ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"160"> coins dans le point convenable: on en change la position de haut & bas, devant & arriere, suivant la portée de la mortaise.

Dans les boîtes de ser, on fait plusieurs excavations rondes d'un pouce de diametre, sous six ou sept lignes de profondeur, pour recevoir les bouts de la hurasse. Un morceau d'acier trempé & froid sur lequel on frappe quand la boîte est rouge, fait promptement ces excavations; dans les boîtes de fonte, on les ménage en les moulant. Les jambes sont affermies à la tête dans les encoches du drosme; sous le drosme, par la clé tirante; au pié, par les mortiers.

Le ressort est une piece de bois de hêtre, ou autre souple & ferme, d'environ neuf pouces d'équarrissage, de la longueur convenable, pour du fond de la mortaise qui lui est destinée dans la grande attache, en passant par le court - carreau, aboutir proche le marteau. On distingue dans le ressort la tête & la queue: la tête est le bout proche le marteau, plus gros que le reste, évuidé à la distance d'un pié jusqu'à son entrée au court - carreau: la queue est la partie qui porte sur le culart, & s'insinue dans la mortaise de la grande attache où elle est serrée: le ressort est encore serré dans le court - carreau par la clé qui est dessous. Il faut, pour qu'un ressort joue bien, qu'il ne soit ni trop rude ni trop foible, suivant la force de l'attelier; que depuis le court - carreau, il soit choisi & taillé de façon à tourner la tête du côté de l'arbre sans toucher la jambe: la position de l'enclume le veut ainsi, pour que les bandes de fer ne donnent pas dans les bras de l'arbre.

L'enclume est un bloc de fonte quarré par le bas, de seize à dix sept pouces de diametre, sur la hauteur d'environ vingt - quatre; & depuis ces vingt - quatre pouces venant insensiblement de deux côtés en diminuant se terminer à quatre pouces d'épaisseur sur la hauteur de seize; ce qui fait une hauteur totale de trois piés quatre pouces, & peut peser environ deux mille cinq cents: le bas de l'enclume s'appelle le bloc; & le dessus où on bat le fer s'appelle l'aire: l'aire d'une enclume se taille au ciseau, au marteau à chapeler, & se polit avec la pierre de meule & le grais. Il y a des fontes qui souffrent la lime. Il faut que l'aire de l'enclume soit bien dressée, inclinée du côté du court - carreau: il faut aussi que le dessus de l'enclume soit plus tourné vers l'arbre que la partie qui regarde les jambes; de façon qu'une bande de fer, en suivant l'aire de l'enclume, puisse passer entre le court - carreau & la jambe sur la main: cette direction empêche que les barres de fer qu'on pare ne donnent dans les bras de l'arbre. L'enclume ainsi disposée dans la chambre du stoc, de la profondeur d'un pié, se serre avec des morceaux de bois de chêne posés debout, & farcis de coins chassés à force. On ménage dans un coin la place d'un morceau de bois qu'on place du sens contraire, qui s'appelle la clé; c'est ce qui s'enleve d'abord, quand il faut débloquer une enclume.

Le marteau doit se poser bien à - plomb sur l'enclume, & son aire doit avoir les mêmes dimensions; cette partie comprend le manche, la hurasse, la brée, & le marteau.

Le manche est une piece de bois de hêtre ou charme, de neuf jusqu'à douze pouces d'équarissage; les arrêtes abattues tenant depuis le derriere des boîtes jusqu'au - devant de l'enclume. La partie qui répond à l'aire de l'enclume est taillée à entrer dans l'oeil du marteau, & s'appelle l'emmanchure; la queue est la partie qui répond aux boîtes, & qui est garnie de la hurasse.

La hurasse est un anneau d'un pouce & demi d'épaisseur sur cinq à six pouces de largeur, de fer ou de fonte, propre à recevoir la queue du manche. La hurasse est terminée du côté de la jambe sur l'arbre, par un bouton de trois pouces de longueur, qu'on place dans l'excavation de la boîte, & qui s'appelle le court - bouton: l'autre côté est alongé d'environ vingt pouces, & abousit à l'excavation de la jambe sur la main; cette partie s'appelle la grande branche. La queue du manche est bien serree dans la hurasse par des coins de fer chassés dans le bois pour le renfler.

La brée est un morceau de fer battu, embrassant le manche du marteau vis - à - vis les bouts de l'arbre, s'elargissant à la partie exposée au frotement des sabots qui levent le manche. C'est pour le garantir de ce frotement qu'on se sert de brée. Des bouts de labrée, l'un finit en anneau, & l'autre en pointe, elle se pose à chaud: quand la pointe est entrée dans la boucle, on la courbe pour l'arrêter, & on refroidit.

Le marteau est de fer ou de fonte, de deux piés & demi de hauteur, sur un pié de largeur jusqu au - dessous de l'oeil, & plus ou moins d'epaisseur, suivant le poids qu'on veut lui donner, & la longueur de l'aire de l'enclume. Depuis l'oeil le bloc s'épaissit, ensuite diminue, pour être réduit aux mêmes dimensions que l'aire de l'enclume. Un marteau pese depuis six cents jusqu'à un millier. L'oeil a cinq ou six pouces de largeur, sur quinze à dix - huit de hauteur. La tête doit avoir une epaisseur proportionnée, environ deux pouces. L'oeil est pour recevoir l'emmanchure du manche, garni de sa hurasse, placée dans les boîtes. Le manche est arrêté au marteau par une clé & coins de bois, chassés à force sous l'emmanchure. Par la disposition des pieces, il est aisé de mettre le marteau bien sur l'enclume. La jambe sur l'arbre ne se remue du pié que le moins qu'il est possible; le bout du court - bouton est comme le centre des mouvemens. La jambe sur la main avance, recule aisément dans le mortier, & l'encoche; & conséquemment avance ou recule la grande branche & le marteau. La boîte se leve ou baisse suivant le besoin. Quand on est parvenu à bien placer le marteau, on serre toutes les pieces. Le ressort ne s'arrête que quand le marteau est fixé. Le manche doit le frapper entre le marteau & la brée; la distance du manche au ressort est environ de seize à dix - huit pouces.

L'on donne le mouvement au marteau par le moyen d'une roue placée dans un coursier, proche l'empalement du travail, si c'est une roue à aubes, ou sous la huche, si c'est une roue à seaux. Les bouts de la roue traversent, & font mouvoir un cylindre de bois, qu'on appelle l'arbre du marteau.

L'arbre du marteau doit être de la longueur convenable à l'espace, qui est depuis l'enclume jusqu'au de là du coursier; il s'arrondit pour être plus propre au mouvement circulaire, & doit porter trente pouces au - moins de diametre au gros bout vers l'enclume, finissant à vingt quatre. A chaque bout on ménage une ouverture pour placer les tourillons.

Un tourillon est une piece de fonte, dans laquelle on distingue la meche & les ailes. La meche est la partie arrondie qui tourne sur l'empoise; & les ailes la partie large & applatie, qui entre & est serrée dans les bouts de l'arbre. La meche doit - être précisément au milieu; plus sont diametre est perit, plus l'arbre tourne aisément. La meche peut être solide, étant de trois pouces de diametre, sans la faire de sept ou huit. Les ailes doivent être larges pour être mieux serrées, sans être trop profondes, parce que cela éloigneroit les bras du bout de l'arbre; dix pouces suffisent.

L'empoise est un morceau de fonte plat, creusé par le dessus pour recevoir la meche. L'empoise du tourillon de la roue peut avoir six pouces de hauteur, douze de longueur, trois d'épaisseur. Pour la reculer ou avancer, suivant le besoin, on la pose dans une [p. 161] entaille d'un chevalet de bois, beaucoup plus longue que l'empoise; on l'arrête avec clé & coins par les bouts. Celle du tourillon des bras est beaucoup plus haute, & a son pié de la largeur du diametre de l'arbre. En la coulant, on a ménagé deux trous dont on se sert pour la mouvoir, à l'aide de deux ringards; elle porte sur une enclume qui sert de chevalet. Le chevalet doit être plus bas que l'aire de l'enclume au stoc, pour ne pas gêner le forgeage du fer.

L'arbre vis - à - vis le coursier ou sous la huche, est percé pour recevoir les bras de la roue; il est aussi percé à dix pouces de bord de l'autre extrémité pour recevoir les bras.

Les bras sont deux morceaux de bois de hêtre ou chêne, encochés en croix par le milieu & à mi - bois, de neuf pouces d'équarrissage, traversant l'arbre dans lequel ils sont serrés avec clé & coins. Chaque extrémité des bras déborde l'arbre de douze pouces, réduits par - derriere à six pour l'échappement du manche. L'arbre étant proche le manche & les bras sous la brée, il ne peut tourner que les bras ne fassent lever le manche: quand le bras est passé, le manche tombe par le poids du marteau; le second bras le releve, & ainsi de suite: la violence du mouvement s'exerce aux boutons de la hurasse contre les jambes. Le marteau leve & baisse quatre fois à chaque tour d'arbre; & sur un bon courant, l'arbre peut faire vingt - cinq tours par minute. Cette vîtesse jetteroit le marteau bien haut, s'il n'êtoit arrêté & renvoyé par le ressort, ce qui augmente la force des coups de marteau, & les distribue également. On donne par le moyen de la palle, l'eau qu'on juge à propos; pour la lever où baisser on a un levier qui lui est attaché, un point d'appui, & une petite perche pendante à l'autre extrémité du levier proche le marteau.

Comme on ne peut renouveller les bras que le frotement use sans y employer bien du tems & fatiguer l'arbre, on les garnit par - dessus d'un morceau de bois de hêtre de la même forme que le bras, bien taillé pour poser sur l'arbre auquel on laisse des bosses pour cette raison. Ce morceau de bois s'appelle sabot; il est arrêté intérieurement contre le bras par des boulons de fer, & serré par le bas d'un sort lien de fer qui enveloppe le sabot & le bras: quand les sabots sont usés, on leve les liens & on y en substitue d'autres; c'est l'affaire de deux ou trois heures.

L'arbre est relié en fer depuis le tourillon des bras jusqu'aux sabots, huit ou dix liens derriere les sabots, autant derriere les bras de la roue, sur le tourillon en plein. L'arbre doit aller en diminuant, afin qu'en enfilant les liens par le plus petit diametre on puisse les serrer en les chassant à force.

Il n'est pas toûjours possible de trouver des pieces pour faire un arbre d'une seule; alors on peut en employet quatre ou neuf. L'attention qu'il faut avoir en pareil cas, est d'employer du bois sec, bien dressé & venu dans le même terrein, pour qu'un côté ne soit pas sensiblement plus lourd qu'un autre. Un arbre plus pesant d'un côté, soit par la qualité du bois, soit par la fausse position des tourillons, ou faute d'être bien dressé, est un arbre qui périt nécessairement en peu de tems par l'inégalité du travail. Quand un arbre est de plusieurs pieces, il faut multiplier les liens de fer.

Plusieurs choses diminuent l'effort des bras pour lever le marteau; la petitesse des tourillons, la moindre longueur des bras & du manche, la proximité des bras de la tête du marteau, le moindre diametre des boutons de la hurasse, un peu d'inclinaison de l'arbre du côté de la roue; il vaut mieux que ce tourillon foit plus chargé que l'autre: le frotement échauffant prodigieusement les tourillons, les boîtes, la hurasse, on a soin de ramasser dans de petites chanlates l'eau que la roue jette très - haut, pour en conduire partout. Les bras sont rafraîchis & alaisés par l'eau qu'ils rencontrent en - dessous.

Pour ne point retarder le travail, il faut qu'une forge soit munie de clés, de coins, de sabots, de bras, de manches, de plusieurs boîtes, hurasses, marteaux, enclumes, &c.

Les hurasses se font de fonte ou de fer: de fonte, elles se moulent en sable: de fer, elles se fabriquent dans les forges, ajoûtant, ainsi que pour la fabrication des marteaux, plusieurs mises de fer sur un bloc préparé sous le gros marteau. Pour fabriquer les marteaux, il faut deux foyers, un pour chauffer le bloc, l'autre pour chauffer les mises; il faut être muni d'un nombre de bons bras armés de masses pesantes, pour souder à grands coups & promptement les mises au bloc. Tout dépend d'un degré de chaleur convenable. On en fait de même quand il y a une réparation à faire. La soudure n'est autre chose que la compression vive & prompte d'un morceau de fer bien chaud, sur un autre morceau de fer bien chaud. L'ouvrage se polit par le ciseau, dont les traces s'effacent par des coups de marteau polis, ou par la lime.

On n'a qu'à consulter nos Planches & leur explication, pour prendre des notions justes de toutes les pieces qu'on vient de détailler, de leur position, de leur figure, de leur usage, &c.

Dans les renardieres, le travail du fer se fait en avançant la gueuse dans l'ouvrage contre le contrevent, la couvrant de charbons & faisant marcher les soufflets; bien - tôt cette partie de la gueuse qui est au - dessus du vent, se met en dissolution & tombe par morceaux, quelquefois assez gros, dans l'ouvrage. L'office du goujat est d'entretenir le charbon, de le bien tetrousser sur le foyer, & de l'arroser souvent d'eau pour concentrer la chaleur. Celui du chauffeur est, à mesure que la gueuse se dissout, d'éloigner les parties de fontes du contrevent & de la thuyere, avec la pointe du ringard: quand il sent qu'il a assez de fontes, il pique avec le ringard sur le fond & les côtés, pour détacher & ramasser sa matiere en un volume; il acheve d'épurer le métal, & de joindre une partie à l'autre en y insinuant de toutes parts le fourgon. Le vuide du fourgon fait entrée à la chaleur, & sortie aux corps étrangers en fusion. Toute cette opération se fait sous le vent. Par les parties que rapportent les ringards & fourgons, l'ouvrier connoît l'abondance, ou la rareté, ou la qualité des scories dites laictiers; il n'en faut qu'une certaine quantité, le chio débarrasse l'excédent, un coup de ringard en débouche l'ouverture. La tenacité des scosies se corrige en jettant dans le foyer des scories, & la trop grande fluidité en y jettant de l'arbue: cette pâte, ainsi travaillée dans le creuset, s'appelle renard. Il faut qu'un renard soit bien ramassé & pétri. De - là il est clair que c'est l'application du phlogistique, & le travail des ringards & des fourgons, qui changent la fonte en fer. Ce travail ne consistant qu'à donner lieu à la sortie des scories, & à joindre & broyer les parties: le changement ne s'opere donc que par une espece de trituration & séparation faite sous le vent. S'il étoit possible de joindre à une espece de fer des corps qui en changeassent la qualité, ce feroit - là sûrement le tems. Quand le renard est travaillé, le goujat jette dessus une pelletée de battitures de fer mouillées, qui se ramassent autour de l'enclume. Ce rafraîchissement durcit le dessus du renard, & concentre la chaleur. Pour le tirer du foyer, un chauffeur le soûleve avec un ringard, du côté de la thuyere, & l'autre du côté du contrevent. Quand il a fait un demi - tour, on le tire avec le crochet, & le roule sur une plaque de fonte mise à fleur de terre, qu'on appelle refouloir. Quand le renard

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