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On fait une couche de bon fumier; on met dessus un demi - pié de vieux terreau bien pourri: au bout de huit ou dix jours que la couche sera faite, lorsque la plus grande chaleur en sera passée, on semera toutes les graines, chaque sorte dans son rayon; on les couvrira de terreau, de l'épaisseur de deux travers de doigt; on les arrosera avec un petit arrosoir, & une fois tous les jours, s'il fait sec. Quand elles seront grandes, on peut prendre un grand arrosoir; & si elles se découvrent, on doit les recouvrir avec un peu de terreau. Il ne faut pas manquer de les couvrir tous les soirs, de crainte de la gelée blanche. Les couvertures ne doivent pas poser sur la couche; on les élevera, ou on les mettra en dos d'âne sur des cerceaux; & tout le tour de la couche sera bien bouché, pour que la gelée n'y entre point. On découvre ces fleurs semées de graines, quand le soleil est sur la couche, & on les recouvre le soir, quand le soleil est retire. S'il ne geloit point, on pourroit les laisser à l'air; mais on y doit prendre garde, parce que deux heures de gelée peuvent tout perdre.
Quand ces fleurs sont de la hauteur nécessaire pour les replanter, on les replante dans les parterres, partout où on le juge à propos, pourvû que la terre soit bonne & bien labourée. On leur redonnera de l'eau sitôt qu'elles seront replantées, & on continuera toûjours, si la terre est seche, & qu'il ne pleuve point; mais il ne faut rien arracher dans les rayons des couches, que les plantes ne soient grandes, de peur de les arracher pour de l'herbe; car elles viennent de même.
On plante les oignons des fleurs depuis le commencement de Septembre jusqu'à la fin d'Avril, c'est - à - dire deux fois l'année, en automne & au printems: soit qu'on plante en pots ou en planche, il faut la même terre & la même façon à l'un qu'à l'autre. On prend un quart de bonne terre neuve, un quart de vieux terreau, & un quart de bonne terre de jardin; on passe le tout à la claie: on fait ensorte qu'il y ait un pié de cette terre sur la planche; on y plante les oignons, ou on en remplit les pots. Les oignons se plantent à la profondeur d'un demi - pié en terre. Les pots, qui doivent être creux & grands, sont mis en pleine terre jusqu'aux bords; & on ne les en retire que quand ils sont prêts à fleurir. S'il ne gele point, & que la terre soit seche, on leur donne un peu d'eau: s'il geloit bien fort, on mettroit quatre doigts d'épaisseur de bon terreau sur les planches, & on les couvriroit; on mettroit des cerceaux dessus pour soûtenir les paillassons, qu'on ôteroit quand le soleil seroit sur les planches, & qu'on remettroit quand il n'y seroit plus. S'il fait sec au printems, il faut arroser les oignons de fleurs.
Pour faire croître extrémement une fleur, on l'arrose quelquefois de lexive faite avec des cendres de plantes semblables, que l'on a brûlées: les sels qui se trouvent dans cette lexive, contribuent merveilleusement à donner abondamment ce qui est nécessaire à la végétation des plantes, sur - tout à celles avec lesquelles ces sels ont de l'analogie.
Les fleurs qui ne viennent qu'au printems & dans
l'été paroîtront dès l'hyver, dans des serres, ou en
les excitant doucement par des alimens gras, chauds,
& subtils, tels que sont le marc de raisins, dont on
aura retranché toutes les petites peaux, le marc d'olives,
& le fumier de cheval. Les eaux de basse - cour
contribuent aussi beaucoup à hâter la floraison: mais
nous en dirons davantage au mot
L'intérêt & la curiosité ont fait trouver les moyens de panacher & de chamarrer de diverses couleurs les fleurs des jardins, comme de faire des roses ver<cb->
Il y en a qui ont semé & greffé des oeillets dans le coeur d'une ancienne racine de chicorée sauvage, qui l'ont relié étroitement, & qui l'ont environné d'un fumier bien pourri; & par les grands soins du fleuriste, on a vû sortir un oeillet bleu, aussi beau qu'il étoit rare. D'autres ont enfermé dans une petite canne, bien déliée & frêle, trois ou quatre graines d'une autre fleur, & l'ont recouverte de terre & de bon fumier. Ces semences de diverses tiges ne faisant qu'une seule racine, ont ensuite produit des branches admirables pour la diversité & la variété des fleurs. Enfin quelques fleuristes ont appliqué sur une tige divers écussons d'oeillets différens, qui ont poussé des fleurs de leur couleur naturelle, & qui ont charmé par la diversité de leurs couleurs.
Il y a beaucoup d'autres secrets pour donner de nouvelles couleurs aux fleurs, que les Fleuristes gardent pour eux.
Ce sont les plantes des fleurs les plus vigoureuses, que l'on réserve pour la graine, & l'on coupe les autres. Quand cette graine qu'on conserve est mûre, on la recueille soigneusement, & on la garde pour la planter en automne: on excepte de cette regle les graines de giroflées & d'anémones, qu'il faut semer presque aussitôt qu'on les a cueillies. Pour connoître les graines, on les met dans l'eau; celles qui vont au fond sont les meilleures; & pour les empêcher d'être mangées par les animaux qui vivent en ferre, on les trempe dans une infusion de joubarbe; & après cette infusion, on les seme dans de bonne terre, comme on l'a dit ci - dessus.
Pour les oignons qui viennent de graines, ils ne se transplantent qu'après deux années, au bout desquelles on les met dans une terre neuve & legere, pour leur faire avoir des fleurs à la troisieme année. Il nous reste à dire que pour garantir les fleurs du froid pendant l'hyver, il faut les mettre à couvert, mais dans un endroit aisé; & dans l'été, il faut les défendre de la chaleur, en les retirant dans un endroit où le soleil ne soit pas ardent.
Pendant l'hyver, les fleurs ne demandent pas d'être humectées d'une grande quantité d'eau; il les faut arroser médiocrement, 2 ou 3 heures après le lever du soleil, & jamais le soir, parce que la fraîcheur de la terre & la gelée les seroient infailliblement mourir; & quand on les arrose dans cette saison, on doit prendre garde de ne les pas mouiller; il faut seulement mettre de l'eau tout - à - l'entour. Au contraire dans l'été, il les faut arroser le soir, après le soleil couché, & jamais le matin, parce que la chaleur du jour échaufferoit l'eau; & cette eau échauffée brût leroit tellement la terre, que les fleurs tomberoiendans une langueur qui les feroit flétrir & sécher.
Les fleurs qui viennent au printems, & qui ornent les jardins dans le mois de Mars, d'Avril, & Mai, sont les tulipes hâtives de toute sorte, les anémones simples & doubles à peluches, les renoncules de Tripoli, les jonquilles simples & doubles, les jacinthes de toutes sortes, les bassinets ou boutons d'or, l'iris, les narcisses, la couronne impériale, l'oreille d'ours, les giroflées, les violettes de Mars, le muguet, les marguerites ou paquettes, les primeveres ou paralyses, les pensées, &c.
Celles qui viennent en été, c'est - à - dire en Juin, Juillet, & Août, sont les tulipes tardives, les lis blancs, lis orangés ou lis - flammes, les tubereuses, [p. 858]
Les fleurs qui viennent en automne, c'est - à - dire dans les mois de Septembre, d'Octobre, & de Novembre, sont le crocus ou safran automnal, la tubéreuse, le cyclamen automnal, le souci double, les amaranthes de toutes sortes, le passe - velours ou queue de renard, le tricolor blanc & noir, les oeillets d'Inde, la bellesamine panachée, les roses d'Inde, le stramonium ou la pomme épineuse, le geranium couronné, la valérienne, le talaspic vivace, le mufle de lion, l'ambrette ou chardon benit, &c.
Les fleurs d'hyver, qui viennent en Décembre, Janvier, & Février, sont le cyclamen hyvernal, la jacinthe d'hyver, les anémones simples, le perceneige ou leucoyon, les narcisses simples, les crocus printaniers, les prime - veres, les hépatiques, &c.
Entre plusieurs ouvrages sur cette matiere, on
peut lire Ferrarius, de florum culturâ; Amste. 1648,
in - 4°;. Morin, Traité de la culture des fleurs; Paris,
1658, in - 12, premiere édit. qui a été souvent renouvellée: Liger, le Jardinier - fleuriste; Paris, 1705: le
Jardin de la Hollande; Leyde, 1724, in - 12: Chomel; & sur - tout Miller, dans son Dictionnaire du
jardinage. Indépendamment de quantité de traités
généraux, on ne manque pas de livres sur la culture
de quelques fleurs particulieres, comme des oeillets,
des tulipes, des oreilles d'ours, des roses, des tubéreuses,
&c. Enfin personne n'ignore que la passion
des fleurs, & leur culture, a été poussée si loin en
Hollande dans le dernier siecle, qu'il a fallu des
lois de l'état pour borner le prix des tulipes. Article de M. le Chevalier
Fleur de la Passion (Page 6:858)
Fleur au soleil (Page 6:858)
Ces soleils sont vivaces, & se multiplient par les racines. Ils se plaisent dans toutes sortes de terres, & la seule nature en prend soin. Ils ne conviennent que dans les potagers, & entre les arbres isolés d'une grande allée d'un parc; rarement s'en sert - on dans les beaux jardins, à moins que ce ne soit à l'écart.
Fleur de Cardinal (Page 6:858)
Fleurs de Muscade (Page 6:858)
Fleurs (Page 6:858)
Pour que ces fleurs soient de garde, elles doivent être desséchées très - rapidement, parce que le mouvement de fermentation qui s'excite pendant une dessication lente, détruiroit leur tissu délicat, & altéreroit par - là leur vertu & leur couleur. Qu'il saille conserver la vertu des fleurs qu'on desseche, on en conviendra aisément; qu'il soit très - utile de conserver leur couleur autant qu'il est possible, on se le persuadera aussi lorsqu'on saura que non - seulement l'élégance de la drogue en dépend, mais même que la conservation de la couleur est un très - bon signe pour reconnoître la perfection du médicament.
Les fleurs qui ont une couleur délicate, telles que
celles de mauve, de roses pâles, de petite centaurée,
la violette, la perdent presqu'entierement si on
les expose immédiatement au soleil; mais elles ne
souffrent pas la moindre altération dans leur couleur,
si on interpose le papier le plus mince entre la fleur à
sécher & les rayons du soleil. Les fleurs de violette
ont cependant besoin pour conserver leur couleur,
d'être desséchées par une manoeuvre particuliere.
Voyez
Le phénomene de la destruction de ces couleurs par l'action immédiate ou nue des rayons du soleil, est bien remarquable, en ce qu'elle ne dépend pas ici du soleil comme chaud; car la chaleur que la fleur éprouve encore à l'ombre de ce papier, supposé qu'elle soit diminuée bien considérablement, peut étre supérieure à celle qu'elle éprouveroit aux rayons immédiats d'un soleil moins ardent; & cependant l'ombre plus chaude conservera la couleur, & le soleil nud plus foible la mangera. Au reste peut - être faudroit - il commencer par constater le fait par de nouvelles expériences; l'établissement du fait & des recherches sur la cause fourniroient les deux parties d'un memoire fort curieux, dont la premiere seroit physique & très - aisée, & la derniere chimique & très difficile. (b)
Fleurs d'argent (Page 6:858)
Fleur de fer (Page 6:858)
Fleurs d'Asie (Page 6:858)
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