ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"242B"> qu'il a brûlé, ou bien même avant qu'il sût allumé, & qu'il a laissé conséquemment des vuides entre la moufle & les parois du fourneau: ainsi on les fera tomber à l'aide d'une petite baguette de fer qu'on introduira par l'oeil du fourneau. S'il arrivoit que le feu fût plus fort d'un côté de la moufle que de l'autre, on pourroit le diminuer incontinent, si on le jugeoit à - propos, avec un instrument ou regître. On saura en général qu'on n'aura promptement un degré de feu égal & convenable, qu'autant qu'on aura la précaution d'ôter les cendres & de nettoyer le foyer avant que d'y mettre le charbon. Voyez Essai, Moufle, &c.

Des fourneaux d'affinage & de raffinage. Les fourneaux qui servent à ces deux opérations sont exactement les mêmes; ce sont ceux que nous avons représentés fig. 17. 18. 19. 20. 21. & 22.

Un fourneau d'essai est bien certainement un fourneau qui peut servir à l'affinage & au raffinage de l'argent; mais il n'est pas fait pour qu'on y en puisse traiter une grande quantité à - la - fois: ce n'est pas que notre dessein soit de parler de l'appareil en grand qui sert à ces sortes d'opérations; il n'entre point dans notre plan: mais nous allons donner les fourneaux qui peuvent être nécessaires au chimiste, qu'on trouve dans les monnoies & chez les Orfevres, & qu'un essayeur ne peut se dispenser d'avoir. Nous n'avons point parlé des fourneaux de liquation qui auroient dû précéder ceux - ci, non - seulement parce qu'ils demandent une grande suite de fourneaux, mais encore parce que cette opération regarde strictement les travaux en grand. On ne liquéfie l'oeuvre ou plomb chargé de l'argent du cuivre, qu'après l'avoir fondu avec ce cuivre dans un fourneau à raffraîchir; après quoi on le passe au fourneau de liquation, puis à celui de l'affinage; pendant que d'un autre côté on desseche les pieces de liquation dans un fourneau de ressuage: toutes opérations qui sont du ressort de la Métallurgie. Dans les essais on détruit le cuivre, & on a d'ailleurs tous les jours beaucoup d'argent allié, de la vaisselle, &c. à affiner & raffiner, comme à départir.

Le fourneau (fig. 17 & 18.) est tiré de Schlutter: cet auteur rapporte qu'en Bohème, en Saxe, en Hongrie, & ailleurs, les fourneaux d'affinage sont construits à - peu - près comme une forge; mais cette forge est couverte d'une voûte au milieu de laquelle il y a une cheminée, au - dessous est un arceau sur lequel se trouvent deux foyers pour deux tests ou coupelles; chacun de ces foyers a quatre piés de long sur trois piés & demi de large: à côté est un mur à - travers lequel passent deux tuyaux de cuivre jaune, venant du soufflet, & c'est sur ce mur que la voûte est portée. Ce mur h, k (voyez la coupe & l'élévation) se fend en deux ou est creusé de chaque côté vis - à - vis les tuyaux du soufflet, pour pouvoir toucher à leurs robinets, & donner le vent du côté qu'il est nécessaire. Le soufflet qui est de bois, est monté sur son chassis; on en tire la brimbale avec le pié: le vent de ce soufflet entre dans un porte - vent ou boîte de bois qui reçoit les deux tuyaux qui vont aux deux foyers. Comme il n'y a qu'un test occupé à - la - fois, on ferme exactement le canal de l'autre.

Les fig. 19 - 21. représentent un fourneau dont Schlutter se dit l'inventeur, & prétend n'en avoir pas vû de semblable; il est vrai qu'on n'avoit pas encore appliqué le fourneau à fondre les canons, ou prétendu anglois, à l'affinage de l'argent; mais il n'en existoit pas moins, & celui de Schlutter, à ce que je pense, n'en differe pas beaucoup, s'il n'est pas tout - à - fait le même, comme on va le voir. Ce fourneau se chausse avec le bois; il est construit en briques, & le sol en est élevé de trois piés, avec un cendrier de même hauteur à l'un de ses côtés: on pla<cb-> ce la grille au haut du cendrier, ou plûtôt un peu au - dessous du sol du fourneau, comme on peut la voir en b, fig. 19. C'est sur cette grille qu'on fait le feu, qui par conséquent se trouve à l'un des côtés du fourneau, le test ou coupelle étant à l'autre. L'endroit où se met le bois, & qui est séparé du sol en - bas par un petit mur, s'appelle la chauffe. La chauffe & le sol ou coupelle sont couverts d'une voûte commune e, fig. 19. Il y a devant le test une ouverture c (fig. 21.), entravers de laquelle on met quelques barres de fer qui servent à faire entrer & sortir le test: quand il est placé, on ferme cette ouverture avec des briques, & on n'y laisse qu'une petite embouchure, comme on le voit même fig. 21. il y a pour mettre le bois dans la chauffe b, fig. 20. une autre ouverture a, qu'on ferme avec une porte de fer chaque fois qu'on y a jetté du bois. On place une plaque de fer fondu e, au - devant de ce fourneau; & près du test d, (fig. 20.) on ménage dans l'intérieur du mur f, un tuyau pour la sortie de la flamme, f, fig. 21. La maçonnerie extérieure du fourneau a cinq piés de long & trois piés quatre pouces de large, y compris la plaque de fer. Le fourneau anglois est aussi plus long que large, & cela avec d'autant plus de raison que le sol en est ovale, au lieu qu'ici le sol ou la coupelle sont ronds. Le dedans est de deux piés de long sur un pié & demi de large. La grille de la chauffe a neuf pouces de large sur un pié six pouces de long. Le petit mur c, (fig. 19.) n'est guere élevé que de l'épaisseur d'une brique ou deux tout - au plus, parce que l'élévation de la chauffe doit se prendre sur le cendrier pour la place de la quantité de bois nécessaire: au reste, la grille b, (fig. 20.) est composée de barres de fer isolées & portées sur deux autres plus grosses posées en - travers dans des mortaises qui doivent avoir huit ou dix pouces de haut, afin qu'on puisse élever la grille ou la baisser à volonté, suivant la quantité qu'il faudra d'aliment au feu, & la nature de cet aliment. La voûte qui couvre tout ce fourneau ne doit être élevée que de quinze pouces; mais cela doit s'entendre depuis la grille b, (fig. 19.) jusqu'à la voûte qui est immédiatement au - dessus; car elle ne doit pas faire l'arc comme en e, mais aller toûjours en baissant jusqu'en f, commencement de la cheminée, pour rabattre la flamme & la déterminer sur le métal: ainsi la courbure de la voûte doit être prise dans un autre sens, c'est - à - dire que sa naissance ou chaque extrémité de son arc doit porter sur les murs des côtés, & non sur ceux g g, (fig. 21.) des extrémités; ce qui est encore indiqué par la situation de la cheminée. Le cendrier est, comme la grille, large de neuf pouces; son soupirail est de même largeur, & haut d'un pié: les poêles dont on se sert pour former avec des cendres le test où l'on met les matieres à affiner, sont de fer fondu. Voyez nos Planches & leur explication; voyez aussi le fourneau anglois. Ce fourneau doit être très - utile dans un laboratoire philosophique; il est meilleur que celui de nos fig. 15 & 16. qui pourtant peut avoir son utilité. Je dirai ici en passant, que les Anglois ont appliqué le fourneau qui porte leur nom à l'affinage; je ne sai point si c'est depuis Schlutter ou avant; mais ils y ont fait ce changement. Au lieu du massif qui porte le test dans notre fig. 19. il y a un vuide; & la coupelle, qui est un cercle de fer de trois ou quatre piés de diametre, & haut de sept ou huit pouces, est soûtenue sur deux grosses barres de fer posées selon la longueur du fourneau. Il y a une petite ouverture au - dessus de la coupelle, comme en c, (fig. 21.) pour laisser passer le vent d'un gros soufflet, & une autre à l'opposite pour la chûte de la litharge: c'est ainsi qu'on affine une grande quantité de plomb à - la - fois. J'observerai encore ici une chose que j'ai déjà dite ailleurs; c'est que Schlutter est tombé dans l'erreur [p. 243] sur l'origine du fourneau anglois: il rapporte, page 114. de l'édition publiée par M. Hellot, qu'on prétend qu'il a été inventé vers l'an 1698 par un medecin chimiste nommé Wrigth: mais ce medecin n'en a pu faire qu'une application à la fonte des mines de plomb & de cuivre d'Angleterre; puisque le fourneau pour la fonte des cloches qui lui est absolument semblable, est très - ancien & remonte peut - être à quelques milliers d'années. Il est vrai qu'on n'en trouve point dans Agricola; mais Biringuccio, auteur italien traduit en françois par Vincent en 1572, l'a figuré & décrit de plusieurs façons. Voyez cet auteur, p. 121. il l'appelle fourneau de réverbere. Wrigth tout au plus y a ajoûté la cheminée d'après les tuyaux des poêles & des fourneaux de fusion.

La fig. 22. représente un fourneau à vent à assiner l'argent dans un test sous une moufle; cette figure est de M. Cramer, & se trouve aussi dans Schlutter: on s'en sert au hartz. On construit plusieurs de ces fourneaux le long d'un mur sur un foyer commun qui non - seulement sert de support, mais encore de tuyaux pour le jeu de l'air: pour cela on y fait des fentes étroites, comme on voit en e pour le passage de l'air; ces fentes commencent des le pavé, & sont hautes de trois piés, comme le foyer ou support. Comme ces fourneaux sont à côté les uns des autres, l'air de chaque soupirail est conduit à leurs foyers par deux tuyaux tant d'un côté que de l'autre; de sorte qu'un fourneau reçoit par quatre tuyaux l'air de deux soupiraux. Du fond de chaque fourneau s'éleve un tuyau de respiration qui a sa sortie près du mur & par - dessus le fourneau, comme on le voit en f; à cela près que cette sortie est au milieu du dôme, & doit être par le côté; les bases de ces fourneaux sont construites en briques; ils le sont aussi en partie, & peuvent l'être en entier: mais on fait ordinairement leur dôme en terre, comme on le voit en B. Chacun d'eux a par le bas un pié huit pouces de large, & la même étendue en long, quand ils sont fermés par des briques; leur hauteur est de deux piés, & ils se resserrent vers le haut, où il ne reste qu'onze pouces de large sur quinze pouces de long. Le devant demeure ouvert jusqu'à ce que le test & sa moufie y soient placés, comme on le voit en A, qu'on a représenté ouvert: alors on le ferme avec de méchantes briques, & on ne laisse d'ouvert que l'embouchure; ou bien on y fait une très - grande porte en tôle g, comme en B, à laquelle on fait un petit guichet h pour le besoin. Le dôme est encore garni d'une autre porte i, roulant sur des gonds, comme la premiere, qui est l'oeil du fourneau & l'endroit par où l'on jette le charbon: on arme ces fourneaux de cercles de fer & de plaques; sans quoi il faudroit les rétablir souvent. Les poêles où l'on fait les tests sont de fer à l'ordinaire, & les moufles sont sans sol. Voyez ces articles.

Des fourneaux de verrerie. Nous n'entendons parlà que ceux qui peuvent être de notre plan, ou entrer, comme nous l'avons déjà répété plusieurs fois dans d'autres occasions, dans le laboratoire du chimiste. Ces sortes de fourneaux ne sont, à proprement parler, que des fourneaux de fusion; la vitrification n'étant elle - même qu'une fusion, mais une fusion qui demande un degré de feu supérieur à celle des métaux. Cette nuance n'a pu nous déterminer à faire un article séparé des fourneaux de vitrification dont nous avions à parler; on les a trouvés à la fin de la section des fourneaux de fusion: ce sont ceux du commercium litterarium, fig. 37. n°. 1. celui de M. Pott, fig. 38. & celui de M. Cramer, fig. 39 - 44: on peut encore y ajoûter le fourneau de fusion, fig. 26.

Des athanors. Nous en avons représenté quatre dans nos Planches; le premier est la fig. 56 - 60. celui de M. Cramer: le second est la figure 61. qu'on voit chez M. Roüelle: le troisieme est la fig. 62. dont M. Maloüin a donné la description, art. athanor: & le quatrieme, celui de Rupescissa, qui n'est qu'un fourneau philosophique: nous parlerons de celui - ci en son lieu, & nous donnerons en même tems quelques remarques sur le mot athanor.

L'athanor, le fourneau de la paresse, acedia en latin, tiré du grec A)KHDH\ST, ou qui ne donne aucun soin, est un fourneau où l'on entretient du feu long - tems. On construit 1°. avec des pierres capables de résister à un violent feu de fusion, une tour quarrée, (fig. 56. a a a a), dont les murailles épaisses chacune de six pouces, en doivent avoir dix de large dans oeuvre, b b b b. On la fait plus ou moins haute, suivant le tems qu'on veut que le feu dure sans être obligé de lui donner de nouvel aliment; on lui donne pour l'ordinaire cinq ou six piés de haut. 2°. Dans la partie la plus inférieure de cette tour, on fait une ouverture quarrée c, large & haute de six pouces, qu'on ferme exactement à l'aide d'une porte de fer roulant sur deux gonds, excédant le soupirail d'un pouce dans tout son contour, & reçûe dans une feuillure ou entaille à angles droits, large aussi d'un pouce, pratiquée tout - autour du bord extérieur du même soupirail. 3°. A dix pouces au - dessus du sol de la tour, on place une grille d, faite de plusieurs barres de fer d'un pouce d'équarrissage, & éloignées de trois quarts de pouce les unes des autres. On les dispose en losange, ou de façon que deux des angles d'une barre, sont opposés à ceux des deux autres barres au milieu desquelles elle est, & que les deux autres sont tournés l'un vers la partie supérieure de la tour, & l'autre vers l'inférieure. Cette disposition sert à favoriser la chûte des cendres. 4°. Immédiatement au - dessus de la grille on fait une autre ouverture e, arquée, large de sept pouces, & haute de six, garnie, comme le soupirail, d'une porte de fer suspendue sur deux gonds; cette porte sera munie intérieurement de crochets de fer & d'un rebord qui remplira exactement l'ouverture de la tour, afin qu'elle puisse soûtenir le lut qui la doit garantir de l'action du feu. 5°. On ferme le sommet de la tour avec un couvercle ou dôme de fer f, garni d'une anse, & excédant l'ouverture de la tour de deux pouces dans tout son contour. On fait ce dôme d'une tôle épaisse, dont on forme une pyramide creuse, quarrée, ouverte par sa base, & se terminant par un bord presque tranchant qui est reçû dans une feuillure ou rainure d'égal contour, pratiquée dans le bord intérieur de la partie supérieure de la tour: telle est la construction de la principale partie de ce fourneau.

6°. Un pouce & demi ou deux pouces au - dessus de la grille d, on fait à la muraille droite de la tour une ouverture rectangle biaise, c'est - à - dire allant en montant du dedans de la tour en - dehors, g g, haute de quatre pouces & demi sur dix de large. Cette ouverture est faite pour établir une communication entre la tour & la cavité dont nous allons parler.

On construit donc cette cavité ou chambre tout contre la muraille percée de la tour: on la fait de pierre & de façon que sa partie inférieure est un prisme creux h h h h, haut de six pouces, long & large de douze, terminé par une voûte i i, décrivant un arc de cercle de six pouces de rayon; ensorte que la hauteur du milieu de la chambre est en tout de douze pouces; elle doit être totalement ouverte antérieurêment, & garnie d'une porte de fer K, (fig. 59.) au moyen de laquelle on la ferme exactement. La surface intérieure de cette porte sera couverte d'un garni de deux pouces d'épais, qui sera soûtenu, comme nous l'avons dit en parlant de la porte du fourneau de fusion, & même de celle de la bouche du feu de la tour. Au milieu de cette

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.