ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"802"> longueur, largeur & profondeur; 4°. la substance qui les accompagne ou leur sert d'enveloppe.

La direction d'un filon n'est autre chose que sa situation relativement aux quatre points cardinaux du monde; cette direction est tantôt du septentrion au midi, tantôt du midi au septentrion, tantôt de l'orient à l'occident, ou de l'occident à l'orient, ou àpeu - près. C'est par la direction des différentes couches de roche ou de pierre, dont une montagne est composée, qu'on voit quelle peut être celle des filons qui s'y rencontrent; cependant comme cette regle n'est point invariable, le moyen le plus sûr pour déterminer la direction d'un filon, c'est d'avoir recours à une boussole des mines, que les Allemands romment berg - compass, garnie d'une aiguille aimantée, & sur laquelle est un cercle partagé en 24 parties égales, qu'on nomme heures. Voyez l'art. Géométrie souterreine. On observera cependant que les Minéralogistes regardent comme les plus avantageux, les filons qui ont la même direction que les bancs de pierre qui les environnent. Il ne faut pas s'imaginer qu'un filon dans sa direction, décrive exactement une ligne droite qui réponde précisément à tels ou tels points de l'univers; mais de même que les rivieres, ils font plusieurs détours, & sont remplis de sinuosités, & quelquefois de coudes occasionnés par les fentes des montagnes, par les roches sauvages & autres obstacles qu'ils ont rencontrés dans leur chemin.

La seconde chose qu'on considere dans les filons, c'est leur chûte ou leur situation relative à l'horison. En effet ils sont diversement inclinés, & selon que leur inclinaison est plus ou moins sensible, les Mineurs allemands leur donnent différens noms; on la détermine au moyen du quart de cercle. L'inclinaison d'un filon n'est pas toûjours la même dans tout son cours: on en voit quelquefois qui tomboient presque perpendiculairement, prendre tout - d'un - coup une inclinaison plus horisontale; alors on dit que le filon remonte; ou bien un filon qui marchoit presque suivant une ligne horisontale, descend tout - d'uncoup plus perpendiculairement, & pour lors on dit que le filon s'enfonce. La partie du filon qui approche le plus près de la surface de la terre, se nomme la tête du filon, & la partie qui s'enfonce dans le sein de la terre, s'appelle la queue. C'est un principe qu'on regarde comme très - constant dans la Minéralogie, que plus les filons sont perpendiculaires à l'horison & s'enfoncent en terre, plus ils sont riches & abondans, sur - tout quand ils sont parvenus à une profondeur assez grande pour être toûjours environnés d'eau qui défend le minéral qui y est contenu, du contact de l'air & de ses vicissitudes. Cependant il en résulte de très - grands inconvéniens; en effet lorsqu'un filon est parvenu à une grande profondeur & qu'il est noyé dans l'eau, il est très - difficile & quelquefois même impossible de le suivre, & souvent l'on est forcé d'abandonner le travail d'une mine au moment où le filon devient le plus abondant. A l'égard des filons qui marchent horisontalement & qui sont proches de la surface de la terre, ils sont ordinairement pauvres, & les minéraux qui y sont contenus sont plus exposés à se détruire, s'évaporer, & se décomposer.

Quant à la force d'un filon, c'est sa longueur, largeur & profondeur qui la constituent; elle varie infiniment, non - seulement dans les différens filons qui se trouvent dans les entrailles de la terre, mais elle n'est pas même constante dans un seul & même filon. Il y a des filons qui sont d'une longueur très - considérable, & qui après avoir été interrompus dans leur cours par une vallée, une riviere ou un ravin, se retrouvent quelquefois plus riches qu'auparavant, à une lieue ou même à deux lieues de - là. D'autres filons au contraire ne s'étendent pas fort loin, & se perdent très - promptement. Pour ce qui est de la largeur du filon, elle n'est pas la même par - tout; en certains endroits elle n'aura, par exemple, qu'un pouce, tandis que dans d'autres elle aura plusieurs piés, & même plusieurs toises. Quand un filon se renfle dans quelques - unes de ses parties, les Mineurs disent qu'il prend du ventre.

Il arrive quelquefois que les filons, au lieu de suivre un cours déterminé comme celui des rivieres ou des ruisseaux, semblables à des étangs ou lacs, s'étendent considérablement à droite & à gauche, & forment des especes de bancs ou de lits dans le sein des montagnes, qui varient pour la profondeur & l'inclinaison; les filons de cette espece se nomment filons dilatés: d'autres fois ces filons formeront comme un abysme ou masse énorme de substance metallique & minérale, d'une largeur & profondeur considerable; pour lors on les appelle venoe cumulatoe, filons en masses. Voyez Agricola, de re metallicâ, lib. III.

Ces deux especes de filons en reçoivent d'autres, ou qui les traversent, ou qui viennent y porter leur richesse & se confondre avec eux, de même que les petits ruisseaux qui se déchargent dans des lacs ou des étangs. On sent aisément combien il est avantageux que les mines se trouvent ainsi disposées.

Les filons ne sont point de la même richesse dans toutes leurs parties: il y en a qui dans certains endroits seront solides, compacts, & parfaitement remplis de minéral, tandis que dans d'autres on trouvera le minéral répandu dans la terre par morceaux détachés de différentes grandeurs; c'est ce que quelques naturalistes appellent minera nidulans; les Allemands les nomment nieren, rognons: ou bien les filons seront remplis de pierres stériles, poreuses & spongieuses; c'est ce que les mineurs d'Allemagne appellent donner dans des drusen. Voyez l'article Drusen. Quelquefois dans quelques endroits du filon, on ne rencontrera au lieu de minéral, que des fluors ou crystallisations de différentes couleurs, ou même des terres blanches, jaunes, bleues, rouges, &c. qui sont les débris du minéral qui a été détruit & décomposé, par les exhalaisons minérales, par les eaux & les autres causes qui agissent dans le sein de la terre: quand ces cas arrivent, les Mineurs disent qu'ils sont venus trop tard.

Pour ce qui est du minéral contenu dans un filon, il n'est pas par - tout de la même espece, & ne donne pas les mêmes produits dans les travaux de la Docimasie & de la Metallurgie. Souvent un filon dont le minéral est pauvre, s'enrichit tout - d'un - coup, parce que les fibres ou vénules viennent lui apporter ce qui lui manquoit, ou bien parce qu'un autre filon viendra se joindre à lui; mais d'un autre côté, souvent ces venules ou filons qui viennent s'y joindre, loin d'enrichir le filon auquel ils s'unissent, contribuent à sa destruction par les eaux auxquelles ils donnent passage; & par les substances arsénicales, sulphureuses & nuisibles qu'ils lui viennent apporter, diminuent la qualité du minéral qu'il contenoit auparavant, en le rendant plus difficile à traiter, plus aisé à se dissiper dans le feu, plus réfractaire, &c.

On voit encore des filons qui fournissoient beaucoup, aller en diminuant se partager en un grand nombre de fibres ou vénules, & enfin se perdre & se réduire à rien.

Il arrive quelquefois à un filon de manquer toutd'un - coup, pour lors il semble tranché par une roche dure & sauvage qui en interrompt entierement le cours: il paroît que ce phénomene doit être attribué à l'affaissement qui a pû arriver à une portion de la roche dont est composée la montagne où se trouve le filon; révolution qui a dû déranger le cours du filon, & empêcher sa continuité; dans ce cas les Mineurs sont obligés de percer cette roche dure, pour [p. 803] retrouver leur filon qui est de l'autre côté; ou bien si ce travail est trop pénible & trop coûteux, on tâche d'aller rechercher de l'autre côté, sans percer la roche, l'autre portion du filon; mais pour la retrouver sans donner à faux, il faut beaucoup d'usage & d'expérience, & faire attention aux différentes couches de la montagne & aux changemens qui ont dû y arriver pour causer la perte d'une portion du filon.

La rencontre d'une roche dure ne coupe pas toûjours un filon; quelquefois elle se contente de lui faire former des coudes, ou bien elle le partage en deux ou plusieurs branches, qui dans de certains cas se réunissent de nouveau, & pour lors la roche forme comme une île environnée par les deux bras du filon.

Il n'est pas rare de trouver dans une même montagne plusieurs filons contenant quelquefois des minéraux de différentes especes; ordinairement ils ne sont pas tous de la même force, & communément il y en a un qui est plus considérable, que l'on nomme filon principal, les autres s'appellent filons concomitans ou accompagnans. Les filons principaux ont plusieurs avantages sur les moindres; en effet ils ne sont pas si facilement interrompus dans leurs cours par les roches dures ou autres obstacles qui se rencontrent, leurs dimensions sont plus considérables, leur direction n'est pas si sujette à varier, & la matiere qu'ils contiennent est plus constante. Lorsqu'il se trouve plusieurs filons dans une même montagne, ils sont quelquefois paralleles les uns aux autres, & ils suivent chacun leurs directions sans se troubler dans leur cours. Mais il arrive aussi fréquemment qu'ils se croisent & se coupent les uns les autres à différers angles. Plusieurs viennent quelquefois se réunir dans un même point, se séparent ensuite de nouveau, & chacun continue à suivre sa premiere direction. Dans de certains cas on voit deux ou plusieurs filons se joindre pour n'en former qu'un seul, & les substances que contiennent ces différens filons, se mêlent & se confondent: dans d'autres cas, les filons ne font que se joindre sans que leurs substances se confondent; par exemple, un filon qui contient de la mine de plomb, s'associera avec un filon qui contient de la mine de cuivre, & tous les deux coureront à côté l'un de l'autre pendant un espace assez considérable.

Enfin les Mineurs font attention à la sabstancc qui sert immédiatement d'enveloppe aux filons; les minéralogistes allemands la nomment salband; cette écorce ou enveloppe sert à contenir le minéral, & le sépare de la roche stérile & non - metallique, dont la montagne est composée. Quelquefois cette enveloppe est une substance pierreuse, d'autres fois c'est un limon ou gris, ou bleuâtre. ou jaunâtre, qu'on nomme besteck en allemand; les Mineurs regardent ce limon comme un bon signe, qui leur annonce un filon riche & abondant. La partie de la roche qui couvre le filon, se nomme le toît, tectum. Celle sur laquelle le filon est soûtenu, se nomme le sol, fundamentum. Quant à l'origine & à la formation des filons metalliques, voyez les articles Exhalaisons minérales, Mineralisation, Mines, Metal , &c. ( - )

FILOUSE ou QUENOUILLE (Page 6:803)

FILOUSE ou QUENOUILLE, terme de Corderie. Voyez les articles, Corderie & Quenouille.

FILOSELLE (Page 6:803)

FILOSELLE, s. f. (manufacture en soie,) espece de grosse soie très - commune, qui se fabrique avec la bourre de la bonne soie, & celle qui se tort des cocons de rebut. Voyez l'article Soie.

FILS (Page 6:803)

FILS, s. m. (Grammaire) qui exprime la relation qu'un enfant mâle a avec son pere & sa mere, voyez Pere.

Les enfans du roi d'Angleterre sont appellés fils & filles d'Angleterre, voyez Roi.

Le fils aîné est en naissant duc de Cornoüaille, & crée prince de Galle, voyez Prince.

Les puinés sont appellés cadets.

Les enfans des rois de France étoient anciennement appellés fils & filles de France, & les petitsenfans, petits - fils & petites - filles de France; mais à présent, les filles sont appellées, Mesdames; la fille défunte de M. le Dauphin s'appelloit aussi Madame.

Fils adoptif (Page 6:803)

Fils adoptif. Voyez les articles Adoptif & Adoption.

Fils de Famille (Page 6:803)

Fils de Famille, en pays de droit écrit, est un enfant ou petit - enfant, qui est en la puissance de son pere, ou ayeul paternel.

Les filles qui sont soûmises à cette même puissance, sont aussi appellées filles de famille, & comprises sous le terme général d'enfans de famille.

Les fils & filles de famille ne peuvent point s'obliger pour cause de prêt, quoiqu'ils soient majeurs; leurs obligations ne sont pas valables, même après leur mort, suivant le Senatus - consulte macédonien.

Ils ne peuvent tester, même avec la permission de leur pere, si ce n'est de leur pécule castrense ou quasi castrense.

Le pere joüit des fruits des biens du fils de famille, excepté de ceux de son pécule, & dans quelques autres cas que l'on expliquera au mot Puissance paternelle.

Tout ce que le fils de famille acquiert appartient au pere, tant en usufruit qu'en propriété.

Le pere ne peut faire aucune donation entre - vifs & irrévocable au fils de famille, si ce n'est par contrat de mariage.

Lorsque le pere marie son fils étant en sa puissance, il est responsable de la dot de sa belle - fille.

L'émancipation fait sortir le fils de famille de la puissance paternelle; le pere qui émancipe son fils, avoit autrefois pour prix de son émancipation, le tiers des biens en propriété; mais au lieu de cela, Justinien lui a donné la moitié en usufruit; il a aussi l'usufruit d'une portion virile des biens maternels qui échéent au fils de famille depuis son émancipation, voyez Émancipation.

En pays coûtumier, où la puissance paternelle n'a pas lieu, on entend par fils de famille les enfans mineurs quine sont point mariés, & qui vivent sous la dépendance de leurs pere & mere.

Les fils de famille mineurs de 25 ans ne peuvent; soit en pays de droit écrit, soit en pays coûtumier, contracter mariage sans le consentement de leurs pere & mere, tuteurs & curateurs.

Les majeurs de 25 ans peuvent se marier; mais pour se mettre à couvert de l'exhérédation, il faut qu'ils fassent préalablement à leurs pere & mere trois sommations respectueuses, & les garçons ne peuvent faire ces sommations avant l'âge de 30 ans. Voyez Mariage.

Voyez au Digeste & aux Instituts le titre de his qui sui vel alieni juris sunt: le titre du digeste, de senatusconsult. macedoniano; & aux instit, le titre de patriâ potestate, & de filio familias minore; la novelle 117, ch. j. la novelle 118, ch. ij. (A)

Fils (Page 6:803)

Fils (Morale.) La relation du fils au pere, entraîne des devoirs qu'il doit nécessairement remplir, & dont le tableau laconique tracé d'un style oriental, par l'auteur du Bramine - inspiré (The inspir'd Bramin. London 1755 in - 8°. 6. édit.) vaudra mieux que tout ce que je pourrois dire d'une maniere didactique.

« Mon fils (dit ce bramine) apprens à obéir, l'obéissance est un bonheur; sois modeste, on craindra de te faire rougir.

Reconnoissant; la reconnoissance attire le bienfait; humain, tu recueilleras l'amour des hommes.

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