ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"730"> fievres humorales que les anciens appelloient synoques putrides, & qui se terminent par coction purulente. Voyez Synoque. 3°. Les fievres que les mêmes anciens nommoient bilieuses ou ardentes, parce qu'étant accompagnées de chaleur brûlante, & d'une soif intolérable, ils jugeoient qu'elles dépendoient plus d'une bile vicieuse que du sang corrompu. Voyez Fievre ardente.

Mais les fievres véritablement & régulierement critiques, sont celles qui procurent une coction purulente, dont les progrès sont marqués par des signes qui annoncent sûrement, & à jour préfix, des évacuations salubres. Toute fievre continue, qui ne se termine pas avant la quatrieme exacerbation, ou avant le septieme jour, dont la cause n'est pas indomtable, & qui n'est pas compliquée à d'autres maladies ou accidens, capables d'empêcher ses propres effets, se guérit par cette coction & par ces évacuations critiques.

Fievre dépuratoire (Page 6:730)

Fievre dépuratoire, est celle dont la nature tempere tellement les symptomes, qu'elle chasse la matiere fébrile bien préparée dans un certain tems, soit par transpiration ou par coction.

On peut compter trois sortes de fievres dépuratoires, 1°. les fievres simples dépuratoires par elles - mêmes, comme la fievre éphémere, la fievre synoque sanguine ou non putride, &c. 2°. les fievres dépuratoires qui cessent heureusement par les évacuations sans coction ni crise; 3°. les fievres dépuratoires dont la cause seroit indomtable par la coction, & incapable d'expulsion par les excrétoires naturels, & qui se guérissent par des dépôts, par des eruptions extérieures, où de telles causes trouvent des istues qui en procurent l'évacuation Cette voie est même ordinaire dans plusieurs maladies qui se terminent par des éruptions à la peau; telles sont les fievres scarlatines, la petite vérole discrete, la rougeole bénigne, &c. Mais dans d'autres maladies cette voie est fort incertaine, comme lorsque les dépôts ou les éruptions arrivent irrégulierement aux parties intérieures, ou aux parties extérieures, ou en même tems aux unes & aux autres; telles sont les pustules ichoreuses, & les dépôts sanieux dans les petites véroles confluentes.

Fievre diarrhétique (Page 6:730)

Fievre diarrhétique, voyez Fievre cathartique.

Fievre dyssentérique (Page 6:730)

Fievre dyssentérique, febris dyssenterica: on nomme fievres dyssentériques, celles qui sont jointes à des tranchées douloureuses dans le bas - ventre, suivies de déjections muqueuses & sanglantes avec exulcération des intestins; la dyssenterie est l'affection morbifique qui a donné le nom à cette fievre.

Cause prochaine. Une matiere active, acre, tenace, caustique, peut - être analogique dans ses effets, avec les parties sur lesquelles elle agit, transportée dans les couloirs des intestins qu'elle irrite & qu'elle ronge, produit ce genre de fievre qu'on voit fréquemment dans les constitutions épidémiques.

Ses signes. Alors la fievre dyssentérique se fait connoître par un frisson suivi de chaleur, de vives douleurs d'entrailles, de tenesme, de déjections glaireuses & sanguinolentes, de soif, de dégoût, de langueur, de défaillances, de sueurs froides, & de l'exolution des forces.

Prognostics. Les pellicules d'intestins qu'on trouve dans les selles, l'inflammation à la langue, les aphthes dans la gorge, les évacuations qu'on fait sans s'en appercevoir, le délire, les convulsions, le froid des extrémités, & le hoquet qui survient alors, annoncent une fin prochaine de cette fievre, par la destruction de la machine.

Cure. La méthode curative doit tendre à diminuer l'inflammation, corriger l'acrimonie de la matiere caustique, évacuer les humeurs morbifiques, adou<cb-> cir les entrailles, consolider l'exulcération, & arrêter le flux de ventre invétéré.

On remplit ces indications par la saignée, les vomitifs, les purgatifs, entre lesquels l'ipécacuanha, la rhubarbe, & le simarouba sont les principaux; il faut les donner à petites doses, & en calmer les effets par des parégoriques. Les lavemens seront composés de choses grasses & onctueuses, comme de décoctions de mauve, de guimauve, ou de bouillons de tripes: on se servira des mêmes décoctions en fomentations sur le bas - ventre; on usera pour boisson & alimens d'eau de poulet, de ris, d'orge, ou de lait de chevre coupé; les tisannes seront émulsionnées, & quelquefois acidulées. Enfin si les astringens deviennent nécessaires, on les employera prudemment, graduellement, & on y joindra le laudanum liquide. Consultez ici l'article Dyssenterie, & sur la dyssenterie, consultez Degnerus.

La meilleure cure pophylactique dans les épidémies qui produisent cette fievre d'une maniere fatale, est de fuir la contagion, se tenir le ventre libre, user de régime & d'alimens adoucissans, éviter de respirer les exhalaisons des excrémens.

Observation. La fievre dyssentérique est une des plus fréquentes & des plus cruelles épidémies des camps; on en trouvera la diagnose, la prognose, & le traitement dans l'ouvrage anglois du docteur Pringle, sur les maladies d'armées. Je remarquerai seulement, que les principaux moyens pour en arrêter le pregrès, sont de décharger les hôpitaux autant qu'il est possible, de renouveller continuellement l'air des infirmeries par un ventilateur, d'en balayer toutes les ordures avec grand soin, de remetire les malades dans des églises, dans des baraques, des maisons ruinées, où ils ne communiquent point ensemble, de ne point confiner au lit ceux qui en peuvent sortir, de tenir très - propres leurs chambres, leurs hardes, leurs bassins, & tous les ustensiles dont ils se servent; enfin sur toutes choses, de couvrir chaque jour les privés d'une nouvelle terre; car c'est principalement de l'exhalaison putride des latrines publiques des camps, que dépend la contagion & la propagation de ce mal funeste.

Fievre endémique (Page 6:730)

Fievre endémique, ainsi dite de E/N, & DHMOS2, peuple. Les fievres endém ques sont celles qui regnent tous les ans avec des symptomes assez semblables dans un même pays, & qui y sont plus fréquentes que dans un autre, à cause du climat, de l'air, de l'eau, de la situation du lieu, de la maniere de vivre des habitans. Voyez Endémies. Consultez Hippocrate de aëre, locis, & aquis; & si vous voulez parmi les modernes, Wintringham's (Clifton) a treatise of endemic diseases. London, 1718. 8°.

Fievre éphémere (Page 6:730)

Fievre éphémere, éphemera, la plus simple des fievres continues, dont le commencement, l'état, & le déclin, se font ordinairement dans l'espace de 12, 24, ou au plus de 36 heures. Voyez Ephémere.

Fievre éphémere britannique (Page 6:730)

Fievre éphémere britannique, nom vulgaire qu'on a donné à la suette, espece de peste qui passa en Angleterre en 1485, & qui emportoit les malades en 24 heures. Voyez Suette.

Fievre épiale (Page 6:730)

Fievre épiale, épialis febris, H)PI/ALOZ, H)PIALW/DEES2, fievre, dit Galien, dans laquelle le malade reslent une chaleur extraordinaire, & frissonne en même tems. Les anciens latins lui donnent le nom de quercera, c'est - à - dire qui produit de violens frissons.

C'est, suivant nous, cette affection morbifique de la fievre qui consiste dans le frisson, lequel persiste avec le sentiment de chaleur. On en peut indiquer pour cause générale une acrimonie irritante que les forces vitales ne peuvent pas chasser.

L'acrimonie de la cause de la fievre produit souvent un genre de chaleur, ou plûtôt une sensation de chaleur, qu'il ne faut pas confondre avec la cha<pb-> [p. 731] leur même de la fievre; celle - ci dépend de l'augmentation de la circulation du sang. Celle - là est causée par l'impression que fait l'acrimonie de substances acres qui agissent rarement sur les silets nerveux; telle est la chaleur brûlante que les malades ressentent intérieurement dans la fievre épiale.

Cette fievre est en même tems accompagnée d'un froid violent & douloureux dans les parties extérieures du corps; ce froid est peut - être occasionné par la même acrimonie qui excite dans les muscles de ces parties un spasme capable de resserrer les vaisseaux, & de n'y laisser passer que fort peu de lang. Par - là, il prive non - seulement les parties extérieures de chaleur, mais il y cause une sorte d'horripilation, & d'érétisme douloureux, qui se joignent au sentiment de froid, & qui le rendent plus insupportable.

Quoi qu'il en soit, cette affection morbifique de la fievre demande la destruction du vice irritant, & requiert en même tems les antiseptiques cardiaques, propres à ranimer les forces & la circulation languissante du sang & des humeurs. Les frictions faites avec des liqueurs spiritueuses, chaudes, souvent répétées partout le corps, contribueront efficacement au même but. Voyez Fievre horrifique.

Fievre épidémique (Page 6:731)

Fievre épidémique, de E)PI\, sur, & DHMS2, peuple. On nomme fievres épidémiques, populaires, ou communes, les fievres de même espece, qui changent néanmoins souvent de caractere & de nature, attaquent indifféremment dans certains tems toutes sortes de personnes de l'un & de l'autre sexe, de tout âge, de tout ordre, & comme par une elpece de contagion. Voyez Epidémies.

On re peut trop lire les auteurs qui ont traité ce sujet; Hippocrate, épidemior. Baillou, Sydenham; les observations des medecins de Breslaw, d'Edimbourg; Roger, dans son essai on épidémical diseases; Cleghorn, on épidemical diseases of minorca, &c. Et pour les fievres épidémiques des armées, des camps, des hôpitaux, fievres bien différentes de celles qui regnent ailleurs, voyez l'excellent livre du docteur Pringle, intitulé observations on the diseases of the army. London, 1753, in - 8°.

Fievre érésypélateuse (Page 6:731)

Fievre érésypélateuse, est celle qui est accompagnee d'érésypele, ou qui en est l'effet. Voyez Erésypele.

La cause prochaine de l'érésypele est le passage des globules rouges du sang dans les vaisseaux lymphatiques de la peau, sur - tout dans ceux qui composent le lacis lymphatique.

Causes de cette fievre. Cette fievre procede ordinairement, 1°. d'un sang chargé d'une humeur acre & subtile de la bile, de l'humeur de la transpiration, ou de celle de la sueur, qui ont été arrêtées: 2°. de l'usage d'alimens gras, & de boissons échauffantes & spiritueuses: 3°. dans les personnes cacochymes, foibles, scorbutiques, ou dans celles - là même qui joüissent d'une bonne santé, de la cotruption spontanée des humeurs excrémenteuses, mises en mouvement par quelque faure ou abus des choses nonnaturelles: 4°. de la constitution particuliere du malade.

Effets. L'humeur érésypélateuse ne produit aucun signe critique dans les urines; mais quand elle est dispersée dans la masse des humeurs par la circulation, elle excite une fievre plus ou moins forte, la nature tendant à se décharger de l'hétérogene morbisique par une éruption sur la peau.

Cure. Lorsque la fievre érésypélateuse est considérable, accompagnée de fâcheux symptomes, & que l'érésypele est malin, il faut recourir à la saignée, la répéter à proportion de la constitution du malade, & de la violence des symptomes. On doit joindre à ce remede les délayans, les calmans, les évacuans, & les diaphorétiques. Les délayans donnent aux humeurs plus de fluidité; les calmans appaisent la douleur; & les diaphorétiques conviennent lorsque la maladie est occasionnée par la suppression de la transpiration. Les purgatifs sont nécessaires dans les fievres érésypélateuses, produites par des humeurs qui ont enflammé le sang, & qui l'ont déterminé à passer dans les vaisseaux lymphatiques. On corrigera les humeurs pourrissantes par les anti - septiques, legerement astringens.

Quant à l'érésypele même qui produit cette fievre, on en peut tirer le prognostic de son espece, de sa cause, de la partie que l'érésypele attaque, & des accidens. L'érésypele qui est accompagné de douleurs violentes, de fievre considérable, de diarrhée, est beaucoup plus fâcheux que celui qui est sans aucun de ces accidens: mais l'érésypele qui est simple, benin, leger, se dissipe promptement, & cesse avec la fievre, avant, ou peu de tems après.

Fievre erratique (Page 6:731)

Fievre erratique, febris erratica, A)TAKO\S2 PURE/TS2. On nomme fievre erratique, vague, irréguliere, intercurrente, toute fievre intermittente ou rémittente, qui a ses vicissitudes, ses exacerbations, son cours, & sa durée dans des tems incertains.

De telles fi vres se présentent souvent aux observations des Medecins, dans les commencemens des intermittentes, sur - tout des quartes de l'automne, & elles sont pour lors très - irrégulieres: de plus, l'on remarque que les intermittentes long - tems prolongées, deviennent fréquemment erratiques, & que quelquefois les erratiques se changent en intermittentes régulieres; mais la méthode curative est constamment la même, ou doit l'être, pour les fievres erratiques, comme pour les diverses intermittentes. Aussi nous ne nous y arrêterons pas ici. Voyez l'article Fievre intermittente.

On nomme encore fievre erratique, celle qui survient aux femmes par la suppression du flux menstruel. La cure de cette espece de fievre erratique, censiste à procurer l'écoulement des regles par la saignée du pié, l'usage des vapeurs, des linimens, des fumigations, des purgatifs utérins, les emménagogues, les stomachiques, les corroborans, les chalybés, l'exercice.

Fievre étique (Page 6:731)

Fievre étique: dans l'usage ordinaire on écrit étique, & on le prononce de même; mais comme les Latins disent hectica febris, & les Grecs E/KTIK\S2 PURETS2, de E)CI\S2 qui répond au mot habitus, qualité qu'on a peine à séparer du sujet; il en résulte que laissant à part la prononciation, il faut toûjours écrire hectique dans un dictionnaire d'Arts, qui doit conserver l'origine des mots autant qu'il est possible. Voyez donc Fievre hectique.

Fievre exanthémateuse (Page 6:731)

Fievre exanthémateuse, c'est une fievre accompagnée sur tout le corps, ou sur une partie du corps, de boutons inflammatoires nommés exanthemes.

On sait que ce sont de petites taches ou tubercules rouges, plus ou moins larges, avec ou sans élévation, d'une bonne ou d'une mauvaise qualité. Voyez Exanthemz.

Causes. Ces taches ou tubercules inflammatoires ont le plus souvent 1°. pour matiere - celle qui ne pouvant circuler dans les petits vaisseaux de la peau, s'y arrête; & 2°. pour causes, la suppression de la transpiration, la dépravation des humeurs, la force de la circulation des secrétions, des excrétions, &c. De ces différentes causes proviennent bien des sortes de pustules, qui donnent aux fievres qui les accompagnent, les divers noms d'exanthémateuse, d'érésypélateuse, de scarlatine, de pétéchiale rouge, de pétéchiale pourpre, de miliaire blanche & rouge, de rougeole, & de petite vérole. Voyez tous ces mots.

Prognostiçs. La nature des exanthemes, leur ca<pb->

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