ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"734"> dans la tête, l'altération dans la voix, l'inégalité de la fréquence du pouls, la sécheresse d'une peau brûlante, l'abattement des esprits, les tremblemens de mains, souvent des taches pétéchiales, quelquefois des sueurs froides & des diarrbées non critiques.

Enfin l'insomnie, le coma vigil arrivent, le visage devient blême, le regard sombre, les yeux sont enflammés & boüeux, le délire s'allume, l'oüie se perd, la langue tremble, les tendons sont attaqués de soubresauts, subsultibus, la vûe se trouble, les déjections sont colliquatives & d'une odeur cadavéreuse, le froid s'empare des extrémités, les convulsions emportem le malade.

La durée de cette scène est fort incertaine, car elle finit quelquefois en 5 ou 6 jours, d'autres fois en 14 ou 21; quelquefois cette fievre se transforme en hectique, & d'autres fois elle se termine en suppuration des parotidës.

Prognostics. Ceux qui ont été assoiblis par des maladies precédentes, ou qui ont été guéris par la salivation, sont plus susceptibles d'infection que d'autres. Les femmes y sont moins exposées que les hommes, & en échappent plus aisément, mais la guérison ne préserve personne de la rechûte. Les plus mauvais signes sont ceux du troisieme période de cette maladie, ils annonçent presque toùjours la mort.

Cure. La cure demande d'être variée suivant l'état & les périodes de la fievre. On peut employer dans le commencement avec succès les atténuans, les sudorifiques & les anti - putrides; la saignée devient seulement nécessaire si le malade est pléthorique. La transpiration veut être toûjours entretenue. Dans le second état, la saignée est pernicieuse, & les vomitifs inutiles. Les diaphorétiques legers sont toûjours convenables; les tisanes doivent être acidulées d'esprit - de - soufre ou de vitriol; le vin de Canarie mélé dans du petit - lait, fournit une des meilleures boissons, & des plus propres à procurer une heureuse crise.

Dans le troisieme état, la medecine n'offie presque d'autre secours, que de tâcher de ranimer & de soûtenir les forces de la nature, ce qu'on peut essayer par des liquides visqueux, aromatiques; l'esprit - decorne de cerf donné de tems en tems, & par la poudre de contrayerva, réunie à une legere teinture de l'écorce du Pérou; la diarrhée doit être modérée & non supprimée. Le délire demande l'application des vésicatoires & des sinapismes. Dans la suppuration des parotides, on ouvrira l'abcès aussi - tôt qu'il sera formé. En cas du rétablissement du malade, après avoir nettoyé les premieres voies, on employera les corroborans, les stomachiques, le quinquina, l'exercice, & sur - tout le changement d'air.

La partie fondamentale de la méthode curative, est d'éloigner le malade du mauvais air. Quand cela n'est pas possible, il faut purifier l'air qu'il respire par le feu, la fumée de vinaigre, les bayes de genievre, & autres semblables, ensuite renouveller cet air très souvent jour & nuit, tenir les rideaux des lits ouverts, & séparer les malades; sans ces moyens préliminaires, il y a peu d'espérance de parvenir à leur rétablissement. Voyez l'excellent chapitre que M. Pringle a fait de cette fievre maligne, dans ses observations sur les maladies d'armées.

Fievre horrifique (Page 6:734)

Fievre horrifique, phricodes febris, fievre accompagnée de frissons & de tremblemens plus ou moins longs, lesquels frissons & tremblemens sont une affection morbifique rarement séparée de la fievre.

Leur cause prochaine. Les frissons montrent qu'il y a une stagnation des fluides dans les extrémités, avec une moindre contraction du coeur; le tremblement marque une alternative de tension & de relâchement dans les muscles en peu de tems & involontairement, de sorte que la circulation du liquide artériel & du suc nerveux est tantôt continuée & tantôt inter rompue. Quelquefois ces deux symptomes sont causes par l'engorgement spasmodique du cerveau, qui porte le deiordre dans tout le genre nerveux. Si le froid & le tremblement sont violens & de longue durée, ils forment des obsiacles à la circulation des humeurs, & produisent les vices qui en sont les suites.

Cure. La méthode curative consiste à rétablir l'égalité de la circulation & celle de la pression du sang artériel & des esprits, de l'un contre les parois des arteres, & des autres sur les fibres motrices: c'est ce qu'on peut faire au commencement de la fievre dans laquelle ces deux symptomes de frissons & de tremblement se trouvent trop violens, en employant les lemedes qui dissipent la - lenteur, tels que sont des boissons d'eau chaude nitrée, avec un peu de miel & de vin, les lotions des liqueurs spiritueuses & nervines, les fomentations saites avec ces mêmes liqueurs, & les legeres frictions par tout le corps, On y joindra les corroborans & les fortifians.

Observations de pratique. On doit regarder en général les frissons, les horripulations, les tremblemens souvent répétés, comme des états convulsifs fort desavantageux dans le cours des fievres continues, parce qu'ils affectent beaucoup l'action du coeur & des arteres, & dérangent le méchanisme de la coction, comme on le remarque aisément par le changement qui arrive alors dans les urines. Les frissons & les tremblemens qui succedent à la sueur, sont d'autant plus dangereux, qu'ils marquent que la sueur elle - même n'est qu'un mauvais symptome de la maladie. Enfin les tremblemens convulsifs sont de mauvais présage dans le tems du frisson critique des fievres continues, lorsqu'ils sont suivis de chaleurs passageres qui s'entre - succedent alternativement. Voyez Hippocrate.

Fievre humorale (Page 6:734)

Fievre humorale, fievre causée & entretenue par une matiere hétérogene quelconque, dispersée dans la masse des humeurs circulantes.

On est porté à admettre ces sortes de fievres, si l'on considere qu'une matiere acre introduite dans nos humeurs, & qui circule avec elles dans les arteres, peut irriter immédiatement les membranes de ces vaisseaux, & y produire la fréquence de vibrations que nous nommons fievre.

La cause des fievres humorales est évidente par les effets mêmes des matieres irritantes qui passent dans les voies de la circulation. Les inspections anatomiques de cadavres où l'on ne découvre aucun vice des parties, donnent lieu de croire que la fievre & autres accidens qui pouvoient l'accompagner, ne survenoient pas d'une irritation locale; d'où l'on juge qu'il faut les attribuer à une cause errante, dispersée dans la masse des humeurs. Le déletere de la petite vérole, ce principe de la fievre dans cette maladie, & souvent de beaucoup de desordres avant l'éruption, est certainement errant & dispersé; l'éruption qui en résulte par tout le corps, & qui apporte ensuite le calme, en est une preuve manifeste.

Cet exemple, & plusieurs autres qu'il seroit inutile d'alléguer, ne permettent pas de douter de l'existence des causes humorales, qui, livrées au torrent de la circulation, peuvent susciter la fievre. C'est aussi ce qu'on voit arriver tous les jours dans les fievres qui commencent par des frissons & des tremblemens considérables, car alors le premier effet de l'hétérogene errant est d'exciter avec la fievre, un spasme qui domine sur elle, & qui en suspend presque tous les phénomenes.

Ce spasme mérite notre attention, 1°. parce qu'il dénote un caractere irritant; 2°. parce qu'il s'oppose souvent aux opérations salutaires de la fievre, qui tend à la guérison du malade; 3°. parce qu'il arrête [p. 735] les secrétions des sucs excrémenteux qui se forment continuellement, & qui doivent être chassés hors du corps.

Ainsi l'indication curative dans de telles fievres; est de chercher à connoitre le caractere de l'hétérogene irritant, pour le corriger & le détruire par les remedes convenables

Fievre inflammatoire (Page 6:735)

Fievre inflammatoire, fievre aignë ou fievre ardente dont l'inflammation est répandue généralement sur tout le corps, lorsqu'elle n'est pas fixée particulierement dans tel ou tel organe. Elle consiste dans la vîtesse de la circulation rendue plus forte & plus fréquente par la contraction du coeur, en même tems que la résistance est augmentée vers les vaisseaux capillaires. Ainsi son siége est toute partie du corps où se distribuent des arteres sanguines, & où les lymphatiques prennent leur origine. Voyez Fievre aigue, Fievre ardente, Inflammation .

Fievre intermittente (Page 6:735)

Fievre intermittente, febris intermittens, c'est celle dont l'intermission périodique produit toûjeurs une entiere apyrexie entre deux paroxysmes.

Ses distinctions en différentes classes sont faciles à faire, n'étant fondées que sur la seule différence du tems que ce mal dure; & c'est d'après la différente durée de ces fievres, qu'on les nomme quotidienne, tierce, demi - tierce, quarte, double - quarte, &c. Il y en a quelquefois de quintes, PEMHTA\I\ON, & même Boerhaave en a vû de septenaires exquises.

Distinction des fievres du printems & d'automne. Mais une distinction essentielle, c'est celle des fievres intermittentes de printems & d'automne. On appelle en général fievres intermittentes de printems, celles qui regnent depuis le mois de Février jusqu'à celui d'Août: & fievres intermittentes d'automne, celles qui commencent au mois d'Août & finissent en Février. Cette distinction est très - nécessaire à cause de la différence qui se trouve, tant dans la nature & les symptomes de ces deux sortes de fievres, que dans leur fin, leur durée & leur traitement; d'ailleurs l'une se change en l'autre. Souvent même au commencement de l'automne, elles imitent exactement les fievres continues à cause de la longueur & du redoublement des accès; cependant leur caractere & leur cure different extrèmement.

Cours & caracteres de la fievre intermittente. Elle commence avec des bâillemens, des alongemens, avec lassitude, débilité, froid, frisson, tremblement, pâleur aux extrémités, respiration difficile, anxiété, nausée, vomissement, célérité, foiblesse & petitesse de pouls. Plus ces accidens sont considérables & plus il s'en trouve de réunis ensemble, plus la fievre, la chaleur & les autres symptomes qui la suivent, sont mauvais; tel est le premier état de la fievre intermitunte, & cet état qui répond à l'augment des fievres continues, est aussi le plus dangereux de tous: alors l'urine est ordinairement crûe & ténue.

Harvée en ouvrant des cadavres de gens morts dans ce premier degré de fievre intermittente, après des oppressions, des soûpirs, des anxiétés, des langueurs qu'ils avoient souffert, a trouvé le poumon farci de sang épais. Harv. exercit. anat. ch. xvj.

Au premier état il en succede un second, qui commence avec chaleur, rougeur, respiration forte, étendue, libre, moins d'anxiété, un pouls plus élevé plus fort, une grande soif, de la douleur aux articulations & à la tête, le plus souvent avec des urines rouges & enflammées.

Enfin 3°. la maladie finit d'ordinaire par des sueurs plus ou moins abondantes: tous les symptomes se calment, les urines sont épaisses, & déposent un sédiment ressemblant à de la brique broyée; le sommeil, l'apyrexie & la lassitude surviennent.

Ses effets. La fievre intermittente qui est de longue durée, endommage les fibres des petits vaisseaux & des visceres par la stagnation, l'obstruction, la coagulation, l'atténuation qu'elle cause, de - la non - seulement les vaisseaux s'affoiblissent, mais les liquides dégénerent principalement, en ce que lours parties sont moins homogenes & moins également mêlées; de ces vices naît l'acrimonie des liqueurs, & de toutes ces choses ensemble, suit une disposition aux sueurs, qui débilite beaucoup par la perte de la viscosité même du sang qui sort avec elles; l'urine est alors trouble, grasse & épaisse: telle est aussi la salive: ainsi le sang étant affoibli, dissous, privé de sa meilleure partie, celle qui reste devient acre & tenace; c'est conséquemment par le relâchement des vaisseaux, l'épaississement & l'acreté des liqueurs, que ces fievres, lorsqu'elles duren: long - tems, dégénerent quelquefois en maladies chroniques, telles que le scorbut, l'hydropisie, l'ictere, la leucophlegmatie, les tumeurs skirrheuses du bas - ventre, & autres maux qui en résultent.

Cause prochaine des fievres intermittentes. Après cette exacte discussion du cours des fievres intermittentes, on établit pour leur cause prochaine la viscosité du liquide artériel, & peut - être l'inaction des esprits, tant du cerveau que du cervelet, qui sont destinés pour le coeur, quand par quelque cause que ce soit, la contraction du coeur devient ensuite plus prompte & plus forte, & quand la résolution des humeurs qui sont en stagnation, vient à se faire. Par conséquent comme il n'est point de fievre intermittente qui ne garde cet ordre, il paroît que celui qui a pû surmonter le premier tems & la premiere cause, aura la force de supporter entierement le paroxysme.

Mais comme le premier état d'une fievre intermittente & sa cause prochaine peuvent venir d'une infinité de causes, même assez peu considérables, lesquelles peuvent plusieurs à la fois, prendre naissance au - dedans du corps, & y faire des progrès dans un état déterminé; nos foibles lumieres ne sauroient distinguer cette cause actuelle d'une infinité d'autres possibles, encore moins donner la raison du retour périodique des fievres, suivant les lois de l'économie animale. Ce sont des secrets que la nature se plaît à cacher à l'intelligence humaine.

Cure. Dans le tems de l'apyrexie, ou même dans le premier état de la fievre intermittente, on doit avoir recours aux apéritifs salins, aux alkalis, aux aromatiques, aux sels minéraux, aux délayans, aux matieres douces & balsamiques; la chaleur, le mouvement & les frictions conviennent aussi.

De plus, s'il s'est fait dans les premieres voies un grand amas de mauvaises humeurs, on les évacue par un purgatif ou souvent par un vomitif, pourvû qu'on le prenne dans un tems assez éloigné du paroxysme, pourvû qu'il fasse son effet avant son retour. Ce remede est indiqué par le régime qu'on a oblervé, par les maladies & les symptomes qui ont précédé, par les nausées, le vomissement, les rapports, le gonflement, par l'haleine, par les saletés qui paroissent sur la langue, au gosier, au palais, par l'anorexie, par l'amertume de la bouche, par le vertige ténébreux; après l'opération du purgatif ou du vomitif, il faut avant le retour de l'accès suivant, appaiser le trouble qu'il a pû causer, par le secours d'un opiat, d'un calmant, d'un narcotique.

On dissipe aussi & le froid de la fievre, & la fievre même, par un sudorifique; & voici comment. Quelques heures avant le retour de l'accès, on donne au malade une grande quantité de tisane apéritive, délayante, un peu narcotique: ensuite une heure avant le paroxysme, on le fait suér, & on ne cesse que deux heures après le teins que l'átces a recommencé, ou qu'il auroit dû reparoitre.

Le second état de la fievre intermittente indique la nécessité d'une boisson aqueuse, chaude, nitrée, un

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