ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"186"> être ensuite procédé à l'enregistrement de tous les recueils; & cependant que les commis préposés pour la distribution desdites formules, pourroient vendre & distribuer à tous officiers ministres de justice & autres qu'il appartiendroit, le papier & parchemin qu'il conviendtoit, marqué en tête d'une fleur - de - lis, & timbré de la qualité & substance des actes, avec mention du droit porté par le tarif; le corps de l'acte entierement en blanc, pour être écrit à la main, &c. le tout seulement jusqu'à ce que les recueils de formules fussent achevés; après quoi les officiers publies seroient tenus de se servir des formules en la maniere portée par les recueils.

C'est de - là que le papier & le parchemin timbrés tirent leur origine; on a cependant conservé le nom de formule au timbre, & quelquefois on donne aussi ce nom au papier même ou au parchemin timbrés, à cause que dans les commencemens ils étoient destinés à contenir les formules des actes, au lieu desquelles on s'est contenté de mettre en tête un timbre ou marque, avec le nom des actes; le projet des formules imprimées ayant été totalement abandonné, à cause des difficultés que l'on a trouvé dans l'exécution.

La formule ou timbre que la ferme générale fait apposer au papier & parchemin destines aux actes publies, change ordinairement à ch que bail. Il y a une formule particuliere pour chaque generalité.

Outre la formule commune qui est apposée sur tous les papiers & parchemins de chaque generalité, il y en a encore de particulieres pour les actes reçus par certains officiers, comme pour les expeditions des greffiers, pour les actes des notaires, pour les lettres de chancellerie, les quittances de sinance, les quittances de ville, &c.

Le bail des formules fait partie de la ferme des aides. Aussi ce qui concerne la perception des dioit, du Roi pour les formules, est - il traite dars l'ordonnance des aides de 1680; sous le titre dernier, des droits sur le papier & le parchemin timlré.

Il y a un recueil des réglemens faits pour l'usage du papier & parchemin timbres, que l'on appelle communément le recueil des formules, par le sieur Deniset, où l'on trouve tout ce qui concerne cette matiere.

Il y a aussi un mémoire instructif sur les droits de la formule, qui est à la fin du dictionnaire des aides, par le sieur Brunet de Grand - maison. Voyez Papier timbré & Parchemin . (A)

Formule (Page 7:186)

Formule, (Pharm.) prescription, ordonnance, recctte, & quelquefois même recipe, est une exposition par écrit de la matiere & de la forme d'un médicament quelconque, de la maniere de le préparer, de la quantité ou dose à laquelle on doit le faire prendre au malade, & de toutes les différentes circonstances qui peuvent varier son administration.

L'art de dresser des formules ou de formules, est plus essentiel au medecin qu'on ne le pense communément, & il suppose plusieurs connoissances très - utiles, ou dont il est au - moins honteux de manquer: rien n'est si ordinaire cependant que de voir des medecins de la plus haute reputation, commettre les fautes les plus grossieres en ce genre; fautes qui à la vérité sont ignorées du public, mais qui exposent l'art à la dérision des garçons apothicaires, & très - souvent les malades à ne point éprouver le bien que le medecin avoit en vûe, & même à essuyer de nouveaux maux.

Pour l'honneur de l'art donc, & même pour le falut des malades, le medecin praticien doit être en état de formuler selon toutes les regles, auxquelles il n'est dispensé de se conformer scrupuleusement, que quand il est en état de bien discerner ce qui est d'appareil & d'élégance, d'avec ce qui est de nécessité absolue.

M. Jerôme David Gaubius professeur de Leyde, a donné sur l'art de dresser des formules, un ouvrage qui peut être regardé comme achevé. Les gens de l'art doivent l'étudier tout entier. Le lecteur nonmedecin sera très - suffisamment instruit sur cette matiere, par la connissance abregée que nous allons lui en donner ici.

On doit avoir deux vûes générales dans la prescription des remedes; de soulager le malade, & de lui épargner le desagrément du remede autant qu'il est possible. Le premier objet est en partie entre les mains de la nature; le second est entierement en nos mains.

On doit pour remplir la premiere vûe, pourvoir à la guérison du malade par le remede le plus simple qu'il est possible. Les formules très - chargees de divers matériaux, sont le plus souvent des productions de la charlatanerie ou de la routine: le dessein d'ajoûter à la drogue qui fait la base du remede, un adjuvant & un dirigent, selon l'idée des anciens, dessein, dis - je, est absolument chimérique. Nous avons dit ailleurs ce qu'il falloit penser de l'emploi des correctifs, qui étoit encore un des ingredens essentiels des compositions pharmaceutiques anciennes. Celui des materiaux que Gaubius appelle constituans, est le même que notre excipient. Voyez Excipient. Mais si par les considéiations que nous avons exposées au mot Composition, on se determine à prescrire des remedes magistraux composés, il faut que les divers ingrédiens de ces remedes n'agissent pas les uns sur les autres, qu'il ne se de composent pas, ou qu'ils ne se combinent pas d<-> versement contre l'intention du medecin, & même qu'ils ne se déparent point réciproquement, ou n'acquierent point un goût desagréable par leur mélange. C'est ainsi qu'il ne faut point mêler les sels ammoniacaux avec les alkalis fixes, ou les terres absorbates; les acides avec les alkalis, en comptant un la vertu médicinale de chacune de ces substances cai ces corps sont absolument dénaturés par la combinaison, ou par la précipitation. Voyez Menstfue & Précipitation. Les altérations de ce genre produisent aussi des changemens considérables dans les odeurs & dans les saveurs. Le vinaigre mêle au foie de sousre, produit une odeur detestable, dont chacun des réactifs étoit exempt; les huiles par expression, mêlées ou plutôt confondues avec des corps doux, comme le miel ou la manne, ont une saveur tres - desagréable &c.

Une attention moins essentielle, mais qu'il ne faut pas négliger dans les formules composées, c'est de prescrire ensemble les drogues de la même espece, les racines avec les racines, les feuilles avec les feuilles, &c. & de les arranger dans le même ordre que l'apothicaire doit les employer.

Il faut connoitre nécessairement les rapports des différentes substances qu'on veut employer, entre elles & avec l'excipient qu'on veut leur donner, aussi - bien que la consistance de chacun de ces ingrédiens, afin qu'on ne s'avise pas de vouloir dissoudre un sel avec de l'huile, ou un baume avec de l'eau, & de vouloir faire une poudre avec six grains d'un sel lixiviel & huit gouttes d'une huile essentielle, comme je me souviens de l'avoir vû ordonner une fois.

Il faut encore savoir les différens noms que porte quelquefois dans les boutiques une même drogue simple, ou une même préparation, afin de ne pas risquer d'ordonner plusieurs fois dans la même formule, la même drogue sous des noms différens; ne [p. 187] pas prescrire, par exemple, dans un julep syruporum de diacodio, de meconio & de papavere albo ana dragmam unam, &c. On commettroit une faute du même genre, si l'on ordonnoit en même tems diverses préparations parfaitement semblables en vertu, de la même substance; par exemple la décoction, l'extrait ou le sirop simple de chicorée, &c. Ou si ayant prescrit une composition officinale, on demande d'ailleurs la plûpart des ingrédiens de cette composition.

Il faut être instruit encore des tems de l'année où l'on peut avoir commodément certaines substances, comme les plantes fraîches, les fruits récens, &c.

Les différens ingrédiens des formules se déterminent par poids & par mesure. Voyez Poids & Mesure.

Le modus pharmaceutique, ou la maniere de préparér la formule ou de la réduire sous la forme prescrite, termine ordinairement la formule & en constitue proprement la souscription, qui comprend aussi le tems & la maniere de faire prendre le remede au malade.

Cette derniere partie de la souscription qui est appellée signature, doit dans la grande exactitude être séparée du corps de la formule, & être écrite en langue vulgaire (le corps de la formule s'écrit ordinairement en latin), avec ordre de l'appliquer ou de la transcrire sur le vaisseau, la boîte, ou le paquet, dans lequel l'apothicaire livrera le médicament. Il n'est personne qui n'apperçoive l'utilité de cette pratique, qui peut seule empêcher les gardes malades, les domestiques, & en général les assistans de confondre les différens remedes qu'on fait prendre quelquefois aux malades dans le même jour, ou de les donner hors de propos.

Les regles que nous venons d'exposer sont absolument générales, & conviennent aux médicamens préparés sous les diverses formes qui sont en usage. Voyez l'article Médicament.

On use dans les formules ordinaires de divers caracteres & de diverses abréviations, pour désigner les poids, les mesures, certains ingrédiens tres - ordinaires, les noms génériques des drogues, & certains mots d'usage & de style qui reviennent dans presque toutes les formules. On trouvera les caracteres des poids & mesures, aux articles généraux Poids & Mesure, & aux articles particuliers Once, Grain, Faisceau, Goutte , &c. Voici la liste des abréviations les plus usitées.

Aq. C. aqua communis. Q. S. quantum sufficit. S. A. secundum artem. a a. ana, de chacun. M. misce. F. fiat. M. F. pulvis. Misce fiat pulvis. S. signatur. D. detur. Rad. radices. Fol. folia. Fl. flores. &c. Les abréviations du genre de ces trois dernieres s'entendent assez sans explication.

Au reste on trouvera des exemples de formules régulieres, & revêtues de tout leur appareil, l'inscription, le commencement, l'ordre, la souscription, la signature, aux articles Opiate, Potion, Poudre, Tisane , &c. (b)

On ne peut s'empêcher d'ajoûter ici d'autres considérations importantes sur les qualités qui résultent du mélange des drogues dans les formules composées, soit magistrales, soit officinales, & l'on empruntera ces considérations du même ouvrage de M. Gaubius.

Les qualités qui résultent du mélange des drogues, & qui sont souvent très - différentes de celles de chacune prise séparément, méritent une attention particuliere; parce que le changement qui arrive après le mélange est si notable, qu'il attaque même la vertu médicinale des remedes & leur nature: ce qui prouve assez combien on a tort de préférer les composés aux simples, quand il n'y a pas de nécessité absolue qui l'exige.

Les qualités auxquelles on doit avoir égard dans les formules composées, sont sur - tout la consistance, la couleur, l'odeur, la saveur, & la vertu médicinale.

Les vices de la consistance sont l'inégalité du mélange, quand elle est trop seche ou trop épaisse, trop fluide ou trop molle. Pour éviter cet inconvénient, il faut connoître la consistance propre à chaque formule, & la consistance de chaque ingrédient prise séparément.

Rien n'est si changeant que la couleur, sur - tout si on mêle des matieres différentes. On voit bien des gens sur qui cet objet fait grande impression, & qui aiment mieux les compositions d'une couleur diaphane, blanche, dorée, rouge, bleue, que celles qui en ont une jaune, verte, noire, opaque. On ne peut pas néanmoins déterminer physiquement en général, quelle sera la couleur résultante des différentes couleurs mélangées. La Chimie par le mélange des matieres sans couleur, en produit une blanche, jaune, rouge, bleue, brune, noire, &c. elle tire même toutes sortes de couleurs de toutes sortes de matieres; elle est presque ici la seule science qui donne les exemples & les regles dont le medecin a un besoin essentiel.

Les odeurs ne changent pas moins que les couleurs dans le mélange des remedes différens; mais leur efficacité est bien plus grande & plus réelle. Ainsi remarquez 1°. qu'il y a peu de regles pour rendre les odeurs agréables; que ces regles sont très - bornées & très - incertaines; que les odeurs qui plaisent à quelques personnes, déplaisent à beaucoup d'autres. 2°. Que l'agréable & l'utile ne vont point ici de pair; les hypocondriaques & hystériques se trouvent quelquefois ne pouvoir pas supporter ce qui sent très - bon; souvent les odeurs fortes, foetides ou suaves, font de grandes impressions en bien & en mal. 3°. Qu'en général on aime davantage ce qui n'a point d'odeur, ou ce qui ne sent ni bon ni mauvais. 4°. Que souvent toute la vertu des remedes dépend de leurs odeurs, ou du principe qui les produit.

De plus, on ne peut pas prévoir toûjours l'odeur du mixte par celle des ingrédiens. Voici cependant ce que nous apprend la Chimie, & qui prouve combien il est utile de la savoir quand on commencera à formuler.

1°. Il y a des matieres sans odeur, que le mélange rend très - odoriférantes. Quand on mêle, par exemple, le sel alkali fixe ou la chaux vive qui sont l'un & l'autre sans odeur, avec le sel ammoniac; quelle odeur forte ne sent - on pas tout - à - coup? La même chose arrivera, si on verse l'acide vitriolique sur le nitre, le sel marin, le sel ammoniac, le tartre régénéré, & autres semblables. 2°. Il y a des ingrédiens très - odoriférans, qui après le mélange n'ont plus d'odeur: l'esprit de sel ammoniac, joint à l'acide du nitre ou du sel marin, en est un exemple. 3°. Il résulte quelquefois une odeur extrèmement fétide, du mélange d'odeurs, ou suaves, ou médiocrement fétides: pareillement des matieres très - fétides mêlées ensemble, donnent des odeurs très agréables. Quand on verse du vinaigre sur une dissolution de soufre par les alkalis fixes, on sent l'odeur d'oeuf pourri. Des sucs très - puans que M. Lemery avoit mis dans un petit sac, rendirent une odeur de musc. Hist. de l'acad. roy. ann. 1706. pag. 7.

Les saveurs demandent les mêmes précautions & les mêmes connoissances chimiques, que les odeurs. Les saveurs naturelles, douces, acides, ameres, un peu salées, &c. sont les meilleures. Les plus desagréables sont celles qui sont putrides, rances, urineuses. La Chimie apprend qu'il y en a d'autres bien différentes, & souvent très - extraordinaires, qui

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