ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"720"> gué parmi les peintres, s'il n'avoit eu l'imbécillité de laisser dans ses plus beaux ouvrages des fautes grossieres, afin de modérer les loüanges qu'une trop grande perfection pouvoit lui attirer. Mais Varchi (Benoist) natif de cette ville, s'est acquis de la considération par ses poésies italiennes & par d'autres écrits. Il mourut à Florence en 1566, âgé de 63 ans. Long. 28d. 59'. Lat. 43d. 44'. (D. J.)

FIEVRE (Page 6:720)

FIEVRE en général, s. f. (Medec.) febris, PURE/TOZ; maladie universelle très - fréquente, qui en produit plusieurs autres, cause la mort par sa violence & ses complications, procure aussi très - souvent une heureuse guérison, & est quelquefois salutaire par elle - même.

Nature individuelle de la fievre. La nature de la fievre est si cachée, qu'on doit prendre garde de se tromper en la recherchant; ce qui peut aisément arriver, à cause du grand nombre d'affections accidentelles dont elle est fréquemment accompagnée, & sans lesquelles cependant elle peut exister, & existe effectivement.

Pour éviter l'erreur, il faut envisager uniquement les symptomes qui sont inséparables de toutes especes de fievres, & pour lors on pourra parvenir à connoître la nature individuelle de la fievre. Aujourd'hui qu'on a saisi cette sage méthode, en écartant les hypothèses, fruits de l'intempérance de l'esprit, on est convaincu que c'est l'augmentation de la vîtesse du jeu des arteres qui constitue la fievre, & que la chaleur qui accompagne cette maladie, est l'effet de l'action accélérée des vaisseaux. La cause prochaine de la vélocité du pouls, est une plus fréquente contraction du coeur; c'est donc l'effort que fait la vie, tant dans le froid que dans la chaleur, pour éloigner la mort.

Puisque la fievre consiste dans l'excès de l'action organique des arteres, c'est - à - dire dans cette action accélérée au - delà de l'état naturel, on peut, pour marquer toute l'étendue de son méchanisme, la définir avec M. Quesnay, une accélération spasmodique du mouvement organique des arteres, qui est excitée par une cause irritante, & qui augmente la chaleur du corps au - delà de celle de l'état naturel. Nous disons que dans la fievre l'accélération du mouvement des arteres est spasmodique, pour la distinguer de la simple accélération du pouls & de l'augmentation de chaleur excitées par des mouvemens véhémens du corps, qui s'exercent volontairement & sans altérer la santé.

Symptomes de la fievre. Les vrais symptomes ou les dépendances essentielles & inséparables dans toute fievre dont le méchanisme s'exerce librement, sont 1°. l'accélération de la vîtesse du pouls; 2°. celle de la force du pouls; 3°. le surcroît de chaleur; 4°. l'augmentation du volume du pouls; 5°. la respiration plus prompte; 6°. le sentiment pénible de lassitude qui s'oppose aux mouvemens du corps.

Les trois premiers symptomes peuvent être regardés comme les symptomes primitifs de la fievre, desquels les trois autres résultent; & quant au sentiment pénible de lassitude, il n'est sensible qu'aux malades même, le medecin ne le connoît que par leur récit. Ajoûtons que quoiqu'il n'y ait point de fievre dans lesquelles ces six symptomes ne se rencontrent, cependant la vîtesse du pouls est la seule chose qu'on observe en tout tems de la fievre, depuis le commencement jusqu'à la fin. Si le contraire arrive, c'est que la fievre n'est pas simple, & qu'elle est troublée par d'autres affections étrangeres, qui s'opposent à ses opérations salutaires.

Je n'ose mettre le frisson au rang des symptomes inséparables de la fievre, parce que cette maladie peut s'allumer & subsister indépendamment d'aucun frisson, sans qu'elle soit alors une maladie incomplete. Il est bien vrai que la fievre existe avec le frisson, & qu'elle naît pour ainsi dire avec lui, mais c'est qu'alors la fievre n'a pas encore acquis son état parfait, puisqu'elle est au contraire empêchée par une autre affection spasmodique toute opposée, qui subsiste jusqu'à ce qu'elle l'ait dominée & dissipée.

Cours de la fievre. Quoi qu'il en soit, voici le cours de presque toute fievre qui procede des causes internes. Elle commence d'abord par un sentiment de froid & d'horripilation, lequel est plus grand ou plus petit, a plus ou moins de durée, est interne ou externe, selon les divers sujets, les différentes causes & la différente nature de la fievre. Alors le pouls devient fréquent, petit, quelquefois intermittent; la pâleur, la rigidité, le tremblement, le froid, l'insensibilité saisissent souvent les extrémités; on voit succéder ensuite une chaleur plus ou moins grande, qui dure peu ou beaucoup de tems, interne, externe, universelle, locale, &c. enfin dans les fievres intermittentes, ces symptomes se calment & se terminent par une parfaite apyrexie.

Affections morbifiques accidentelles à la fievre. Plusieurs medecins ont entierement défiguré le caractere essentiel & individuel de la fievre, en y joignant diverses affections morbifiques qui se trouvent quelquefois, mais non toûjours, avec la fievre, & qui par conséquent ne constituent point son essence. Les affections morbifiques dont je veux parler, sont les contractions, la foiblesse, les irrégularités du pouls, les angoisses, la débilité, les agitations du corps, les douleurs vagues, la grande douleur de tête, le délire, la sueur, l'assoupissement, l'insomnie, le vertige, la surdité, les yeux fixes ou hagards, le vomissement, le hoquet, les convulsions, la tension du ventre, des hypochondres, l'oppression, les exanthèmes, les aphthes, la soif, le dégoût, les rots, le froid, le tremblement, l'ardeur, la sécheresse, la couleur pâle & plombée de la peau, les mauvaises qualités des urines, leur suppression, le diabetes, les sueurs immodérées, la diarrhée, les hémorrhagies, &c.

Mais quelque nombreuses, foibles ou considérables que soient ces affections morbifiques, elles ne naissent point de la fievre; elles sont produites par différentes causes, qui sont même opposées au méchanisme de la fievre; par conséquent on doit les regarder comme des symptomes étrangers à cette maladie. Les medecins qui ont voulu les établir comme des signes pathognomiques de la fievre, n'ont fait qu'introduire une multitude d'erreurs pernicieuses dans la pratique de la Medecine.

Causes de la fievre. La cause prochaine de la fievre reconnoît elle - même une infinité d'autres causes immédiates, qu'on peut néanmoins diviser en causes particulieres à chaque cas, & en causes communes à plusieurs. Les dernieres dépendent ordinairement de l'air, des alimens, d'un genre de vie commun, & on les nomme causes épidémiques.

Les causes particulieres peuvent se réduire à neuf ou dix classes capitales; 1°. aux mixtes sensibles qui renferment naturellement des hétérogenes qui nous sont pernicieux; je rapporte à cette classe les remedes actifs employés à contre tems ou à trop grande dose, car ils peuvent exciter ou augmenter la fievre, & produire d'autres accidens plus fâcheux; ce sont même de véritables poisons entre les mains des medecins qui suivent de fausses routes dans la cure des maladies.

2°. Aux matieres acres prises en aliment, en boissons, en telle abondance qu'elles irritent, sussoquent, obstruent & se corrompent. Nos alimens sont même exposés à être dépravés, lorsqu'ils sont reçûs dans l'estomac & dans les intestins.

3°. A l'application extérieure de matieres acres qui piquent, corrodent, déchirent, brûlent, enflamment.

[p. 721]

4°. Aux mauvaises qualités de l'air par son insection, son intempérie, sa pesanteur, sa legereté, ses variations subites, &c.

5°. Aux vices de régime, comme sont l'intempérance dans l'usage des alimens, les grandes abstinences, les exercices outrés, la vie trop sédentaire, le déreglement des passions, l'inconfinence, les veilles immodérées, l'application excessive de l'esprit, &c. Le tempérament ou la complexion du corps peu capable de soûtenir les exces, occasionne aussi la fievre.

6°. A la contagion, qui dans certain cas produit par le contact, la respiration & les exhalaisons, des fievres putrides, rougeoliques, scorbutiques, hectiques, dyssentériques, &c.

7°. Aux desauts des excrétion, & des secrétions.

8°. A la suppression lente ou subite des excretions ou évacuations accoûtumées, par quelque cause que ce soit.

9°. Aux maladies qui sont elles - mêmes des causes de maladies. Ainsi les inflammations des parties nerveuses procurent la fievre.

Enfin toutes les causes qui produisent en nous quelque lésion, & les lésions elles - mêmes, peuvent produire la fievre; mais la puissance de l'art ne s'étend pas jusqu'aux hetérogenes fébriles, lorsqu'ils sont confondus avec nos humeurs; la nature seule a le pouvoir de les dompter dans les fievres continues; la Medecine n'est capable que de remédier quelquefois aux dérangemens ou aux obstacles qui s'opposent à la défense de la nature, & qui peuvent la faire succomber.

Essets généraux de la fievre. L'expulsion, la propulsion plus prompte des liqueurs, l'agitation des humeurs qui sont en stagnation, le mélange, la confusion de toutes ensemble, la résistance vaincue, la coction, la secrétion de l'humeur digérée, la crise de la matiere qui en irritant & en coagulant, avoit produit la fievre, le changement des humeurs saines en une nature propre à supporter ce à quoi le malade étoit le moins accoûtumé, l'expression du pus liquide, l'épaississement du reste, la soif, la chaleur, la douleur, l'anxiété, la foiblesse, un sentiment de lassitude, de pesanteur, l'anorexie, sont les effets de la fievre.

Périodes de la fievre. On en distingue quatre périodes: son commencement, son augmentation, son état & son declin; mais comme ce sont des choses fort connues, passons aux différentes marieres dont la fievre se termine.

Terminaison de la fievre. La fievre se termine de trois manieres différentes; ou elle cause la mort, ou elle dégénere en une autre maladie, ou elle se guérit.

La fievre cause la mort, lorsque les solides se détruisent par la violence qu'ils souffrent, ou lorsque le sang est tellement vicié, qu'il bouche les vaisseaux vitaux, ou ceux qui doivent porter de quoi réparer la déperdition. C'est ainsi que la fievre produit dans les visceres nobles, tels que le coeur, le poumon & le cervelet, l'inflammation, la suppuration, la gangrene, ou des aphtes dans les premieres voies.

Elle dégénere en une autre maladie, quand elle cause une si grande agitation, que les vaisseaux en sont endommagés, & qu'à force de dissiper les parties les plus fluides des humeurs, elle épaissit le reste; ou quand elle n'a pas la force de résoudre par elle - même la matiere coagulée; ou lorsqu'elle dépose la matiere critique dans certains vaisseaux obstrués, dilatés ou rompus. De - là des taches rouges, des pustules, des phlegmons, des bubons, la parotide, la suppuration, la gangrene, le sphacele, &c.

La fievre se guérit, 1°. toutes les fois qu'elle peut d'elle même dompter sa cause matérielle, la rendre mobile, & l'expulser par les voies de l'insensible transpiration; il fant en même tems que son mouve<cb-> ment se calme, & que la circulation se rétablisse dans toute sa liberté: 2°. lorsque la matiere morbifique, domptée & devenue mobile, n'est pas parfaitement saine, de sorte qu'elle empêche l'égale distribution des fluides, & irrite les vaisseaux, ce qui occasionne quelqu'évacuation sensible, avec laquelle cette matiere est expulsée hors du corps; comme par des sueurs, des crachats, des vomissemens, des diarrhées, & des urines qui surviennent après la coction: 3°. la matiere de la maladie domptée, résolue, devenue mobile par l'action de la fievre même, assimilée de nouveau aux humeurs saines, circule avec elles sans produire aucune crise, ni d'autres maux.

Pour bien connoitre la terminaison des fievres, il faut observer leur nature, leur commencement, & leur progres.

Prognosties. Plus une fievre s'écarte de son cours ordinaire, & moins le présage devient favorable: d'un autre côté, moins il faut de tems pour résoudre la lenteur, & pour calmer l'irritation de l'accéleration du pouls, plus la fievre est douce & salutaire, & réciproquement au contraire. Toute fievre qui a été mal gouvernée, devient plus opiniâtre & plus difficile à guérir, que si elle eût été abandonnée à elle - même. Le malade dont la fievre se dissipe naturellement, aisément & sans remede, joüit pour lors d'une meilleure santé qu'au paravant.

On tire auss. différens présages de toutes les asfections morbifiques qui peuvent accompagner la fievre; par exemple, du spasme & de ses especes, du coma, du délire, de la prostration des forces, de la déglutition, de la respiration, de l'état du basventre, des hypochondres, des lassitudes, des angoisses, de la chaleur, du froid, des tremblemens, des urines, du vomissement, du slux de ventre, des déjections sanguines & putrides, des sueurs, des pustules inflammatoires, des douleurs locales, des aphthes, &c. mais nous n'entrerons point dans ce détail qui est immense, & qui a été savamment exposé par M. Quesnay; le lecteur peut y avoir recours.

Cure. Pour parvenir à la meilleure méthode de traiter toutes les fievres, & à leur cure générale, 1°. il faut pourvoir à la vie & aux forces du malade: 2°. corriger & expulser l'acrimonie irritante: 3°. dissoudre la lenteur & l'évacuer: 4°. calmer les symptomes.

On ménage la vie & les forces du malade par des alimens & des boissons fluides, aisés à digérer, qui résistent à la putréfaction, & qui sont opposés à la cause connue de la fievre: on donne ces alimens dans le tems & la quantité nécessaire; ce qu'on regle sur l'âge du malade, son habitude, le climat qu'il habite, l'état & la véhémence du mal.

On corrige l'acrimonie irritante par les remedes opposés à cette acrimonie; on l'expulse par les vomitifs, les purgatifs, ou de simples laxatifs. Si le corps irritant qui donne la fievre étoit étranger, on l'ôtera promptement. & on fomentera la partie lésée par des matieres mucilagineuses, douces, anodynes, un peu apéritives.

On dissout la lenteur par divers remedes, dont le principal est la fievre même, modérée, de façon à pouvoir dissiper la viscosité. On y parvient aussi en diminuant le volume du sang par la saignée, ou en augmentant son mouvement par des irritans. Enfin l'on rend aux matieres visqueuses leur fluidité par les diluans, les sels, les fondans & les frictions.

Quand on a détruit la cause fébrile, les symptomes ou accidens qui accompagnent la fievre cessent avec elle; s'ils peuvent subsister avec la fievre sans danger, ils demandent à peine une cure particuliere. Quand ils viennent des efforts de la nature

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.