ennemi, & faire ensorte que la retraite des fourrageurs ne soit point interrompue.

Il y auroit encore beaucoup d'autres choses à dire sur l'opération du fourrage; mais on a voulu se renfermer ici dans les principales observations qui peuvent servir de regles ou de principes pour l'exécuter sûrement. On renvoye pour le reste au livre de M. le marêchal de Puysegur, tom. I. pag. 398. & tom. II. pag. 63. On pourra lire aussi très - utilement le xj. chapitre du XI. tome des réflexions militaires de M. le marquis de Santa - Crux; ce que M. le chevalier de Folard dit sur les fourrages, pag. 341. & suiv. dans le quatrieme volume de son commentaire sur Polybe; & les mémoires sur la guerre, de M. le Marquis de Feuquiere.

Lorsque le roi fait fournir du fourrage aux troupes, soit dans les villes ou dans les marches, la ration pour chaque cheval est de vingt livres de foin, & d'un boisseau d'avoine mesure de Paris. Voyez Ration & Etape. (Q)

FOURRÉ (Page 7:253)

FOURRÉ, part. Voyez Fourrer.

Fourré (Page 7:253)

Fourré, (Jard.) se dit d'un bois épais & très garni. (K)

Fourré (Page 7:253)

* Fourré, (à la Monnoie.) piece imitant la véritable monnoie, par une feuille d'or ou d'argent qui la recouvre. On reconnoît facilement dans le commerce une piece fourrée, par la comparaison du volume & du poids. Ceux qui en fabriquent ou en répandent dans le commerce, sont punis de mort.

Fourré (Page 7:253)

* Fourré, (Bijouterie & Orfévrerie.) On dit qu'un bijou est fourré ou garni, lorsqu'il y a quelque corps étranger, de vil prix, & non apparent, couvert & dérobé par l'émail, l'or ou l'argent. Les bijoux fourrés avoient d'abord été proscrits par la cour des monnoies; mais sur la représentation du tort considérable que cet arrêt faisoit au commerce de la nation, le conseil a révoqué l'arrêt de la cour des monnoies, & permis la fabrication des bijoux garnis, comme ouvrages où la considération de la matiere n'étoit presque de nulle importance, en comparaison du prix de la façon.

FOURREAU (Page 7:253)

* FOURREAU, s. m. ce mot a l'acception commune de gaine & d'étui, celle de contenir, couvrir, envelopper, préserver; mais avec l'acception particuliere d'être long, qui le distingue de gaîne, & de n'avoir point de couvercle, qui le distingue d'étui.

Fourreau (Page 7:253)

Fourreau: les Artificiers appellent ainsi le grand cartouche des trompes, qui renferme plusieurs pots - à - feu entassés les uns sur les autres. Voyez Trompe & Pot - à - feu.

Fourreau d'Epée (Page 7:253)

* Fourreau d'Epée, (Fourbisseur.) espece de gaîne, d'étui ou d'enveloppe, qui sert à couvrir la lame & à la garautir de l'humidité. Voyez Epée. Le faux - fourreau est une longue enveloppe ou gaîne de peau qui garantit le fourreau, comme le fourreau garantit l'épée.

Fourreau (Page 7:253)

* Fourreau, en termes de Batteur - d'or, c'est une espece d'étui sans fond, composé de vélin, dont on enveloppe les outils pour que les feuilles ne se dérangent point. On en met toûjours deux en sens contraire; ensorte que la partie de l'outil qui n'est pas renfermée dans l'un, l'est par l'autre, & qu'il n'y a jamais qu'un côté qui ne le soit par aucun. On fait glisser l'outil des fourreaux, en le prenant & en le poussant vers l'ouverture, pour examiner dans quel état est l'or.

Fourreau (Page 7:253)

* Fourreau, (Bourr - lier.) c'est une espece d'étui de peau, ou même de cuir, qui couvre la portion du trait qui correspond au flanc du cheval, & qui empêche que cette partie ne soit dépouillée de son poil par le frottement du trait.

Fourreau (Page 7:253)

* Fourreau, (Ceinturier.) papier, parchemin ou autre corps flexible & mou, qu'on roule & qu'on place dans les pendans d'un baudrier, pour les soûtenir & en conserver la forme.

Fourreau (Page 7:253)

* Fourreau, (Econ. rustiq.) il se dit des feuilles qui couvrent l'épi du froment, de l'orge & des autres graines, lorsqu'il n'est pas encore formé ni sorti.

Fourreau (Page 7:253)

Fourreau, (Manege & Maréchall.) La partie que dans le cheval nous nommons le fourreau, n'est autre chose que l'espece de gaîne qui en recele & qui [p. 254] en recouvre le membre. Cette gaîne dont la situation est suffisamment connue, est un prolongement de la peau; extérieurement elle se présente comme une sorte de poche flotante, d'une consistance très forte & très - épaisse, qui cede sans s'étendre dans le tems de l'érection, & qui paroît ouverte sur le devant lorsque le membre est retiré. Son orifice a la forme d'un bourrelet; il est garni d'un plus ou grand nombre de rides & de plis differens. C'est sur la portion inférieure de ce même bourrelet, que l'on découvre dans quelques chevaux deux sortes de mammelons assez voisins l'un de l'autre; d'où il n'est pas étonnant que l'on ait pensé qu'il en est qui ne sont pas absolument dépourvûs de mammelles, mais d'où il est singulier que l'on ait voulu conclure que ceux dans lesquels on n'observe aucune élévation qui puisse les annoncer, n'en ont pas toûjours été privés. Aristote a usé de plus de réserve. Lorsqu'il n'en a pas apperçu la plus legere trace, il n'a pas cru devoir supposer qu'elles avoient existé, & qu'elles étoient affaissées ou détruites par l'âge: j'ai vû d'ailleurs une multitude de jeunes chevaux, dans lesquels malgré les recherches les plus scrupuleuses, je n'ai jamais pû en reconnoître le moindre vestige. Je ne sai au surplus si ce grand naturaliste a parlé d'apres des observations exactes & répétées, lorsqu'il a dit: equi mammas non habent, nisi qui matri similes prodiere.

Le fourreau est ordinairement dénué de poil. Comme il est dans la peau du membre une quantite de cryptes folliculeux du genre des glandes sebacées, que dans l'homme nous nommons glandes odoriserantes de Tison, & qui filtrent une humeur grasse & très - fétide, dont l'amas & le sejour peut causer des inflammations, il importe extrèmement de laver & de nettoyer avec soin cette poche. Voyez Panser. Il arrive souvent aussi qu'elle paroit enflee, sur - tout après que l'animal a sejourné long - tems dans l'ecurie: ces sortes d'enflures auxquelles les chevaux entiers sont plus sujets que les chevaux hongres, ne résistent jamais aux bains de riviere, & à un exercice modéré. Ceux qui ne seront point à - portée d'avoir recours à ces bains, étuveront fréquemment cette partie avec de l'eau fraiche; ce qui produira les mêmes effets. (e)

FOURRÉE (Page 7:254)

* FOURRÉE, s. f. terme de Péche, bas parcs que les pêcheurs forn ent sur les sables dans des terreins convenables, comme les fonds qui vont en pente. Pour cet effet ils plantent des pieux de deux, trois, & quatre piés de haut, à sept à huit pies de distance les uns des autres, en forme de fer à cheval qui se recourberoit vers ses deux extrémités. Ils amarrent sur ces pieux des filets d'une hauteur proportionnée, par le moyen d'un tourmort haut & bas; & pour que les filets s'appliquent plus exactement sur le fond, on en ensable le pié, ensorte que rien ne peut s'échapper par - dessous. La marée montant rapidement sur les bas - fonds, y porte le poisson; mais quand elle vient à se retirer, alors ce poisson rencontre le filet qui le retient, & les pêcheurs le prennent à sec. La quantité en est quelquefois très - considérable. Les pêcheurs contreviennent en deux points aux ordonnances. Le premier en ne donnant pas à leur maille l'étendue de deux pouces en quarré; & le second en ensablant le pié du filet. Il s'ensuit de - là que la fourrée retient une multitude de petit poisson qui périt, & qui s'échapperoit. Voyez les Planches de Pêche.

FOURRER (Page 7:254)

* FOURRER, v. act. c'est garnir de fourrure. Voyez les articles Fourré & Fourrure. Il se dit aussi pour faire entrer à force. On ne peut rien fourrer de plus dans cette malle. On ne peut rien fourrer dans cette tête. Fourrer, c'est dérober sous une marchandise de prix, une autre marchandise de moindre valeur. Voyez l'article Fourré.

FOURRER (Page 7:254)

FOURRER les cables, les mâts, & les manoeuvres, (Marine.) c'est les garnir de toile ou de petites cordes en quelques endroits, pour les conserver & empêcher qu'ils ne s'usent. (Z)

Fourrer (Page 7:254)

Fourrer une manoeuvie, (Corderie.) c'est la garnir de toile ou de petites cordes pour empêcher qu'elle ne s'use par le frottement. On fourre avec du bitord, du lusin, &c.

Fourrer (Page 7:254)

Fourrer, (à la Monnoie.) c'est crime d'un faux monnoyeur, qui pour tromper le public, sait couvrir un flanc de cuivre, d'or ou d'argent. Voyez l'article Fourré.

FOURREUR ou PELLETIER (Page 7:254)

FOURREUR ou PELLETIER, s. m. (Art méchaniq. ) celui qui achete, vend, apprête & employe adifferens ouvrages, des peaux en poil.

L'art du pelletier - foureur est plein de manoeuvres ignorées, que nous allons décrire le plus exactement qu'il nous sera possible.

Dans les grandes villes, les pelletiers ne passent point eux - mêmes leurs peaux. Ils se reposent de ce travail sur des ouvriers particuliers qu'ils appellent habilleurs. Mais dans les villes de province ils sont obligés de faire tout par leurs mains, l'habillage ainsi que le reste de l'ouvrage.

Pour habiller, il faut au pelletier un couteau dont la lame soit de quatre pouces de longueur, sur un pouce & demi de largeur; qui ait le dos abattu en chamfrain, sur la pointe, de la longueur d'un pouce & demi, & le manche avancé jusqu'à la moitié de la largeur de la lame, de niveau avec le dos, de huit lignes de longueur, sur six d'épaisseur & autant de largeur. Cet instrument porte environ une ligne & demie d'épaisseur sur le dos.

Pour le tenir d'une façon commode au travail, il faut que le pouce de la droite soit applique sur le côté de la lame qui lui correspond; que l'index appuie sur le dos; que le second doigt pose sur la platine du manche; & que le troisieme soit etendu & couche sur le petit doigt, afin de tendre la peau, & la couper sans attaquer le poil. Tandis que le couteau travaille de la main droite, la main gauche soûtient ce que l'on a coupé.

Les autres instrumens du fourreur sont une regle de 30 pouces de longueur, divisée par pouces; il s'en sert pour donner à son manchon les dimensions convenables.

Une paire de ciseaux semblables à ceux des Perruquiers; des carrelets à trois quarts, des gros & des fins. Les carrelets sont des aiguilles dont il se sert aux endroits où la peau est épaisse.

Nous avons donné, en parlant du couteau du fourreur, la maniere d'habiller les peaux, ou de les détacher de l'animal. Il s'agit maintenant de les passer.

Pour cet effet vous commencerez par les plier en deux depuis la tête jusqu'à la queue, que les ouvriers appellent la culee; vous prendrez votre carrelet, & les coudrez tout autour, le poil en - dedans: ce qui s'appelle bourser les peaux.

Quand elles seront boursées, vous prendrez de la soupe ou bouillon de tripe, ou de l'urine, & vous les mouillerez bien. Si ce sont des peaux d'ours, de loups, ou de chiens, il faudra les mouiller à deux reprises; c'est - à - dire qu'après les avoir mouillées une premiere fois, vous les laisserez environ huit heures les unes sur les autres dans un endroit frais; les mouillerez une seconde fois, & les laisserez reposer en pile le même intervalle de tems: il faut voir en les mouillant, s'il n'y a point d'endroits qui ayent pris plus d'humidité que d'autres; si on humectoit ces endroits davantage, on ne pourroit passer la peau.

Lorsque vous vous serez assûré que les peaux ont bien bû leurs eaux, vous en prendrez trois ou quatre à - la - fois: si ce sont des peaux de loup, vous les

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