ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"456"> dans toute leur étendue: on ôte le plus exactement qu'on peut les caillots de sang qu'elles renferment; & si l'artere donne du sang, on fait serrer le tourniquet: on essui bien le fond de la plaie, pour voir positivement le point d'où il sort: on resserre ensuite le tourniquet: on passe alors par - dessous l'artere, l'aiguille plate de M. Petit, qui porte deux brins de fil ciré, dont l'un sert à faire la ligature au - dessus de la plaie du vaisseau, & l'autre au - dessous: on fait relâcher le tourniquet; & si la ligature est bien faite, on panse le malade tout simplement comme il vient d'être dit.

La cure consiste à faire suppurer la plaie, à la mondifier, déterger & cicatriser comme les ulceres. (Voyez Ulcere.) Les ligatures tombent pendant la suppuration, non en se pourrissant, mais en sciant peu à peu les parties qui étoient comprises dans l'anse qu'elles formoient.

Lorsqu'on a fait la ligature d'une artere, il faut, s'il y a lieu de craindre que ce ne soit un tronc principal, couvrir tout le membre de compresses, qu'on arrosera souvent d'eau - de - vie ou d'esprit - de - vin camphrés, pour donner du ressort aux vaisseaux, & résoudre le sang coagulé. Il ne faut pas se décider trop légerement pour l'amputation à la vûe d'un gonflement accompagné du froid de la partie; il faut au contraire faire des saignées, appliquer des cataplasmes, & fomenter le membre avec l'eau - de - vie camphrée & ammoniacée. J'ai vû faire l'opération de l'anevrysme au bras, le pouls fut plus de quinze jours à se faire sentir: on croyoit de jour en jour qu'on seroit obligé de faire l'amputation le lendemain: enfin par des soins méthodiques, les choses changerent de face, & le malade guérit parfaitement.

M. Foubert reconnoît une autre espece d'anevrysme faux, que celle dont on vient de parler; il la nomme anevrysme enkisté; cette seconde espece d'anevrysme faux présente tous les signes de l'anevrysme vrai, ou par dilatation, quoiqu'elle soit formée par la sortie du sang hors de l'artere. Cet anevrysme est ordinairement la suite d'une saignée au bras, où l'artere a été ouverte. Le Chirurgien ayant reconnu à la couleur du sang & à l'impétuosité avec laquelle il sort, qu'il a ouvert l'artere, doit en laisser sortir une quantité suffisante pour faire une grande & copieuse saignée. Pendant que le sang coule il doit mâcher du papier, & faire préparer des bandes & plusieurs compresses graduées. Il arrête facilement le sang, en comprimant l'artere au - dessus de la saignée. Il réunit ensuite la plaie en resserrant la peau, afin d'arrêter l'écoulement du sang de la veine, dont la sortie accompagne fort souvent celle du sang artériel. Le Chirurgien pose sur l'ouverture le tampon de papier qu'il a mâché & exprimé; ce tampon doit être au moins de la grosseur d'une aveline: on pose sur ce papier trois ou quatre compresses graduées, depuis la largeur d'une piece de vingt - quatre sous, jusqu'à celle d'un écu de six livres; par ce moyen l'ouverture de l'artere se trouve exactement comprimée pendant que les parties voisines ne le sont que légerement. On contient ces compresses graduées avec une bande pareille à celle dont on se sert pour les saignées du pié, c'est - à - dire, une fois plus longue que celle dont on se sert ordinairement pour la saignée du bras. Il ne faut serrer ce bandage que médiocrement, de crainte d'occasionner le gonflement de la main & de l'avant - bras: un Chirurgien appuiera ensuite ses doigts sur les compresses pendant quelques heures, en observant que la compression qu'il fait, ne porte que sur le point où l'artere a été piquée. Lorsque le Chirurgien cessera de comprimer, il faut substituer à ses doigts un bandage d'acier, dont la pelote bien garnie porte sur l'appareil, & appuie précisément sur le lieu de l'ouverture. (Voyez les figures 2. & 3. Pl. XXII. qui reprèsentent ces especes de bandages.) Ce bandage ne gêne en aucune façon le retour du sang, parce qu'il reçoit son point d'appui de la partie opposée à la pelote, & que tous les autres points de la circonférence du membre sont exempts de compression. On peut lever cet appareil au bout de 7 à 8 jours, sans craindre la sortie du sang: on examine si la compression immédiate du papier sur la peau n'y a pas produit unè contusion qui pourroit être suivie d'ulcération, afin d'y remédier. Si les choses sont en bon état, on remet un nouveau tampon de papier mâché, un peu moins gros qu'à la premiere fois; on applique des compresles graduées, qu'on assujettit par des tours de bande un peu moins serrée qu'au premier appareil; si l'on a remarqué quelque contusion, on remettra le bandage d'acier sur le tout, & on fera observer au malade le repos du bras, qu'il aura soin de ne pas tirer de l'écharpe où il sera mis: à 8 jours de - là on pourra renouveller l'appareil, qui pourra être serré plus légerement. Ce traitement doit être continué 25 à 30 jours: à chaque levée d'appareil, le Chirurgien examinera avec attention s'il ne s'est point fait de tumeur; il s'attacheroit alors à faire sa compression sur le point tuméfié: mais on ne doit point être dans cet embarras, si l'on a suivi exactement ce qui vient d'être prescrit.

Si ces moyens sont négligés, ou qu'on ne les ait pas continués assez de tems, il survient une tumeur anevrysinale, parce que l'impulsion du sang chasse le caillot qui bouchoit l'ouverture de l'artere. Il se forme d'abord une petite tumeur qui augmente peu - à - peu, & qui acquiert plus ou moins de volume selon l'ancienneté de sa formation, & la quantité du sang extravasé. Cette tumeur est ronde, circonscrite, sans changement de couleur à la peau; elle est susceptible d'une diminution presque totale, lorsqu'on la comprime: enfin elle a tous les signes de l'anevrysme vrai, quoiqu'elle soit causée par l'extravasation du sang. Voici comme cela arrive: lorsqu'on a arrêté le sang d'une artere, & qu'on a réuni la plaie sur laquelle on a fait une compression suffisante, la peau, la graisse, l'aponevrose du muscle biceps, & la capsule de l'artere, se cicatrisent parfaitement: mais l'incision du corps de l'artere ne se réunit point. Les fibres qui entrent dans sa structure se retirent en tous sens par leur vertu élastique, & laissent une ouverture ronde dans laquelle il se forme un caillot. Si l'on continuoit assez long - tems la compression, pour procurer une induration parfaite du caillot, on guériroit radicalement le malade: mais si l'on permet l'exercice du bras avant que le caillot ait acquis assez de solidité pour cimenter l'adhérence de la capsule & de l'aponevrose, il s'échappera du trou. Le sang s'insinuera alors dans l'ouverture, les impulsions réitérées décolleront les parties qui avoisinent la circonférence de l'ouverture de l'artere, & ce décollement produit la tumeur anevrysmale, qui rentre lorsqu'on la comprime, parce que le sang fluide repasse dans l'artere. Cette tumeur, en grossissant & devenant plus ancienne, forme des couches sanguines, qui se durcissent considérablement, raison pour laquelle M. Foubert la nomme anevrysme enkisté, ou capsulaire.

Cette théorie est fondée sur un grand nombre de faits par les opérations d'anevrysme de cette espece, que ce célebre Chirurgien a eu occasion de pratiquer, & par les observations qu'il a faites, en disséquant les bras des personnes mortes, & qui avoient été guéries de semblables accidens par le moyen de la compression. En ouvrant, dans ces dissections, l'artere, postérieurement à l'endroit malade, il a trouvé un trou rond bouché exactement par un caillot de sang fort solide; & disséquant avec attention la face exterieure de l'artere, il a trouvé à l'endroit du trou; [p. 457] un ganglion formé par le caillot, ensorte que l'artere, la capsule & l'aponevrose tenoient ensemble par une cicatrice commune. Dans les opérations qu'il a faites, il a trouvé une poche plus ou moins solide, selon l'ancienneté de la maladie. Cette poche lui a paru formée extérieurement par l'aponévrose, ensuite de plusieurs couches sanguines, dont les extérieures avoient plus de consistance que les internes, sans doute parce que l'étoffe en étoit plus frappée, soûmise depuis plus de tems à l'action impulsive du sang, & à la résistance des parties circonvoisines. Après avoir évacué tout ce qui s'est trouvé de fluide dans ces sortes de poches, M. Foubert a vû que le tube artériel étoit dépouillé dans toute l'étendue de la tumeur, & qu'il y avoit vers le milieu un trou rond par lequel le sang étoit sorti; ce qu'il a vérifié, en lâchant le tourniquet, pour en laisser sortir un jet de sang.

Il y a environ 13 ou 14 ans que M. Foubert a communiqué à l'Académie Royale de Chirurgie, les faits qui sont le fondement de la doctrine qu'on vient d'exposer; les nouvelles observations, confirmatives des premieres, lui ont fourni une méthode curative de cette maladie, qui est relative à ses différens tems. Lorsque la tumeur est petite & nouvelle, il la guérit toûjours par la compression prescrite ci - dessus: mais si la tumeur est ancienne, l'opération est absolument nécessaire pour guérir la maladie. L'opération n'est point urgente comme dans l'anevrysme faux par inondation. On peut attendre sans danger que l'anevrysme enkisté ait acquis un certain volume, l'opération en deviendra plus facile. Avant de se déterminer à l'opération, il faut s'assûrer du succès, en comprimant assez fortement la tumeur, pour intercepter le cours du sang dans l'artere; car si la compression exacte ôtoit à l'avant - bras le sang nécessaire pour sa nourriture, on doit être persuadé que c'est le trou de l'artere qui a été ouverte, & qu'il n'y a point de branches collatérales capables de distribuer les liqueurs nourricieres à l'avant - bras & à la main; dans ce cas, M. Foubert ne fait point l'opération. Si au contraire l'avant - bras prend nourriture, & que le principe vital y subsiste malgré la compression de la tumeur, on doit faire l'operation, puisqu'on a toute la certitude de succès qu'on peut avoir.

A l'égard de l'opération, le malade étant assis sur une chaise d'une hauteur convenable, donne son bras, que des aides doivent soûtenir: le Chirurgien applique le tourniquet (Voyez Tourniquet); il ouvre les tégumens, selon l'usage ordinaire, & après avoir découvert la tumeur, il l'incise dans toute son étendue, en pénétrant jusqu'au sang fluide, comme s'il ouvroit un abscès: il ôte ce sang & les couches sanguines qui forment le kiste, autant qu'il lui est possible; & ayant découvert l'artere, & apperçû son ouverture, il passe une aiguille bien courbe, bien pointue & tranchante, de dessous en - dessus, c'est - à - dire, que l'aiguille doit pénétrer sous l'artere par le côté de ce vaisseau qui regarde le condile interne de l'humerus, & immédiatement dessous l'artere, ensorte que sa pointe embrasse ensuite une assez bonne portion du kiste & des parties qui l'avoisinent, pour rendre la ligature plus solide. M. Foubert a observé que, par cette méthode de faire la ligature, on évitoit sûrement le nerf, qu'on lieroit si on la faisoit différemment. Une seule ligature posée supérieurement à quelques lignes du trou de l'artere, lui a souvent suffi; il conseille néanmoins d'en faire une au - dessous.

Ces deux ligatures arrêtées selon l'usage ordinaire, il remplit la plaie de charpie seche, qu'il soûtient avec des compresses longuettes & un bandage contentif, observant de ne pas trop le serrer, de crainte de porter obstacle à la distribution des liqueurs; & il observe avec soin ce qui se passe à l'avant - bras, qui doit être couvert de compresses, & qu'on doit fomenter avec de l'eau - de - vie chaude.

Les pansemens consistent à renouveller les compresses & le bandage quarante - huit heures après l'opération; on attend la chûte de la charpie & des ligatures, qui viennent ordinairement ensemble dix à douze jours après l'opération. Dans tout cet intertervalle la matiere coule aisément à côté de la charpie. Lorsque les ligatures sont tombées, M. Foubert remplit la plaie d'un bourdonnet mollet, qui a été roulé dans la colophone en poudre, & il termine ainsi la cure en très - peu de tems.

Le parallele des différentes opinions qu'on a eues sur la formation des anévrysmes, devroit être naturellement une suite de ce que je viens d'écrire sur cette maladie; ce seroit la matiere de plusieurs réflexions importantes, qui ne sont point de nature à entrer dans un Dictionnaire: j'espere qu'on me pardonnera d'avoir transgressé les bornes prescrites en faveur de l'utilité qui peut en revenir.

M. Foubert à qui j'ai communiqué ce que je viens de dire sur l'anevrysme enkisté, pour ne lui point attribuer des sentimens contraires aux siens, m'a fait part d'une remarque importante sur l'opération de l'anevrysme faux par inondation. Il a observé que les cellules graisseuses engorgées par le sang épanché, causoient fréquemment à la partie un gonflement considérable, accompagné d'oedematie, par la gêne que le sang trouve à son retour en conséquence de la compression des vaisseaux qui y servent. Cette oedematie empêche qu'on ne distingue les tumeurs particulieres qu'on observe quelquefois dans cette maladie. La consistance du sang épanché, dont on est obligé de séparer les caillots avec le tranchant du bistouri, a fait voir à M. Foubert, qu'on pourroit ouvrir l'artere dans un autre point que celui dont la division est la cause de la maladie à laquelle on se propose de remédier. Dans cette vûe, il a la précaution de porter une sonde cannelée dans les caillots, & de n'en soûlever qu'une très - petite surface, afin d'inciser sûrement, en coulant le dos & la pointe du bistouri dans la gouttiere de la sonde. Il observe même dans ces sections successives de les diriger de haut - en - bas, de crainte, en opérant dans un sens contraire, de couper les aisselles de quelques ramifications. On ne peut trop insister sur de telles remarques; ce sont des conseils précieux, puisqu'ils ont l'observation & l'expérience pour principe; M. Foubert ayant eu plusieurs occasions de pratiquer cette opération dans l'Hôpital de la Charité, où il vient d'exercer la Chirurgie aux yeux du public pendant dix ans, tant en qualité de Chirurgien en chef, que de substitut. (Y)

ANEWOLONDANE (Page 1:457)

* ANEWOLONDANE, (Géog. mod.) petite île de la mer des Indes, sur la côte de celle de Ceylan, au midi de celle de Calpentyn. Mat. Dict. géog.

ANFRACTUOSITÉ (Page 1:457)

ANFRACTUOSITÉ, s. f. venant du Latin anfractus, qui a la même signification, se dit d'un chemin inégal, raboteux, tortueux, rempli d'éminences & de cavités. (O)

Anfractuosité (Page 1:457)

Anfractuosité, s. f. en Anatomie, se dit des différentes cavités ou sillons profonds formés par les bourlets du cerveau dans sa surface, & qui ressemblent fort à des circonvolutions d'intestins. La piemere s'insinue dans ces anfractuosités, & en tapisse de part & d'autre les parois. Voyez Pie - mere. (L)

ANGAMALA (Page 1:457)

* ANGAMALA (Géog. mod.) ville des Indes orientales, au Malabar, sur la riviere d'Aicota.

ANGAR (Page 1:457)

ANGAR, s. m. terme d'Architecture, de l'Allemand hangen, un appentis; c'est un lieu couvert d'un demi-comble qui est adossé contre un mur, & porté sur des piliers de bois ou de pierre d'espace en espace, pour servir de remise dans une basse - cour, de ma<pb->

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