ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"478"> dans la Bibliotheque du Vatican, dont il avoit soin. Patin, Lett. chois. 165. (G)

ANNAN (Page 1:478)

* ANNAN, (Géog. mod.) ville, château & riviere de l'Ecosse meridionale, province d'Annandale. Long. 14. lat. 55. 10.

ANNATE (Page 1:478)

ANNATE, s. f. (Hist. mod. Théol.) revenu d'un an, ou taxe sur le revenu de la premiere année d'un bénéfice vacant. Il y a eu dès le XIIe siecle des évêques & des abbés, qui, par un privilége ou par une coûtume particuliere, recevoient les annates des bénéfices vacans dépendans de leur diocese ou de leur abbaye. Etienne, abbé de Sainte - Genevieve, & depuis évêque de Tournai, se plaint dans une lettre adressée à l'archevêque de Rheims, que l'évêque de Soissons s'étoit réservé l'annate d'un bénéfice, dont le titulaire n'avoit pas de quoi vivre. Par ce fait & par plusieurs autres semblables, il paroît que les Papes avoient accordé le droit d'annate à différens collateurs, avant que de se l'attribuer à eux - mêmes. L'époque de son origine n'est pas bien certaine. Quelques - uns la rapportent à Boniface IX. d'autres à Jean XXII. & d'autres à Clement V. mais M. de Marca, lib. V. de concord. c. 10 & 11. observe que du tems d'Alexandre IV. il s'étoit élevé de grandes disputes au sujet des annates, & par conséquent qu'elles étoient dès - lors en usage.

Clement V. les établit en Angleterre. Jean XXII. se réserva les annates de tous les bénéfices qui vaqueroient durant trois ans dans toute l'étendue de l'Eglise Catholique, à la réserve des évêchés & des abbayes. Ses successeurs établirent ce droit pour toûjours, & y obligerent les évêques & les abbés. Platine dit que ce fut Boniface IX. qui pendant le schisme d'Avignon, introduisit cette coûtume, mais qu'il n'imposa pour annate que la moitié de la premiere année du revenu. Thiery de Niem dit que c'étoit un moyen de cacher la simonie, dont Boniface IX. ne se faisoit pas grand scrupule. Le jurisconsulte Dumoulin & le docteur de Launoy, ont soûtenu en conséquence que les annates étoient simoniaques. Cependant Gerson & le Cardinal d'Ailly, qu'on n'accusera pas d'être favorables aux Papes, ont prouvé qu'il étoit permis de payer les annates, par l'exemple des réserves, des pensions, des décimes, ou autres impositions sur les fruits des bénéfices, qu'on ne regarde point comme des conventions simoniaques. Ce qu'il y a de plus important à remarquer pour la justification des annates, c'est qu'on ne les paye point pour les provisions, qui s'expédient toûjours gratis, mais à titre de subvention, ou, comme parlent les Canonistes, de subsidium charitativum, pour l'entretien du Pape & des Cardinaux. On peut consulter sur cette matiere Fagnan, qui l'a traitée fort au long.

Il faut avoüer cependant que les François ne se sont soûmis qu'avec peine à cette charge. Le Roi Charles VI. en condamnant le prétendu droit de dépouilles, par son édit de 1406, défendit de payer les annates, & les taxes qu'on appelloit de menus services, minuta servitia. Dans le même tems, ce Prince fit condamner par Arrêt du Parlement, les exactions de l'antipape Benoît de Lune, surtout par rapport aux annates.

Dans le Concile de Constance en 1414, il y eut de vives contestations au sujet des annates; les François demandoient qu'on les abolît, & s'assemblerent pour ce sujet en particulier. Jean de Scribani, Procureur fiscal de la Chambre Apostolique, appella au Pape futur de tout ce qui pourroit être décidé dans cette Congrégation particuliere; les Cardinaux se joignirent à lui, & l'affaire demeura indecise; car Martin V. qui fut élu, ne statua rien sur cet article. Cependant en 1417, Charles VI. renouvella son édit contre les annates: mais les Anglois s'étant rendus maîtres de la France, le duc de Bedfort, Régent du Royaume pour eux, les fit rétablir. En 1433 le Con<cb-> cile de Bâle décida par le decret de la session 12, que le Pape ne devoit rien recevoir pour les bulles, les sceaux, les annates, & autres droits qu'on avoit coûtume d'exiger pour la collation & la confirmation des bénéfices. Il ajoûta que les Evêques assemblés pourvoiroient d'ailleurs à l'entretien du Pape, des Officiers, & des Cardinaux, à condition que si cette proposition n'étoit point exécutée, on continueroit de payer la moitié de la taxe ordinaire pour les bénéfices qui étoient sujets au droit d'annates, non point avant la concession des bulles, mais après la premiere année de la joüissance. Dans le decret de la session 21, qui est relatif à celui de la douzieme, le même Concile semble abolir les annates: mais il approuve qu'on donne au Pape un secours raisonnable pour soûtenir les charges du Gouvernement ecclésiastique, sans toutefois fixer sur quels fonds il le prendra. L'assemblée de Bourges en 1438, à laquelle assista le Roi Charles VII. reçut le decret du Concile de Bâle contre les annates, & accorda seulement au Pape une taxe modérée sur les bénéfices vacans pendant sa vie, & à cause des besoins pressans de la Cour de Rome, mais sans tirer à conséquence. Charles VII. avoit confirmé dès 1422 les édits de son prédécesseur. Louis XI. avoit rendu de pareils édits en 1463 & 1464. Les Etats assemblés à Tours en 1493, présenterent à Charles VIII. une requête pour l'abolition des annates; & il est sûr qu'on ne les paya point en France, tant que la Pragmatique - Sanction y fut observée. Mais elles furent rétablies par le Concordat pour les évêchés & les abbayes, comme le remarque M. de Marca, lib. VI. de concord. cap. xj. n°. 12. car les autres bénéfices sont tous censés au - dessous de la valeur de vingt - quatre ducats, & par conséquent ne sont pas sujets à l'annate. Malgré cette derniere disposition, qui a aujourd'hui force de loi dans le Royaume, François I. fit remontrer au Pape l'injustice de ces exactions, par les Cardinaux de Tournon & de Grammont, ses Ambassadeurs extraordinaires en 1532. Henri II. dans les instructions données à ses Ambassadeurs envoyés au Concile de Trente en 1547, demandoit qu'on supprimât ces impositions; & enfin Charles IX. en 1561, donna ordre à son Ambassadeur auprès du Pape, de poursuivre l'abolition des annates, que la Faculté de Théologie de Paris avoit déclarées simoniaques. Ce decret de la Faculté ne condamnoit comme tel que les annates exigées pour les provisions sans le consentement du Roi & du Clergé, & non pas celles qui se payent maintenant sous le titre de subvention, suivant la disposition du Concile de Bâle.

En Angleterre, l'archevêque de Cantorbery joüissoit autrefois des annates de tous les bénéfices de son diocese, par un privilége du Pape, comme rapporte Matthieu Paris dans son histoire d'Angleterre sur l'année 746. Clement V. en 1305, se fit payer les annates de tous les bénéfices quelconques vacans en Angleterre pendant deux ans, comme écrit Matthieu de Westminster, ou pendant trois ans, selon Walsingham. Les annates furent depuis établies dans tout ce Royaume, jusqu'à Henri VIII. qui les abolit.

Par le Concordat fait entre la Nation Germanique & le pape Nicolas V en 1448, on régla que tous les évêchés & les abbayes d'hommes payeroient l'annate; que les autres bénéfices n'y seroient sujets, que quand le revenu seroit de vingt - quatre florins d'or. Charles V. fit des efforts inutiles pour abolir les annates en Allemagne; & l'article de l'Ordonnance d'Orléans, qui les abrogeoit en France, fut révoqué par l'édit de Chartres en 1562.

Paul II. fit une bulle en 1469, pour ordonner qu'on payeroit les annates de quinze ans en quinze ans pour les bénéfices sujets à ce droit, qui seroient unis à quelque Communauté. Ses successeurs confirmerent ce [p. 479] réglement. Fagnan remarque que quand il artive plusieurs vacances du même bénéfice dans la même année, on ne paye qu'une seule annate: ce qui prouve, ajoûte - t - il, que ce n'est point pour la collation des bénéfices, mais pour l'entretien du Pape & du sacré Collége. V. ce Canoniste, Fevret, le P. Alexandre, M. de Marca, &c. Thomassin, discipline de l'Eglise, Part. IV. liv. IV. chap. xxxv. & xxxvj. Fleury, Instit. au Droit ectl. tom. I. part. 17. chap. xxiv. pag. 424. (G)

ANNEAU (Page 1:479)

ANNEAU, s. m. (Hist. anc. & mod.) petit corps circulaire que l'on met au doigt, soit pour servir d'ornement, soit pour quelque cérémonie.

L'anneau des évêques fait un de leurs ornemens pontificaux: on le regarde comme le gage du mariage spirituel que l'évêque a contracté avec son église.

L'anneau des évêques est d'un usage fort ancien. Le quatrieme concile de Tolede, tenu en 633, ordonne qu'un évêque qui aura été condamné par un concile, & qu'ensuite un second concile aura déclaré innocent, sera rétabli dans sa dig nité, en lui rendant l'anneau, le bâton épiscopal ou la crosse, &c.

L'usage de l'anneau a passé des évêques aux Cardinaux, qui doivent payer une certaine somme pro jure annuli cardinalitii. Voyez Cardinal.

Origine des anneaux. Pline, liv. XXXVII. ch. j. observe que l'on ignore entierement qui est celui qui a le premier inventé ou porté l'anneau, & qu'on doit regarder comme une fable l'histoire de Promethée & celle de Midas. Les premiers peuples parmi lesquels nous trouvons l'usage de l'anneau établi, sont les Hébreux, Gen. xxxviij. dans cet endroit il est dit que Judas, fils de Jacob, donna à Thamar son anneau pour gage de sa promesse: mais il y a apparence que l'anneau étoit en usage dans le même tems che les Egyptiens, puisque nous lisons, Gen. xlj. que le roi Pharaon mit un anneau au doigt de Joseph, comme une marque de l'autorité qu'il lui donnoit. Dans le premier liv. des Rois, ch. xxj. Jezabel scelle de l'anneau du Roi l'ordre qu'elle envoye de tuer Naboth.

Les anciens Chaldéens, Babyloniens, Perses, & Grecs, se servoient aussi de l'anneau, comme il paroît par différens passages de l'Ecriture & de Quinte - Curce. Ce dernier auteur dit qu'Alexandre scella de son propre sceau les lettres qu'il écrivi en Europe, & qu'il scella de l'anneau de Darius celles qu'il écrivit en Asie.

Les Persans prétendent que Guiamschild, quatrieme roi de leur premiere race, est le premier qui se soit servi de l'anneau, pour en signer ses lettres & ses autres actes. Les Grecs, selon Pline, ne connoissoient point l'anneau du tems de la guerre de Troie; la raison qu'il en donne, c'est qu'Homere n'en fait point mention: mais que quand on vouloit envoyer des lettres, on les lioit ensemble avec des cordes que l'on noüoit.

Les Sabins se servoient de l'anneau dès le tems de Romulus: il y a apparence que ces peuples furent les premiers qui reçûrent cette pratique des Grecs. Des Sabins elle passa aux Romains, chez qui cependant on en trouve quelques traces un peu de tems auparavant. Pline ne sauroit nous apprendre lequel des Rois de Rome l'a adopté le premier; ce qui est certain, c'est que les statues de Numa & de Servius Tullius étoient les premieres où l'on en trouvoit des marques. Le même auteur ajoûte que les anciens Gaulois & Bretons se servoient aussi de l'anneau. V. Sceau.

Matiere des anneaux. Quelques - uns étoient d'un seul & unique métal; d'autres étoient de plusieurs métaux mêlés, ou de deux métaux distingués: car le fer & l'argent des anneaux étoient souvent dorés, ou au moins l'or étoit renfermé dans le fer, comme il paroît par un passage d'Artemidore liv. II. ch. v. les Romains se contenterent long - tems d'anneaux de fer: & Pline assûre que Marius fut le premier qui en porta un d'or, dans son troisieme consulat, l'an de Rome 650. Quelquefois l'anneau étoit de fer, & le sceau d'or; quelquefois il étoit creux, & quelquefois solide; quelquefois la pierre en étoit gravée, quelquefois elle étoit unie: dans le premier cas, elle étoit gravée tantôt en relief, tantôt en creux. Les pierres de cette derniere espece étoient appellées gemmoe ectypoe; & les premieres, gemmoe sculpturâ prominente.

La maniere de porter l'anneau étoit fort différente selon les différens peuples: il paroît par le ch. xxij. de Jèremie, que les Hébreux le porroient à la main droite. Chez les Romains, avant que l'on eût commencé à orner les anneaux de pierres précieuses, & lorsque la gravure se faisoit encore sur le métal même, chacun portoit l'anneau à sa fantaisie, au doigt & à la main qu'il lui plaisoit. Quand on commença à enchasser des pierres dans les anneaux, on ne les porta plus qu'à la main gauche; & on se rendoit ridicule quand on les mettoit à la main droite.

Pline dit qu'on les porta d'abord au quatrieme doigt de la main, ensuite au second, ou index; puis au petit doigt; & enfin à tous les doigts, excepté celui du milieu. Les Grecs porterent toûjours l'anneau au quatrieme doigt de la main gauche, comme nous l'apprend Aulugelle, lib. X. la raison que cet auteur en donne est prise dans l'Anatomie: c'est, selon lui, que ce doigt a un petit nerf qui va droit au coeur, ce qui fait qu'il étoit regardé comme le plus considérable des cinq doigts, à cause de sa communication avec une si noble partie. Pline dit que les anciens Gaulois & les anciens Bretons portoient l'anneau au doigt du milieu.

D'abord on ne porta qu'un seul anneau; puis un à chaque doigt: Martial, liv. XI. epig. 60. enfin un à chaque jointure de chaque doigt. V. Aristophane, in Nub. Peu à peu le luxe s'augmenta au point qu'on eut des anneaux pour chaque semaine. Juvenal, Sat. VII. parle d'anneaux seestres, annuli semestres: on eut aussi des anneaux d'hyver, & des anneaux d'été. Lampride remarque, ch. xxxij. que personne ne porta là - dessus le luxe aussi loin qu'Heliogabale, qui ne mit jamais deux fois le même anneau non plus que les mêmes souliers.

On a aussi porté les anneaux au nez, comme des pendans l'oreilles. Bartholin a fait un traité exprès, de annulis narium, des anneaux des narines. S. Augustin nous apprend que c'étoit l'usage parmi les Maures de les porter ainsi; & Pietro della Valle fait la même remarque au sujet des Orientaux modernes.

On peut dire qu'il n'y a point de partie du corps où on n'ait porté l'anneau. Différens voyageurs nous assûrent que dans les Indes orientales, les naturels du pays portent des anneaux au nez, aux levres, aux joues, & au menton. Selon Ramnusio, les dames de Narsingua dans le levant, & selon Diodore, liv. III. les dames d'Ethiopie avoient coûtume d'orner leurs levres d'anneaux de fer.

A l'égard des oreilles, c'est encore une chose ordinaire partout que de voir des hommes & des femmes y porter des anneaux. Voyez Pendant.

Les Indiens, particulierement les Guzarates, ont porté des anneaux aux piés. Lorsque Pierre Alvarez eut sa premiere audience du roi de Calicut, il le trouva tout couvert de pierres enchassées dans des anneaux: il avoit à ses deux mains des bracelets & des anneaux à ses doigts; il en avoit jusqu'aux piés & aux orteils. Louis Bortome nous parle d'un roi de Pegu, qui portoit à chaque orteil, ou gros doigt

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