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7°. Il faut cependant observer que la bile n'a pas essentiellement ces qualités; elle ne les contracte que par accident; & même ce n'est qu'une petite partie de cette humeur, en qui elles sont éminemment sensibles. La bile qui coule continuellement par le conduit hépatique, est totalement différente de celle qui vient de la vésicule du fiel. Il est aisé de s'en convaincre, sur - tout par l'expérience faite dans le cochon, dont le foie & les trois conduits biliaires ont beaucoup de conformité avec ces mêmes organes dans l'homme. On peut s'assûrer combien la bile est éloignée d'être amere, tant qu'elle est dans les vaisseaux secrétoires, par le goût du foie qui est très agréable à manger dans les poissons, dans la plûpart des oiseaux, des quadrupedes; pourvû qu'on en sépare soigneusement la bile de la vésicule, dans ceux qui en ont une: car la plus petite quantité de cette derniere bile suffit pour infecter de son amertume tout ce à quoi elle se mêle. Six gouttes dans une once d'eau, la rendent fort amere. Lorsque la vésicule manque, dans l'homme même, ce qui a souvent été observé, la bile qui coule alors par le seul conduit hépatique, a été trouvée très - peu jaune, presque point amere, & au contraire d'un goût assez agréable, selon Hartman. Il est un grand nombre d'animaux qui n'ont point de fiel, parce qu'ils n'ont point de follicule pour le contenir, dont le foie ne fournit pas de la bile d'une autre nature que celle qui se trouve dans le canal hépatique; tels sont le cheval, l'âne, le cerf, l'éléphant, le dromadaire, l'élan, &c. parmi les quadrupedes; parmi les volatiles, la colombe, la grue, la geline de montagnes, le paon, l'autruche, &c. entre les poissons qui sont en petit nombre en comparaison des autres animaux, le marsouin, &c. d'où on doit conclure, qu'il n'est pas essentiel à la
8°. Mais ces deux biles ont - elles une origine différente?
Il y a eu différens sentimens à cet égard, voy.
9°. Cette derniere distinction des deux biles étant posée, on doit remarquer que presque tous les auteurs, faute de l'avoir faite, ont confondu les qua<pb-> [p. 35]
10°. Riviere, dans ses institutes, semble avoir entrevû la distinction qu'il convient d'en faire, lorsqu'il établit qu'il y a deux sortes de biles, dont l'une est alibile, c'est - à dire recrémentitielle, & l'autre excrémentitielle: la premiere, selon cet auteur, est celle qui est la plus fluide, qui a très - peu d'amertume, & qui passe dans la masse des humeurs; ce qui convient à l'hépatique; & l'autre est moins fluide, plus amere, doüée de beaucoup d'acrimonie, qui sert à exciter le mouvement des boyaux à l'expulsion des matieres fécales avec lesquelles elle se mele, pour être portée hors du corps; effets qui désignent bien la bile cystique: aussi ne dit - il point de la premiere qu'elle vienne de la vésicule; il ne le dit que de la seconde. Ne seroit - on pas sondé à adopter la maniere dont cet auteur distingue les deux biles, c'est - à - dire en recrémentitielle & en excrémentitielle, si l'or fait attention à ce qu'enseigne l'expérience à l'égard du chyle, savoir qu'il n'est point amer dans les veines lactées, selon la remarque d'Hoffman? La bile cystique ne passe donc point avec lui dans ces veines, après avoir été mêlée avec la matiere du chyme, dans le canal intestinal. Il se fait donc une sorte de secrétion qui ne permet point aux parties ameres de la bile, de passer avec le suc des alimens: ces parties restent donc avec le marc, & se sont évacuées avec lui, comme excrémentitielles. Il ne paroît rien qui empêche de répondre affirmativement à toutes ces questions. Ainsi on peut regarder, avec Riviere, le fiel comme un excrément, mais qui est destiné à produire de bons effets dans les premieres voies, avant d'être porté hors du corps, tels que de diviser par sa qualité pénétrante les matieres muqueuses qui tapissent la surface intérieure des intestins; d'empêcher qu'elles ne s'y ramassent en trop grande abondance; de les détacher des parois du canal, & de découvrir ainsi les orifices des veines lactées: tout cela se fait pendant que la digestion s'opere dans l'estomac. Tous les organes qui doivent servir à cette fonction, se mettant en jeu en même tems, la vésicule du fiel entre aussi en contraction, exprime ce qu'elle contient; & la bile qui y étoit déposée coule dans les intestins, pour y préparer les voies à la continuation de la préparation du chyle, qui doit s'y perfectionner & s'y achever. L'écoulement de la bile cystique continue encore à se faire pendant cette derniere digestion, pour exciter de plus en plus l'action des boyaux, pour dissoudre par sa qualité savonneuse, plus émi<cb->
11°. Enfin il est important de remarquer encore dans un examen physiologique du foie, qu'il n'est aucun animal connu qui ne soit pourvû de ce viscere. Plus les autres visceres sont petits à proportion du sujet, plus le volume du foie est grand: c'est ce qui est démontré dans les poissons & dans les insectes. Les premiers n'ont point de poitrine; la capacité de l'abdomen en est d'autant plus étendue, & ce sont le foie & le pancréas qui la remplissent presqu'en entier, les boyaux en étant très peu considérables. Boerhaave a fait cette observation, particulierement dans le poisson appellé lamie. Mais il en est de même à l'égard de tous les autres poissons; on y trouve le foie intimement uni aux boyaux & lié à leur texture, de maniere qu'il en accompagne presque toutes les circonvolutions. Les quadrupedes, les oiseaux ont tous un foie, qui est dans tous d'un volume assez considérable, respectivement à chacun de ces animaux. Il s'y sépare dans tous de la bile, c'est - à - dire une humeur savonneuse, qui sans être amere dans tous, attendu qu'il en est plusieurs qui n'ont point de vésicule du fiel, ainsi qu'il a été dit ci - devant, a cependant les autres qualités de la bile, & un flux continuel.
12°. Il paroît surprenant que l'existence de cette
humeur dans tout ce qui a vie, n'ait pas fait juger
déterminément que le viscere qui la fournit doit
être d'un usage plus étendu dans l'économie animale,
que celui de servir seulement à la chylification.
En effet ne peut - il pas être comparé avec fondement
aux organes dont les fonctions influent sur
toutes les parties du corps, tels que le cerveau & le
poumon: ces deux organes - ci sont sans contredit
chacun le viscere principal de la cavité où il est renfermé,
l'un du ventre supérieur, l'autre du ventre
moyen; ainsi l'on peut dire que le foie est le viscere
principal du ventre inférieur. Le premier étend son
action sur tous les solides qui sont susceptibles de
sentiment & de mouvement; le second filtre toute
la masse des humeurs, & leur fait éprouver la plus
grande élaboration qu'elles puissent recevoir en commun;
le troisieme fournit à cette masse un fluide reconnu
pour avoir la propriété d'opérer de grands
effets dans les premieres voies, par sa qualité dissolvante
de séparer les parties homogenes des sucs
alimentaires, d'en briser la viscosité, la tenacité,
de les rendre miscibles avec des parties respectivement
hétérogenes: pourquoi ne pourroit - on pas
étendre ces effets jusque dans les secondes voies, &
dans toute la distribution des fluides du corps animal,
de maniere à regarder la bile comme étant la
liqueur balsamique, le menstrue sulphureux, qui
conserve ces fluides dans l'état de dissolution convenable,
qui les rend propres à couler dans tous les
vaisteaux, & à être distribués dans toutes les parties
du corps; ensorte que le récrément que fournit le
foie à la masse des humeurs seroit à cette masse, par
ses effets physiques, ce que lui sont les poumons par
leur action méchanique? Ainsi on pourroit dire que
l'analogie semble concourir avec l'observation fournie
par l'histoire naturelle des animaux, à établir
l'influence générale du foie sur toute l'économie animale.
En effet l'existence de ce viscere, commune à
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