ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"188"> naissent du mélange de différentes matieres. Les acides & les alkalis mêlés ensemble, se détruisent. Rien n'est plus desagréable que le goût salé que contractent les acides par le mélange des yeux d'écrevisses qui sont naturellement fades, & de tous les autres absorbans marins. Les terres grasses, insipides, jointes à un acide, deviennent alumineuses; le plomb uni aux acides, acquiert une douceur de sucre; le fer de doux devient stiptique. On sait quel goût affreux ce même mélange donne aux autres métaux.

Quelquefois même il arrive des choses qu'on n'attendoit pas naturellement dans le mélange. En voici quelques exemples. Les acides & les alkalis mêlés ensemble, perdent leurs forces particulieres, & deviennent un sel neutre. Les terres bolaires, médicinales, jointes aux acides, acquierent une force astringente plus considérable, & même alumineuse. Un acide joint à la scamonée, la rend aussi peu active que le sable; au lieu qu'un alkali fixe en aide l'action. Le sel de tartre adoucit la force du jalap & de la coloquinte. Le sucre affoiblit les mucilagineux & les astringens.

Le mercure mêlé au soufre & changé en aethiops ou en cinnabre, cesse d'être salivant. Si vous le broyez bien exactement avec le double de sucre ou d'yeux d'écrevisse, vous produirez un aethiops blanc qui n'aura que peu d'action. Remarquez néanmoins que le turbith minéral, mêlé avec les pilules de duobus & le camphre, d'évacuant qu'il étoit devient altérant. Le mercure doux joint au soufre d'antimoine, a de la peine à exciter le ptyalisme, le vomissement, à pousser par les selles & les urines. Le sublimé corrosif devient doux, quand on y mêle une quantité de mercure crud. Plusieurs chaux de mercure où l'acide se fait sentir par son âcreté, s'adoucissent en les broyant avec des alkalis ou des absorbans terreux. L'aethiops ou le cinnabre mêlé avec les alkalis fixes, ne se change - t - il pas?

Les alkalis dissous par les acides, & les acides par les alkalis, font ordinairement une effervescence & perdent beaucoup de leurs forces. Le vitriol de Mars mêlé avec les alkalis, se change en une espece de tartre vitriolé & d'ochre. Il en est de même dans les autres métaux & demi - métaux, excepté le cuivre. Les alkalis précipitent l'alun en une chaux morte; ce qui fait connoître la nature des magisteres alumineux. Le soufre dissous par un sel alkali, est chassé de cet alkali par un acide, &c.

Si donc dans une formule l'on joint sans précaution les acides, surtout les fossiles, aux métaux ou aux minéraux de quelque espece qu'ils soient, il en peut résulter des changemens étonnans, souvent même de violens poisons. Le mercure sublimé, le précipité rouge, la pierre infernale, le beurre d'antimoine & plusieurs autres, en sont des preuves.

Enfin les vertus médicinales d'un corps dissous ou extrait par tel & tel menstrue, sont fort différentes. La plûpart des purgatifs végétaux extrait par un menstrue aqueux, réussissent fort bien. Ceux qui l'ont été par un menstrue spiritueux, donnent des tranchées, & purgent moins. Le verre d'antimoine, ou le safran des métaux, communique au vin une vertu émétique; ce qu'il ne fait point à l'eau, au vinaigre distillé, à l'esprit - de - vin, ou à son alcohol. Le cuivre dissous par un acide est très - émétique; par un alkali volatil, il pousse efficacement par les urines; par le sel ammoniac, il devient cathartique, &c. Boerhaave, elem. chim. vol. II. pag. 475. & seq.

Il seroit aisé de citer beaucoup d'autres exemples, & je voudrois pouvoir les rapporter tous: mais comme il n'y a point de bornes dans les compositions & les mélanges, il s'en faut de beaucoup que nous connoissions au juste les altérations qui en résultent; on n'y parviendra que quand on aura découvert les principes naturels des simples, les rapports réciproques qu'ils ont chacun entr'eux, & la véritable maniere dont ils agissent.

Cependant un homme instruit de la Chimie, s'il veut mêler plusieurs drogues dans ses formules, sera toûjours sur ses gardes; parce qu'il fait mieux que personne que de certains mélanges il résulte des changemens prodigieux, & qu'il y en a sans doute une infinité qu'on ne connoît pas: car on n'a point encore ni fait les mélanges possibles de tous les corps, ni bien examiné les produits de ceux qui ont été mêlés. (D. J.)

FORMULÉ (Page 7:188)

FORMULÉ, adj. (Jurisprud.) Papier formulé. On appelle quelquefois ainsi le papier timbré, à cause que dans l'origine il étoit destiné à contenir des formules imprimées de toutes sortes d'actes; & comme on a confondu les termes de timbre & de formule, on dit aussi indifféremment papier timbré ou formulé. (A)

FORNACALES ou FORNICALES (Page 7:188)

FORNACALES ou FORNICALES, (Mytholog.) nom propre d'une fête que les Romains célébroient en l'honneur de la déesse Fournaise. Voyez Fête.

On y faisoit des sacrifices devant une fournaise ou devant le four, où l'on avoit coûtume de brûler le blé ou de cuire le pain, &c.

C'étoit une fête mobile que le grand Curion indiquoit tous les ans le 12 des calendes de Mars.

Elles furent instituées par Numa. Les Quirinales étoient pour ceux qui n'avoient pas célébré les fornacales. Voyez Quirinales. Trév. & Chambers. (G)

FORNICATION (Page 7:188)

FORNICATION, s. f. (Morale.) Le dictionnaire de Trévoux dit que c'est un terme de Théologie. Il vient du mot latin fornix, petites chambres voûtées dans lesquelles se tenoient les femmes publiques à Rome. On a employé ce terme pour signifier le commerce des personnes libres. Il n'est point d'usage dans la conversation, & n'est guere reçu aujourd'hui que dans le style marotique. La décence l'a banni de la chaire. Les Casuistes en faisoient un grand usage, & le distinguoient en plusieurs especes. On a traduit par le mot de fornication les infidélités du peuple juif pour des dieux étrangers, parce que chez les prophetes ces infidélités sont appellées impuretés, souillures. C'est par la même extension qu'on a dit que les Juifs avoient rendu aux faux dieux un hommage adultere. Article de M. de Voltaire.

La fornication, entant qu'union illégitime de deux personnes libres, & non parentes, est proprement un commerce charnel dont le prêtre n'a point donné la permission. L'ancienne loi condamne celui qui a commis la fornication avec une vierge, à l'épouier, ou à lui donner de l'argent, si son pere la refuse en mariage. Exode 22. Elle ne paroît pas avoir imposé de peine pour la fornication avec une fille publique, ou même avec une veuve. Ce n'est pas que cette fornication fût permise; nous voyons par un passage des actes des apôtres, xv. 20. 29. qu'on prescrivoit aux Juifs nouvellement convertis, de conserver entr'autres observations légales, l'abstinence de la fornication & des chairs étouffées. Cette attention à faire marcher de pair deux abstinences si différentes, paroit prouver, ou que la manducation des chairs étouffées (indifférente en elle - même) étoit traitée par la loi des Juifs comme un grand mal, ou que la fornication étoit regardée comme une simple faute contre la loi, plûtôt que comme un crime. La loi nouvelle a été plus sévere & plus juste. Un chrétien regarde comme un plus grand mal de joüir d'un commerce charnel, qui n'est pas revêtu de la dignité de sacrement, que de manger de la chair de cochon ou de la chair étouffée. Mais la simple fornication, quoique péché en matiere grave, est de toutes les unions illégitimes celle que le Christianisme condamne le moins; l'adultere est traité avec raison par l'Evan<pb-> [p. 189] gile comme un crime beaucoup plus grand. Voyez Adultere. En effet, au péché de la fornication il en joint deux autres: le larcin, parce que l'on dérobe le bien d'autrui; la fraude, par lequel on donne à un citoyen des héritiers qui ne doivent pas l'être. Cependant, abstraction faite de la religion, de la probité même, & considérant uniquement l'économie de la société, il n'est pas difficile de sentir que la fornication lui est en un sens plus nuisible que l'adultere; car elle tend, ou à multiplier dans la société la misere & le trouble, en y introduisant des citoyens sans état & sans ressource; ou ce qui est peut - être encore plus funeste, à faciliter la dépopulation par la ruine de la fécondité. Cette observation n'a point pour objet de diminuer la juste horreur qu'on doit avoir de l'adultere, mais seulement de faire sentir les différens aspects sous lesquels on peut envisager la Morale, soit par rapport à la religion, soit par rapport à l'état. Les législateurs ont principalement décerné des peines contre les forfaits qui portent le trouble parmi les hommes; il est d'autres crimes que la religion ne condamne pas moins, mais dont l'Être suprème se réserve la punition. L'incrédulité, par exemple, est pour un chrétien un aussi grand crime, & peut - être un plus grand crime que le vol; cependant il y a des lois contre le vol, & il n'y en a pas contre les incrédules qui n'attaquent point ouvertement la religion dominante; c'est que des opinions (même absurdes) qu'on ne cherche point à répandre, n'apportent aux citoyens aucun dommage: aussi y a - t - il plus d'incredules que de voleurs. En général on peut observer, à la honte & au malheur du genre humain, que la religion n'est pas toûjours un frein assez puissant contre les crimes que les lois ne punissent pas, ou même dont le gouvernement ne fait pas une recherche sévere, & qu'il aime mieux ignorer que punir. C'est donc avoir du Christianisme une tres - fausse idée, & même lui faire injure, que de le regarder, par une politique toute humaine, comme uniquement destiné à être une digue aux forfaits. La nature des préceptes de la religion, les peines dont elle menace, à la vérité aussi certaiues que redoutables, mais dont l'effet n'est jamais présent, enfin le juste pardon qu'elle accorde toûjours à un repentir sincere, la rendent encore plus propre à procurer le bien de la société, qu'à y empêcher le mal. C'est à la morale douce & bienfaisante de l'Evangile qu'on doit le premier de ces effets; des lois rigoureules & bien exécutées produiront le second.

On a remarqué avec raison ci - dessus, que la fornication se prend dans l'Ecriture non - seulement pour une union illégitime, mais encore pour signifier l'idolâtrie & l'hérésie, qui sont regardées comme des fornications sptrituelles, comme une espece de copulation, s'il est permis de parler de la sorte, avec l'esprit de ténebres. Cette distinction peut servir à expliquer certains passages de l'Ecriture contre la fornication, & à les concilier avec d'autres. (O)

FORT (Page 7:189)

FORT, adj. voyez les articles Force.

FORT (Page 7:189)

FORT, s. m. c'est dans l'Art militaire, un lieu ou un terrein de peu d'étendue fortifié par l'art ou par la nature, ou par l'un & l'autre en même tems.

Les forts different des villes fortifiées, non - seulement parce qu'ils renferment un espace plus petit, mais encore parce qu'ils ne sont ordinairement occupés ou habités que par des gens de guerre. Ce sont des especes de petites citadelles destinées à garder des passages importans, comme le fort des Barraux. Ils servent encore à occuper des hauteurs sur lesquelles l'ennemi pourroit s'établir avantageusement, à couvrir des écluses, des têtes de chaussées, &c. Tel est le fort de Scarpe auprès de Doüay, celui de Nieulay à Calais, de saint François à Aire, &c.

Lorsque la ligne de défense de ces forts a 120 toises, ou environ, on les appelle forts royaux. (Q)

Fort de Campagne (Page 7:189)

Fort de Campagne; c'est une espece de grande redoute dont les côtés se flanquent réciproquement, & qui ne se construit que pendant la guerre. On s'en sert alors pour couvrir & garder des postes ou des passages importans.

Lorsque les forts de campagne sont triangulaires ou quarrés, & qu'ils sont ouverts d'un côté, on leur donne le nom de redoutes. Voyez Redoute. Mais quand ils sont fermés de tous côtés, & qu'ils donnent des feux croisés, c'est alors qu'ils portent proprement le nom de forts.

La grandeur des forts de campagne varie suivant l'usage auquel on les destine; mais leur ligne de défense doit toûjours être plus petite que celle des villes fortifiées. On peut la fixer entre 40 & 60 toises au plus, ce qui est à - peu - près la plus grande longueur que l'on peut donner aux côtés de ces forts. Ils sont formés d'un fossé de 10 ou 12 piés de profondeur sur 15 ou 18 de largeur; d'un parapet de huit ou neuf piés d'épaisseur & de sept de hauteur, & assez ordinairement d'un chemin couvert, palissadé lorsqu'on a la commodité de le faire.

Pour construire un fort de campagne triangulaire, décrivez d'abord un triangle équilatéral. Divisez chacun de ses côtés en trois parties égales; prolongez une de ces parties au - delà du triangle, & faites ce prolongement égal à cette partie. Tirez ensuite de son extrémité au sommet de l'angle opposé au côté prolongé, la ligne de défense. Faites la gorge égale au tiers du côté, & élevez le flanc de maniere qu'il fasse un angle à - peu - près de 100 degrés, avec les deux autres tiers du même côté. Faites après cela la même chose sur les autres côtés du triangle; & il sera fortifié par trois demi - bastions. Il y a des auteurs qui fortifient le triangle avec des bastions entiers; mais les angles de ces bastions se trouvent alors si aigus, qu'ils n'ont aucune solidité.

La fortification du quarré avec des demi - bastions se fait de la même maniere que celle du triangle; excepté qu'au lieu de diviser le côté en trois parties égales, on le partage en quatre, & que le prolongement de chaque côté est pris du quart de ce côté, de même que la gorge du demi - bastion.

Cette sorte de fortification donne des angles morts ou rentrans, qui ne sont pas défendus; mais le peu d'élévation des forts de campagne rend ces angles bien moins défectueux ou préjudiciables que dans les villes de guerre, parce que l'espace qui n'est pas défendu se trouve alors beaucoup plus petit.

Parmi les forts de campagne, il y en a qu'on nomme forts à étoile, parce qu'ils en ont à - peu - près la figure. Ils sont formés de quatre, cinq, ou six côtés qui donnent autant d'angles saillans & rentrans.

Pour faire un fort en étoile qui soit exagonal ou qui ait six angles rentrans, il faut d'abord décrire un triangle équilatéral, diviser chaque côté en trois parties égales des deux extrémités de la partie du milieu de chaque côté & de son intervalle, décrire deux arcs qui se coupent dans un point en - dehors le triangle; tirant de ce point des lignes aux centres de ces arcs, on aura le fort tracé.

Si l'on veut un fort pentagonal à étoile, on commencera par décrire un pentagone de la grandeur qu'on jugera nécessaire; on divisera ensuite chaque côté en deux également, & du point du milieu on élevera une perpendiculaire en - dedans le pentagone. On donnera à cette perpendiculaire le quart du côté; & par son extrémité on tirera aux angles du pentagone des lignes qui formeront les angles rentrans de ce polygone.

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