ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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S'il n'y a point de chef - lieu, le vassal doit aller faire la foi devant les officiers du seigneur, ou s'il n'y en a point, au domicile du seigneur, ou en quelqu'autre lieu où il se trouvera, ou dans une maison ou terre dépendante du fief dominant.

Le seigneur n'est pas obligé de recevoir la foi, ni le vassal de la faire ailleurs qu'au chef - lieu; mais elle peut être faite ailleurs, du consentement du seigneur & du vassal.

S'il n'y a personne au chef - lieu pour recevoir la foi, le vassal doit la faire devant la porte, au lieu principal du fief, assisté de deux notaires, ou d'un notaire ou sergent, & de deux témoins.

Le délai que la plûpart des coûtumes donnent pour faire la foi & hommage, est de quarante jours francs, à compter de l'ouverture du fief, c'est - à - dire du jour du décès du vassal, si la mutation est par mort, ou si c'est par donation, vente, échange, à compter du jour du contrat; si c'est par un legs, à compter du jour du décès du testateur; si c'est par decret, à compter du jour de l'adjudication; si c'est par résignation d'un bénéfice, à compter de la prise de possession du résignataire.

Si la foi est dûe à cause de la mutation du seigneur dominant, le délai ne court que du jour des proclamations & significations que le nouveau seigneur a fait faire à ce que ses vassaux ayent à lui venir faire la foi.

La minorité ni l'absence du vassal n'empêchent point le delai de courir.

La forme de la foi & hommage est différente, selon les coûtumes: on suit à cet égard celle du sief dominant. A Paris & dans plusieurs autres coûtumes, le vassal doit être nue tête, sans épée ni éperons.

Quelques coûtumes veulent aussi que le vassal mette un genou en terre; mais il faut que cela soit porté par la coûtume ou par les titres.

Chorier, sur Guy - Pape, dit que c'est un privilége de la noblesse d'être debout en faisant la foi, à - moins que le contraire ne soit porté par le titre du sief, suivant l'exemple qu'il donne de la terre de la Beaume, pour laquelle Charles de la Beaume de Suze, nonobstant sa naissance islustre, sut condamne par arrêt du parlement de Grenoble de le rendie à genoux.

La foi & hommage lige dûe au Roi, se fait toûjours à genoux; il y en a plusieurs exemples remarquables dans Pasquier & autres auteurs.

Tel est celui de Philippe, archiduc d'Autriche, lorsqu'il fit la foi à Louis XII. entre les mains du chancelier Guy de Rochefort, pour les comtés de Flandre, Artois, & Charolois: le chancelier assis, prit les mains de l'archiduc; & celui - ci voulant se mettre à genoux, le chancelier l'en dispensa, & en le relevant, lui dit, il suffit de votre bon vouloir; l'archiduc tendit la joue, que le chancelier baisa.

Le comte de Flandre fit de même la foi à genoux, tant à l'empereur qu'au roi de France, pour ce qu'il tenoit de chacun d'eux.

La même chose a été observée dans la foi & hommage faite pour le duché de Bar par le duc de Lorraine à Louis XIV. & au Roi regnant.

Anciennement le vassal, en faisant la foi, tenoit ses mains jointes entre celles de son seigneur, lequel le baisoit en la bouche; c'est pourquoi quelques coûtumes se servent de ces termes la bouche & les mains, pour exprimer la foi & hommage; mais ces formalités des mains jointes & du baiser ne s'observent plus que dans les fois & hommages qui se sont entre les mains de M. le chancelier ou à la chambre des comptes.

On qualifioit aussi autrefois la foi de serment de fidélité; mais ce serment ne se prête plus qu'au Roi pour les fiefs qui relevent de lui.

La foi & hommage doit être pure & simple, & non pas conditionnelle.

L'âge requis pour faire la foi est différent, selon les coutumes: à Paris, & dans la plûpart des autres coûtumes, l'âge est de vingt ans accomplis pour les nâles, & quinze ans pour les filles; coûtume de Paris, art. 32.

En cas de minorité féodale du vassal, son tuteur doit demander souffrance pour lui au seigneur, laquelle souffrance vaut foi, tant qu'elle dure. Voyez Souffrance.

La plûpart des coûtumes veulent que le vassal sasse la foi en personne & non par procureur, à - moins qu'il n'ait quelque empêchement légitime; auquel cas le seigneur est obligé de le recevoir en foi par procureur, à - moins qu'il n'aime mieux lui accorder souffrance.

Les ecclésiastiques, même les abbés & religieux, sont capables de porter la foi pour leurs siefs; une abbêsse ou prieure peut sortir de son monastere pour aller faire la foi dûe pour un fief dépendant de son monastere.

Quand la foi a été faite par procureur, le seigneur peut obliger le vassal de la réitérer en personne, lorsqu'il a atteint la majorité féodale, ou qu'il n'y a plus d'autre empêchement.

La réception en foi & hommage, qu'on appelle aussi investiture, est un acte fait par le seigneur dominant, ou par ses officiers ou autre personne par lui préposée, qui met le vassal en possession de son fief.

Il y a encore deux autres principaux effets de la réception en foi; l'un est que le tems du retrait lignager ne court que du jour de cette réception en foi; l'autre est que le seigneur qui a reçû la foi, ne peut plus user du retrait féodal.

Le seigneur dominant n'est pas obligé de recevoir la foi, à - moins que le vassal ne lui paye en même tems les droits, s'il en est dû.

Quoiqu'il y ait combat de fief, un des seigneurs auquel le vassal se présente, peut recevoir la foi, saut le droit d'autrui auquel cet acte ne peut préjudicier.

Lorsque le vassal se présente pour faire la foi, il est au choix du seigneur de recevoir la foi & les droits, ou de retirer féodalement.

Si le seigneur resusoit, sans cause raisonnable, de recevoir la foi, le vassal doit faire la foi, comme il a été dit, pour le cas d'absence du seigneur, & lui notifier cet acte.

L'obligation de faire la foi & hommage au légitime seigneur, est de sa nature imprescriptible; mais s'il y a desaveu bien fondé, le vassal peut être décharge de la foi que le seigneur lui demande. Voyez Desaveu. Voyez aussi les traités des fiefs & commentateurs des coût. sur le titre des fiefs; la biblioth. de Bouchet, au mot bouches & mains; celle de Jovet, au mot foi. (A)

Foi - lige (Page 7:26)

Foi - lige, est la foi & hommage qui est dûe avec l'obligation de servir le seigneur dominant envers & contre tous: cette sorte de foi ne peut plus être dûe qu'au Roi. Voyez Fief - lige, Homme - lige, & Hommage - lige . (A)

Foi mauvaise (Page 7:26)

Foi mauvaise, est opposé à bonne - foi; c'est lorsqu'on fait quelque chose malgré la connoissance que l'on a que le fait n'est pas légitime. Voyez Bonne - foi & Prescription. (A)

Foi mentie (Page 7:26)

Foi mentie; quelques anciens auteurs se servent de ce terme pour signifier la félonie que commet le vassal envers son seigneur, parce que le vassal qui tombe dans ce cas, contrevient à la foi qu'il a juiee à son seigneur en lui faisant hommage. (A)

Foi pleine et entiere (Page 7:26)

Foi pleine et entiere, c'est la preuve complete que fait un acte authentique de ce qui y est contenu. Voyez Authenticité & Preuve. (A)

Foi provisoire (Page 7:26)

Foi provisoire, c'est la créance que l'on don<pb-> [p. 27] ne par provision à un acte authentique qui est argué de faux; il fait foi jusqu'à ce qu'il soit détruit. Voyez Faux, Inscription de faux . (A)

Foi publique (Page 7:27)

Foi publique, est la créance que la loi accorde à certaines personnes pour ce qui est de leur ministere: tels sont les juges, greffieres, notaires, huissiers, & sergens; ces officiers ont chacun la foi publique en ce qui les concerne, c'est - à - dire que l'on ajoûte foi, tant en jugement que hors, aux actes qui sont émanés d'eux en leur qualité, & à tout ce qui y est rapporté comme étant de leur fait ou s'étant passé sous leurs yeux. (A)

Foi (Page 7:27)

Foi, taille générale ou spéciale, est une espece particuliere de tenure, usitée en Angleterre, lorsqu'un héritage est donné à quelqu'un, & à ses héritiers à toûjours. Ragueau, en son indice, parle de cette espece de foi ou tenure; mais M. de Lauriere, dans la note qu'il a mise sur cet article, dit dans le livre des tenures, d'où celà a été tiré, réimprimé en Angleterre en 1584, qu'il y a faute, & qu'au lieu de foi il faut lire feo, c'est - à - dire fief. (A)

Foi (Page 7:27)

Foi; on appelle ainsi, en terme de Blason, deux mains jointes ensemble pour marque d'alliance, d'amitié & de fidélité: de gueules à la foi d'argent.

FOIBLAGE (Page 7:27)

FOIBLAGE, s. m. (Monnoyage.) est la permission que le Roi accorde au directeur de ses monnoies, de pouvoir tenir le marc des especes d'une certaine quantité de grains plus foible que le poids. Le foiblage de poids est de quinze grains par marc d'or, dont un quart est trois grains trois quarts, que le directeur a pour le retourner ou pour le joüer: l'argent trente - six grains, dont le quart est neuf grains; & pour le billon, quatre pieces.

FOIBLE (Page 7:27)

FOIBLE, subste m. (Grammaire.) qu'on prononce faible, & que plusieurs écrivent ainsi, est le contraire de fort, & non de dur & de solide. Il peut se dire de presque tous les êtres. Il reçoit souvent l'article de: le fort & le foible d'une épée; foible de reins; armée foible de cavalerie; ouvrage philosophique foible de raisonnement, &c.

Le foible du coeur n'est point le foible de l'esprit; le foible de l'ame n'est point celui du coeur. Une ame foible of sans ressort & sans action; elle se laisse aller à ceux qui la gouvernent. Un coeur foible s'amollit aisément, change facilement d'inclinations, ne résiste point à la séduction, à l'ascendant qu'on veut prendre sur lus, & peut subsister avec un esprit fort; car on peut penser fortement, & agir foiblement. L'esprit foible reçoit les impressions sans les combattre, embrasse les opinions sans examen, s'effraye sans cause, tombe naturellement dans la superstition. Voyez Foible. (Morale).

Un ouvrage peut être foible par les pensées ou par le style; par les pensées; quand elles sont trop communes, ou lorsqu'étant justes, elles ne sont pas assez approfondies; par le style, quand il est dépourvû d'images, de tours, de figures qui reveillent l'attention. Les oraisons funebres de Mascaron sont foibles, & son style n'a point de vie en comparaison de Bossuet. Toute harangue est foible, quand elle n'est pas relevée par des tours ingénieux & par des expressions énergiques; mais un plaidoyer est foible, quand avec tout le secours de l'éloquence & toute la véhémence de l'action, il manque le raisons. Nul ouvrage philosophique n'est foible, malgré la foiblefse d'un style lâche, quand le raisonnement est juste & profond. Une tragédie est foible, quoique le style en soit fort, quand l'intérêt n'est pas soûtenu. La comédie la mieux écrite est foible, si elle manque de ce que les Latins appelloient vis comica, la force comique: c'est ce que César reproche à Térence: lenibus atque utinam scriptis adjuncta foret vis. C'est sur - tout en quoi a péché souvent la comédie nommée larmoyante. Les vers foibles ne sont pas ceux qui pé<cb-> chent contre les regles, mais contre le génie; qui dans leur mécanique sont sans variété, sans choix de termes, sans heureuses inversions, & qui dans leur poésie conservent trop la simplicité de la prose. On ne peut mieux sentir cette différence, qu'en comparant les endroits que Racine, & Campistron son imitateur, ont traités. Article de M. de Voltaire.

Foible (Page 7:27)

Foible, s. m. (Morale.) il y a la même différence entre les foibles & les foiblesses qu'entre la cause & l'effet; les foibles sont la cause, les foiblesses sont l'effet. On entend par foible un penchant quelconque: le goût du plaisir est le foible des jeunes gens, le desir de plaire celui des femmes, l'intérêt celui des vieillards, l'amour de la louange celui de tout le genre humain. Il est des foibles qui viennent de l'esprit, il en est qui viennent du coeur. Moins un peuple est éclairé, plus il est susceptible des foibles qui viennent de l'esprit. Dans les tems de barbarie l'amour du merveilleux, la crainte des sorciers, la foi aux présages, aux diseurs de bonne aventure, &c. étoient des foibles fort communs. Plus une nation est polie, plus elle est susceptible des foibles qui viennent du coeur, 1°. parce que faire des fautes sans le savoir, ce n'est pas être foible, c'est être ignorant; 2°. parce que, à mesure que l'esprit acquiert plus de lumieres, le coeur acquiert plus de sensibilité. Les femmes sont plus susceptibles des foibles de l'esprit, parce que leur éducation est plus négligée, & qu'on leur laisse plus de préjugés; elles sont aussi plus susceptibles des foibles du coeur, parce que leur ame est plus sensible. La dureté & l'insensibilité sont les exces contraires aux foibles du coeur, comme l'esprit fort est l'excès opposé aux foibles de l'esprit. Il y a encore cette différence entre les foibles & la foiblesse, qu'un foible est un penchant qui peut être indifférent, au lieu que la foiblesse est toûjours repréhensible. Voyez Foiblesse.

Foible (Page 7:27)

Foible, dans le Commerce, se prend en différens fens, qui tous font entendre qu'une marchandise, une denrée, ou toute autre chose qui entre dans le négoce, a quelque défaut ou n'a pas la qualité requise.

Ainsi l'on dit du vin foible, un cheval foible, de la monnoie foible, un drap foible.

Dans la balance romaine on nomme le foible le côté le plus éloigné du centre de la balance qui sert à peier les marchandises les moins pesantes; il y a un des membres de cette balance que l'on appelle la garde - foible. Voyez Balance. On dit qu'un poids est trop foible, lorsqu'il n'est pas juste & qu'il pese moins qu'il ne doit.

Lorsqu'on dit qu'une marchandise a été vendue le fort portant le foible, cela signifie qu'elle a été vendue toute sur un même pié, sans que l'on ait fait distinction de celle qui est supérieure d'avec celle qui est inférieure en bonté ou en qualité. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

Foible (Page 7:27)

Foible, (Ecriture.) se dit d'un tuyau de plume qui plie sous les doigts; ces sortes de tuyaux ne sont pas bons pour écrire, si ce n'est sur du papier verni, encore faut - il qu'ils soient maniés par une main extrèmement legere.

Foible (Page 7:27)

Foible, (Jardinage.) se dit d'un arbre trop foible pour être replanté ou greffé, & qui ne donne pendant une année que des jets très - foibles. (K)

FOIBLESSE (Page 7:27)

FOIBLESSE, s. f. (Morale.) disposition habituelle ou passagere de notre ame, qui nous fait manquer malgré nous soit aux lumieres de la raison, soit aux principés de la vertu. On appelle aussi foiblesses les effets de cetté disposition.

La foiblesse que j'appelle habituelle est à - la - fois dans le coeur & dans l'esprit; la foiblesse que j'appelle passagere, vient plus ordinairement du coeur. La premiere constitue le caractere de l'homme foible, la

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