ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"76"> session même immémoriale de présenter aux bénéfices, ne lui acquerroit pas ce droit.

Les héritiers ou successeurs des fondateurs étant tombés dans l'indigence, sans que ce soit par leur mauvaise conduitc, doivent être nourris aux dépens de la fondation.

L'évêque ne peut pas autoriser une fondation ecclésiastique, à moins que l'église ne soit dotée suffisamment par le fondateur, tant pour l'entretien des bâtimens, que pour la subsistance des clercs qui doivent desservir cette église; c'est ce qu'enseignent plusieurs conciles & autres réglemens rapportés par Ducange, en son glossaire, au mot dot.

La surintendance des fondations ecclésiastiques appartient à l'évêque diocésain, ensorte qu'il a droit d'examiner si clles sont exécutées suivant l'intention des fondateurs; il peut aussi en changer l'usage, les unir & transférer lorsqu'il y a utilité ou nécessité.

Le concile de Trente ne permet à l'évêque de réduire les fondations que dans les synodes de son diocèse, mais il y a des arrêts qui ont autorisé ces réductions, quoique faites par l'évêque seul; quand il n'y a point d'opposition, c'est un acte qui dépend de la jurisdiction volontaire; s'il y a des opposans, on fait juger leurs moyens à l'officialité, avant que l'évêque fasse son decret.

Maîs ils ne peuvent changer les fondations séculieres faites pour l'instruction de la jeunesse, & les rendre ecclésiastiques.

On ne peut pas non plus appliquer une fondation faite pour une ville à une autre ville.

Le grand vicaire de l'évêque ne peut pas homologuer une fondation sans un pouvoir spécial.

Philon, juif, enseignoit que le gain fait par une courtisanne ne pouvoit être reçû pour la fondation d'un lieu saint; on n'a cependant pas toûjours eu la même délicatesse; & M. de Salve, part. II. tract. quoest. 5. n. soûtient au contraire que la fondation d'une église est valable, quoiqu'elle ait eté faite par une femme publique, des deniers provenans de sa débauche.

Une église ne peut prétendre avoir acquis une possession contraire à sa fondation.

Elle n'est point non plus présumée avoir les biens qu'elle possede, sans qu'il y ait eu quelque charge portée par la fondation; c'est pourquoi Henri II. en 1556, voulant amplifier le service divin & procurer l'accomplissement des fondations, c'est - à - dire des messes, services, & prieres fondées dans les églises, ordonna que tous héritages & biens immeubles tenus sans charge de service divin ou d'office égal, ou revenu d'iceux, par les églises, prélats. & bénéficiers, à quelque titre que ce fût, seroient censés vacans & réunis à son domaine.

Les biens d'église ne peuvent être aliénés même par decret, si ce n'est à la charge de la fondation, quand même on ne se seroit pas opposé au decret.

Pour accepter une fondation faite dans une église paroissiale, il faut le concours du curé & des marguilliers.

Dans les fondations faites par testament ou codicile, c'est aux héritiers à payer les droits d'amortissement & d'indemnité, parce que l'on présume que l'intention du défunt a été de faire joüir l'église pleinement de l'effet de ses libéralités, au lieu que dans les fondations faites par actes entre vifs, les heritiers ne sont pas obligés de payer ces droits, parce que ces sortes de donations ne reçoivent point d'extension; & l'on présume que si le fondateur avoit voulu payet les droits d'amortissement & d'indemnité, il l'ausoit fait lui - même, ou l'auroit dit dans l'acte.

Le docteur Rochus dit que les fondations doivent être accomplies au moins dans l'année du décès du fondateur; que si ce qu'il a donné n'est pas suffisant pour accomplir les charges de la fondation, les heritiers ne sont pas tenus de fournir le surplus, mais la fondation est convertie en quelqu'autre oeuvre pie, du consentement de l'évêque.

Lorsque les fondations sont exorbitantes, & qu'il y a contestation sur l'exécution du testament où elles sont portées, le juge peut les réduire ad legitimum modum, eu égard aux biens du desunt, à la qualue & à la fortune du désunt, & autres circonstances.

Les arrérages des fondations pour obits, services, & prieres, se peuvent demander de puis 29 annêes, en affirmant par les ecclésiastiques qu'ils ont acquitte les charges, & qu'ils n'ont pas été payés.

Pour ce qui est du fond, si c'est une somme à une fois payer, qui est donnée à l'église, elle est sujotre à prescription; mais les fondations qui consistent en prestations annuelles, sont imprescriptibies quant au fond; la prescription ne peut avoir lieu que pour les arrérages antérieurs aux 29 dernieres annecs. (A)

Fondation ecclésiastique (Page 7:76)

Fondation ecclésiastique, est celle qui a pour objet l'utilité de quelque ecclésiastique: comme la fondation d'un canonicat, ou autre bénéfice. (A)

Fondation laîcale (Page 7:76)

Fondation laîcale, est celle qui est en faveur de personnes laïques, comme des bourses dans un collége, lorsqu'elles sont affectées à des écoliers laiques. (A)

Fondation obituaire (Page 7:76)

Fondation obituaire, est celle qui est faite pour un obit, c'est - à - dire qui a pour objet des messes, services, & prieres, qui doivent être dites pour le repos de l'ame de quelqu'un qui est decédé. (A)

Fondation eie (Page 7:76)

Fondation eie ou pieuse, est celle qui s'applique à quelques oeuvres de prété, comme de faire dire des mesles, services, & prieres; de faire des aumones, de toul ger les malades, &c. (A)

Fondation royale (Page 7:76)

Fondation royale, est celle qui provient de la hberahté de nos rois. Les évéches & la plupart des abbayes sont de fondation royale; dans le doute à l'égard des abbayes, on presume en saveur du Roi. Il y a aussi des collégiales & autres églises de fondation royale; pour la fondation des chapelles & autres bénéfices simples, le Roi n'a pas besoin de recourir à la jurisdiction ecclésiastique pour les autoriser; il en seroit autrement s'il s'agissoit d'établir des bénéfices ayant charge d'ame ou jurisdiction spirituelle: il faudroit en ce cas l'autorité de l'éghse & l'it stitution de l'évêque. Bibliot. can. tom. I. p. 280.

Il y a aussi des colléges & autrès établissemens séculiers qui sont de fondation royale. (A)

Fondation sacerdotale (Page 7:76)

Fondation sacerdotale, se dit en matiere bénéficiale, de celle qui est affectée à des ecclésiastiques ayant l'ordre de prêtrise. Un bénéfice peut être sacerdotal à lege, comme un curé, ou sacerdo al à fundatione, lorsque le fondateur a voulu que le bénéfice ne pût être possédé que par des prêtres, quoique la nature du bénéfice ne le demandât pas. (A)

Fondation séculiere (Page 7:76)

Fondation séculiere, est celle qui est affectée à des séculiers. On entend aussi quelquefois parlà une fondation qui n'est point applicabie à aucune église ni au service divin, quoique des ecclestastiques puissent être l'objet de la fondation, aussi - bien que des laïes; par exemple, les bourses des colléges ne sont point des bénéfices, & sont considérées comme des fondations sëculieres, lors même qu'elles sont asfectées à des ecclésiastiques.

Les fondations séculieres sont opposées aux fondations ecclésiastiques.

Les colléges, les académies, les hôpitaux, sont des fondations séculieres. (A)

Fondation (Page 7:76)

Fondation, se dit aussi figurément du commercement d'une ville, d'un empire, &c.

Les Romains comptoient leurs années depuis la fondation de Rome, ab urbe conditâ, que les écrivains expriment quelquefois par ab urbe. Les Chro<pb-> [p. 77] nologues comptent 779 ans depuis la sortie de l'Egypte jusqu'à la fondation de Rome. Voy. Epoque. Chambers.

FONDEMENT (Page 7:77)

FONDEMENT, s. m. (Architect.) c'est la maçonnerie enfermée dans la terre jusqu'au rez - de - chaussée, qui doit être proportionnée à la charge du bâtiment qu'elle doit porter. Fonder, c'est construire de maçonnerie les fondations dans les ouvertures & les tranchées des terres. Voyez Fondation. (P)

Fondement (Page 7:77)

Fondement, (le) Anatom. & Chirurg. c'est l'orisice de l'intestin rectum, par lequel se déchargent les excrémens hors du corps. On l'appelle en termes d'art anus, mot préférable dans une Encyclopédie à celui du discours ordinaire, quoiqu'on ait fait le renvoi de ce terme au mot fondement.

Le fondement donc, c'est - à - dire l'extrémité inférieure du rectum, est principalement formé par trois muscles considérables, qui sont le sphincter & les releveurs. Le sphincter est un anneau irrégulier de sibres charnues, qui embrasse l'extrémité du boyau. Voyez Sphincter de l'anus.

Les releveurs, un de chaque côté, naissent des os du bassin, pour se terminer en partie au sphincter & en partie à une ligne tendineuse, qui s'étend depuis la pointe du coccyx jusqu'à la partie postérieure & inférieure du rectum. Voyez Rectum & Releveurs de l'anus.

On voit des enfans qui viennent au monde sans ouverture au fondement, & sans aucun vestige de cette ouverture. Il y en a auxquels on reconnoit seulement l'endroit précis de l'anus qui se trouve clos. Il y en a d'autres dans lesquels on peut introduire un stilet plus ou moins avant, comme à deux, trois & quatre lignes, & même davantage; & dans ceux - là, quoique leur anus paroisse très - bien formé, le vice de conformation se trouve plus ou moins avant dans l'intérieur.

Ces sertes de jeux de la nature sont si fréquens, qu'on en lit des exemples dans plusieurs livres de chiturgie & d'observations chirurgicales; dans Hilden, par exemple, Roonhuysen, Saviard, Scultet, &c. & sur - tout dans les traités d'accouchemens, comme dans Mauriceau, Deventer, la Motte, &c.

On s'apperçoit aisément de ce défaut, lorsque les enfans ne rendent point leurs excrémens le lendemain du jour qu'ils sont nés. On peut encore s'en appercevoir plûtôt, lorsque les sages - femmes visitent cette partie, comme elles le devroient toûjours faire, après avoir nettoyé chaque enfant nouveau - né, pour voir si sa conformation est telle qu'elle doit être. La nature indique souvent par quelqu'éminence ou par quelque creux le lieu où doit être l'ouverture du fondement. Quelquefois néanmoins on n'apperçoit aucune marque semblable. Quelquefois la partie est couverte par une chair solide dont l'épaisseur varie, & d'autres fois par une membrane déliée.

Quelle que puisse être la cause de ce mal, si l'on n'a soin d'ouvrir promptement l'anus, il arrive que le trop long sejour du méconium cause à l'enfant des tranchées violentes, la jaunisse, des convulsions, l'épilepsie, un vomissement d'excrémens, & pareils accidens qui se terminent par la mort.

Lorsque le vestige du fondement est bien marqué, & qu'il n'est bouché qne par une membrane mince, on découvre l'endroit où doit être l'ouverture par une espece de cieatrice, ou par la saillie que les excrémens font faire à cette membrane. Dans ce cas la guérison n'est pas difficile; elle étoit connue d'AEginete aussi - bien que des modernes: il ne s'agit que d'inciser la membrane avec un bistouri, & de consolider la plaie.

On connoîtra que l'opération est bien faite à la sortie du méconium. Si la premiere ouverture n'est pas assez grande, on l'augmentera par une nouvelle incision en longueur, en haut, en bas ou en - travers. On introduira dans la plaie une tente trempée dans quelqu'onguent vulnéraire, pour empêcher que l'anus ne se ferme de nouveau, en observant d'attacher cette tente avec un gros sil, afin que si elle venoit à glisser dans le rectum on puisse la retirer.

Quand le passage des excrémens est fermé par un morceau de chair ou par une membrane épaisse, on tâchera de découvrir le rectum, en le pressant avec le doigt; & lorsqu'on l'aura trouvé, on percera l'anus en dirigeant la pointe de l'instrument du côté de l'os sacrum, pour ne pas courir le risque de blesser la vessie dans les garçons, ou ie vagin dans les filles. Après avoir percé l'anus, on se conduira comme dans le cas précédent.

Dans la plûpart des autres cas, & même dans ce dernier, l'opération est très - difficile, & souvent malheureuse: elle requiert non - seulement de la sagacité jointe à la main d'un artiste qui ait fréquemment disséqué ces parties affligées de mauvaises conformations, parce que la pratique les lui montre toutes différentes que dans un sujet bien conformé: mais de plus elle exige, suivant l'occasion, de la variété dans la maniere d'opérer, & dans les instrumens à imaginer ou à perfectionner pour cette besogne.

Roonhuysen rapporte qu'une sille de quatre mois avoit l'orifice du fondement si étroit, que sa mere étoit obligée de lui tirer les excrémens de ses propres mains avec beaucoup de peine: l'anus étant enfin venu à s'enfler, à cause de la fréquente compression, le passage des excrémens se ferma tout - à - fait, ce qui obligea le chirurgien de percer l'anus avec une lancette, d'aggrandir l'incision de tous côtés avec des ciseaux, & sinalement de guérir la plaie suivant la méthode prescrite. Scultet rapporte un exemple semblable.

On voit d'autres jeux de la nature encore plus rares sar cette partie, que ne sont ceux dont nous venons de parler. Il y a des enfans à qui le rectum se termine dans la vessie. Roonhuy sen en cite un exempie. M. Petit assûre avoir vû ce jeu de conformation plus d'une fois.

A d'autres enfans l'anus s'ouvre dans la vulve. M. de Jussieu raconte dans le recueil de l'acad. des Scienc. ann. 1719. l'histoire d'une fille de sept ans dont le fondement étoit fermé de naissance, & qui rendoit ses excrémens par le vagin.

A d'autres enfans l'anus sans être ouvert forme une tumeur en maniere d'hernie, & quelquefois un noeud semblable à celui de l'ombilic d'un adulte. M. Engerrand, chirurgien de S. Côme, a eu occasion de voir ces deux derniers cas.

Enfin quelquefois l'intestin rectum est fermé jusqu'au colon, ou jusqu'à la partie supérieure de l'os sacrum. Quelquefois même il manque tout - à - fait, en sorte que les intestins finissent avec la partie inférieure des lombes ou du sommet de l'os sacrum. Il faut renoncer alors à tout espoir de guérison. M. Jamisson, chirurgien écossois, appelle dans son pays pour secourir un enfant nouveau - né qui n'avoit aucun vestige d'anus, chercha sans succès l'intestin après son incition, & employa le trois - quarts inutilement: il ne sortit de la plaie que quelques gouttes de sang. A l'ouverture du cadavre M. Jamisson découvrit que le gros boyau manquoit totalement, & que le colon rempli de méconium étoit un vrai coecum flottant dans la cavité du bas - ventre. Essais d'Edimbourg, tome IV. p. 557. M. Heister a vû le cas mentionné par Jamisson, & M. Petit a vû presque tous ceux dont nous avons parlé, comme il paroît par son mémoire sur cette matiere, inséré dans le recueil de l'académie de Chirurgie de Paris. J'y renvoye le lecteur.

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