ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"728"> humeurs & de leur évacuation fréquente & abondante, par les selles, les urines, la peau, & autres émunctoires du corps humain.

Ses signes. Elle se manifeste par une petite sueur, une chaleur acre, un pouls serré, la lassitude, des utines ordinairement troubles, pâles, & blanchâtres: la partie rouge du sang tirée par la saignée nageante dans un fluide très - abondant.

Ses effets. Les effets de cette fievre sont des sueurs continuelles & excessives, ou des déjections abondantes de matieres ténues sans puanteur; l'abattement des forces, la cachexie, l'hydropisie, l'émaciation du corps, le marasme, la corruption de toutes les humeurs saines, & la chaîne des autres maux qui en résultent.

Ses causes. Cette fievre reconnoît plusieurs causes, la transpiration empèchée après des exercices violens; l'usage trop long - tems continué des fondans; les poisons; le virus scorbutique; l'abondance de la bile qui resluant du foie, s'est mêlée dans le sang; la foiblesse des vaisseaux; la mauvaise qualité de l'air & des alimens Toutes ces causes peuvent produire la colliquation des humeurs, qui se trouve différente selon la différente nature du vice dominant de l'humeur qui tombe en fonte, acide, alkaline, acre, muriatique, huileuse, bilieuse, &c. Le sang est aussi susceptible de dissolutions glaireuses, putrides, occasionnées par des substances putrides, & des miasmes pernicieux.

Cure. La méthode curative consiste à opposer les remedes aux causes du mal. On corrigera les humeurs corrompues; on les évacuera modérément par l'organe convenable; on tâchera d'arrêter les progrès de la corruption par les anti - septiques; on tempérera les sueurs excessives par les opiates; on renforcera le corps par les stomachiques, les corroborans, l'exercice reglé, sans lequel l'usage de la diete blanche incrassante, ou autre régime contraire au caractere de la fievre colliquative, ne produiroit aucun effet.

Fievre colliquative putride (Page 6:728)

Fievre colliquative putride, voyez Synoque putride.

Fievre comateuse (Page 6:728)

Fievre comateuse, affection morbisique qui accompagne quelquefois la fievre, & qui consiste dans l'assoupissement, ou dans une envie continuelle de dormir, soit avec effet, soit sans effet.

Le comat febrile suppose dans tout le cerveau certaine disposition qui empêche l'exercice des sens & des mouvemens animaux. Cet empêchement peut procéder de ce qu'il ne vient pas au cerveau une assez grande quantité de sang artériel, ou de ce qu'il n'y circule pas librement; ou de ce que les esprits ne peuvent se séparer du sang dans les nerfs; ou enfin de ce que leur flux & leur reflux par les nerfs ne peut se faire.

Causes. Plusieurs causes différentes & souvent contraires, telles que sont toutes les évacuations ou replétions considérables; le trop grand épaississement du sang devenu gluant, gras, ou inflammatoire; le défaut d'action des solides, la dépravation putride des alimens, la suppression de l'urine, une bile acre ou autre matiere retenue dans l'estomac; enfin toutes les causes qui compriment la substance même du cerveau, quelles qu'elles soient, peuvent occasionner cette affection dans les fievres; elle peut être aussi l'effet de la compression des nerfs. Enfin le spasme des membranes du cerveau est peut - être sa cause la plus commune.

Réflexions sur ces causes. On comprend par ce détail, qu'un medecin doit bien faire attention aux signes qui peuvent manifester la cause particuliere de ce mal, avant que de déterminer quels remedes conviennent, & comment il faut les employer; car on est souvent obligé d'avoir recours à des choses contraires les unes aux autres; & souvent un assoupissement long & opiniatre, après qu'on a tout tenté inutilement, cesse enfin de lui - même, quand le pépasme de la fievre est achevé.

Cure. Ainsi les remedes seront dirigés & variés suivant la différence des causes. Les fomentations appliquées à la tête & au cou, le bain tiede des piés, les épispastiques, les frictions aux parties inférieures, les boissons délayantes, les alimens legers, les lavemens simples, conviennent en général. Si l'on voit les signes d'une grande inflammation, on traitera cette affection comme la maladie principale.

Observations pratiques. Les fievres épidémiques érésypélateuses, malignes, pétechiales, pourprées, qui produisent la corruption des humeurs, en changeant la nature des esprits, & en opprimant le cerveau, causent assez communément des affections comateuses accompagnées de péril. Leur méthode curative demande souvent la saignée, les lavemens réfrigérans ou purgatifs, les vésicatoires appliqués à la nuque du cou, les antiphlogistiques internes legerement astringens, &c.

L'affection comateuse a encore un danger plus considérable dans la fievre aiguë, ardente, inflammatoire, s'il ne survient au commencement de la maladie une crise par l'hémorrhagie, le cours de ventre, des urines abondantes & qui déposent, ou des parotides qui suppurent.

Les humeurs crues qui sont dégénérées par leur corruption, & devenues insuffisantes à fournir les esprits nécessaires, causent quelquefois des affections soporeuses avec ou sans fievre, comme dans les fcorbutiques, les cacochymiques, les valétudinaires, &c. Dans ce cas, la crudité doit être corrigée par les anti - scorbutiques, les stomachiques, les fortifians; & l'on ranimera les esprits par la respiration des sels volatils.

Si l'affection comateuse est produite dans la fievre par une évacuation considérable des regles, des vuidanges, il faut reprimer cette évacuation, soûtenir le bas - ventre par des bandages, & réparer les forces par des alimens convenables. Quand au contraire la suppression des évacuations cause une fievre comateuse, on la traitera par la saignée, les purgatifs, les vomitifs, &c. Mais si des narcotiques imprudemment donnés ont produit cet accident; il faut y remédier par des boissons acides.

On a remarqué que l'assoupissement arrive quelquefois dans le fort des redoublemens des fievres critiques, & qu'il est d'un présage fâcheux dans le tems du frisson: il est fort ordinaire dans les fievres malignes, la suette, & la peste.

Il faut toûjours bien distinguer l'assoupissement passager des assoupissemens opiniâtres dans les fievres: les premiers sont communs & ne présagent rien de fâcheux; les autres, au contraire, sont souvent funestes, parce qu'ils dépendent de quelque dérangement grave de l'organe des fonctions de l'ame.

Fievre compliquée (Page 6:728)

Fievre compliquée. On nomme ainsi toute fievre continue accompagnée de symptomes & de desordres considérables, qui troublent son méchanisme, & embarrassent extrèmement l'esprit du medecin, pour le traitement d'une telle fievre.

On impute presque toûjours à la fievre les funestes effets produits par la complication des accidens qui s'y joignent. Comme la fievre est le mal le plus apparent & le plus connu dans les complications des maladies aiguës, on lui attribue toutes les affections morbifiques qu'on y remarque: on fait plus; car lorsque la fievre elle - même n'est pas remarquable, la prévention habituelle fait supposer à quelques medecins une fievre sourde, une fievre cachée & insidieuse, à laquelle ils imputent, sans aucune [p. 729] raison, toutes les mauvaises dispositions du malade.

Cependant dans les affections morbifiques compliquées, qui paroissent avec la fievre, ce n'est pas ordinairement elle qui est le plus dangereuse, ni qui présente les indications les plus essentielles, ou les plus pressantes à remplir pour le soulagement & pour la sûreté du malade. Pour se représenter sensiblement cette vérité, il suffit de se rappeller les effets des poisons & des venins. Dans la morsure d'une vipere, par exemple, le venin qui s'insinue dans la playe cause une douleur fort vive, un engorgement inflammatoire & gangréneux à la partie blessée, des tremblemens, des convulsions, la fievre, des angoisses avec cardialgie, des vomissemens, le hoquet, la difficulté de respirer, l'abbattement, des syncopes, des éboüissemens, des sueurs froides, des urines sanguinolentes, la paralysie, des extravasations, des dissolutions de sang, des gangrenes en différente, parties: or, dans de telles complications, ce n'est pas la fievre, quoique souvent très - vive, qui est l'objet de l'attention du medecin; ce n'est pas elle qui lui fournit les indications qu'il doit remplir: il ne pense pas à l'éteindre; il songe à satisfaire à d'autres indications plus importantes.

Ainsi lorsque la fievre est compliquée avec d'autres affections très - dangereuses, il est essentiel de la distinguer de toutes les affections qui ont été produites avec elle par une même cause; & c'est la destruction de cette cause qui demande seule les secours de l'art. Mais lorsque dans les fievres il se présente différens symptomes compliqués qui tendent à produire des effets différens, les uns avantageux & les autres desavantageux en apparence, quelle conduite doit tenir le medecin dans cette complication? Je répons qu'il ne peut la prendre, cette conduite, que de son génie & de ses lumieres; elles seules lui indiqueront à distinguer le caractere des symptomes que la maladie lui présente; à saisir ses indications avec discernement; à prévenir les effets funestes, & à faciliter les effets salutaires.

Fievre continente (Page 6:729)

Fievre continente. On nomme fievre continente, toute fievre dont la durée s'étend au - delà de trente - six heures: c'est cette durée qui distingue la fievre continente de l'éphémere. Voyez Éphémere.

Fievre continue (Page 6:729)

Fievre continue, est celle qui est sans interruption depuis son commencement jusqu'à sa fin; elle reçoit quantité de noms d'après sa durée, ses complications, & les symptomes qui l'accompagnent: delà viennent tant de divers genres & especes de fievres établies par les medecins; & pour nous conformer à leur langage, nous avons suivi dans ce Dictionnaire les dénominations qu'ils leur ont données: on en peut voir les articles; car nous n'envisagerons dans celui ci que la cure de la fievre continue prise en général, simplement, & sans complications: ses causes & ses signes ont été exposés au mot Fievre.

Cure. La méthode curative des fievres continues simples consiste principalement dans l'administration de la saignée, de quelques remedes altérans, légerement apéritifs, & de la purgation. La diete austere & humectante qui y convient ordinairement, n'est pas même ignorée du vulgaire. Les tempérans légerement apéritifs, y sont continuellement indiqués, pour procurer, sur - tout par les urines, l'expulsion des sucs excrémenteux, produits en abondance par l'action accélérée des vaisseaux: aussi l'usage de ces remedes est - il assez généralement reconnu. La saignée est absolument nécessaire, pour peu que l'inflammation prédomine.

Les medecins ne s'accordent point sur l'administration de la purgation, dans la cure des fievres continues. Peut - être que ceux qui en bornent trop l'usa<cb-> ge, & ceux qui l'etendent trop loin, ne réussissent pas moins bien les uns que les autres, parce qu'il se rencontre autant de fievres où un grand usage de la purgation est funeste, qu'il y en a où il est nécessaire. Mais quoique des méthodes si opposées puissent être également salutaires, & cependant également pernicieuses, ceux qui se fixent à l'une ou à l'autre, n'en sont pas moins de très - mauvais medecin. Ce n'est pas par les succes, par les observations, ou les simples récits des cures de ces praticiens, qui réduisent mal les maladies & les indications, que l'on doit ici déterminer l'usage de la purgation: c'est en réunissant aux connoissances évidentes de la théorie une expérience exacte, complette & étendue, qu'on acquerra des lumieres pour décider sûrement cette question importante de la Medecine.

Observations de pratique. les fievres continues peuvent se diviser en fievres critiques, qui se terminent par coctions & par crises; & en fievres non - ctitiques, qui se terminent sans coctions & sans crises remarquables.

Les fievres continues qui ont des redoublemens tous les jours, parviennent difficilement à la coction, tant que ces redoublemens journaliers persistent, à moins que la cause de ces fievres ne soit entraînée par la voie des excrétoires; autrement elles dutent d'ordinaire fort long - tems. Dans quelques pays, on a presque toûjours recours à l'usage du quinqu na pour les guérir, quoique les habiles gens ayent remarqué que ce fébrifuge ne réussit point dans les fievres véritablement continues. Ceux qui emploveat ce remede lui attribuent par erreur des guérisons qui arrivent naturellement aux périodes critiques, & auxquelles il n'a aucune part: il peut à la vérité très - bien guerir les fievres intermittentes subintrantes; mais il ne faut pas les confondre avec celles qui n'ont aucune intermission dans les tems du relâcne.

La plus legere fievre continue est celle qui naît de crudités, ou de la transpiration arrêtée, dont la matiere est chassée par le mouvement fébrile. On la guérit par la boisson abondante, un peu échauffante & diaphorétique.

Les humeurs naturellement corrompues ou dégénérantes dans les gens foibles, âgés, cacochymes, scorbutiques, valétudinaires, produisent souvent chez eux une fievre continue, qui d'ordinaire devient rémittente: la cure exige de legers purgatifs, les anti - putrides, les stomachiques, & les corroborans.

Quelquefois au commencement de la constitution épidémique des intermittentes, il paroît des fievres continues qui ne doivent être considérées pour la méthode curative, que comme de vraies intermittentes. En général, toute fievre continue épidémique & endémique, veut être traitée d'après la connoissance de la constitution de l'air, de la saison, du climat, &c. mais la fievre continue qui procede d'une maladie particuliere aiguë ou chronique, comme du rhûmatisme, de la goutte, d'un abcès, d'une blessure, de la phthisie, de l'hydropisie, &c. doit être regardée comme symptomatique. Voyez Fievre symptomatique.

Le medecin qui voudra s'instruire complettement des fievres continues, étudiera sans cesse l'ouvrage de M. Quesnay.

Fievre continue rémittente (Page 6:729)

Fievre continue rémittente, est celle qui sans discontinuer, donne de tems en tems quelque relâche, & ensuite quelques redoublemens: comme sa cure est la même que pour la fievre continue, voyez Fievre continue.

Fievre critique (Page 6:729)

Fievre critique, est toute fievre continue qui se termine par coction purulente, & par crises.

On peut admettre trois sortes de fievres critiques, 1°. celles qui dépendent d'inflammations locales, dont la terminaison se fait par résolution; 2°. les

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