ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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quelques onces de cuivre, jettées sans addition dans
un creuset rougi, seront fondues au bout d'une minute,
bouilliront, & seront beaucoup plus embrasées
qu'il n'est nécessaire, pour lui faire prendre dans
un moule la figure qu'on veut. On met les vaisseaux
par ces petites portes, & on les place sur le lut servant
à assujettir les barres de fer faisant l'office de
grille. On place autant de vaisseaux dans le pourtour
de la chambre, qu'il y a de portes. Les vaisseaux
qu'on y introduit, avant que le fourneau soit
parfaitement chaud, peuvent se poser sur une tourte
épaisse d'un pouce, & difficile à vitrifier. On peut
voir & examiner la matiere contenue dans les vaisseaux
par le petit trou pratiqué dans cette porte.
Comme le sol de la troisieme chambre est beaucoup
plus large que celui de la précédente, il est capable
de tenir un double rang de douze vaisseaux chaque,
ou plus s'ils sont de médiocre grandeur. Le feu n'est
pas si fort dans celle - ci que dans la précédente, &
son degré n'est que celui d'une fonte médiocre. Enfin dans la quatrieme & derniere le feu est beaucoup
plus doux. Il y est très - propre aux calcinations &
grillages, qu'on doit faire à un feu leger; car les
vaisseaux ne font qu'y prendre un commencement
de rougeur. Si l'on veut les placer dans le fourneau
déjà embrasé, on les chauffera bien d'abord; ensuite
on les mettra dans la quatrieme chambre, après quoi
ils seront en état, par le rouge médiocre qu'ils auront
pris, de passer dans la troisieme ou seconde.
Avant que d'allumer le feu, il faut avoir des appareils
pour plusieurs opérations On fait ainsi quantité
d'expériences avec très peu de peine, en peu de
tems, & à peu de frais. Enfin M. Cramer assûre
qu'il n'en a jamais fait qui lui ayent procuré autant
de plaisir que celles qu'il a faites dans le fourneau en
question, quoiqu'elles soient d'ailleurs tres - ennuyeuses, parce que le feu doit y être très - fort & très long - tems soûtenu dans le même état; & il affirme
qu'il avance peu, en disant que tout en est dix fois
plus aisé, si on en sait tirer parti.
Les vaisseaux qu'il employe pour son fourneau,
sont des creusets & des tutes qu'on y place avec ou
sans couvercle. Mais si l'on est obligé d'examiner ou
d'agiter souvent la matiere qu'ils contiennent, & de
les garantir en même tems de la chûte des cendres
qui voltigent, il faut faire une échancrure à leur
bord supérieur, puis y appliquerune fermeture qu'on
assujettira avec du lut. On peut encore construire
exprès des vaisseaux cylindriques fermés par le haut,
n'ayant qu'une ouverture par le côté, qu'on aura
soin de tourner vers la porte, enfin ce qu'on appelle
des creusets de Verrerie. Si l'on se sert de creusets triangulaires,
il faut que l'un des angles soit dirigé vers
le centre du fourneau, & le côté opposé tourné du
côté des portes. Faute de ces précautions, les vaisseaux
sont sujets à se fendre.
Au défaut de ce fourneau, M. Cramer s'est servi
autrefois, avec assez de succès, de son athanor que
nous avons matqué fig. 56. & que nous décrirons
plus bas. Il ajustoit une trompe à son cendrier comme
au précédent; il plaçoit les vaisseaux sur des
tourtes dans la chambre voisine de la tour; il levoit
tout - à - fait la plaque de fer destinée à empêcher l'accès
du feu de la tour dans la premiere chambre; il
maçonnoit la porte de cette chambre avec des briques
& du mortier, laissant pour introduire les vaisseaux
deux petites portes qu'il fermoit avec des pistons;
il plaçoit les vaisseaux qui demandoient le plus
grand feu tout près de la fenêtre biaise, au moyen
de laquelle le feu passe du foyer dans la premiere
chambre; ceux à qui un feu plus doux suffisoit, au
milieu de la chambre, & vis - à - vis la même fenêtre.
Mais comme les pierres n'étoient pas des meilleures,
& qu'il y avoit soûtenu pendant deux jours un
feu de la derniere violence, le fourneau s'étoit tout
détruit, & les tourtes s'étoient confondues avec les
pierres vitrifiées, quoiqu'il ne se fût pas répandu de
verre des vaisseaux; inconvénient qu'on doit prévenir
avec tous les soins imaginables; car s'il arrive
un certain nombre de fois, le fourneau est hors d'état
de servir davantage.
Des fourneaux d'essai. Ce sont ceux dont nous
avons donné la description à l'article Essai, &
qui dans nos Planch. de Chimie sont marqués fig. 45 - 48. 49 - 50 - 53. 54 & 55. leur place natuielle eût été
celle - ci. Après les fourneaux de calcination & de fusion,
doivent venir ceux qui sont cela tout - à - la - fois;
mais nous nous contenterons d'y faire quelques additions.
Voici les proportions que les fournalistes de
Paris donnent à ceux qu'ils font en terre, fig. 54. Ils
font un sol de 18 ou 20 lignes d'épaisseur, de 12 ou
13 pouces de large, ou d'un côté à l'autre, & de 13
ou 14 pouces de devant en - arriere; quelquefois ils
le font tout - à - fait quarré, & le fourneau en est tout
aussi bon. Tantôt il est plus grand, & tantôt il l'est
moins; cela dépend du nombre d'essais qu'on y veut
faire à - la - fois, & de la quantité de matiere qu'on a
à y traiter. Ils élevent ensuite des murailles à la hauteur
de trois pouces ou trois pouces & demi; & c'est
pour lors qu'ils pratiquent le petit rebord qui soûtient
les barres faisant l'office de grille. Ces murailles
ont aussi 18 ou 20 lignes d'épais. Ils pratiquent
trois ouvertures ou soupiraux au cendrier, une endevant
& une de chaque côté. Toutes trois ont en
largeur quatre pouces & demi d'embrasure réduits
à quatre pouces en - dedans sur trois de hauteur. Audessus des barres - grilles qui sont posées en losange,
& qui, ayant huit lignes d'équarrissage, occupent environ
un pouce d'épaisseur horisontale, ce qui fait
quatre pouces & demi de haut, ils élevent en >ore les
murailles de deux pouces, & quelquefois de trois ou
quatre, avant que de faire les trous pour placer les
barres soûtenant la moufle. Ces trous sont au nombre
de quatre, deux devant & deux derriere. Ils ont
huit ou neuf lignes de diametre pour recevoir des
barres rondes de même grosseur à - peu - près. Comme
ces barres terminent la couche de charbon placée
entre la grille & la moufle, & que cette couche ne
suffit pas à beaucoup près pour la plûpart des essais,
nous avons déjà remarqué à leur article que c'étoit
un inconvénient à corriger, & qu'il falloit quatre
ou cinq pouces, au lieu de deux, entre la moufle &
les barres - grilles. Cet espace doit même être plus
considérable, quand on veut employer ce fourneau
à l'émail, soit tel qu'il est, soit modifié de la façon
particuliere qui convient à ce genre de travail. Voyez
Email. Du - dessus des barres au haut du fourneau,
il y a cinq ou six pouces d'espace. Deux ou trois lignes
au - dessus de ces mêmes barres, on fait une ouverture
demi - circulaire de cinq ou six pouces de
large en - bas sur trois ou quatre de haut dans son milieu.
C'est la porte de la moufle. Quand celle - ci est
un peu longue, & qu'on y place des vaisseaux un
tant - soit - peu grands, il manque de l'élévation à sa
porte. Ainsi on ne risque rien de la faire d'un pouce
ou d'un demi - pouce plus haute. Au - dessus de ce corps
qui est en tout haut de quinze pouces, est le dôme en
pyramide quarrée haute en tout de cinq pouces, &
se terminant par une ouverture de quatre pouces
aussi quarrée. Cette ouverture doit se terminer de
façon qu'on y puisse ajuster la buse i ou naissance de
tuyau qu'on voit au - dessus de la fig. 54. pour augmenter
le feu, & avoir la facilité de continuer cette
cheminée. Ainsi la hauteur totale du fourneau est de
vingt pouces sans sa cheminée.
On fait encore des fourneaux d'essai sur le champ
avec des briques & des barres de fer, ou bien une
grille d'une seule piece. On leur laisse en côté une
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fenêtre pour observer si le charbon s'affaisse bien
fous la moufle & à ses côtés: cette fenêtre est aussi
nécessaire dans les autres especes de fourneaux d'essai.
Le fourneau d'essai sans grille qu'on voit représenté
Planche I. tome I. de Schlutter, & fig. 55. de nos
Planches, est celui de Fachs. Ercker en a senti les
inconvéniens, & préfere celui qui a un cendrier. Le
fourneau de Fachs se trouve dans Libavius & Glaser.
Celui de Cramer est pris d'Ercker. Il est précisément
le même, si on en excepte peut - être que les deux
portes en coulisse du cendrier ont chacune, de même
que celles de la bouche du foyer, un trou qui n'y
est pas fort nécessaire. Celui qu'on voit dans Rhenanus est aussi le même que celui d'Ercker.
Fachs a fait beaucoup de corrections aux fourneaux d'essai d'Agricola; mais il les a laissés sans
grille. Ceux d'Agricola sont tres - défectueux; ils ressemblent
assez à certains fourneaux d'émail qui sont
cncore aujourd'hui en usage.
Stahl me paroit être le premier qui ait demandé
pour les fourneaux d'essai, comme pour ceux de reverbere,
un tuyau ajusté à leur dôme, fund. chem.
p. 44. Il avance p. 157. que l'espece de fourneau en
question ne demande pas, pour être construit, autant
de précision qu'on l'a cru, & que c'est s'amuser
à des inutilités & à des minuties; que les qualités
que doit avoir un fourneau d'essai se réduisent à ce
qu'il pompe bien l'air, & puisse fondre de l'argent.
Ces vûes sont remplies par des regîtres placés à la
partie supérieure du fourneau, un cendrier garni de
sa porte, & un couvercle pour donner froid, par
une juste proportion de la moufle & une distance de
deux doigts entr'elle & les parois du fourneau. On
verra par la lecture de cet article, si Stahl n'a pas
pu se tromper.
Le fourneau d'essai à l'angloise (fig. 45 - 49.) en
brique, & celui qui est en terre, dont nous avons
donné la description, ne se trouvent, que je sache,
qu'une fois chacun à Paris.
Le fourneau d'émail qu'on voit dans Haudicquer
de Blancourt, est sans grille comme tous les autres.
Il est plus que probable que l'émail qui doit son origine
à la chimie, lui doit aussi le fourneau qui y est
employé. C'est le fourneau d'essai qu'on a pris, mais
le fourneau d'essai sans grille. Depuis ce tems les Chimistes ont corrigé ce defaut de grille; mais les Emailleurs qui en ont été séparés n'ont point profité de
cette correction; & cela n'est point étonnant. La
plûpart des essayeurs eux - mêmes ne l'ont pas cncore
admise; & l'on fait même encore des essais avec
une moufle sans sol, comme celle des émailleurs
ordinaires: construction qui peut avoir ses avantages
pour les essais, mais qui me paroît n'avoir que
des inconvéniens pour l'émail. Voyez Moufle.
On n'a mis à l'article Essai que ce qui regardoit
la construction du fourneau de la fig. 50 - 53. au - moins
s'est - on peu étendu sur son usage général. Le voici.
Pour faire usage de ce fourneau, l'artiste l'élevera
de deux ou trois piés, de quelque façon qu'il
le fasse, afin qu'il puisse voir commodément par
l'embouchure de la moufle les progrès de l'opération,
sans être obligé de se baisser. Il passera dans
les quatre trous inférieurs qui répondent les uns aux
autres, deux barres de fer épaisses d'un pouce, &
de telle longueur que leurs extrémités débordent un
peu les parois du fourneau de chaque côté. Ces barres
sont destinées à soûtenir la moufle qu'on introduit
par l'ouverture supérieure du fourneau, avant
que d'y mettre le dôme pyramidal; on la place de
façon que son embouchure ne semble faire qu'une
seule & même piece avec le bord de la porte qu'on
appelle de son nom: après quoi on la lute avec ce même
bord, parce qu'il faut l'assujettir. La substance qui
doit servir d'aliment au seu & la grille se mettent par
le haut du fourneau, dont le dôme doit être conséquemment
mobile encore pour cette raison, & assez
leger. Les charbons faits de bois dur, & surtout ceux
de hêtre, sont les plus propres pour ces sortes de circonstances.
On les met par morceaux de la grosseur
d'une noix, & l'on en couvre la moufle d'une couche
de plusieurs pouces. Nous donnons l'exclusion aux
charbons qui sont plus longs ou plus gros, parce
qu'ils ne se rangent pas bien autour de la moufle,
& ne remplissent pas exactement l'espace étroit qui
est entr'elle & les parois du fourneau: d'où il arrive
que le feu est, ou inégal, ou trop foible, à cause
des vuides qui se rencontrent nécessairement pour
lors. C'est pour cela que nous avons conseillé de
faire une petite porte à côté du fourneau. Il est cependant
un juste milieu duquel on ne peut s'écarter;
car si l'on cassoit le charbon trop petit, la plus grande
partie passeroit à - travers la grille, & tomberoit dans
le cendrier; ou bien se réduisant trop promptement
en cendres, elle boucheroit bien - tôt la grille par la
quantité en laquelle elle s'y amasseroit, & empêcheroit
le libre passage de l'air, qui est si nécessaire
en pareille occasion.
Comme les opérations qu'on fait avec ce fourneau
exigent pour l'ordinaire un feu conduit avec exactitude,
on fera attention aux circonstances suivantes.
1°. Le fourneau étant plein de charbons allumés, si
l'on ouvre entierement la porte du cendrier, & qu'on
approche l'une de l'autre les coulisses de la porte
de la moufle, on augmente le feu. Son action deviendra
plus forte, si on met le dôme, & qu'on lui
adapte le tuyau de deux piés (fig. 49.). 2°. Mais
on aura un feu extrème, si, laissant le fourneau dans
l'état dont neus venons de parler, excepté la bouche
de la mousle qu'on ouvrira, on lui applique le
canal de tôle rempli de charbons ardens. On est rarement
obligé d'en venir à cet expédient pendant
l'opération; on n'y a recours que quand on commence
à allumer le feu, parce que ce seroit en pure
perte qu'on attendroit patiemment pendant quelques
heures qu'il eût acquis le degré d'activité convenable.
On est encore obligé de recourir à cette disposition,
quand on a à faire une opération qui exige
un feu violent pendant un tems chaud & humide,
l'air étant en stagnation, & n'étant plus capable par
la diminution qu'il souffre de son ressort, de donner
au feu l'activité nécessaire au succès de l'entreprise.
On peut déduire de ce que nous avons dit, quels
doivent être les moyens de diminuer le feu.
Lorsqu'il a été poussé à la violence qu'il peut avoir
dans le fourneau en question, elle devient moindre
si l'on retire les charbons du canal de tôle, & si l'on
ferme la porte de la moufle; on lui ôtera encore un
degré d'activité en retranchant le tuyau du dôme;
l'action du feu se ralentira encore, si on ne laisse la
porte de la moufle fermée que par la coulisse qui a la
plus petite ouverture: sa diminution sera plus considérable,
si on lui substitue la seconde coulisse dont
l'ouverture est plus grande. Le feu enfin sera encore
assoibli si l'on ôte le dôme, & s'éteindra ensuite
tout - à - fait, si l'on ferme en tout ou en partie la porte
du cendrier, puisqu'on interdit par - là le passage
à l'air, dont le jeu est nécessaire à l'entretien & à
l'augmentation du feu. On a encore un moyen de diminuer
l'ardeur du feu presque tout - d'un - coup si l'on
veut, c'est d'ouvrir tout - à - fait la bouche du foyer;
car l'air froid qui y entre pour lors avec impétuosité,
raffraîchit tellement les matieres qui sont placées
sous la moufle, qu'il n'est point d'opération qui demande
un degré de feu si foible, puisque l'ébullition
du plomb cesse même entierement. Si l'on voit que
le teu commence à manquer, ou même à devenir
inégal dans quelque endroit de la mousle, c'est une
preuve que le charbon ne s'est pas affaissé à - mesure
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