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Les fistules attaquent toutes les parties du corps; elles viennent en général de trois causes qu'il est important de bien discerner, si l'on veut réussir facilement à les guérir: ce sont, 1°. la transudation d'un fluide quelconque par la perforation d'un conduit excréteur, ou d'un reservoir destiné à contenir quelque liqueur: 2°. la présence d'un corps étranger: 3°. les chairs dures & calleuses d'une plaie ou d'un ulcere.
Les signes de l'écoulement d'un fluide à - travers les parties dont la continuité divisée le laisse échapper, sont sensibles par la seule inspection, à celui qui a des connoissances anatomiques. L'indication curative de ces sortes de fistules, consiste à déterminer le cours du fluide par les voies naturelles & ordinaires, en levant les obstacles qui s'y opposent; ou à former par l'art une route nouvelle à ce fluide. On remplit ces indications générales par des procédés différens, & relatifs à la structure différente des organes affectés, & aux diverses complications qui peuvent avoir lieu. C'est ce que je vais exposer dans la description du traitement qui convient à plusieurs especes de fistules comprises sous ce premier genre.
La fistule lacrymale est un ulcere situé au grand
angle de l'oeil, qui attaque le syphon lacrymal; &
qui l'ayant percé, permet aux larmes de se répandre
sur les joues. Voyez
La cause de cette maladie vient de l'obstruction du canal nasal; les larmes qui ne peuvent plus se dégorger dans le nez, séjournent dans le sac lacrymal, & s'y amassent en trop grande quantité. Si elles sont douces, & qu'elles conservent leur limpidité, elles crevent le sac par la seule force que leur quantité leur donne; si elles sont viciées, elles rongent le sac, ou plûtôt il s'enflamme & s'ulcere par l'impression du fluide, sans qu'il soit nécessaire qu'il y en ait un grand amas.
Pour prévenir la fistule lorsqu'il n'y a encore qu'une
simple dilatation du sac lacrymal par la retention
des larmes (voyez
La grande délicatesse & la flexibilité des filets dont nous venons de parler, ne permettent pas qu'on débouche par leur moyen le canal nasal obstrué ou fermé par des tubercules calleux, ou par des cica<cb->
Pour déboucher ce canal, il faut faire une incision
demi - circulaire à la peau & au sac lacrymal: il
faut prendre garde de couper la jonction des deux
paupieres, ce qui occasionneroit un éraillement.
Pour faire cette incision, le malade assis sur une
chaise, aura la tête appuyée sur la poitrine d'un aide,
dont les doigts seront entrelacés sur le front, afin
de la contenir avec fermeté; un autre aide tend les
deux paupieres en les tirant du côté du petit angle;
on apperçoit par - là le tendon du muscle orbiculaire;
c'est au - dessous de ce tendon qu'on commence l'incision
(
On a mis en usage depuis quelques années une méthode de traiter les maladies des voies lacrymales, on sondant le conduit des larmes par le nez, & en y plaçant à demeure un syphon, par lequel on fait les injections convenables. M. de la Forest, maître en Chirurgie à Paris, a donné sur cette opération, qu'il pratique avec succès, un mémoire inséré dans le second volume de l'académie royale de Chirurgie. M. Bianchi avoit sondé le conduit nasal dès l'année 1716. Il a donné à ce sujet une lettre qu'on lit dans le théatre anatomique de Manger. M. Bianchi a de plus reconnu la possibilité de faire des injections par le nez dans ce conduit; & M. Morgagni qui reprend cet auteur de l'opinion qu'il avoit sur la structure & sur les maladies des voies lacrymales, traite cette question dans la soixante - sixieme remarque de sa sixieme critique, & qu'il intitule ainsi ... De injectionibus per finem ductûs lacry nalis.
M. Bianchi soûtient qu'on sonde très - facilement le conduit nasal, parce que l'orifice inférieur de ce conduit a la forme d'un entonnoir. M. Morgagni prétend au contraire, que l'orifice du conduit nasal n'a pas plus de diametre que les points lacrymaux; de là il conclut, que loin qu'on puisse rencontrer aisément l'orifice du conduit nasal avec une sonde introduite dans la narine, on le trouve avec assez de peine dans une administration anatomique, lorsqu'après les coupes nécessaires, le lieu de son insertion est à découvert. J'ai trouvé le plus souvent les choses comme M. Morgagni assûre les avoir vûes; & j'ai observé quelquefois l'orifice inférieur du conduit nasal évasé en forme d'entonnoir, comme M. Bianchi dit l'avoir trouvé. J'ai expérimenté sur un grand nombre de cadavres l'usage de la sonde: il y en a sur lesquels je la portois avec la plus grande facilité dans le conduit nasal, & d'autres fois je n'y pouvois réussir. Or, comme rien n'indique les variations, qui font qu'on peut ou qu'on ne peut pas réussir à l'introduction de cette sonde, il s'ensuit que les tentatives sur le vivant peuvent être inutiles, qu'elles exposent les malades à des tatonnemens incommodes & douloureux; & faute de précautions & de ménagemens, on pourroit fracturer les lames spongieuses inférieures, ce qui seroit suivi d'acci<cb->
La fistule salivaire est un écoulement de salive à
l'occasion d'une plaie ou d'un ulcere aux glandes
qui servent à la seerétion de cette humeur, ou aux
canaux excréteurs par lesquels elle passe. On sit dans
les Mémoires de l'académie royale des Sciences, année
1719, qu'un soldat a qui un coup de sabre sur la joue
avoit divisé le conduit salivaire de Stenon, resta
avec une petite fistule, par laquelle chaque fois qu'il
mangeoit, il sortoit une abondance prodigieuse de
salive, jusqu'à moüiller plusieurs serviettes pendant
les repas, qui n'étoient pas fort longs. On observe le
même symptome dans la fistule de la glande parotide.
Cette remarque est de grande conséquence dans la
pratique; car les moyens qui suffisent pour guérir
cette seconde espece de fistule salivaire seroient absolument
sans effet pour la guérison de celle qui attaque
le canal de Stenon. Ambroise Paré, célebre
chirurgien, rapporte l'histoire du soldat blessé d'un
coup d'épée au - travers de la mâchoire supérieure,
ce sont les termes de l'anteur. Quelques précautions
qu'on eût prises pour la réunion de cette plaie, il
resta un petit trou dans lequel on auroit à peine pû
mettre la tête d'une épingle, & dont il sortoit une
grande quantité d'eau fort claire, lorsque le malade
parloit ou mangeoit: Paré est parvenu à guérir radicalement
cette fistule, après l'avoir cauterisée jusque
dans son fond avec de l'eau forte, & y avoir
appliqué quelquefois de la poudre de vitriol brûlé.
La situation de la fistule, & le succès de ce traitement,
qui auroit été insuffisant, & même préjudiciable
dans la perforation du canal salivaire, montre
que l'ecoulement de la salive venoit dans ce cas
de la glande parotide. Fabrice d'Aquapendente fait
mention de l'écoulement de la salive à la suite des
plaies des joues. Je ne sai, dit - il, d'où ni comment
sort cette humeur; mais pour tarir une humidité si
copieuse, il a appliqué des compresses trempées
dans les eaux thermales d'Appone, & des cérats puissamment
dessicatifs. Ces moyens n'auroient été d'aucune
utilité pour l'ulcere fistuleux du canal de Stenon. L'expérience & la raison nous permettent de
croire que Munniches n'a jugé que par les apparences
trompeuses de l'écoulement de la salive sur la
joue, lorsqu'il assûre avoir guéri radicalement & en
peu de jours, la fistule de ce conduit, après en avoir
détruit la callosité avec un caustique. Comment en
effet l'application d'un tel remede, qui aggrandissoit
l'ulcere du canal excréteur, pourroit - elle empêcher
le passage de l'humeur, dont l'écoulement
continuel est une cause permanente & nécessaire de
fistule? il est certain que dans les cas dont je viens
de donner le précis, c'étoit la glande parotide qui
fournissoit la matiere sereuse qui entretenoit la fistule.
M. Ledran ayant ouvert un abcès dans le corps de
la glande parotide, ne put parvenir à terminer la
cure; il restoit un petit trou qui laissoit sortir une
grande quantité de salive, sur - tout lorsque le malade
mangeoit. M. Ledran appliqua sur l'orifice de
cette fistule un petit tampon de charpie trempé dans
de l'eau - de - vie; il le soutint par quatre compresses
graduées, voyez Next page
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