ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Juste, on t'estimera; sincere, tu seras crû; sobre, le sobriété écarte la maladie; prudent, la fortune te suivra.

Cours au desert, mon fils, observe la cicogne; qu'elle parle à ton coeur: elle porte sur ses aîles son pere âgé, elle lui cherche un asyle, elle fournit à ses besoins.

La piété d'un enfant pour son pere, est plus douce que l'encens de Perse offert au soleil, plus délicieuse que les odeurs qu'un yent chaud fait exhaler des plaines aromatiques de l'Arabie.

Ton pere t'a donné la vie, écoute ce qu'il dit, car il le dit pour ton bien; prête l'oreille à ses instructions, car c'est l'amour qui les dicte.

Tu fus l'unique objet de ses soins & de sa tendresse, il ne s'est courbé sous le travail que pour t'applanir le chemin de la vie; honore donc son âge, & fait respecter ses cheveux blancs.

Songe de combien de secours ton enfance a eu besoin, dans combien d'écarts t'a précipité le feu de ta jeunesse, tu compatiras à ses infirmités, tu lui tendras la main dans le déclin de ses jours.

Ainsi sa tête chauve entrera en paix dans le tombeau; ainsi tes enfans à leur tour marcheront sur les mêmes pas à ton égard ».

Voyez aussi l'article Enfant (Morale,) où l'on entre dans de plus grands détails. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fils (Page 6:804)

Fils (beau.) Jurisp. & Belles - Lettres, terme d'affinité. Le beau - fils est le fils du mari ou de la femme sorti du premier mariage de l'un ou de l'autre: nous disions autrefois fillâtres, & nous avons eu tort d'appauvrir notre langue de ce terme expressif.

Il me rappelle que des interpretes d'Horace supposant que l'on ne dît en latin privignus, ou privigna, que d'un enfant du premier lit, fils ou fille dont le pere ou la mere sont décédés après avoir passé à de secondes nôces, accusent le poëte latin d'un pléonasme ridicule dans ses deux vers de l'Ode XXIV. liv. III. où est l'éloge des anciens Scythes.

Illîc matre carentibus Privignis mulier temperat innocens.

Mais les critiques dont je veux parler, n'ont pas pris garde que suivant les lois romaines, il pouvoit y avoir des privigni dont le pere ou la mere étoient encore en vie; ce qui arrivoit dans le cas du divorce; cas où le mari s'étant séparé de sa femme, comme la loi le lui permettoit, & ayant épousé une seconde femme, les enfans du premier mariage étoient privigni à l'égard de la seconde femme, quoique leur mere fût vivante. Ainsi Tibere Néron ayant cédé Livie à Auguste, Drusus fut privignus à Auguste.

Cette remarque est de M. Aubert dans Richelet, & elle leve une difficulté que la seule science de la langue latine ne peut résoudre sans la connoissance des lois romaines. M. Dacier, admirateur d'Horace, soûtient à la vérité, que privignis & matre carentibus, sont deux expressions différentes qui ne disent point la même chose, mais il n'explique pas en quoi & comment ces deux expressions different, & c'est précisément ce qu'il falloit prouver aux censeurs pour leur fermer la bouche. Article de M. le Chevavalier de Jaucourt.

Fils (Page 6:804)

Fils des dieux (Mythol.) La dénomination de fils des dieux ou enfans des dieux,, est aussi confuse qu'étendue dans l'histoire fabuleuse. C'est nettoyer les étables du roi Augias, que de travailler à débroüiller ce cahos. Je me bornerai donc aux principales applications de ce terme, rassemblées d'après l'abbé Banier dans le Dictionnaire mythologique.

1°. Tous les enfans du concubinage des princes mis ensuite au rang des dieux, comme de Jupiter & de quelques autres qui eurent plusieurs femmes pendant leur vie, étoient tout autant d'enfans ou de fils des dieux.

2°. On a donné souvent le nom de fils des dieux à plusieurs personnages poétiques; comme quand on dit que l'Acheron étoit fils de Cérès, l'Amour fils de la Pauvreté, l'Echo fille de l'Air, les Nymphes filles. d'Acheloüs, & une infinité d'autres.

3°. Ceux qui furent les imitateurs des belles actions des dieux, & qui excellerent dans les mêmes arts, passerent pour leurs fils, comme Esculape, Orphée, Linus, &c.

4°. Ceux qui se rendoient fameux sur la mer, étoient regardés comme les enfans de Neptune; ceux qui se distinguoient dans la guerre, étoient des fils de Mars, comme Thésée, Oenomaüs, &c.

5°. Ceux dont le caractere ressembloit à celui de quelque dieu, passoient aussi pour leurs fils. Etoiton éloquent? on avoit Apollon pour pere; fin & rusé? on étoit fils de Mercure.

6°. Ceux dont l'origine étoit obscure, étoient réputés enfans de la terre, comme les géans qui firent la guerre aux dieux, Tagès inventeur de la divination étrusque.

7°. La plûpart des princes & des héros, qui ont été déïfiés, avoient des dieux pour ancêtres, & passoient toûjours pour en être les fils.

8°. Ceux qu'on trouvoit exposés dans les temples ou dans les bois sacrés, étoient fils des dieux, à qui ces bois étoient consacrés; ainsi Erictonius passa pour fils de Minerve & de Vulcain.

9°. Quand quelque prince avoit intérêt de cacher un commerce scandaleux, on ne manquoit pas de donner un dieu pour pere à l'enfant qui en naissoit; ainsi Persée passa pour fils de Jupiter & de Danaé; Romulus pour fils de Mars & de Rhéa; Hercule pour fils de Jupiter & d'Alcmène.

10°. Ceux qui étoient nés du commerce des prêtres avec les femmes qu'ils subornoient dans les temples, étoient sur le compte des dieux dont ces prêtrès - étoient ministres. La Mythologie a tout divinisé. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fils de Dieu (Page 6:804)

Fils de Dieu, (Théol.) Cette expression est employée fréquemment dans les Ecritures; on dispute fortement sur le sens qu'elle y reçoit, les Gatholiques y attachant des significations que les Ariens, les Nestoriens, les Sociniens & plusieurs autres hérétiques contestent.

Nous allons recueillir les divers sens dont cette expression est susceptible, ou que lui ont donné les Théologiens des diverses sectes & des diverses communions.

1°. On trouve appellés du nom de fils de Dieu, d'enfans de Dieu dans les Ecritures, ceux qui font la volonté de Dieu, qui le craignent & l'aiment comme leur pere, & qu'il aime comme ses enfans, qu'il adopte par sa grace, &c. C'est en ce sens que les anges, les saints, les justes & les chrétiens sont appellés fils de Dieu, enfans de Dieu.

2°. Quelques théologiens hétérodoxes prétendent que Jesus - Christ est appellé Fils de Dieu, parce qu'il étoit envoyé de Dieu, parce qu'il étoit le Messie. Ils prétendent que dans la langue des écrivains sacrés, & dans la croyance générale du peuple juif sur la venue du Messie, Fils de Dieu étoit synonyme de Messie. On conçoit bien qu'en donnant ce sens à l'expression Fils de Dieu, par exclusion aux significations plus amples que les Théologiens catholiques y attachent, on s'écarte de la doctrine catholique; mais si on ne prétendoit pas exclure ces significations, & si on y met quelques restrictions, la proposition pourroit souffrir un sens favorable. En effet, il n'y a nul inconvénient à dire que les Juifs, avant la prédication des apôtres; que les malades qui s'approchoient [p. 805] pour la premiere fois de Jesus - Christ pour obtenir leur guérison; que le centution romain qui vit mourir Jesus - Christ, en lui donnant le nom de Fils de Dieu, n'avoient pas toutes les idées que nous avons de cette qualité, & qui lui appartiennent.

3°. On pourroit appeller fils de Dieu, un pur homme qui auroit reçû immédiatement son existence hors des voies ordinaires de la génération, parce qu'en ce cas Dieu lui - même suppléeroit par sa puissance à l'union des deux sexes: c'est en ce sens qu'Adam est appellé fils de Dieu, qui fuit Dei.

Il y a eu des hérétiques qui niant la divinité de Jesus - Christ, & ne refusant pas de croire qu'il étoit né d'une Vierge, le regardoient comme Fils de Dieu dans ce même sens - là. Telle étoit l'opinion d'un certain Théodotus dont parle Tertullien, de proescript. versùs finem: Doctrinam introduxit, dit ce pere, quâ Christum hominem tantùm diceret, Deum autem illum negaret, ex Spiritu quidem sancto natum ex Virgine, sed hominem solitarium atque nudum nullo alio proe coeteris nisi solâ justitioe authoritate.

Dans la doctrine de cet hérétique, & dans ce troisieme sens, Adam & Jesus - Christ sont fils de Dieu d'une maniere bien plus parfaite que dans les deux premieres acceptions: on pourroit même dire qu'ils sont fils de Dieu naturels, par opposition à l'adoption des saints; mais cette acception du mot fils de Dieu entendue par exclusion des autres sens que nous allons rapporter, est tout - à - fait opposée à la doctrine catholique.

4°. Dans la doctrine catholique, le Verbe ou la seconde Personne de la Trinité, est Fils de Dieu, fils de la premiere Personne, par la voie d'une génération éternelle.

5°. Dans la doctrine catholique, J. C. homme - Dieu est Fils de Dieu, par l'union faite en lui de la nature humaine à la nature divine dans la seconde Personne de la Trinité, qui est elle - même Fils de Dieu, & Verbe engendré de toute éternité.

Nous verrons plus bas une sixieme signification de l'expression fils de Dieu; mais nous allons faire encore quelques observations sur celles - ci, après que nous aurons remarqué deux autres sens plus généraux qu'elle peut recevoir.

Le nom de fils peut être pris dans le sons propre & naturel, ou dans un sens impropre & métaphorique: un enfant adopté n'est pas fils de celui qui l'adopte, dans le sens propre & naturel.

De - là naissent les contestations entre les hérétiques qui nient la divinité de Jesus - Christ, & les Catholiques: ceux - là prétendant que l'expression Fils de Dieu appliquée à Jesus - Christ, ou même appliquée au Verbe, ne sauroit être entendue que dans un sens impropre & métaphorique; & ceux - ci soûtenant au contraire qu'elle doit être prise dans le sens propre & naturel.

Dans le dogme catholique, Jesus - Christ est Fils de Dieu au sens propre & naturel. Cette filiation naturelle ne peut pas être entendue de celle que nous avons remarquée à la troisieme signification. En effet, cette troisieme signification peut fonder une filiation naturelle, par opposition à la premiere & à la seconde, comme nous l'avons dit; mais par comparaison à la quatrieme & à la cinquieme, elle ne sauroit être appellée propre & naturelle.

Ces deux dernieres significations de l'expression de Fils de Dieu appliquée à J. C. dans les Ecritures, ne peuvent être niées que par les hérétiques qui refuseroient de reconnoître la divinité du Verbe, comme les Ariens, les Sociniens; ou par ceux qui nieroient l'union hypostatique de la nature humaine dans J. C. avec la personne du Verbe, comme les Nestoriens: voyez ces trois articles.

De - là il suit que les Théologiens catholiques, pour établir la légitimité de ces deux explications qu'ils donnent à l'expression Fils de Dieu appliquée à J. C. sont obligés d'établir la divinité du Verbe & l'union hypostatique, &c. Voyez sur le premier de ces objets l'article Trinité, & sur le dernier, Incarnation.

Ces deux renvois que nous sommes obligés de faire pour traiter ces matieres en leur lieu, & pour éviter les redites, nous dispensent d'exposer ici & les raisons sur lesquelles se fondent les Théologiens catholiques dans leurs assertions, & les difficultés qu'y opposent les hétérodoxes.

J'ai parlé plus haut d'un sixieme sens que pouvoit recevoir l'expression de Fils de Dieu; nous allons nous occuper de cet objet.

Dans ces derniers tems, le P. Berruyer, jésuite, dans des dissertations latines qu'il a placées à la fin de son histoire du peuple de Dieu, depuis la naissance du Messie, a soûtenu que l'expression fils de Dieu en beaucoup d'endroits du nouveau Testament, devoit être entendue dans un sixieme sens distingué de ceux dont nous avons fait mention. Comme son opinion a fait du bruit, & qu'elle tient bien directement à l'objet de cet article, nous croyons devoir nous y arrêter un peu. Nous allons donc faire un petit exposé du système de ce pere, que nous accompagnerons de quelques remarques.

Cet auteur commence par établir avec les Théologiens catholiques, que le Verbe est Fils de Dieu par la voie d'une génération éternelle, & que J. C. est Fils de Dieu en vertu de son union hypostatique avec le Verbe, c'est - à - dire qu'il reconnoît hautement la légitimité de ces deux sens que les Théologiens catholiques donnent à l'expression fils de Dieu, en combattant les Ariens, les Sociniens, les Nestoriens, &c. C'est la quatrieme & la cinquieme signification parmi celles que nous avons remarquées.

Mais il croit que dans les Ecritures la dénomination de Fils de Dieu appliquée à J. C. ne reçoit pas toûjours l'un ou l'autre de ces deux sens, & qu'elle signifie quelquefois l'union de la nature humaine à la nature divine faite dans la personne de J. C. par Dieu, considéré non plus comme pere, comme engendrant le Verbe de toute éternité, mais comme subsistant en trois personnes, agissant au dehors, ad extrà, & unissant l'humanité de J. C. avec une personne divine.

Ceci a besoin d'être éclairci; & pour le faire, nous allons tâcher d'écarter autant que nous pourrons les termes de l'école que le P. Berruyer a prodigués, & qui ne présenteroient pas des idées assez nettes au commun de nos lecteurs. Mais il faudra qu'on nous permette de les employer quelquefois; & nous nous excuserons avec Melchior Canus, sur ce que ipsoe scholasticoe res formas dicendi scholasticas trahunt, & quoe vocabula scholarum consuetudo diuturna trivit, ea latini nobis condonare debent.

Pour bien entendre le P. Berruyer, il suffira de saisir les différences de la signification qu'il donne à l'expression Fils de Dieu, d'avec la quatrieme & la cinquieme de celles que nous avons expliquées.

Dans le quatrieme sens, le Verbe est Fils de Dieu par sa génération éternelle; dans le cinquieme, Jesus - Christ est Fils de Dieu par l'union faite en lui de la nature humaine avec la seconde Personne de la Trinité, avec le Fils de Dieu éternel; dans le sixieme sens, Jesus - Christ est Fils de Dieu par l'union de la nature humaine avec une personne divine, considérée simplement comme divine, & non point précisément comme la seconde.

Dans le quatrieme sens, la génération est éternelle; dans le cinquieme & dans le sixieme, elle s'opere dans le tems.

Dans le quatrieme & dans le cinquieme sens, en appellant le Verbe Fils de Dieu, & Jesus - Christ Fils

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