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13°. Il suit de tout ce qui vient d'être dit pour établir que les effets de la bile portent sur toute la masse des humeurs, & que c'est - là son usage principal, & non pas de servir seulement dans les premieres voies en qualité de suc digestif, que ce dernier usage n'est que comme accessoire à celui pour lequel elle est essentiellement destinée: que dans le tems de la digestion, en tant qu'elle se méle avec les sucs alimentaires, cet usage secondaire n'est que le commencement de son exercice, & concourt à leur élaboration; exercice qui hors le tems de la digestion ne commence que par son mélange avec la lymphe des veines lactées, dont la bile tient les otifices toûjours ouverts en y pénétrant continuellement. Or puisqu'il est convenu que la bile a un flux continuel dans les intestins, qu'elle est continuellement portée dans la masse des humeurs par les voies du chyle; pourquoi les Physiologistes insistent - ils à ne regarder ce
14°. Le cours de la bile, en tant qu'elle passe du
foie par les premieres voies dans les secondes, & se
méle à toute la masse des humeurs, n'est pas la seule
route qu'elle tienne. Il est très - vraissemblable que
comme une portion du chyle pénetre dans les veines
mesaraiques, pour se mêler avec le sang de la veineporte
(ce qui n'est guere contesté), sans doute pour
en corriger la rancescence dominante; de même il
passe avec le chyle une portion de bile, qui retourne
ainsi dans le foie avec les qualités qu'elle y a
acquises, & qu'elle n'a eu completement qu'à la sortie
de ce viscere, c'est - à - dire lors de son excretion:
ensorte que cette portion du récrément hépatique va
opérer immédiatement sur le sang veineux & concrescible
de la veine - porte, ses effets disselvans qui
paroissent y être plus nécessaires que dans aucune
autre partie du corps. Cette assertion semble pouvoir
être mise hors de doute par l'observation de
Vanhelmont (Sextu. digest.), & de plusieurs autres,
qui ont trouvé que le sang des veines mésentériques
est d'une qualité différente de celui des autres veines,
qu'il n'est pas aussi susceptible de se coaguler, & qu'il
est d'un rouge moins foncé; ce qu'il faut moins attribuer
au mélange du chyle, qu'à celui de la bile,
qui par sa qualite pénétrante est plus propre à produire
cet effet que le suc des alimens, qui par lui - même
seroit au contraire disposé à diminuer la flui lite
des humeurs aux quelles il se mele. Il suit donc de
cette seconde destination de la bile, que l'on peut
concevoir une espece dé circulation d'une partie de
ce récrément, qui etant sortie du foie pour être versée
dans le canal intestinal, retourne au foie, étant
ab>orbée, reprise par les veines du mesentere, & renouvelle
continuellement ce cours pour l'usage qui
vient d'être assigné; usage d'une aussi grande conséquence
pour conserver la fluidite des humeurs dans
les ramifications de la veine porte, que le mélange
de la même bile à la masse des humeurs en général,
est nécessaire pour les disposer à couler librement
dans tous les vaisseaux du corps. Voyez sur
cette propriété absorbante des veines mésentériques,
les articles
15°. Il reste encore à observer sur l'usage du récrément fourni par le foie, que son efficacité ne se borne pas à entretenir les qualités nécessaires dans les fluides animaux; qu'elle opere aussi sur les solides, non - seulement dans les premieres voies, en excitant, a nsi qu'il a été dit ci devant, le mouvement, l'action du canal intestinal, mais encore dans tout le systeme des vaisseaux sanguins & autres. Les humeurs imprégnées de la bile, portée dans les secondes voies avec le chyle qui en renouvelle la masse, sont pour ainsi dire armées d'une qualite stimulante dont l'esset, par leur seule application aux parois des vaisseaux, est d'en exciter l'irritabilité, d'en ranimer continuellement l'action systaltique; ce qui concourt à entretenir l'agitation, & consecuemment la fluidité des humeurs, ensorte que la bile sert de deux manieres à cette fin, en tant que meêlée avec elles, sa qualité physique dissolvante opere immédiatement, & que par le moyen de la propriété stimulante, elle fait agir les puissances méchaniques [p. 37]
Foie (Page 7:37)
En effet comme il n'est aucune maladie qui ne deive sa cause à l'action trop forte ou trop foible des solides, à l'excès ou au défaut de mouvement des humeurs, à leur fluidite trop augmentée ou trop diminuée; il est aisé de conclure de tout ce qui a été expose ci - devant concernant le foie, que tous ces différens vices peuvent avoir lieu plus facilement dans ce viscere, que dans tout autre; ce qu'il seroit d'ailleurs trop long de prouver en détail: ainsi il suffira de la faire ici par des généralités qui donneront occasion d'indiquer les articles, dans lesquels il est suppleé à la briéveté de celui - ci.
1°. Les vaisseaux qui entrent dans la composition du foie étant la plûpart veineux, destinés cependant à faire les fonctions d'artere sans avoir des tuniques d'une force proportionnée, doivent, tout étant égal, avoir plus de disposition à pécher par le défaut de force elastique & systaltique; & à plus sorte raison, si l'on a égard à ce que les fluides contenus dans ces vaisseaux sont plus éloignés que dans aucune autre partie du corps, de la puissance impulsive, conservent très - peu du mouvement qu'ils en ont reçu, & le perdent de plus en plus par l'effet des résistances qu'ils éprouvent à être portes une seconde sois dans des vaisseaux de ferme artérielle, sans être aides par l'action immédiate d'aucun musele; action qui est d'un si gran l secours ailleurs pour entretenir la fluidité & le cours du sang dans les veines: de ce défaut peuvent suivre des engergemens, des dilatations forcées, des ruptures de vaisseaux; d'où peu<cb->
2°. Les vaisseaux artériels qui sont distribués en petit nombre dans la substance du foie, participent à proportion aux mêmes vices que les vaisseaux veineux, à cause de la mollesse de ce viscere qui ne leur fournit pas de point d'appui propre à s'opposer à leur engorgement, qui peut être suivi des mêmes effets que dans tous autres vaisseaux de ce genre.
3°. L'on peut néanmoins concevoir qu'une partie des vaisseaux du foie est susceptible de pécher par trop d'action, & sont les vaisseaux colatoires de la bile, qui étant très - irritables, peuvent recevoir aisement de for>es impressions de la moindre acrimonie contractée par ce récrément; ou de la trop grande irritation des parties voisines du foie, telles que l'estomac, les boyaux, causée par l'action trop violente de quelque médicament vomitif, purgatif: ou de l'éréthisme général, effet de la colere ou de toute autre passion violente, qui ébranle fortement le genre nerveux, &c. ce qui donne souvent lieu à des constrictions spatmodiques, convulsives, qui expriment trop fortement, trop promptement ce fluide, lequel étant versé dans le canal intestinal, continue à porter des impressions irritantes qui causent des douleurs d'entrailles, des diarrhées, des tenesmes, des dyssenteries; & ensuite étant porté dans le sang, augmente son alkalescence naturelle, stimule tous les vaisseaux. les fait agir avec plus de force; d'où suit une augmentation de mouvement & de chaleur qui constitue le genre de fievre qu'on appelle ardente, bilieuse (Voyez les articles de ces différentes maladies); ces irritations donnent lieu à des étranglemens qui arrêtent le cours de la bile, la détournent de la voie qui la porte dans les intestins, la font refluer dans les racines de la veine - cave, &c. d'où suivent les mêmes effets qui seront attribués aux vices de la bile, considérée comme péchant par trop de consistance.
4°. Ces différens vices dans les solides doivent contribuer d'autant plus facilement à en procurer aux fluides, que ceux - ci sont plus disposés à en contracter; en effet la quantité du sang de la plûpart des vaisseaux du foie (c'est - à - dire de toute la distribution de la veine - porte) lui étant commune avec celle du sang de toutes les veines du corps moins fluides, moins propres à couler dans les vaisseaux capillaires que le sang des arteres, destine cependant à être porté dans les divisions d'un vrai systeme artériel; ce sang doit avoir bien plus de difficulté à pénétrer dans ses vaisseaux: plus de tendance à s'y arrêter, à y former des embarras, des engorgemens, à s'y cotrompre, qu'il n'y a lieu à de pareils effets dans les autres parties du corps.
5°. Le vrai sang arteriel du foie doit aussi avoir
plus de disposition (tout étant égal) à s'épaissir, à être
filtré difficilement dans les passages étroits des arteres,
dans les veines correspondantes, qu'il n'arrive
dans les autres extrémités artérielles, à cause de la
mollesse du viscere: d'où peuvent s'établir de vraies
causes d'inflammation & de ses suites. Voyez
6°. La bile elle - même, à cause de la lenteur de son
cours dans l'état naturel où elle n'a point d'acrimonie
qui excite l'action des vaisseaux qui lui sont propres,
doit être susceptible de perdre aisément sa fluidite
nécessaire, par la disposition qu'ont ses parties
in>ntes homogenes à se réunir entr'elles, à se
séparer par conséquent des hétérogenes; à former
des concretions de différentes natures, huileuses,
salines, terreuses, conformément à ses différens principes
& à celui d'entr'eux qui est dominant (voyez
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