ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"32"> autre chose que la partie excrémentitielle, qui est séparce tout de - suite du nouveau sang, pour la deputation, pour sa plus grande perfection.

Le lapport bien aisé à observer entre le foie & les boyaux, par le moyen des veines mésentériques, leur sit penser que ces veines servent à attirer le chyle, comme les racines des plantes attirent le suc de la terre. Ils avoient recours à cette sorte de suction, puce qu'ils n'appercevoient dans les intestins ancune force impulsive, qui pût faire entrer & porter enavant le chyle dans ces veines. Ils étoient confirmés dans l'idée d'attribuer au foie l'ouvrage de la sanguification, AIMATOPOI/HSIS2, parce qu'ils ne trouvoient point de chyle dans les racines de la veine cave qui portent le sang du soie au coeur, & que le sang de ces veines leur paroissoit d'autant plus parfait, qu'il étoit d'un rouge plus foncé; ils le croyoient dès - lors doüé de toutes les qualités requises pour le bien de l'économie animale; puisque selon leur sentiment, il est de - là distribué dans toutes les parties du corps pour leur fournir la nourriture. Ils regardoient conséquemment le foie comme le principe de toutes les veines, (Hipp. de alimento.) c'est - à - dire de tous les vaisseaux que l'on trouve pleins de sang après la mort: ils appelloient sa substance parenchyme, de XUEIN, fundere, répandre; parce qu'ils le regardoient comme une masse composee de cellules appliquées à l'orifice des veines, dans lesquelles cellules le sang épanché auquel se mêle le chyle, convertit celui - ci en sa propre nature. Voyez Sang, Sanguification, Parenchyme

Telles sont les premieres idées que l'on avoit prises du principal usage du foie dans l'économie animale; c'est ce qui est établi à ce sujet dans les oeuvres d'Hippocrate, mais d'une maniere plus détaillée dans celles de Galien, de Hipp. & plat. deer. lib. VI. cap. jv. Ces deux auteurs attribuoient aussi avec Aristote à ce viscere la fonction secondaire de contribuer par son voisinage de l'estomac & par sa position sur ce principal organe de la digestion, à y entretenir la chaleur nécessaire pour la coction des alimens. Démocrite dans une lettre au pere de la Medecine, établissoit encore dans le foie le siége de la concupiscence. Voyez cette lettre dans le recueil des oeuvres d'Hippocrate.

Le sentiment sur la sanguification opérée dans le foie a été constamment adopté par tous les Medecins, jusqu'à la découverte des veines lactées, par laquelle il a été démontré que le chyle n'est pas porté dans ce viscere, & que c'est ailleurs par conséquent qu'il est changé en sang; Glisson fut le premier qui entreprit de le prouver & de réfuter l'ancienne opinion: ensuite Bartholin la détruisit entierement; ce qui donna lieu dans ce tems - là à plusieurs écrits qui parurent sous des titres relatifs à cet évenement, tels que hepatis causa desperata (à l'égard de la sanguisication attribuée à ce viscere), hepatis exequioe, epitaphium, &c.

Bilsius dans ces circonstances voulut soûtenir encore pendant quelque tems le système des anciens, qui eut aussi pour défenseur Swammerdam; mais ils ne retarderent pas sa chûte. Il fut bien - tôt abandonné presque dans toute l'Europe, des qu'on se fut convaincu de la véritable route que prend le chyle au sortir des intestins.

D'ailleurs on comprit que l'organisation du foie n'étoit point propre à produire le changement qui lui étoit attribué, par la considération du peu d'action dont sont capables les parties solides, eu égard sur - tout à une opération qui semble devoir être presque totalement l'effet de puissances méchaniques (voyez Sanguification); par les conséquences qui se présentent à tirer de la lenteur du cours du sang dans les vaisseaux de ce viscere; par l'attention à ce que la plus grande partie du sang qui y est apportée est un sang vemeux quin'a pas besoin d'eprouver de nouveaux effets tendans à changer en sang les humeurs mêlées qui en sont susceptibles; parce qu'enfin l'observation a prouve souvent que la sanguisication continue à s'opérer egalement pendant assez long - tems, quoique le foie soit presque denuit par la suppuration ou toute autre cause, quoiqu'il soit tout rempli d'obstructions, amsi qu'il areise dans bien des, maladies chroniques.

Il reste donc que le foie n'est regardé a - présent que comme n'étant principalement destiné qu'à separer du sang l'humeur qu on appelle bile, & cette fonction paroit si importante pour l'économie animale, que ce n'est pas la rendre trop bornée, nonobstant le grand volume de ce viscere; si on a égard à ce que la secrétion qui s'y fait est d'une abondance excessive selon le calcul de Borelli, mais proportionnée selon les expériences de Muckius, de Berenhorst, (qui portent que par comparaison de ce qu'il coule de bile dans les boyaux d'un chien avec ce qu'îl doit couler, tout étant égal, dans l'homme, la quantité de ce récrément doit aller dans l'espace de vingt - quatre heures, à une livre environ); que l'humeur qui en résulte n'est pas seulement destinée à servir à la digestion, à la préparation du chyle, qu'elle est d'un usage aussi continuel que son slux, au - moins par rapport à sa plus grande partie, c'est - à - dire celle qui est versée sans interruption dans les intestins, ensuite repompée par les mêmes vaisseaux qui reçoivent & portent le chyle, & qu'elle est ainsi reprise & mêlée dans la masse des humeurs, sans doute pour y agir par sa proptiété dissolvante contre la tendance qu'elles ont à prendre trop de consistance à s'épaissir, à perdre la fluidité qu'elles n'ont pour la plûpart que par accident.

Cette idée générale qui vient d'être donnée de l'office du foie, de sa production, & des effets de celle - ci, est le résultat de l'exposition des causes méchaniques & physiques dans les solides & dans les fluides qui concourent à la secrétion qui se fait dans ce viscere de la nature de l'humeur séparéc, & de ce qu'elle devient après son écoulement dans les intestins Cette exposition a été faite dans l'article Bile; il en sera encore fait mention dans celui de Secrétion en général: ainsi voyez Bile, Secrétion. On ne peut placer ici que ce qu'il y a d'essentiel à observer concernant le foie, ce qui est propre à ce viscere dont il n'a pas été traité dans le premier de ces articles, & qui n'est pas du ressort de l'autre.

1°. Pour bien juger de l'importance des fonctions du foie, il est à - propos de remarquer qu'il n'est aucune secrétion qui soit préparée avec autant d'appareil que celle qui se fait dans ce viscere; que le sang qui y est porté pour en fournir la matiere, se rend de presque tous les visceres du bas - ventre dans la veine - porte, & qu'ainsi ces visceres dans lesquels le sang a éprouvé différentes altérations, concourent tous chacun à sa maniere, à établir la disposition avec laquelle le sang entre dans la substance du foie; qu'il est par conséquent nécessaire que les différentes especes de sang fournies par les veines de la rate, de l'épiploon, de l'estomac, du pancréas, des boyaux, & du mésentere, soient réunies dans un seul vaisseau, tel que le sinus de la veine - porte, pour que la distribution qui se fait ensuite de ce mélange puisse fournir à chaque partie du foie un fluide composé de la combinaison des mêmes principes d'où résultent les mêmes matériaux pour la formation de la bile; autrement chaque veine d'un different vitcere du bas - ventre implantée dans une partie du foie qui lui fût propre, n'auroit fourni à cette partie qu'un sang par exemple huileux, comme celui de l'épiploon, ou aqueux comme celui de la rate. Il [p. 33] n'auroit pas pû de cette différence s'ensuivre la secrétion d'un fluide de même nature dans toutes les parties du viscere, parce que ce fluide qui est la bile, doit les qualités qui la caracterisent à la réunion des qualités de tous les différens sangs dans les ramifications de la veine - porte, d'où passe la matiere de la bile dans ses vaisseaux secrétoires.

2°. Quoiqu'il ait été suffisamment établi dans l'art. Bile, que c'est du sang de la veine - porte qu'est séparé ce fluide crémentitiel, & non pas du sang de l'artere hépatique; il reste à ajoûter ici quelques réflexions à ce sujet. Il n'y a point de vraissemblance qu'un vaisseau aussi peu considérable que cette artere, porte au foie une quantité de sang suffisante pour une seciétion opérée dans toute l'étendue d'un viscere d'un aussi grand volume que l'est le foie. En effet, il est aisé de démontrer que sa proportion avec cette artere, la seule qu'il reçoive dans sa substance, est plus grande que celle d'aucun autre viscere comparé avec les arteres qui lui sont propres; excepté les seuls testicules. Ainsi l'artere hépatique paroît avoir été donnée au foie, seulement pour l'usage auquel est destinée l'artere bronchique à l'égard des poumons, c'est - à - dire pour servir à distribuer le suc nourricier dans la substance du foie; ce que ne peut pas faire la veine - porte: parce que le sang veineux ne contient que le résidu de ce suc, qui n'est plus propre à la nutrition. Voyez Nutrition. C'est pourquoi tous les visceres, comme le coeur, le poumon, & le foie, dont le sang qu'ils reçoivent & qu'ils travaillent dans leur sein, pour une utilité commune à toutes les parties de l'économie animale, est principalement un sang de la qualité de celui des trencs veineux, ont tous des arteres particulieres pour leur nutrition. Ces arteres ont aussi des veines qui leur sont propres: ensorte que le sang de l'artere hépatique, après avoir rempli sa destination, est porté, quant à son résidu, non dans la veine - cave, mais dans la veine azygos, ainsi que l'a démontré Ruysch: d'où on peut conclure, qu'il se fait deux circulations différentes dans le foie, comme dans ces autres visceres; ce qui est prouvé par l'expérience: puisque l'injection faite dans l'artere hépatique ne rend sensible aucune communication avec la veine - porte, avec les pores biliaires non plus qu'avec la veine - cave; tandis qu'il arrive constamment que la matiere de l'injection poussée dans la veine - porte, passe très - aisément dans la veine - cave & les pores biliaires.

3°. Outre l'usage qui vient d'être assigné à l'artere hépatique, il en est un autre que n'est pas moins certain; savoir, de communiquer par sa position, de la chaleur & du mouvement au sang de la veineporte. Comme celui - ci est fort éloigne, eu égard à son cours, de la principale force impulsive de tous les fluides, qui est le coeur, il est aussi porté avec beaucoup de lenteur à son entrée dans le foie, par cette cause; & de plus, parce qu'en passant dans les ramifications de la veine - porte, il passe respectivement à chacune d'elles, d'un lieu plus large dans un lieu plus étroit; attendu qu'elles sont divisées & distribuées sous forme d'artere, sans en avoir le ressort; attendu que la capsule de Glisson qui enveloppe celles - là, ne supplée que très - peu à ce défaut, selon Cowper, Staalh, Fanton, Morgagni; qu'elle n'a point d'action musculaire; & qu'elle ne fait tout auplus que résister à une trop grande dilatation, à un trop grand engorgement des veines artérielles du foie: ainsi le sang pour y circuler, pour ne pas y perdre toute sa chaleur, n'étant d'ailleurs foüetté par le voisinage d'aucun muscle, a besoin qu'elles soient contiguës à l'artere hépatique, qui étant renfermée dans la gaîne Glissonnienne, accompagne toutes les divisions de ces veines, en se divisant avec elles (ainsi que l'a prouvé Ruysch, en confirmation des conjectures de Glisson & des planches d'Eustache), procuré à leur fluide, par ses pulsations, une sorte de mouvement progressif, qui savorise leur cours, & leur communique de la chaleur dont abonde son sang, qui vient de sortir du coeur, où il a participé à celle de toute la masse dont il a été séparé.

4°. Il y a une remarque à faire par rapport au sang artériel de la coeliaque & de la mésentérique: il éprouve dans son cours des variétés, qui lui sont absolument particulieres: il est porté, ainsi que celui de toutes les autres arteres, dans les veines correspondantes, celles - ci forment les racines de la veineporte: mais il ne revient pas pour cela tout de suite au coeur par cette voie; ce qui est un effet de la structure propre du foie. Ce sang étant porté dans le sinus de la veine - porte, reprend un cours, pour ainsi dire, artériel; entant qu'après s'être réuni dans ce sinus comme dans un coeur, il se divise de nouveau, & il s'en fait une distribution dans toutes les ramifications de la veine - porte, comme dans un second systeme artériel, pour être de nouveau reçû dans des veines qui sont les racines de la veine - cave; & de celle - ci arriver enfin au coeur. Ainsi il ne faut pas prendre à la lettre la proposition d'Harvée, qui porte que « le cours du sang se fait en circulant du coeur dans les arteres; de celles ci dans les veines, pour retourner immédiatement au coeur, & répéter toûjours le même chemin ». Cette proposition, comme on vient de voir, doit souffrir une exception par rapport au sang des visceres qui concourent à la formation de la bile.

5°. Il suit de ce qui vient d'être dit (4), concernant la singularité du cours du sang de la veine - porte, que l'on peut regarder le sinus de cette veine comme un centre de réun on & de division pour ce fluide: ensorte que, selon l'idée de Boerhaave, on peut comparer à cet égard ce sinus au coeur: cet auteur pousse même cette comparaison plus loin, entant qu'il fait observer que la rate est à ce coeur abdominal ce que sont les poumons au coeur thorachique: en effet, la race fournit au foie un sang très fluide, très - délayé, qui, en se mêlant au sang veineux, grossi du sinus, lui sert, pour ainsi dire, de véhicule, & le dispose à pénétrer sans embarras dans les ramifications de la veine porte, à surmonter les résistances causées par leur forme artérielle; ce à quoi il ne suffiroit même pas, s'il ne s'y joignoit des puissances impulsives auxiliaires, telles que les pulsations de l'artere hépatique, qui portent sur ces ramifications les pressions continuelles procurées par la contraction alternative du diaphragme & des muscles abdominaux, qui en portant leur action sur tous les visceres du bas - ventre & sur le foie particulierement, attendu qu'il y est le plus exposé, favorise le cours des humeurs de ce viscere, soit à l'égard de celles qui s'y portent, soit à l'égard de celles qui sont dans sa substance.

6°. Mais de toutes ces dispositions nécessaires, pour rendre le foie propre à la fonction à laquelle il est destiné, c'est - à - dire, à la secrétion de la bile, il n'en est point de plus importantes que le rapport qui existe entre l'épiploon & ce viscere. La bile que fournit celui - ci étant ptincipalement huileuse de sa nature, il falloit qu'il reçût une matiere susceptible de procurer cette qualité à la bile. C'est à cette fin que le sang veineux de l'omentum se rend dans la veineporte. L'omentum, qui est le principal organe du corps dans lequel se forme la graisse, & dans lequel il s'en forme le plus, tout étant égal, ne paroît pas avoir d'autre usage essentiel que celui de travailler pour le foie. En effet, toute la graisse qui s'y sépare n'y reste pas: il faut bien qu'elle soit portée en quelque endroit, après qu'il s'en est fait un certain amas dans ce viscere: les arteres ne cessent d'y en fournir la matiere. Il faut donc, puisqu'il n'y a point de vais<pb->

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