ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"42"> ces mots étoient vuides de sens; que ne rappellant aucune idée, ou ne rappellant que des idées qu'il leur étoit défendu d'avoir sous peine d'hérésie, on faisoit dépendre leur salut éternel du caprice des dieux; & qu'il vaudroit autant qu'ils eussent attaché leur sort à venir à la croyance d'une proposition conçûe dans une langue tout - à - fait étrangere. Ils répondirent qu'ils n'avoient garde de s'ériger en scrutateurs de la volonté des dieux; que Xaca étoit un homme saint; & que leur ayant promis un bonheur infiniment au - dessus de ce que l'homme pouvoit jamais mériter par lui - même, il étoit juste qu'il en exigeât toutes les sortes de sacrifices dont il étoit capable: qu'après avoir immolé les passions de leur coeur, il ne leur restoit plus que de faire un holocauste des lumieres de leur esprit; que Xaca en avoit donné l'exemple au monde; qu'ils avoient embrassé sa loi, avec une pleine confiance dans la vérité de ses promesses; & qu'ils mourroient mille fois plûtôt que de renoncer au nama, mio, foren, qui, quio. Xaca est représenté avec trois têtes: il s'appelle aussi fotage ou le seigneur. Voy. les cé émonies superstitieuses & le dictionnaire de Moréry.

FOISILS ou FAZIN (Page 7:42)

FOISILS ou FAZIN, voyez Fazin.

FOIX (Page 7:42)

FOIX, (Géog.) en latin Fuxum; petite ville de France, capitale du comté de même nom, qui fait un gouvernement particulier dans le haut Languedoc. Elle est sur l'Auziege, au pié des Pyrénées, entre Pamiers & Tarascon; à trois lieues S. O. de Pamiers; 12 S. E. de Toulouse. Long. 18. 55. latitude 43. 4.

Le comté de Foix a le Toulousain au levant, le Conserans au couchant, le comté de Cominges au nord, les Pyrénées & le Roussillon au midi. Voyez sur ce comté l'abbé de Longuerue, descript. de la France, part. I. De Marca, hist. de Béarn, liv. VIII. & Catel, mém. de l'hist. de Languedoc, liv. II.

Ce comté peut se glorifier d'avoir donné le jour à Bayle. Il naquit à Carlat le 8 Novembre 1647, & mourut à Roterdam la plume à la main le 28 Décembre 1706: son dictionn. histor. est le premier ouvrage de raisonnement en ce genre, où l'on puisse apprendre à penser: mais il faut abandonner, comme dit M. de Voltaire, les articles de ce vaste recueil, qui ne contiennent que de petits faits, indignes à la fois du génie de Bayle, d'un lecteur grave, & de la postérité. (D. J.)

FOKIEN (Page 7:42)

FOKIEN, (Géog.) province maritime de la Chine, & la onzieme de cet empire. Elle a l'océan des Indes à l'est & au sud - est; la province de Quanton, au sud - ouest; celle de Kiansi à l'ouest, & celle de Tchekian, au nord, selon M. de Lisle. V. le P. Martini dans son Atlas de la Chine. Long. 134. 139. lat. 23. 30. 28. (D. J.)

FOL ou FOU (Page 7:42)

FOL ou FOU, s. m. voyez Folie.

Fol (Page 7:42)

Fol, & depuis Fou, (Littérat. mod.) bouffon de cour entretenu aux dépens du prince.

L'usage des rois d'avoir des fous ou des bouffons à leur cour, pour les divertir par leurs bons mots, leurs gestes, leurs plaisanteries, ou leurs impertinences: cet usage, dis - je, tout ridicule qu'il est, remonte assez haut dans l'histoire moderne.

Au commencement du neuvieme siecle, l'empereur Théophile avoit pour fou un nommé Daudery, qui par son indiscrétion pensa causer les plus cuisans chagrins à l'impératrice Théodora. Il s'avisa d'entrer un jour brusquement dans le cabinet de cette princesse, lorsqu'elle faisoit ses prieres devant un oratoire orné de très - belles images qu'elle gardoit en grand secret, pour éviter que l'empereur qui étoit lconoclaste, en eût connoissance. Daudery, qui n'avoit jamais vû d'images, lui demanda vivement ce que c'étoit: à quoi Théodora répondit que c'étoit des poupées qu'elle préparoit pour donner à ses filles: sur cela Daudery vint dire au dîner de l'em<cb-> pereur, qu'il avoit trouvé l'impératrice occupée à baiser les plus jolies poupées du monde. Théodora eut bien de la peine à se tirer de ce mauvais pas: mais elle fit si bien châtier le fou de l'empereur, qu'elle le corrigea pour jamais de parler de tout ce qui pourroit la regarder.

Après l'expédition des croisades, on vit la mode d'avoir des fous s'établir dans toutes les cours de l'Europe, dans celles d'Italie, d'Allemagne, d'Angleterre, & de France. Ici les princes du bon air voulurent avoir des fous à leur suite, qui leur servissent de joüet & d'amusement. Là les grandes maisons se procuroient un fol qu'on habilloit ridiculement, afin que l'héritier présomptif eût occasion de se divertir de ses discours ou de ses bévûes. En Italie, Nicolas III. marquis d'Est & de Ferrare, avoit à sa cour un fou ou bouffon nommé Gonelle, qui devint célebre par ses reparties.

En France, on poussa la chose plus loin que partout ailleurs: car l'emploi de fou à la cour y fut érigé en titre d'office particulier. On conserve dans les archives de Troies en Champagne une lettre de Charles V. qui écrivit au maire & aux échevins, que son fou étant mort, ils eussent à lui envoyer un autre fou, suivant la coûtume. A S. Maurice de Senlis, on lit cette épitaphe: « Cy gist Thévenin de Saint - Légier, fou du roi notre sire, qui trépassa le premier Juillet 1374: priez Dieu pour l'ame de ly ».

Le fou de François I. nommé Triboulet, disoit que Charles - Quint étoit plus fou que lui de passer par la France pour aller aux Pays - bas; mais, lui dit François I. Si je le laisse passer! En ce cas, dit Triboulet, j'effacerai son nom de mes tablettes, & j'y mettrai le vôtre. Cependant Charles - Quint avoit raison de ne pas hésiter, en se rendant dans les Pays - Bas, de passer en France sur l'invitation d'un monarque, qui après la bataille de Pavie, mandoit à la duchesse d'Angouleme: tout est perdu, hormis l'honneur.

Le dernier fou de cour dont il soit parlé dans notre histoire, est le fameux l'Angely, que M. le Prince amena des Pays - Bas, & qu'il se fit un plaisir de donner à Louis XIV. Mais l'Angely étoit un fou plein d'esprit, qui trouva le secret de plaire aux uns, de se faire craindre des autres, & d'amasser par cette adresse une somme de vingt - cinq mille écus de ce tems - là. On sait à ce sujet les deux vers de Despréaux, & le bon mot de Marigny, qui étant un jour au diner du roi, dit à quelqu'un, en voyant l'Angely qui amusoit Louis XIV. par ses bons mots: « De tous nous autres fous qui avons suivi M. le Prince, il n'y a que l'Angely qui ait fait fortune ». Cependant les railleries piquantes de l'Angely le firent à la fin chasser de la cour; & depuis, cette espece de fous n'y a plus paru. L'Angely disoit qu'il n'alloit pas au sermon, parce qu'il n'aimoit pas le brailler, & qu'il n'entendoit pas le raisonner. (D. J.)

Fol Appel (Page 7:42)

Fol Appel, (Jurisprud.) est celui qui est interjetté témérairement & sans cause, ni moyens valables. L'amende du fol appel, proprement dit, est la grosse amende à laquelle on condamne celui que l'on déclare non recevable dans son appel. Voyez l'ordonnance de 1539. art. 96. & le praticien de Ferriere, tit. des appellat. Cependant quelques - uns entendent par fol appel tout appel dans lequel l'appellant succombe; & par amende du fol appel ils entendent aussi l'amende ordinaire à laquelle en ce cas on condamne l'appellant. (A)

FOLIATION (Page 7:42)

FOLIATION, s. f. (Bot.) c'est proprement l'assemblage des feuilles ou pétales colorés qui composent la fleur même.

FOLIE (Page 7:42)

FOLIE, s. f. (Morale.) S'écarter de la raison, sans le savoir, parce qu'on est privé d'idées, c'est être imbécille; s'écarter de la raison le sachant, mais à regret, parce qu'on est esclave d'une passion violen<pb-> [p. 43] te, c'est être foible: mais s'en écarter avec confiance, & dans la ferme persuasion qu'on la suit, voilà, ce me semble, ce qu'on appelle étre fou. Tels sont du moins ces malheureux qu'on enferme, & qui peut - être ne different du reste des hommes, que parce que leurs folies sont d'une espece moins commune, & qu'elles n'entrent pas dans l'ordre de la société.

Mais puisque la folie n'est qu'une privation, pour en acquérir des idées plus distinctes, tâchons de connoître son contraire. Qu'est - ce que la raison? Ce qu'on appelle ainsi, au - moins dans un sens contraire à la folie, n'est autre chose en général que la connoissance du vrai; non de ce vrai que l'auteur de la nature a réservé pour lui seul, qu'il a mis loin de la portée de notre esprit, ou dont la connoissance exige des combinaisons multipliées; mais de ce vrai sensible, de ce vrai qui est à la portée de tous les hommes, & qu'ils ont la faculté de connoître, parce qu'il leur est nécessaire, soit pour la conservation de leur être, soit pour leur bonheur particulier, soit pour le bien général de la société.

Le vrai est physique ou moral: le vrai physique consiste dans le juste rapport de nos sensations avec les objets physiques, ce qui arrive quand ces objets nous affectent de la même maniere que le reste des hommes: par exemple, c'est une folie que d'entendre les concerts des anges comme certains enthousiastes, ou de voir, comme dom Quichotte, des géans au lieu de moulins à vent, & l'armée d'Alifanfaron; au lieu d'un troupeau de moutons.

Le vrai moral consiste dans la justesse des rapports que nous voyons, soit entre les objets moraux, soit entre ces objets & nous. Il résulte de - là que toute erreur qui nous entraîne est folie. Ce sont donc de véritables folies que tous les travers de notre esprit, toutes les illusions de l'amour propre, & toutes nos passions, quand elles sont portées jusqu'à l'aveuglement; car l'aveuglement est le caractere distinctif de la folie. Qu'un homme commette une action criminelle, avec connoissance de cause, c'est un scélérat; qu'il la commette, persuadé qu'elle est juste, c'est un fou. Ce qu'on appelle dans la société dire ou faire des folies, ce n'est pas être fou, car on les donne pour ce qu'elles sont. C'est peut - être sagesse, si l'on veut faire attention à la soiblesse de notre nature. Quelque haut que nous fassions sonner les avantages de notre raison, il est aisé de voir qu'elle est pour nous un fardeau pénible, & que, pour en soulager notre ame, nous avons besoin de tems - entems au moins de l'apparence de la folie.

La folie paroit venir quelquefois de l'altération de l'ame qui se communique aux organes du corps, quelquefois du dérangement les organes du corps qui influe sur les opérations de l'ame; c'est ce qu'il est fort difficile de démêler. Quelle qu'en soit la cause, les effets sont les mêmes.

Suivant la définition que j'ai donnée de la folie physique & morale, il y a mille gens dans le monde, dont les folies sont vraiment physiques, & beaucoup dans les maisons de force qui n'ont que des folies morales. N'est - ce pas, par exemple, une folie physique que celle du malade imaginaire?

Tout excès est folie, même dans les choses loüables. L'amitié, le desintéressement, l'amour de la gloire, sont des sentimens loüables, mais la raison doit y mettre des bornes; c'est une folie que d'y sacrifier sans nécessité sa réputation, sa fortune, & son bonheur.

Quelquefois néanmoins cet excès est vertu, quand il part d'un principe de devoir généralement reconnu. C'est qu'alors l'excès n'est pas réel; car si le principe est tel qu'il ne soit pas permis de s'en écarter, il ne peut plus y avoir d'excès. En retournant à Carthage, Régulus fut un homme vertueux, il ne fut pas un fou.

Quelquefois aussi on regarde comme vertu un excès réel, quand il tient à un motif louable: c'est qu'alors on ne fait attention qu'au motif, & au petit nombre de gens capables de si beaux excès.

Souvent l'excès est relatif soit à l'âge, soit à l'état, soit à la fortune. Ce qui est folie dans un vieillard ne l'est pas dans un jeune homme; ce qui est folie dans un état médiocre & avec une fortune bornée, ne l'est pas dans un rang élevé ou avec une grande fortune.

Il y a des choses où la raison ne se trouve que dans un juste milieu, les deux extrèmes sont également solie; il y a de la folie à tout condamner comme à tout approuver, c'est un fou que le dissipateur qui donne tout à ses santaisies, comme l'avare qui refuse tout à ses besoins; & le sybarite plongé dans les voluptés n'est pas plus sensé que l'hypocondriaque, dont l'ame est fermée à tout sentiment de plaisir; il n'y a de vrais biens sur la terre que la santé, la liberté, la modération des desirs, la bonne conscience. C'est donc une folie du premier ordre que de sacrifier volontairement de si grands biens.

Parmi nos folies il y en a de tristes, comme la mélancolie; d'impétueuses, comme la colere & l'humeur; de douloureuses, comme la vengeance qui a toûjours devant les yeux un outrage imaginaire ou réel, & l'envie, pour qui tous les succes d'autrui sont un tourment.

Il y a des fous gais; tels sont en général les jeunes gens: tout les intéresse, parce que tout leur est inconnu; tous leurs sentimens sont excessifs, parce que leur ame est toute neuve; un rien les met au desespoir, mais un rien les transporte de joie; ils manquent souvent de l'aisance & de la liberté, mais ils possedent un bien préférable à ceux - là: ils sont gais. Folie aimable, & qu'on peut appeller heureuse, puisque les plaisirs l'emportent sur les peines; folie qui passe trop vîte, qu'on regrette dans un âge plus avancé, & dont rien ne dédommage.

Il est des folies satisfaisantes, sans être gaies; telle est celle de beaucoup de gens à talens, sur - tout à petits talens. Ils attachent d'autant plus d'importance à leur art, que dans la réalité il en a moins. Mais cette folie flate leur amour - propre; elle a encore pour eux un autre avantage; ils auroient peut - être été médiocres dans leur état, elle les y rend supérieurs, elle a même quelquefois reculé les limites de l'art.

Il est enfin des folies auxquelles on seroit tenté de porter envie. De cette espece est celle d'un petit bourgeois, qui, par son travail & par son économie, s'étant acquis une aisance au - dessus de son état, en a conçu pour lui - même la plus sincere vénération. Ce sentiment éclate en lui dans son air, dans ses manieres, dans ses discours. Au milieu de ses amis il aime à faire le dénombrement de ce qu'il possede. Il leur raconte cent fois, mais avec une satisfaction toûjours nouvelle, les détails les moins intéressans de sa vie & de sa fortune. Dans l'intérieur de sa maison il ne parle que par sentences; il se regarde comme un oracle, & est regardé comme tel par sa femme, par ses enfans, & par les gens qui le servent. Cet homme - là assûrément est fou, car ni sa petite fortune, ni le petit mérite qui la lui a procurée, ne sont dignes de l'admiration & du respect qu'ils lui inspirent; mais cette folie ne fait tort à personne, elle amuse le philosophe qui en est spectateur; & pour celui qui la possede, elle est un vrai thrésor, puisqu'elle fait son bonheur.

Que si quelques uns de ces fous paroissoient pour la premiere fois chez une nation qui n'eût jamais connu que la raison, il est vraissemblable qu'on les

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