ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"28"> seconde est une exception dans le caractere de l'homme qui a des foiblesses. Quand je parle ici de l'homme, on entend bien que je veux parler des deux sexes, puisqu'il est question de foiblesses. Personne n'est exempt de foiblesses, mais tout le monde n'est pas homme foible. On est homme foible, sans savoir pourquoi, & parce qu'il n'est pas en soi d'être autrement; on est homme foible, ou parce que l'esprit n'a point assez de lumieres pour se décider, ou parce qu'il n'est pas assez sûr des principes qui le déterminent pour s'y tenir fortement attaché; on est homme foible par timidité, par paresse, par la mollesse & la langueur d'une ame qui craint d'agir, & pour qui le moindre effort est un tourment. Au contraire on a des foiblesses ou parce qu'on est séduit par un sentiment louable, mais trop écouté, ou parce qu'on est entrainé par une passion. L'homme foible dépourvû d'imagination, n'a pas même la force qu'il faut pour avoir des passions; l'autre n'auroit point de foiblesses si son ame n'étoit sensible, ou son coeur passionné. Les habitudes ont sur l'un tout le pouvoir que les passions ont sur l'autre. On abuse de la facilité du premier, sans lui savoir gre de ce qu'on lui fait faire, parce qu'on voit bien qu'il le fait par foiblesse; on sait gré à l'autre des foiblesses qu'il a pour nous, parce qu'elles sont des sacrifices. Tous deux ont cela de commun, qu'ils sentent leur état, & qu'ils se le reprochent; car s'ils ne le sentoient pas, il y auroit d'un côté imbécillité, & de l'autre folie; mais par ce sentiment l'homme foible devient une créature malheureuse, au lieu que l'état de l'autre a fes plaisirs comme ses peines. L'homme foible le sera toute sa vie; toutes les tentatives qu'il fera pour sortir de sa foiblesse ne feront que l'y plonger plus avant. L'homme qui a des foiblesses sortira d'un état qui lui est étranger; il peut même s'en relever avec éclat. Turenne n'étant plus jeune eut la foiblesse d'aimer madame de C**; il eut la foiblesse plus grande de lui révéler le secret de l'Etat; il répara la premiere en cessant d'en voir l'objet; il répara la seconde en l'avouant, ce qu'un homme foible n'eût jamais fait.

Ajoûtons quelques traits à la peinture de l'homme soible. Livré à lui - même il seroit capable des vertus qui n'exigent de l'ame aucun effort; il seroit doux, équitable, bienfaisant: mais par malheur il n'agit presque jamais d'après ses propres impressions. Comme il aime à être conduit, il l'est toûjours; pour le dominer il ne faut que l'obséder. On lui fait faire le mal qu'il déteste, on l'empêche de faire le bien qu'il cherit. Il craint d'être eclaire sur son état, parce qu'il le sent; il repousse la vérité quand on la lui présente, & devient opiniâtre par foiblesse. Quelquefois aussi, quand il est blessé, il fait le mal de son propre mouvement, parce qu'alors l'émotion qu'il éprouve le met hors de lui - même, & qu'il ne distingue plus ni le bien ni le mal. On aime quelquefois les gens foibles, rarement on les estime.

Il y a d'autres personnes qu'on appelle foibles, quoique leur caractere soit totalement oppose au précedent. Toute leur ame est active, leur imagination s'allume aisément; elles sont toûjours agitées par une ou par plusieurs passions qui se combattent & qui les déchirent; elles n'ont jamais rien vû de sens froid; elles sont bonnes ou méchantes, suivant le sentiment qui les affecte: personnes dangereuses dans la société, & plûtôt folles que foibles.

Foiblesse (Page 7:28)

Foiblesse, se dit, en Medecine, de la diminution des forces, si considérable, qu'elle cause la lésion de toutes les fonctions, sur - tout celle du mouvement musculaire. Voyez Débilité, (Medec.) & Forces.

On appelle aussi foiblesse dans les fibres, leur défaut de force d'action; conséquemment au relâchement qu'elles ont contracté, au défaut de ressort dans les solides en général. Voyez Débilité, (Pathol.) & Fibre, (Pathol.) (d)

Foiblesse (Page 7:28)

Foiblesse de la vûe, voyez les articles Vue & Amblyopie.

FOIE (Page 7:28)

FOIE, s. m. (Anat.) viscere du corps ample, multiforme, destiné à la secrétion de la bile, dont il est le principal organe, & qu'il opere par un méchanisme très - difficile à développer. Entrons dans les détails de la structure de ce viscere, autant que cette structure nous est connue.

Structure du foie détaillée. Le foie paroît être une glande conglomérée, d'un volume fort considérable, d'une couleur rouge - brune, & d'une consistance assez ferme. Il occupe non - seulement la plus grande pa rtie de l'hypochondre droit, mais encore la portion antérieure de la région épigastrique moyenne; il s'avance même jusque dans l'hypochondre gauche; ce qui arrive le plus souvent dans le foetus, où le volume de ce viscere est plus considérable à - proportion que dans les adultes.

Le foie déborde pour l'ordinaire la partie antérieure des fausses côtes, environ de deux travers de doigt, plus ou moins cependant, suivant que le diaphragme auquel il est attaché, & dont il suit les mouvemens, se trouve plus abaissé du côté du ventre, ou plus élevé du côté de la poitrine, & que l'estomac & les intestins sont plus ou moins pleins.

On le divise ordinairement en deux parties latérales, que l'on appelle lobes, dont l'un est à droite, & l'autre est à gauche; cette division est marquée sur sa surface supérieure ou convexe par un ligament membraneux, & sur sa surface concave ou inférieure, par une ligne enfoncée ou scissure, communément nommée la scissure du foie; elle traverse la partie inférieure de ce viscere, & son commencement répond à l'extrémité antérieure de la portion cartilagineuse de la premiere fausse - côte; cette scissure est changée quelquefois en un canal.

Le lobe qui est à droite, est le plus grand; & celui qui est à gauche, est le plus petit; aussi a - t - on nommé ce ui qui est à droite, le grand lobe du foie, & celui qui est à gauche, le petit lobe. La situation particuliere de ces lobes est telle, que le grand paroit situé perpendiculairement, & le petit transversalement, celui - ci couvrant une bonne partie de l'estomac.

La figure du foie n'est point réguliere; elle s'accommode à la conformation des parties qui lui sont voisines; c'est pourquoi il est convexe & uni dans sa surface supérieure, pour s'accommoder à la concavité unie du diaphragme, dont il suit tous les mouvemens. Sa surface inferieure est concave & inégale, ayant des éminences & des cavités, tant pour s'accommoder à la convexité des organes qui lui sont voisins, que pour répondre aux cavités ou intervalles que ces organes laissent entr'eux. C'est ici qu'est logé la vésicule du siel. Voyez Fiel, (vésicule du).

Les éminences appartiennent au grand lobe du foie: la principale de ses éminences est triangulaire; Spigelius en a fait mention sous le nom de petit lobe; & ceux qui la regardent comme un lobe particulier, la nomment le petit lobule de Spigelius. On remarque sur le devant une autre éminence moins saillante, mais plus legere. Les anciens ont donné le nom de portes à ces éminences.

Il y a plusieurs enfoncemens de la partie concave; la premiere s'appelle, comme nous l'avons dit, la scissure du foie, & fait la réparation des deux lobes, en traversant la concavité du foie: le second enfoncement est sur le devant dans le grand lobe; il loge la vésicule du fiel; il se trouve sur la partie postérieure un leger enfoncement, qui répond à une portion du rein droit. On voit aussi sur le petit lobe un autre enfoncement qui répond à l'estomac, sur le<pb-> [p. 29] quel ce lobe s'avance. De plus, il se trouve au bord postérieur du foie, une grande échancrure, laquelle est commune aux deux lobes, & fait place à l'épine du dos & à l'extrémité de l'oesophage: elle est attenant le passage de la veine - cave, qui rencontre dans la partie postérieure du foie, un petit enfoncement pour le faciliter. Enfin on observe que le foie se termine postérieurement dans la plus grande partie de son étendue, par un bord qui est arrondi, à la différence de celui de sa partie antérieure, qui est mince & aiguë. Après tout, il n'y a que l'inspection qui puisse donner une véritable idée des lobes, des échancrures, des scissures, des éminences, & des enfoncemens du foie.

On dit communément que ce viscere est assujetti aux parties voisines par le moyen de quatre ligamens, nommés tels, mal - à - propos; savoir le suspensoir, le coronaire, & les deux latéraux. Voyez Suspensoire, Coronaire, & Ligamens latéraux

Cependant, à parler proprement, le foie est seulement attaché par tout son bord postérieur aux portions du diaphragme qui lui répondent; sur quoi nous observons que l'attache de la portion moyenne de ce bord postérieur est immédiate, & que l'autre attache du reste de son étendue, est médiate. Quelques - uns ajoûtent à ces ligamens l'attache immédiate du foie au tronc de la veine - cave inférieure, qui va au coeur en traversant le diaphragme, auquel elle est aussi très - étroitement unie. Quoi qu'il en soit. aucun de ces prétendus ligamens ne sert à suspendre le foie, mais seulement à le maintenir dans sa situation, & à l'empêcher, pour ainsi dire, de balotter. Ce viscere est principalement soûtenu par la plénitude de l'estomac & des intestins, qui le sont eux - mêmes par les muscles de l'abdomen.

Le foie se trouve recouvert d'une membrane assez mince, qui est néanmoins composée de deux lames; & c'est entre ces deux lames que rampent un très grand nombre de vaisseaux lymphatiques, tant sur la surtace convexe que sur la surrace concave de ce viscere. La lame interne de cette membrane semble pénétrer la substance du foie, pour le partager en un grand nombre de petits lobes, qui ne se distinguept pas à beaucoup près si aisément dans l'homme que dans le porc.

La substance du foie est faite de l'assemblage d'une multiplicité de vaisseaux de tout genre, qui paroissent tous se distribuer à une infiniré de petits corps assez semblables à de petits grains ou vésicules, dont l'intérieur semble être garni d'une espece de velouté; M. Winslow les nomme grains pu'peux..

Les vaisseaux qui se distribuent à ces grains pulpeux, peuvent être distingué; en ceux qui y portent quelque liqueur & en ceux qui en rapportent; les premiers sont les ramifications de l'artere hépatique, celle de la veine - porte, & celles des nerfs hépatiques. Voyez Artere hépatique, Veineporte, & Nerfs hépatiques

Parmi les vaisseaux qui rapportent de ces vésicules, on doit premierement compter les rameaux des veines qui reçoivent le résidu du sang, que la veine - porte avoit déchargé dans le foie. Ces rameaux vont former par leur union trois branches considérables, appellées veines hépatiques, lesquelles vont se terminer dans le tronc de la veine - cave inférieure, immédiatement au - dessous du diaphragme, par trois ouvertures différentes; la plus considerable répond au grand lobe, la moyenne au petit lobe, & la plus petite au lobule de Spigelius. Il y a lieu de croire que ces mêmes veines rapportent aussi le résidu du sang qui avoit été fourni par l'artere hépatique, puisqu'on n'en découvre aucune qui réponde immédiatement à cette artere.

Les veines lymphatiques du foie se decouvrent sur sa surface concave & sur sa surface convexe, où elles forment un réseau merveilleux, & se rendent pour la plûpart dans le réservoit du chyle.

Les grains pulpeux qui composent la substance du foie, fournissent chacun en particulier un vaisseau, qui est proprement le conduit excrétoire de ces vésicules.

Ces conduits qui sont en très - grand nombre, communiquent les uns aux autres dans la substance du foie. On les nomme pores biliaires; & l'union de ces conduits forme celui que l'on appelle pore hépatique, dont la longneur est d'environ deux travers de doigt; il vient s'unir à celui de la vésicule du fiel, pour n'en former ensemble qu'un seul, qui va se décharger dans le duodenum.

Il faut remarquer ici que toutes les branches & rameaux, tant de l'artere hépatique & de la veine porte, que des nerfs & des pores biliaires, sont renfermés dans une membrane qui leur est commune, nommée la capsule de Glisson, du nom de celui qui l'a découverte: cet auteur l'a crûe charnue; mais quand on l'examine avec soin, on découvre que ce n'est qu'une continuation de la membrane qui a recouvert le foie. Les ramifications des veines lymphatiques & celles des veines sanguines nommées hépatiques, ne sont point renfermées dans cette capsule.

Comme les anciens prenoient le foie pour la source de toutes les veines, & pour la partie du corps humain dans laquelle se fait la sanguification, ils y placerent unanimement le siége de l'amour: & tous les Poetes suivirent cette idée. L'amour tendit son arc, dit Anacréon, & porta sa fleche au milieu du foie; mais les modernes plus éclairés sur le méchanisme de l'économie animale, ont démontré que ce viscere étoit l'organe de la secrétion de la bile. Quant à la maniere dont cette humeur est séparée, l'on imagine que les grains glanduleux découverts par Malpighi, & répandus dans toute la substance du foie, en sont les véritables filtres; surtout lorsqu'on considere 1°. que tous ces grains glanduleux sont autant de vésicules garnies en - dedans, suivant l'observation de M. Winslow, d'un velouté pareil à celui qu'il dit se trouver dans tous les conduits secrétoires: 2°. que tous les différens vaisseaux qui se distribuent dans le foie, vont se rendre comme à leur terme à toutes ces vésicules.

On peut donc concevoir que de ces vaisseaux, les uns apportent à ces vésicules les liqueurs qu'ils contiennent: & que les autres en reçoivent celles dont ils sont chargés, pour les transmettre ailleurs; les premiers sont les nerfs, les ramifications de la veineporte, & celles de l'artere hépatique; les seconds sont les veines hépatiques, les veines lymphatiques, & les pores biliaires ou conduits excrétoires de ces vésicules.

En comparant la grande quantité de bile séparée dans le foie au volume des vaisseaux qui s'y rendent, il y a lieu de présumer que la veine - porte fournit à ce viscere la bile qui s'y filtre, & l'artere hépatique le sang dont il a besoin pour sa nourriture; on se le persuade lorsqu'on fait réflexion sur la nature de la bile & sur celle des organes, où la veine - porte a puisé le sang qu'elle contient. La bile est une liqueur jaune, amere, d'une consistance assez fluide, composée non - seulement de sérosités & de sels, mais encore de parties huileuses; le tout ensemble forme une liqueur dont la nature approche beaucoup de celle du savon: car elle en a à - peu - près le goût, & elle enleve de même les taches des habits. Quant aux organes, d'où les rameaux de la veine - porte reviennent, & où ils ont puisé pour ainsi dire la bile qu'elle contient, ce sont les intestins, le pancréas, le mésentere, l'épiploon, & la rate.

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