ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"849"> Avril, & en Mai; mais on en peut semer pendant toute l'année.

On fait une couche de bon fumier; on met dessus un demi - pié de vieux terreau bien pourri: au bout de huit ou dix jours que la couche sera faite, lorsque la plus grande chaleur en sera passée, on semera toutes les graines, chaque sorte dans son rayon; on les couvrira de terreau, de l'épaisseur de deux travers de doigt; on les arrosera avec un petit arrosoir, & une fois tous les jours, s'il fait sec. Quand elles seront grandes, on peut prendre un grand arrosoir; & si elles se découvrent, on doit les recouvrir avec un peu de terreau. Il ne faut pas manquer de les couvrir tous les soirs, de crainte de la gelée blanche. Les couvertures ne doivent pas poser sur la couche; on les élevera, ou on les mettra en dos d'âne sur des cerceaux; & tout le tour de la couche sera bien bouché, pour que la gelée n'y entre point. On découvre ces fleurs semées de graines, quand le soleil est sur la couche, & on les recouvre le soir, quand le soleil est retire. S'il ne geloit point, on pourroit les laisser à l'air; mais on y doit prendre garde, parce que deux heures de gelée peuvent tout perdre.

Quand ces fleurs sont de la hauteur nécessaire pour les replanter, on les replante dans les parterres, partout où on le juge à propos, pourvû que la terre soit bonne & bien labourée. On leur redonnera de l'eau sitôt qu'elles seront replantées, & on continuera toûjours, si la terre est seche, & qu'il ne pleuve point; mais il ne faut rien arracher dans les rayons des couches, que les plantes ne soient grandes, de peur de les arracher pour de l'herbe; car elles viennent de même.

On plante les oignons des fleurs depuis le commencement de Septembre jusqu'à la fin d'Avril, c'est - à - dire deux fois l'année, en automne & au printems: soit qu'on plante en pots ou en planche, il faut la même terre & la même façon à l'un qu'à l'autre. On prend un quart de bonne terre neuve, un quart de vieux terreau, & un quart de bonne terre de jardin; on passe le tout à la claie: on fait ensorte qu'il y ait un pié de cette terre sur la planche; on y plante les oignons, ou on en remplit les pots. Les oignons se plantent à la profondeur d'un demi - pié en terre. Les pots, qui doivent être creux & grands, sont mis en pleine terre jusqu'aux bords; & on ne les en retire que quand ils sont prêts à fleurir. S'il ne gele point, & que la terre soit seche, on leur donne un peu d'eau: s'il geloit bien fort, on mettroit quatre doigts d'épaisseur de bon terreau sur les planches, & on les couvriroit; on mettroit des cerceaux dessus pour soûtenir les paillassons, qu'on ôteroit quand le soleil seroit sur les planches, & qu'on remettroit quand il n'y seroit plus. S'il fait sec au printems, il faut arroser les oignons de fleurs.

Pour faire croître extrémement une fleur, on l'arrose quelquefois de lexive faite avec des cendres de plantes semblables, que l'on a brûlées: les sels qui se trouvent dans cette lexive, contribuent merveilleusement à donner abondamment ce qui est nécessaire à la végétation des plantes, sur - tout à celles avec lesquelles ces sels ont de l'analogie.

Les fleurs qui ne viennent qu'au printems & dans l'été paroîtront dès l'hyver, dans des serres, ou en les excitant doucement par des alimens gras, chauds, & subtils, tels que sont le marc de raisins, dont on aura retranché toutes les petites peaux, le marc d'olives, & le fumier de cheval. Les eaux de basse - cour contribuent aussi beaucoup à hâter la floraison: mais nous en dirons davantage au mot Oignon de Fleurs ou Plante bulbeuse.

L'intérêt & la curiosité ont fait trouver les moyens de panacher & de chamarrer de diverses couleurs les fleurs des jardins, comme de faire des roses ver<cb-> tes, jaunes, bleues, & de donner en très - peu de tems deux ou trois coloris à un oeillet, outre son teint naturel. On pulvérise, par exemple, pour cela de la terre grasse cuite au soleil; on l'arrose ensuite l'espace de vingt jours d'une eau rouge, jaune, ou d'une autre teinture, après qu'on a semé dans cette terre grasse la graine de la fleur, d'une couleur contraire à cet arrosement artificiel.

Il y en a qui ont semé & greffé des oeillets dans le coeur d'une ancienne racine de chicorée sauvage, qui l'ont relié étroitement, & qui l'ont environné d'un fumier bien pourri; & par les grands soins du fleuriste, on a vû sortir un oeillet bleu, aussi beau qu'il étoit rare. D'autres ont enfermé dans une petite canne, bien déliée & frêle, trois ou quatre graines d'une autre fleur, & l'ont recouverte de terre & de bon fumier. Ces semences de diverses tiges ne faisant qu'une seule racine, ont ensuite produit des branches admirables pour la diversité & la variété des fleurs. Enfin quelques fleuristes ont appliqué sur une tige divers écussons d'oeillets différens, qui ont poussé des fleurs de leur couleur naturelle, & qui ont charmé par la diversité de leurs couleurs.

Il y a beaucoup d'autres secrets pour donner de nouvelles couleurs aux fleurs, que les Fleuristes gardent pour eux.

Ce sont les plantes des fleurs les plus vigoureuses, que l'on réserve pour la graine, & l'on coupe les autres. Quand cette graine qu'on conserve est mûre, on la recueille soigneusement, & on la garde pour la planter en automne: on excepte de cette regle les graines de giroflées & d'anémones, qu'il faut semer presque aussitôt qu'on les a cueillies. Pour connoître les graines, on les met dans l'eau; celles qui vont au fond sont les meilleures; & pour les empêcher d'être mangées par les animaux qui vivent en ferre, on les trempe dans une infusion de joubarbe; & après cette infusion, on les seme dans de bonne terre, comme on l'a dit ci - dessus.

Pour les oignons qui viennent de graines, ils ne se transplantent qu'après deux années, au bout desquelles on les met dans une terre neuve & legere, pour leur faire avoir des fleurs à la troisieme année. Il nous reste à dire que pour garantir les fleurs du froid pendant l'hyver, il faut les mettre à couvert, mais dans un endroit aisé; & dans l'été, il faut les défendre de la chaleur, en les retirant dans un endroit où le soleil ne soit pas ardent.

Pendant l'hyver, les fleurs ne demandent pas d'être humectées d'une grande quantité d'eau; il les faut arroser médiocrement, 2 ou 3 heures après le lever du soleil, & jamais le soir, parce que la fraîcheur de la terre & la gelée les seroient infailliblement mourir; & quand on les arrose dans cette saison, on doit prendre garde de ne les pas mouiller; il faut seulement mettre de l'eau tout - à - l'entour. Au contraire dans l'été, il les faut arroser le soir, après le soleil couché, & jamais le matin, parce que la chaleur du jour échaufferoit l'eau; & cette eau échauffée brût leroit tellement la terre, que les fleurs tomberoiendans une langueur qui les feroit flétrir & sécher.

Les fleurs qui viennent au printems, & qui ornent les jardins dans le mois de Mars, d'Avril, & Mai, sont les tulipes hâtives de toute sorte, les anémones simples & doubles à peluches, les renoncules de Tripoli, les jonquilles simples & doubles, les jacinthes de toutes sortes, les bassinets ou boutons d'or, l'iris, les narcisses, la couronne impériale, l'oreille d'ours, les giroflées, les violettes de Mars, le muguet, les marguerites ou paquettes, les primeveres ou paralyses, les pensées, &c.

Celles qui viennent en été, c'est - à - dire en Juin, Juillet, & Août, sont les tulipes tardives, les lis blancs, lis orangés ou lis - flammes, les tubereuses, [p. 858] les hémérocales ou fleurs d'un jour, les pivoines, les martagons, les clochettes ou campanules, les croix de Jérusalem ou de Malte, les oeillets de diverses especes, la giroflée jaune, la julienne simple, la julienne double ou giroflée d'Angleterre, le pié d'aloüette, le pavot double, le coquelicot double, l'immortelle ou elychrisum, les basilics simples ou panachés, &c.

Les fleurs qui viennent en automne, c'est - à - dire dans les mois de Septembre, d'Octobre, & de Novembre, sont le crocus ou safran automnal, la tubéreuse, le cyclamen automnal, le souci double, les amaranthes de toutes sortes, le passe - velours ou queue de renard, le tricolor blanc & noir, les oeillets d'Inde, la bellesamine panachée, les roses d'Inde, le stramonium ou la pomme épineuse, le geranium couronné, la valérienne, le talaspic vivace, le mufle de lion, l'ambrette ou chardon benit, &c.

Les fleurs d'hyver, qui viennent en Décembre, Janvier, & Février, sont le cyclamen hyvernal, la jacinthe d'hyver, les anémones simples, le perceneige ou leucoyon, les narcisses simples, les crocus printaniers, les prime - veres, les hépatiques, &c.

Entre plusieurs ouvrages sur cette matiere, on peut lire Ferrarius, de florum culturâ; Amste. 1648, in - 4°;. Morin, Traité de la culture des fleurs; Paris, 1658, in - 12, premiere édit. qui a été souvent renouvellée: Liger, le Jardinier - fleuriste; Paris, 1705: le Jardin de la Hollande; Leyde, 1724, in - 12: Chomel; & sur - tout Miller, dans son Dictionnaire du jardinage. Indépendamment de quantité de traités généraux, on ne manque pas de livres sur la culture de quelques fleurs particulieres, comme des oeillets, des tulipes, des oreilles d'ours, des roses, des tubéreuses, &c. Enfin personne n'ignore que la passion des fleurs, & leur culture, a été poussée si loin en Hollande dans le dernier siecle, qu'il a fallu des lois de l'état pour borner le prix des tulipes. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fleur de la Passion (Page 6:858)

Fleur de la Passion ou Grenadille, granadilla; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil est entouré d'une frange à sa base, & sort d'un calice découpé. Il porte à son extrémité un embryon surmonté de trois corps ressemblans en quelque façon à trois clous. Les étamines sont placées au - dessous du pistil. L'embryon devient dans la suite un fruit ovoïde, presque rond & charnu. Ce fruit n'a qu'une seule capsule, & renferme des semences enveloppées d'une coëffe, & attachées aux côtés du placenta. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Fleur au soleil (Page 6:858)

Fleur au soleil, corona solis. Cette plante est différente de l'héliotrope ou tournesol. Voyez Héliotrope. Elle se divise en deux especes: la premiere s'éleve d'environ de cinq à six piés, & forme une tige droite, avec des feuilles très - larges, dentelées en leurs bords; il naît à sa sommité une grande fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons jaunes, arrangés en forme de couronne, au milieu de laquelle sont des demi - fleurons séparés par des feuilles pliées en gouttiere, & comprises dans un calice où sont des loges à semences, plus grosses que celle du melon. Cette plante se tourne toûjours vers le soleil d'où elle a pris son nom. Elle vient de graine fleurie en été, demande un grand air, une terre grasse, & beaucoup de soleil. La seconde espece qui est plus basse, se divise en plusieurs rameaux, formant une touffe, & portant chacun une fleur plus petite que l'autre.

Ces soleils sont vivaces, & se multiplient par les racines. Ils se plaisent dans toutes sortes de terres, & la seule nature en prend soin. Ils ne conviennent que dans les potagers, & entre les arbres isolés d'une grande allée d'un parc; rarement s'en sert - on dans les beaux jardins, à moins que ce ne soit à l'écart. On les peut tondre en buissons, en retranchant aux ciseaux les branches qui s'élevent trop. (A)

Fleur de Cardinal (Page 6:858)

Fleur de Cardinal, Voyez Consoude royale.

Fleurs de Muscade (Page 6:858)

Fleurs de Muscade, (Pharmacie & Matiere médicale.) Voyez Macis.

Fleurs (Page 6:858)

Fleurs, (Pharmac.) Les Apothicaires conservent dans leurs boutiques un nombre assez considérable de fleurs. Voyez leurs usages tant officinaux que magistraux aux articles particuliers.

Pour que ces fleurs soient de garde, elles doivent être desséchées très - rapidement, parce que le mouvement de fermentation qui s'excite pendant une dessication lente, détruiroit leur tissu délicat, & altéreroit par - là leur vertu & leur couleur. Qu'il saille conserver la vertu des fleurs qu'on desseche, on en conviendra aisément; qu'il soit très - utile de conserver leur couleur autant qu'il est possible, on se le persuadera aussi lorsqu'on saura que non - seulement l'élégance de la drogue en dépend, mais même que la conservation de la couleur est un très - bon signe pour reconnoître la perfection du médicament.

Les fleurs qui ont une couleur délicate, telles que celles de mauve, de roses pâles, de petite centaurée, la violette, la perdent presqu'entierement si on les expose immédiatement au soleil; mais elles ne souffrent pas la moindre altération dans leur couleur, si on interpose le papier le plus mince entre la fleur à sécher & les rayons du soleil. Les fleurs de violette ont cependant besoin pour conserver leur couleur, d'être desséchées par une manoeuvre particuliere. Voyez Violette.

Le phénomene de la destruction de ces couleurs par l'action immédiate ou nue des rayons du soleil, est bien remarquable, en ce qu'elle ne dépend pas ici du soleil comme chaud; car la chaleur que la fleur éprouve encore à l'ombre de ce papier, supposé qu'elle soit diminuée bien considérablement, peut étre supérieure à celle qu'elle éprouveroit aux rayons immédiats d'un soleil moins ardent; & cependant l'ombre plus chaude conservera la couleur, & le soleil nud plus foible la mangera. Au reste peut - être faudroit - il commencer par constater le fait par de nouvelles expériences; l'établissement du fait & des recherches sur la cause fourniroient les deux parties d'un memoire fort curieux, dont la premiere seroit physique & très - aisée, & la derniere chimique & très difficile. (b)

Fleurs d'argent (Page 6:858)

Fleurs d'argent, (Hist. nat. Minéralog.) nom donné par quelques auteurs à la substance que l'on nomme plus communément lac lunoe. Voy. cet article.

Fleur de fer (Page 6:858)

Fleur de fer, (Hist. nat. Minéralogie.) Flos martis, flos ferri &c. nom que l'on donne improprement à une espece de stalactite ou de concrétion pierreuse, spathique ou calcaire, qui est souvent d'un blanc aussi ébloüissant que la neige, qui se trouve attachée aux voûtes des soûterreins de quelques mines; ces salactites ou concrétions sont de différentes formes & grandeurs, & la couleur en varie suivant que la matiere en est plus ou moins pure. Le nom qu'on leur donne sembleroit indiquer qu'elles sont martiales ou contiennent du fer; mais lorsqu'il s'y trouve une portion de ce metal, ce n'est qu'accidentellement, & elles ne different en rien des autres stalactites. On dit que le nom de flos martis a été donné à cette espece de concrétion dans les mines de fer de Stirie, où elle se trouve très - fréquemment. ( - )

Fleurs d'Asie (Page 6:858)

Fleurs d'Asie, (Hist. nat. Minéralogie.) nom que quelques voyageurs ont donné à un sel qui se trouve à la surface de la terre dans plusieurs endroits de l'Asie; on l'appelle aussi terre savonneuse de Smyrne. C'est la même chose que le natron ou nitrum des anciens, d'où l'on voit que c'est un sel alkali fixe, semblable à la potasse; il fait effervescence avec les aci<pb->

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