ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"732"> ractere, & les symptomes qui les accompagnent dans cette fievre, prognostiquent le bien ou le mal qu'on en peut attendre. La plûpart des fievres exanthémateuses se terminent presque toûjours sûrement par des éruptions benignes à la peau, & de telles éruptions calment souvent les fâcheux symptomes des fievres aiguës; mais les humeurs corrompues dans le corps, qui s'arrêtent sur les parties extérieures par un transport imparfait, & se déposent en même tems sur les parties intérieures, où elles produisent des oppressions, des anxiétés, & autres desordres, sont d'un fâcheux présage, surtout quand elles sont suivies de déjections putrides sans aucun soulagement. L'hétérogene qui forme une éruption imparfaite, menace les malades d'un plus grand danger dans les fievres pourpreuses, pétéchiales, & miliaires, que dans les exanthémateuses, scarlatines, & rougeoliques. Les fievres exanthémateuses épidémiques sont ordinairement contagieuses & d'une mauvaise espece.

Cure. La méthode curative exige en général les boissons legeres, diluantes, apéritives, pour donner de la mobilité à la matiere, & pour que la force de la vie persévere toûjours dans une juste modération; car par ce moyen les exanthemes se dissipent, en faisant tomber l'épiderme par écailles. La cure particuliere doit se rapporter aux diverses causes de la fievre. Par exemple,

Les fievres exanthémateuses occasionnées par la transpiration ou par la sueur, dont la matiere retenue est devenue plus acre dans les gens foibles, valétudinaires, cacochymes, bilieux, demandent pour remedes de legers diaphorétiques internes, & quelques anti - putrides.

Lorsque les fievres exanthémateuses procedent de mauvaises humeurs, assemblées dans le ventricule & dans les intestins, de bile corrompue, de la nourriture de moules, ou autres crustacés vénimeux, il faut commencer par les purgatifs ou vomitifs, pour chasser du corps la matiere morbifique.

Dans les fievres exanthémateuses produites par de violens exercices; l'abus des échauffans & des acres, on usera de diluans, de réfrigérans, & de relâchans, mais les fievres exanthémateuses épidémiques, qui ont été animées par des échauffans, ou par des cardiaques stimulans, veulent une diete legere, des laxatifs, & des anti - phlogistiques, pour éviter la métastase dans les parties internes.

Observations de pratique. Le préjugé trop reçu sur la maniere d'agir des remedes échauffans, a fait imaginer qu'ils poussoient l'hétérogene morbifique vers la peau, & qu'ils le détournoient des parties internes, parce qu'on a vû que quelquefois l'éruption est accélérée par leur secours, que les pustules sont fort vives, & qu'elles croissent promptement; mais bien des raisons nous empêchent d'avoir une opinion avantageuse de ces sortes de remedes. En effet lorsque l'éruption extérieure est d'un mauvais caractere, que les accidens de la maladie sont formidables, les remedes échauffans augmentant la fievre & l'acrimonie des humeurs, portent la violence de l'éruption intérieurement comme extérieurement, & par conséquent aggravent la maladie: de plus ils n'ont aucune vertu pour dompter la malignité du venin & du délétere; aussi les bons praticiens n'osent les prescrire que lorsqu'ils sont indiqués par l'abattement des forces & la débilité du pouls, que l'on ne peut attribuer à la pléthore sanguine: hors de ce cas, leur circonspection les engage à les supprimer entierêment.

Il est vrai que la fievre précede & accompagne toûjours les éruptions les plus favorables; il est vrai encore qu'elle n'est point suspecte aux grands maîtres, quand elle est simple; mais le rapport des remedes échauffans avec celui de la fievre, n'est point le mê<cb-> me, on ne doit pas les comparer ensemble, & leur attribuer les mêmes avantages. L'action que les remedes échauffans excitent, n'est pas comme la fievre, un effet du propre méchanisme de la maladie, c'est l'effet d'une cause étrangere à cette maladie: ainsi l'action des remedes échaussans peut altérer l'ordre de ce méchanisme, & produire quelques accidens spasmodiques, capables de s'opposer & à la dépuration & à l'éruption. Il faut donc les regarder presque toûjours ou comme nuisibles, ou du moins comme inutiles.

L'idée qu'on s'est formée de l'opération des grands diaphorétiques & des sudorifiques dans les éruptions cutanées, ne paroît pas moins chimérique. L'effet propre de ces remedes est d'exciter l'action des filtres de la peau, & de provoquer une plus grande excrétion par la voie de la transpiration; mais ils ne poussent point, comme plusieurs medecins se l'imaginent, du centre à la circonférence (pour me servir des termes vulgaires), ils ne conduisent point à la peau les humeurs dont ils provoquent l'excrétion; elles y sont entraînées par le cours ordinaire de la circulation, & ce n'est que là où les diaphorétiques & les sudorifiques agissent, en provoquant l'évacuation de ces humeurs: mais dans les éruptions, il ne s'agit nullement de cette évacuation; ainsi ces remedes ne sont encore d'aucun avantage à cet égard; ils ne peuvent pas même alors produire leur effet ordinaire, parce que les organes de la transpiration sont d'autant plus lésés, & leurs fonctions d'autant plus empêchées, que l'éruption est considérable, & qu'elle dérange le tissu de la peau. Enfin les éruptions se font par l'affinité du délétere ou du venin, avec la partie qui est plus susceptible que les autres de son impression.

Concluons, avec M. Quesnay, que les idées communes sur la dépuration des humeurs par l'évacuation, & sur la maniere de la procurer par les échauffans, les diaphorétiques & les sudorifiques, ne présentent à l'esprit que des erreurs, qui deviennent pernicieuses par les fausses indications qu'elles suggerent dans la pratique de la Medecine. Voyez aussi Huxnam, in Fevers.

Fievre hectique (Page 6:732)

Fievre hectique, febris tabida, & par les modernes hectica; fievre chronique, continue, ou rémittente, qui dans la durée de son cours croît en violence & en nombre de fâcheux symptomes, mine peu - à - peu tout le corps, consume les sucs, détruit les forces, & conduit ordinairement le malade au tombeau.

Signes de cette fievre. Cette fievre se manifeste par un pouls foible, dur, petit, & fréquent; la rougeur des levres, de la bouche, des joues, qui s'augmente dans le tems qu'il entre de nouveau chyle dans le sang; une chaleur inquiétante, une aridité brûlante dans la peau, qui est sur - tout sensible aux mains après les repas; une urine nidoreuse, écumeuse, qui dépose un sédiment & porte sur sa surface un nuage leger, gras, de couleur foncée; le desir de toute nourriture froide, la sécheresse de la bouche, une soif continuelle, le sommeil de la nuit sans soulagement, & la langueur répandue par - tout le corps.

A cet état succedent des crachats glutineux & écumeux, un sentiment de poids & de douleur dans les hypochondres, une grande sensibilité aux moindres changemens de tems, un état qui empire dans les équinoxes, & principalement dans celui de l'automne; une tête étourdie au reveil, des évacuations d'humeurs ténues & fétides par les sueurs, les urines, les selles; l'abattement de toutes les forces, & cette émaciation universelle qu'on nomme marasme.

Le mal croissant toûjours, produit de nouveaux symptomes encore plus funestes, des tremblemens, des taches, des pustules, une couleur livide & plom<pb-> [p. 733] bée, le visage cadavéreux qui ne se voit dans aucune autre maladie aussi completement que dans celle - ci & dans la consomption.

Enfin la scene se termine par des aphthes de mauvais présages, le vertige, le délire, la suffocation, l'enflûre des piés, des sueurs perpétuelles & excessives, des diarrhées colliquatives, le hoquet, les convulsions, la mort.

Cause prochaine. La fievre hectique suppose la corruption dans la masse générale des humeurs; corruption par laquelle les sucs albumineux, gélatineux, tombés en colliquation, fournissent un aliment perpétuel à cette maladie. C'est cette même putridité qui procure la chaleur dont cette fievre est accompagnée; en même tems l'humeur putride nuit aux fluides nerveux & aux parties nerveuses, & les jette dans une violente contraction. Plus la quantité des humeurs corrompues produites par la maladie incurable des visceres est grande, plus aussi les symptomes de la fievre sont terribles.

Prognostics. Les jeunes gens sont promptement emportés, & plus exposés à la fievre hectique que les adultes. Dans le premier commencement de l'ulcération de quelque viscere, cette fievre suscitée par la nature, est quelquefois le remede du mal au moyen d'une heureuse crise: mais si la cause ne peut être détruite, la fievre hectique subsiste sans cesse. Le flux hémorrhoïdal ou autre quelconque, avance communément la mort dans le dernier période de la fievre hectique; au lieu qu'au commencement il en produit quelquefois la cure. Une fievre hectique confirmée & parvenue à son dernier période, n'admet jamais de guérison; tout l'art humain consiste à adoucir les symptomes de la maladie, & à éloigner son période fatal.

Méthode curative. La fievre hectique procede nécessairement des mêmes causes que la fievre lente; ainsi voyez l'article Fievre lente.

Mais comme ici les mêmes causes ont déjà fait de plus grands ravages, les ressources de l'art & de la nature donnent de beaucoup plus foibles espérances; les corps sont plus épuisés, & les sucs sont plus éloignés de leur homogénéité, le mouvement péristaltique de l'estomac & des intestins se trouvant plus affoibli, le chyle qui passe comme crud & épais dans la masse du sang, détruit par sa qualité nétérogene la crasse des fluides, & interrompt le mouvement uniforme des solides.

Si la fievre hectique paroît après la suppression des évacuations ordinaires d'un flux hémorrhoïdal, des menstrues, des vuidanges, du lait, ou après la suppression d'une gonorrhée arrêtée, de l'écoulement d'un ulcere, d'une fistule, d'un cautere, ou en conséquence de la rentrée de pustules cutanées, exanthémateuses, dartreuses, &c. on comprend sans peine qu'u faut ramener prudemment les évacuations supprimées, regénérer des sucs loüables, & garantir les humeurs d'une nouvelle éruption par le secours des anti - putrides & des doux balsamiques.

La fievre hectique qui se manifeste après l'hémoptysie, la pleurésie, la péripneumonie, & autres maladies aiguës, en conséquence de quelque ulcere dont le pus s'est porté dans la masse du sang, demande tous les soins possibles pour corriger cette infection, la diete analeptique, le lait de femme, d'ânesse, les tisanes préparées avec l'avoine, la racine de chicorée sauvage, les fleurs de pavot, & quelque peu de nitre antimonié; les substances gélatineuses acidulées, les parégoriques après de douces évacuations, les balsamiques, les corroborans, dont le plus important est l'exercice modéré du cheval.

Lorsque cette fievre émane de sucs visqueux dans les premieres voies, le but de la cure doit tendre à atténuer ces sucs, les expulser par les sels neutres donnés en petites doses & souvent répétées; ensuite à employer les analeptiques & les stomachiques, tels que sont l'essence de cascarilles, avec un peu d'esprit de nitre dulcifié.

Si l'on soupçonne que la fievre hectique vienne de l'obstruction des visceres, & sur - tout de l'obstruction du mésentere, ce qui arrive fréquemment, il faut lever ces obstructions par les remedes capables d'y parvenir, comme par exemple, par la teinture martiale jointe au suc de pomme, secondée des eaux minérales chaudes, & de l'exercice.

Les symptomes de la fievre hectique ne souffrent que de legers palliatifs. On adoucit la chalear fébrile par la boisson des émulsions de semences froides, préparées avec une décoction de corne de cerf & d'eaurose; par les gouttes anodynes d'Hoffman, ou par celles d'esprit de soufre & de vitriol. L'acrimonie de la matiere ulcéreuse peut être émoussée par les incrassans, les adoucissans, & les balsamiques. On reprime la toux par les mêmes remedes, auxquels on joint les parégoriques prudemment employés, les pilules de storax, le laudanum liquide en petite dose, le blanc de baleine mêlé avec le sirop de pavot, &c. Dans la diarrhée, on peut joindre la conserve de rose au lait chalybé, & la gomme arabique aux émulsions calmantes. Les sueurs colliquatives ne doivent pas être supprimées violemment, mais modérées par les opiates, par l'écorce de cascarille mise en électuaire, avec le sirop de jus de citron & la conserve de rose. En général, plus la fievre hectique augmente, moins elle demande de remedes multipliés.

Pour ce qui regarde la fievre hectique des veillards nommée marasme, voyez Marasme.

Observations. Hippocrate a décrit fort exactement la fievre hectique sous le nom de consomption du corps, tabes, dans son traité de internis affectionibus. L'ouverture des sujets morts de cette maladie offre tantôt des abcès dans quelqu'un des visceres, & tantôt des tumeurs skirrheuses ou stéatomateuses.

Fievre hémitritée (Page 6:733)

Fievre hémitritée. Voyez Hémitritée.

Fievre homotone (Page 6:733)

Fievre homotone: on nomme fievres homotones, toutes fievres continentes qui restent pendant leur durée à - peu - près dans le même degré de force, sans augmenter ni diminuer; mais l'existence de ces prétendues fievres est fort douteuse, comme le remarque M. Quesnay. On en trouve très - peu d'exemples dans les observations des praticiens, & ces observations mêmes ne pourroient mériter de créance, qu'autant qu'elles seroient données par plusieurs observateurs véridiques, qui auroient passé assidument les nuits & les jours auprés des fébricitans.

Fievre hongroise (Page 6:733)

Fievre hongroise, febris hungarica, espece de fievre endémique, maligne, contagieuse, & spécialement caractérisée par une douleur intolérable vers l'orifice de l'estomac; mais comme on connoît davantage cette fievre sous le nom particulier de maladie hongroise, voyez Maladie hongroise.

Fievre d'Hôpital (Page 6:733)

Fievre d'Hôpital, espece de fievre continue, contagieuse & de mauvais caractere, qui regne dans les hôpitaux des villes & d'armées, dans les prisons, dans les vaisseaux de transport pleins de passagers, qui y ont été long - tems renfermés, en un mot dans tous les lieux sales, mal aérés, & exposés aux exhalaisons putrides animales, de gens mal - sains, blessés, malades, pressés ensemble, & retenus dans le même endroit.

Symptomes. Cette fievre commence lentement par des alternatives de froid & de chaud, de petits tremblemens, un engourdissement dans les bras & dans les jambes, le dégoût, une douleur de tête sourde, un pouls fréquent, la langue blanche & humide.

A ces symptomes succedent de grandes lassitudes, des nausées, des douleurs dans le dos, la stupeur

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