ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"158"> & trois valets; le marteleur est chargé de l'équipage de sa renardrere ou chaufferie, de l'entretien des outils, & doit travailler à son tour avec un chauffeur; deux ouvriers font ordinairement six, quelquefois huit renards par tournées; la tournée finie, ils tont relevés par deux autres chauffeurs & un goujat, & ainsi de suite. L'affinerie va de même par tournée; & le maitre affineur est spécialement chargé de l'entretien de son ouvrage & des outils de son affinerie.

Ces outils consistent en un gros ringard, deux moyens, deux fourgons, une pelle de fer, une ecuelle à mouiller, des tenailles à cingler, à chauffer avec leurs clés ou clames, à forger avec leur anneau, un crochet, & plusieurs masses.

Un ringard est un barreau de fer dont les angles sont abattus; le bout destiné au travail finissant en coin.

Le grand ringard se passe sous la gueuse qui est au feu, & sert au goujat de levier, pour l'avancer ou le reculer suivant le besoin. Les ringards ordinaires servent à détacher des côtés & du fond de l'ouvrage la fonte en fusion, & la ramasser en un volume. Les fourgons moins gros que les ringards, sont arrondis, & servent à être passés à - travers la fonte en fusion dans l'ouvrage; tant pour joindre un morceau à l'autre, que pour faire jour à la chaleur & aux seories en fusion.

Dans les tenailles, on distingue les branches & le mord. Le mord est la partie depuis le clou qui sert à serrer: dans les tenailles à cingler, les branches sont arrondies & les mords unis, rentrant seulement un peu en - dedans à l'extrémité; dans celles à chauffer, les branches sont plus fortes & mi - plates, les angles abattus, les mords très - gros, longs, & forts pout embrasser les pieces. Les branches se serrent avec des clés ou clames: une clame est un morceau de fer plat & étroit, courbé aux deux extremités, faisant précisement une S, qu'on tire en en - haut des branches pour serrer, & que le chauffeur desserre d'un coup de pié, quand la piece est hors du feu sur la grande ta que, pour être reprise par une tenaille à sorger; la tenaille à forger est la même que la tenaille à cingler, à cela près qu'un des mords est large & arrondi pour embrasser plus fortement la piece; d'où on les appelle tenailles à coquille. Les branches se serrent par un anneau de fer mobile, que l'ouvrier pousse tant qu'il est nécessaire, en serrant de la main le bout des branches. La pelie de fer avec un manche de bois pour être plus legere, sert à ramasser les charbons autour du feu, les morceaux de fer autour de l'enclume; enlever les crasses du chio, &c. L'écuelle à mouiller est une calotte de fer battu, d'un pié de diametre, avec une douille de fer qui lui sert de manche; sa place est proche le basche; elie sert à arroser le feu, rafraichir la partie forgée des maquettes, jetter de l'eau sous le marteau quand on pare le feu, &c. Le crochet sert à tirer les loupes ou renards du feu, les masses; à les battre & y pratiquer une place pour la tenaille: elles servent aussi à l'entretien des équipages, où il y a souvent à serrer & desserrer, &c. il y a encore le hacheret qui est un double ciseau avec un manche de bois; il sert à couper les pailles qui se levent sur le fer en le forgeant; des ciseaux de toute espece, à chaud, à froid, pour tailler les enclumes & marteaux de fonte, &c. des marteaux à chapeler, qui sont des doubles ciseaux à froid, dont l'usage est de dresser les aires des enclumes & marteaux, en frappant de tous sens; ils servent à enlever une bosse: le trait du ciseau & autres traces s'effacent par le frottement d'un morceau de pierre de meule & du grais.

Il taut encore qu'une forge soit munie ou d'une pompe qui puisse jetter l'eau par - tout, ou au - moins d'une seringue de cuivre tenant beaucoup d'eau.

L'équipage du marteau consiste en pieces cachées & en pieces vûes. Les pieces cachées sont les grillages servant de sondation; les longrines, qui emboitent le bas des attaches, la croisée, le pié d'écrevisse, le stoc: les pieces vûes sont l'arbre, le court - carreau, les attaches, les bras - boutans, le drosme, les jambes, le ressort, l'enclume, le marteau.

Comme il est question d'une grande solidité, il faut que toutes ces pieces se soûtiennent mutuellement avec une fondation ferme: le tout sur le bord de l'eau qui doit mettre la roue en mouvement.

Pour cet effet, excavez l'espace nécessaire pour loger toutes les pieces: il faut vingt piés sur quinze pour donner dix - huit pouces d'épaisseur à la grande attache, deux piés & demi d'intervalle de la grande attache au court - carreau; deux piés d'épaisseur au court - carreau; du court - carreau au stoc, sept piés; trois piés d'épaisseur au stoc, & quatre piés devant le stoc, pour placer & affermir les chassis qui doivent l'embrasser: pour la largeur, le court - carreau devant être au milieu, on aura pour un côté un pié de courtcarreau; du court - carreau à l'arbre, pour placer la jambe, dix - huit pouces; l'épaisseur de l'arbre, de deux piés & demi; le petit bras - boutant de l'attache à un pié au - delà de l'arbre; & un pié & demi de vuide pour le passage.

L'excavation faite, si le terrein n'est pas solide, bâtissez en grillages, comme à la fondation des fourneaux; & quand vous aurez trois grillages d'établis & garnis, placez le stoc, & le faites embrasser par le bas d'un chassis en bois à encoches, dont les longrines & traversines doivent tenir un grand espace, & être enfermées dans la mâçonnerie.

Le stoc est communément un bloc de fort bois de chêne, de 7, 8, ou 9 piés de longueur sur au - moins trois piés de diametre, posé debout pour recevoir l'enclume. Quand vous serez au milieu du stoc, vous l'affermirez encore d'un pareil chassis enfermé dans le massif avec un troisieme chassis au - dessus, dont les côtés passeront sous la croisée & les traversines de la grande attache: le dessus du stoc se garnit de trois ou quatre forts cercles de fer; & on pratique dans le milieu une ouverture quarrée propre à recevoir l'enclume & l'y affermir: cette ouverture s'appelle la chambre de l'enclume.

Comme un morceau de bois de cette grosseut est rare & couteux dans certaines provinces, quelques-uns se servent de quatre morceaux bien joints & liés en fer; cela ne dure guere: le plus expédient est, depuis la fondation, d'élever chassis sur croix alternativement jusqu'au dernier, que vous ferez le plus épais, & qui formera la chambre de l'enclume: il doit être cramponne & broché en fer dans celui de dessous, qui est arrêté dans la mâçonncrie, & dont les côtés passent sous la croisée: des bois de 7 à 8 pouces pour le fond, & de 12 pour le de nier, font un excellent ouvrage. Le dessus, en cas de vétuste, est aisé à renouveller; au lieu que c'est un ouvrage pénible & coûteux, quand il faut déraciner un stoc: dans le cas qu'un stoc debout périt par la chambre, comme cela arrive toûjours, on peut achever de raser les bords, & établir des chassis pour remplacer le dessus.

Quand la totalité du massif sera près du sol, vous établirez quatre longrines depuis le bord sur le coursier qui remplissent la longueur du total, posées un peu en pente pour ne pas gêner les bouts de la roue; une à chaque bout, une de chaque côté, & à deux pies du stoc, arrêtées par trois traversines à encoches & broches, une devant & à deux pies du stoc; une devant & derriere le court - carreau. L'encoche de la tête des longrines sur l'eau est en - dessous, & portsur deux fortes traversines, dans le milieu detquelles traversines on a ménagé une ouverture pour recevoir la grande attache & lui servir de collier. [p. 159]

La grande attache est une piece de bois de dix - huit pouces d'équarrissage, sur douze ou quinze piés de hauteur, mortaisée par le devant d'une ouverture qui la traverse, de six pouces de largeur sur trois piés de longueur, pour recevoir le tenon du drosme & le monter & descendre suivant le besoin: derriere & sur les côtés de l'attache, il y a des mortaises plus hautes que celle ci - dessus, lesquelles sont destinées à recevoir les tenons des bras - boutans: ceux des côtés portent sur les traversines, & celui de derriere sur un chassis, placé en terre, d'où il a pris le nom de taupe: au devant de la grande attache & vis - à - vis l'ouverture du court carreau qui reçoit le ressort, on fait encore une ouverture à mi - bois pour en recevoir la queue: au bas de cette ouverture est une petite recoupe avec une mortaise pour recevoir & porter le culard, porté de l'autre bout par le court - carreau: le bas de la grande attache est entaillé devant & derriere, laissant une grosse tête d'un pié d'épaisseur sous l'entaille, & se place dans l'ouverture des deux traversines qui lui servent de collier: ces traversines sont affermies par de fortes broches de fer qui percent dans les longrines; elles le sont encore par le pié d'écrevisse.

La petite attache porte l'autre extrémité du drosme; est taillée de même que la grande, & ne se pose & enclave dans ses chassis & colliers, que quand le drosme est posé. Il est essentiel d'affermir le bas des attaches, parce que tout l'effort se fait en en - haut: elles sont soûtenues & affermies par le bras - boutant: celui de dehors de la grande attache doit être long & fort.

A quatre piés & demi de la grande attache élevée & affermie, on pose la croisée.

La croisée est une piece de bois de dix - huit pouces d'équarrissage sur sept piés de longueur, entaillée par - dessous aux extrémités, pour entrer & être serrée dans les encoches ménagées dans les longrines du milieu. Le dessus & le milieu de la croisée sont encochés d'un pié de largeur sur huit pouces de profondeur; & à dix - huit pouces du point du milieu, on pratique des mortaises qu'on appelle mor iers, de dix pouces de profondeur, dix pouces de largeur & douze de longueur, du côté de l'arbre, & dix - huit de l'autre côté: ces mortiers servent à recevoir le pié des jambes. Chaque extrémité des mortiers doit être liée d'un bon cercle de fer; les côtés de l'intérieur, garnis de plaques aussi de fer, passant sous les cercles & le fond de fer battu. Cette partie fatigue beaucoup.

Le pié d'écrevisse est une forte piece de bois, fourchu, dont le pié aussi encoché entre dans l'encoche du milieu de la croisée avec un fort menton en - dehors; cette piece appuye sur les traversines de la grande attache dont elle embrasse le pié exactement avec ses fourches bien brochées en fer. A fleur de la croisée, le pié d'écrevisse doit être assez large pour l'étendue du court - carreau qa'il porte, & doit avoir une mortaise pour recevoir le tenon du bas.

Le court - carreau ou poupée est un bloc de bois de deux piés d'équarrissage sur sept piés de longueur, réduits à six par les tenons de chaque bout, qui s'emboîtent dans les mortaises du pié d'écrevisse & du drosme: le milieu est traversé d'une ouverture d'un pié en quarré, baissant du côté de la grande attache, pour recevoir le ressort & en élever la tête: les côtés sont aussi traversés d'une mortaise de six pouces de largeur sur huit ou neuf de hauteur, empiétant un peu sur l'ouverture du ressort qu'elle traverse par le bas: elle sert à passer sous le ressort une clé de bois qu'on serre contre le dessus par des coins qu'on chasse sous cette clé.

Derriere le court - carreau on ménage une petite recoupe & mortaise au bas du passage du ressort, pour placer & recevoir un bout du culart. Le culart est un morceau de bois de sept à huit pouces d'équarrissage, portant la queue du ressort. L'intervalle se garnit de coins pour serrer le ressort contre le dessus de la chambre de la grande attache qui en reçoit l'extrémité.

Le drosme est un morceau de bois d'une piece, de deux ou de quatre; de deux piés d'équarrissage sur au moins 30 piés de longueur: il a à chaque bout un tenon qui entre dans les mortaises des attaches, dessous une mortaise qui reçoit le tenon du court - carreau, sur lequel il porte. L'excédent des mortaises des attaches sous les tenons du drosme se remplit de clés & de coins de bois, qui chassés avec force serrent le drosme contre le court - carreau: cette opération fatiguant beaucoup les tenons du drosme, qui est une piece à ménager, il est utile d'en garnir le dessus d'un faux tenon de bois; quand il est usé, on desserre les broches qui le tiennent, & on en substitue un autre. Il est encore prudent de garnir le dehors des tenons, ainsi que le dessus de la grande attache, de taule ou fer blanc, pour les garantir de l'humidité de l'air.

Il faut au drosme de la force & de la pesanteur, pour tenir tout l'équipage ferme & de longueur, pour que les ouvriers puissent se tourner avec les bandes de fer, pour les parer sans toucher à la petite attache.

On ménage deux encoches dans les côtés du drosme, de quinze pouces de largeur sur six pouces de profondeur, répondantes aux mortiers, pour recevoir la tête des jambes, qu'on avance ou recule suivant le besoin dans ces encoches, & qu'on arrête par des coins chassés de chaque côté à coups de masses. Quand le travail a fort endommagé les côtés des encoches, au lieu de mettre un drosme au rebut, on enleve ce qui est endommagé; & dans le vif on fait une entaille finissant en pointe, pour que la piece qu'on y appareille ne puisse se déranger. Cette piece doit être bien brochée, & se renouvelle dans le besoin.

Les jambes sont deux morceaux de bois de dix pouces d'équarrissage vers les boîtes, finissant à six ou sept au pié & à la tête; un bout porte dans le mortier, l'autre dans l'encoche du drosme: celle qui est proche de l'arbre s'appelle la jambe sur l'arbre, l'autre, la jambe sur la main. Sous le drosme, chaque jambe est percée d'une ouverture quarrée de trois pouces sur huit, lesquelles se répondent, pour passer un morceau de bois qu'on nomme la clè tirante, de l'échantillon de la mortaise sur six pouces de hauteur, laissant une tête à un bout. On passe la clé par la mortaise de la jambe sur larbre, à laquelle elle est arrêtée par la tête, traversant celle sur la main: dans ce qui déborde, on fait de côté une mortaise, dans laquelle chassant des clés & des coins, elle rapproche les jambes l'une contre l'autre, les serrant contre le drosme.

Pour empêcher la clé de vaciller, entre elle & le drosme on pose un morceau de bois qui embrasse la clé par une encoche; & en chassant des coins sous la clé par les mortaises des jambes, ce morceau de bois appellé tabarin, se serre contre le drosme, & tient la clé ferme.

Les jambes en - dedans & vis - à - vis l'une de l'autre, à huit pouces de hauteur depuis le dessus des mortiers, sont emmortaisées d'une ouverture de cinq pouces de largeur, quinze de hauteur, & quatre de profondeur pour recevoir les boîtes. Les jambes sont bien serrées dessus & dessous les boîtes, & les côtés de la mortaise garnis de lames de fer.

Une boîte est un morceau de fonte ou de fer, long de neuf à dix pouces, large & épais de quatre, qui se place dans les mortaises, & y est arrêté par des

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