ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Feux d'Artifice (Page 6:640)

Feux d'Artifice, (Artificier.) on comprend sous ce nom tout ce qui s'exécute en général dans les fêtes de nuit, par le moyen de la poudre, du salpetre, du soufre, du charbon, du fer, & autres matieres inflammables & lumineuses. Nous traiterons d'abord de ces différentes matieres.

De la préparation des matieres, & de l'outillage.

Article I. Des matieres dont on compose les feux. Le salpetre, le soufre, le charbon, & le fer, sont presque les seules matieres dont on fasse usage dans l'artifice; leurs différentes combinaisons varient les effets & la couleur des feux: ces couleurs consistent en une dégradation de nuances du rouge au blanc, le brillant, & un petit bleu clair. On a fait beaucoup d'expériences pour trouver d'autres couleurs; mais aucune n'a réussi: les matieres les plus propres à en donner, & qui en produisent naturellement lorsqu'on les fond, comme le zink, la matte de cuivre, & autres minéraux, n'ont aucun effet, dès qu'elles sont mêlées avec le soufre & le salpetre; leur feu trop vif détruit dans ces matieres le phlogistique qui donnoit de la couleur.

Il y a bien une composition qui produit une belle slamme verte, lorsque l'on brûle quelque matiere, telle que du papier, du linge, ou de minces coupeaux de bois qui ont trempé dedans; elle se fait avec demi - once de sel ammoniac & demi - once de verd - de - gris, que l'on met dissoudre dans un verre de vinaigre: mais comme elle ne résiste point au feu du salpetre & du soufre, on n'en fait aucun usage dans l'artifice.

Art. II. Du salpetre. Le salpetre pour l'artifice, comme pour la poudre, doit être de la troisieme cuite; la premiere cuite le forme, & les deux autres le purifient: on le pile, ou, ce qui est encore plus commode, on le broye sur une table de bois dur avec une molette de bois, & on le passe au tamis de soie; plus il est fin & plus son effet est grand.

Le salpetre par lui - même incombustible ne brûle que lorsqu'il est mêlé avec des matieres qui contiennent un soufre principe, ou ce que les Chimistes nomment phlogistique, propre à diviser ses parties & à les mettre en mouvement; tels sont le soufre commun, la limaille de fer, l'antimoine, le charbon de bois, &c. Cette derniere matiere y convient mieux que toute autre; puisqu'il suffit pour enflammer le [p. 641] salpetre, de le toucher avec un charbon ardent; le phlogistique du charbon qui le pénetre, développe, & met en action l'air & la matiere ignée que le salpetre contient, d'où suit l'inflammation; elle est plus ou moins subite, à proportion que les parties de salpetre sont pénétrées par plus de côtés à la fois de ce principe inflammable qui les fond & les réduit en vapeurs, & que les ressorts de l'air qu'elles renferment peuvent se débander & agir en même tems: c'est leur action simultanée qui fait l'explosion; elle est l'effet du mélange intime du charbon avec le salpetre. La trituration rend ce mélange plus parfait; & le grainage de la poudre que l'on en compose en accélere l'inflammation, en multipliant ses surfaces; & c'est de la force de l'air subitement dilaté, unie à celle du fluide réduit en vapeurs, que résulte la force de la poudre.

Le charbon de bois est la seule matiere que l'on connoisse qui mêlée au salpetre puisse produire l'explosion: un fer rouge fond le salpetre sans l'enflammer; il contient cependant ce soufre principe qui dans la limaille fait brûler le salpetre mis en fusion; mais il est trop enveloppé pour agir: il faudroit un degré de feu assez fort pour opérer comme dans la limaille, un commencement de calcination nécessaire à son développement.

Art. III. Du soufre. Le soufre le plus jaune est le meilleur; il est communément bon tel qu'il se trouve chez les marchands: s'il étoit trop gras, ou s'il contenoit quelques impuretés, il faudroit le faire fondre & le passer par un gros linge.

Le soufre ajoûte de la force au mélange du salpetre avec le charbon, jusqu'à un certain point, qui sera indiqué à l'article ci - après; & passé ce point, il affoiblit les compositions dans lesquelles on le fait entrer, & ne sert que pour les faire brûler lentement, & pour donner au feu une couleur claire & lumineuse. Il n'est pas d'une nécessité indispensable de faire entrer le soufre dans la composition de la poudre; on peut en faire sans cette matiere, mais elle a moins de force, quoiqu'également inflammable.

Les fusées volantes & les jets composés sans soufre & seulement de salpetre & de charbon, réussissent très - bien.

Article IV. Du charbon. Tout charbon de bois est propre à l'artifice; & s'il y a quelque différence pour les effets entre les diverses especes, elle n'est guere sensible que par la couleur que certains bois, comme le chêne, donnent un peu plus rouge; cependant on préfere communément le bois tendre & leger, tel que le saule. On doit seulement observer que comme le bois tendre donne un charbon plus leger, qui fait, à poids égal, un volume de près du double, étant au charbon de bois dur dans la proportion de 16 à 9, il en faut diminuer le poids, non dans cette proportion, mais seulement d'un huitieme. Celui dont on s'est servi pour les compositions d'artifice données dans ce mémoire, étoit fait de bois de hètre, qui est du nombre des bois durs.

Le bois que l'on destine à faire du charbon doit être bien sec & dépouillé de son écorce; on le brûle soit dans la cheminée, soit dehors; & à mesure qu'il se fait de la braise, on l'étouffe daus un vaisseau fermé, comme font les Boulangers. Lorsqu'elle est entierement éteinte, on ôte la cendre qui y est attachée, en la remuant dans un crible jusqu'à ce qu'elle devienne noire. La dose de charbon & de soufre qui doit donner le plus de force au salpetre, n'est pas la même pour l'artifice que pour la poudre.

Dans la poudre, la trituration tient lieu d'une partie de cette dose de charbon & de soufre; c'est - à - dire, qu'il en faut moins que dans les compositions d'artifice, pour lesquelles il suffit de méler les matieres.

Pour l'artifice, la plus grande force que le charbon seul & sans soufre puisse donner au salpetre, est six onces de charbon de bois dur, ou cinq onces deux gros de charbon de bois tendre, sur la livre de salpetre, en le supposant d'une grosseur moyenne; car s'il étoit sort gros ou fort fin, il en faudroit une plus grande ou une moindre quantité; il en est de même des autres matieres. Du soufre étant ajoûté à cette dose en augmente la force jusqu'à la quantité de deux onces: mais elle augmentera davantage si en ajoûtant ces deux onces de soufre, on réduit la dose du charbon de bois dur à cinq onces. Ainsi la dose qui fait la composition la plus forte est de cinq onces de charbon & de deux onces de soufre, sur la livre de salpetre, poids de seize onces.

Pour la poudre, on trouvera à l'article qui suit la dose de charbon & de soufre qui peut donner le plus de force au salpetre, dans la trituration & le grainage de ces matieres, qui en les divisant en plus petites parties qu'elles ne peuvent l'être dans l'artifice, les multiplient en quelque sorte, & obligent d'en diminuer la quantité. On broye le charbon sur une table, comme il a été dit pour le salpetre, & on le passe par le tamis qui lui est propre. Le soufre se prépare de même.

Art. V. De la poudre. La poudre s'employe dans l'artifice; ou grainée, pour faire crever avec bruit le cartouche qui la renferme; ou réduite en poudre qu'on nomme poussier, dont l'effet est de fuser, lorsqu'il est comprimé dans un cartouche.

On l'employe encore en pâte; pour faire de l'amorce & de l'étoupille.

Pour la réduire en poussier, on la broye sur une table avec une molette de bois, & on la passe par le tamis de soie le plus fin; on met à part ce qui n'a pû passer, pour s'en servir à faire les chasses des pots à feu, c'est ce qu'on nomme relien. Cette poudre à moitié écrasée est plus propre à cet usage que la poudre entiere, dont l'effet est trop prompt pour que la garniture que la chasse doit jetter puisse bien prendre feu.

L'auteur de ce mémoire voulant connoître la meilleure proportion des matieres pour composer la poudre, a fait des essais graduels, oû partant du premier degré de force que le charbon seul & le charbon joint au soufre peuvent donner au salpetre, jusqu'au terme où la force de la poudre commence a diminuer par la trop grande quantité de ces matieres, ces essais lui ont donné les résultats ci - après.

1°. Le charbon seul & sans soufre étant joint au salpetre, en augmente la force jusqu'à quatre onces de charbon de bois tendre, sur une livre de salpetre; & la poudre faite dans cette proportion donne à l'éprouvette neuf degrés. Elle s'enflamme assez subitement dans le bassinet du fusil, pour faire juger que le soufre ne contribue point ou contribue très - peu à l'inflammation dans la poudre ordinaire. Si cette poudre, comme on le présume, avoit assez de force pour l'usage de l'artillerie, elle auroit l'avantage de donner beaucoup moins de fumée que la poudre ordinaire, & de ne causer aucune altération à la lumiere des canons; le soufre étant ce qui produit ces deux mauvais effets, la fumée & l'évasement des lumieres.

2°. Du soufre ayant été ajoûté par degrés aux doses de salpetre & de charbon ci - dessus, les essais qui ont été faits ont augmenté en force jusqu'à une once; & à cette dose, la poudre a donné quinze degrés.

3°. La dose du charbon ayant été diminuée d'autant pesant qu'on y a ajouté de soufre, c'est - à - dire cette poudre composée de

                         Liv. Onc. G.
 Salpetre, .  .  .  .  .  .  1          0           0
 Charbon,  .  .  .  .  .  .  0          3           0
[p. 642]

 Soufre;   .  .  .  .  .  .  0           1          0
a donné dix - sept degrés.

4°. Ayant comparé cette poudre à dix - sept degrés avec des poudtes faites dans les proportions qui en approchent le plus, elle les a surpassées en force, & de même les poudres faites, suivant les proportions les plus en usage en Europe & en Chine.

Celle d'Europe composée de 2 on. 5 gr. 1. tiers charbon & 2 on. 5 gr. 1. tiers soufre sur une livre de salpetre, n'ayant que 11 degrés.

Et celle de Chine, composée de trois onces de charbon & de deux onces de soufre, sur la livre de salpetre, que 14 degrés.

Ces essais sur la poudre ont été faits avec du charbon de bois de coudre, dont on fait usage en Allemagne. En France, on préfere le charbon de bois de bourdaine, & en Chine le charbon de saule. Ces trois especes different peu entr'elles pour la qualité, & c'est moins à l'espece de charbon qu'à la dose de cette matiere que l'on doit attribuer le plus ou le moins de force des différentes poudres.

                             TABLE DES ESSAIS
Qui ont indiqué la meilleure proportion pour composer la poudre.
Numeros                 MATIERES                Degrés de
des Dont on a composé les poudres d'essai. force
Essais. Salpetre. Charbon. Soufre. a l'éprouvete.
                  Essais pour connoître si l'on peut faire de la
                    poudre sans soufre, & quelle est la quantité
                    de charbon qui peut donner le plus de force
                    au salpetre.
        liv. onc. gr. liv. onc. gr. liv. onc. gr.
                                                                                                                        Fuse sans ex 
    1 ...  1           0          0           0           1           0          0           0           0 .... 0 ...    plosion.
     2 ...  1           0          0           0           2           0          0           0           0 .... 3 ...  Fait exple 
    3 ...  1           0          0           0           3           0          0           0           0 .... 5        sion.
     4 ...  1           0          0           0           3           4          0           0           0 .... 7
     5 ...  1           0          0           0           4           0          0           0           0 .... 9
     6 ...  1           0          0           0           4           4          0           0           0 .... 8
     7 ...  1           0          0           0           5           0          0           0           0 .... 6
                  Le numero 5. ayant donné le degré le plus
                    fort, on a ajoûté du soufre à la dose de ce n°.
                    pour connoître si cette matiere peut en aug 
                   menter la force, & jusqu'à quelle quantité.
     8 ...  1           0          0           0           4           0          0           0           4 ... 11
     9 ...  1           0          0           0           4           0          0           1           0 ... 15
    10 ...  1           0          0           0           4           0          0           1           4 ... 14
    11 ...  1           0          0           0           4           0          0           2           0 ... 12
                  Le numero 9. ayant donné le degré le plus fort,
                    on a essayé de retrancher du charbon sans
                    diminuer le soufre, jugeant que la poudre en
                    seroit plus forte, & il s'est trouvé qu'elle a
                    augmenté de force jusqu'au numero 13.
    12 ...  1           0          0           0           3           4          0           1            0 ... 16
    13 ...  1           0          0           0           3           0          0           1            0 ... 17
    14 ...  1           0          0           0           2           4          0           1            0 ... 14
    15 ...  1           0          0           0           2           0          0           1            0 ... 10
                  Comparaison du numero 13. avec les propor 
                   tions qui en approchent le plus, pour s'assû 
                   rer que la dose de ce n°. est la plus forte.
    16 ...  1           0          0           0           3            0         0           1            4 ... 15
    17 ...  1           0          0           0           3            0         0           0            4 ... 13
    18 ...  1           0          0           0           2            0         0           2            0 ... 13
    19 ...  1           0          0           0           2            4         0           1            4 ... 14
                  Autre comparaison du numero 13. avec les
                    poudres faites suivant les proportions les plus
                    en usage en Europe & en Chine.
                            Poudre d'Europe.
    20 ...  1           0          0           0           2            5 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] 0    2            5 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] ... 11
                            Poudre de Chine.
    21 ...  1           0          0           0           3            0         0           2            0 ... 14

Il a été fait le 12 Février 1756 au moulin à poudre d'Essaune, des épreuves sur les poudres numéros 5, 13, & 20, qui y avoient été fabriquées la veille.

Ces épreuves ont été faites avec l'éprouvete d'ordonnance qui est un mortier de sept pouces, lequel avec trois onces de poudre doit jetter à 50 toises un [p. 643] globe de cuivre de 60 livres pour que la poudre soit recevable; & leur produit moyen a été, savoir

A trois onces.
                                            Toises.    Piés.
  Poudre ordinaire de guerre prise dans
le magasin. .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 76                2
  N°. 20. fait dans la même proportion 
de matieres que la poudre ci - dessus. 74                4
  N°. 13 .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 78                4
  N°. 5  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 79                1

A deux onces.
  N°. 5  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 35                2
  N°. 20 .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 39                1
  N°. 13 .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 41                3

Il rêsulte de ces épreuves, que la poudre n°. 13 (qui est celle que les essais mentionnés en la table ci - dessus ont indiqué pour être la meilleure proportion des matieres) est plus forte que celle n°. 20. dont on fait usage en France.

Et que la poudre sans soufre n°. 5. augmente de force à proportion qu'on en augmente la quantité par comparaison à une pareille quantité d'autre poudre, puisqu'à trois onces elle a surpassé les poudres de comparaison auxquelles à deux onces & au - dessous elle étoit inférieure.

A juger de ces poudres par les épreuves ci - dessus, il paroît que celle n°. 13. qui a conservé dans les épreuves en petit comme en grand la supériorité sur le n°. 20. sera très propre pour le fusil, & que celle n°. 5. qui gagne dans les épreuves en grand, conviendra mieux pour l'artillerie que la poudre ordinaire, puisqu'avec une plus grande force elle donne moins de fumée, & qu'elle ne causera point, ou très - peu d'altération à la lumiere des canons.

Comme il y a aussi un maximum à atteindre pour le tems que la poudre doit être battue relativement à la pesanteur de matieres que contient le mortier, & à la pesanteur du pilon au - dessus & au - dessous duquel la poudre est moins forte, il est très - nécessaire de le connoître, & de porter ses attentions sur beaucoup d'autres objets qui, quelque petits qu'ils paroissent, ne laissent pas de contribuer à la bonté & perfection de la poudre.

Art. VI. Du fer. La limaille de fer, & encore mieux celle d'acier, parce qu'elle contient plus de soufre, donne un feu très - brillant dans l'artifice. On en trouve communément de toute faite chez les ouvriers qui travaillent le fer. Il ne faut prendre que la plus nouvelle, celle qui seroit rouillée ne donneroit que peu ou point de brillant. L'artifice dans lequel il en entre ne peut guere se conserver que six jours; le salpetre qui la ronge & la détruit, lui fait perdre chaque jour de son brillant.

On est redevable au pere d'Incarville, jésuite de Pekin, d'une préparation de fer dont les Chinois se servent pour former leur feu brillant, & pour représenter des fleurs.

Cette préparation, dont jusqu'à présent on avoit fait un secret, consiste à reduire la fonte de fer en assez petites parties, pour que le feu de la composition dans laquelle on fait entrer cette matiere puisse la mettre en fusion. Chaque partie, en se fondant, quoiqu'elle ne soit guere plus grosse qu'une graine de pavot, donne une fleur arge de douze à quinze lignes, d'un feu très - brillant, & la forme des fleurs est variée, suivant la qualité de la fonte, & suivant la figure & la grosseur des grains, qui, s'ils sont ronds, plats, oblongs, triangulaires, &c. donnent des fleurs d'autant d'especes différentes.

Cette matiere, que le pere d'Incarville nomme sable de fer, se fait avec des vieilles marmites ou tels autres ouvrages de fonte, assez mince pour pouvoir être cassés & réduits en sable sur une enclume; & comme malgré leur peu d'épaisseur, on auroit encore beaucoup de peine à les écraser, on facilite cette opération, en faisant rougir la fonte à un feu de forge, & en la trempant toute rouge dans un bacquet d'eau fraîche; cette trempe la rend plus cassante. Elle se casse mieux aussi lorsque l'enclume & le marteau sont de fonte: on étend des draps autour de l'enclume pour que le sable ne se perde point, & l'on a soin qu'il ne s'y mêle aucune ordure. Quand on a une certaine quantité de sable, on le passe d'abord par un tamis très - fin pour en ôter une poussiere inutile, on le passe ensuite par des tamis de différentes grosseurs pour en faire six ordres differens, depuis le plus fin jusqu'à la grosseur d'une graine de rave. On met à part chaque espece, & on les conserve dans un endroit bien sec, pour les garantir de la rouille. Si la trempe donne de la facilité à réduire la fonte en sable, ce n'est pas sans y causer quelque altération, & l'on remarque une différence sensible entre les fleurs que donne celle ci avec celle de la fonte neuve non trempée, qui sont beaucoup plus grosses & plus brillantes; elle se conserve aussi plus long - tems sans être altérée par la rouille, la difficulté est de la casser; cependant lorsqu'elle est fort mince l'on en vient à bout, & même on pourroit s'en épargner la peine, en la faisant écraser sous un marteau de forge.

La petite grenaille de fer, dont on se sert pour tirer avec le fusil, se casse aisément sans être trempée, & donne un très - beau feu; il s'en trouve même d'assez petite pour être employée en grain.

Comme cette matiere n'a d'effet qu'autant qu'elle se met en fusion, & qu'il faut un plus grand feu pour fondre le gros sable que pour le fin, on observera d'y proportionner la grosseur des cartouches & même la dose des matieres, qui forment le feu, dont il faut ralentir l'effet, en augmentant la dose du soufre, à proportion que l'on l'employe de plus gros sable, pour que le feu agisse plus long - tems dessus. On trouvera ces proportions dans les recettes des différentes compositions de feu chinois, qu'on trouvera ailleurs.

On peut connoitre l'effet du sable fin sans aucune préparation d'artifice. Il ne s'agit que d'en jetter une pincée sur la flamme d'une chandelle; il se fond en la traversant & donne des fleurs. On essaye la limaille de la même maniere; comme elle contient moins de soufre que la fonte, elle ne donne que des étincelles semblables à celles que rend l'acier, lorsqu'on le frappe avec un caillou.

L'artifice dans lequel il entre du sable de fer, ne se conserve que depuis huit jours pour le petit, jusqu'à quinze jours pour le plus gros, à cause du salpetre qui le ronge & le détruit. Il seroit à souhaiter que l'on trouvât quelque moyen pour le préserver de son action.

Art. VII. Du carton. Le carton propre à l'artifice, se nomme carte de moulage. Il est fait de plusieurs feuilles de bon papier gris pour le milieu, & blanc pour l'extérieur, collées ensemble avec de la colle de farine; il doit être assez mince pour que l'on puisse le rouler commodément pour en former le cartouche. Il suffit d'en avoir de trois épaisseurs, savoir de trois feuilles pour les petites fusées, jusque & compris celles de dix - huit lignes de diametre; de cinq feuilles pour celle d'au - dessus, & de huit feuilles pour les pots à aigrettes. On se sert de grandes brosses de poil de porc pour faire ce collage; quand on a deux cents cartons de collés, on les met en presse entre deux planches bien unies, & au défaut de presse on charge les planches avec quelque chose de pesant. Après que les cartons ont été six heures en presse, on les met sécher, en les suspendant à des cordes avec des crochets de fil de laiton. [p. 644] On perce avec un poinçon chaque feuille dans deux de ses coins pour passer les crochets qui doivent la suspendre; & quand les feuilles sont bien seches, on les remet encore en presse pour ôter la courbure qu'elles ont pû prendre en séchant.

La colle pour le carton & pour le moulage se fait avec de la fleur de farine de froment: il faut la bien détremper dans de l'eau, & l'ayant mise sur le feu, on la fait bouillir jusqu'à ce qu'elle ait perdu son odeur de farine; on la passe ensuite par un tamis de crin, dans lequel on la manie pour diviser les grumeaux & ôter tout ce qui pourroit faire quelque bosse au carton dans le collage.

Le pere d'Incarville, ci - devant cité pour la maniere de faire des fleurs dans l'artifice, nous a aussi appris que les Chinois, pour obvier aux accidens du feu, mettent dans la colle des cartouches, de l'argille & du sel commun, ce qui les empêche de prendre feu: ce procédé dont on a fait l'essai est fort bon; on a seulement trouvé que l'alun convient mieux que le sel marin, en ce qu'il n'attire pas l'humidité comme fait ce sel, & qu'il est également incombustible; le carton doit être fait avec la même colle. Sur une livre de farine, il faut mettre une poignée d'alun en poudre: quand la colle est faite, on la retire du feu & on y mêle à - peu - près autant d'argile détrempée qu'il y a de colle, & aussi claire.

Art. VIII. De l'étoupille. On se sert d'étoupille pour amorcer les fusées & pour conduire le feu d'une piece à une autre.

La matiere de l'étoupille est du coton filé; on lui donne la grosseur que l'on veut en le mettant en plusieurs doubles. Il faut le faire tremper pendant quelques heures dans du vinaigre, ou pour le mieux dans de l'eau - de - vie; après qu'il en est suffisamment imbibé, on répand dessus du poussier, & on manie le coton dans le plat où il a trempé, pour qu'il se pénetre & se couvre de cette pâte de poudre; lorsqu'il en est suffisamment couvert, on le retire du plat, en le passant legerement dans les doigts pour étendre la pâte, de maniere qu'il en soit par - tout également couvert, & on le met sécher à l'ombre sur des cordes.

Quand l'étoupille est seche, on la coupe par morceaux de deux piés & demi de longueur, on en forme des bottes ou paquets, & on les conserve dans un endroit bien sec.

La grosseur commune de l'étoupille pour les commumcations de feu & pour les fusées de moyenne grosseur, est d'une ligne & demie de diametre; pour les serpentéaux, d'une ligne, & pour les plus grosses fusées, de deux lignes.

Art. IX. De l'amorce. On prend de la poudre en grain, que l'on humecte d'un peu d'eau, & on la broye sur une table avec une molette de bois, jusqu'à ce qu'elle soit réduite en pâte bien fine. On s'en sert comme d'un mastic, pour coller & retenir l'étoupille dans la gorge des fusées.

Art. X. Outils les plus nécessaires. Une table de bois dur & une molette pour broyer les matieres; au défaut de molette, on se sert d'un maillet à charger les fusées.

Quelques écremoires pour amasser & mélanger les compositions; ce sont des feuilles de laiton fort mince, de quatre à cinq pouces de longueur sur environ trois pouces de largeur.

Quelques pattes de lievre pour servir avec l'écremoire à amasser les compositions.

Une table pour faire le moulage.

Trois ou quatre brosses de différentes grandeurs, faites de poil de porc, pour coller à la colle de farine.

Quelques pinceaux de poil de porc pour coller à la colle forte & pour graisser l'artifice d'eau.

Une scie à main pour rogner les gros cartouches.

Un grand couteau pour rogner les moyens cartouches & pour couper le carton.

De grands & de petits ciseaux, pour rogner les pots & les petits cartouches.

Un tambour de parfumeur garni de six tamis, savoir,

Trois tamis de gaze de soie.

Le premier, d'un tissu fort serré pour passer le poussier, & pour ôter la poussiere inutile du sable de fer.

Le deuxieme un peu plus clair, pour passer le soufre, le salpetre, & le sable le plus fin ou du premier ordre.

Le troisieme encore plus clair, pour passer la sable du deuxieme ordre.

Trois tamis de crin.

Le premier d'un tissu serré, pour passer du charbon fin pour le petit artifice, & pour le sable du troisieme ordre.

Le deuxieme moins serré, pour passer du gros charbon pour les fusées volantes, & pour le sable du quatrieme ordre.

Le troisieme plus clair, pour mélanger les matieres dont on fait les compositions, & pour le sable du sixieme ordre. Le sable du cinquieme ordre se fait en mettant à part ce qui passe le dernier du quatrieme ordre qui est le plus gros, avec ce qui passe le premier du sixieme ordre qui est le plus fin.

Des balances assez grandes pour tenir deux livres de composition.

Un poids de marc depuis le demi gros jusqu'à deux livres.

Quelques boîtes fermantes à coulisse, comme celles des épiciers, pour serrer les matieres tamisées & les compositions.

Deux cuilleres de bois ou de fer - blanc pour prendre les matieres dans les boîtes.

Trois petits tonnelets pour mettre séparément le salpetre, le soufre & le charbon non broyés.

Un barril pour la poudre, de la contenance de dix à douze livres.

Des moules de fusées volantes de différentes grosseurs garnis de leur culot, portant sa broche & des pieces ci - après.

La baguette à rouler.

Les trois baguettes creuses.

La baguette à charger le massif.

La baguette à rendoubler le carton.

Le maillet.

La cornée ou cuillere à charger, qui est la mesure de chaque charge de composition.

Et le moule à former le pot.

Quelques culots à pointe, pour charger des serpenteaux & jets, garnis de leurs baguettes à rouler & à charger.

Quelques culots sans pointe pour charger les fusées de table & autres, qui doivent prendre feu par des trous que l'on perce sur la circonférence de leur cylindre.

Un outillage pour les lances à feu, qui consiste en une baguette à rouler, quatre baguettes à charger, & une palette pour frapper.

Un boisseau pour charger les petits serpenteaux qu'on nomme vetille.

Deux moules de différentes grosseurs pour former des étoiles.

Trois poinçons à arrêt, de différentes grosseurs, pour percer la communication du massif à la chasse des fusées volantes.

Un long poinçon sans arrêt pour piquer les chas<pb-> [p. 645] ses des pots à feu, & un autre plus petit pour percer les marons & saucissons.

Des vrilles de différentes grosseurs pour percer les fusées de table & autres.

Un compas & un pié de roi pour mesurer le diametre & la longueur des fusées.

Un gros piton à vis que l'on place dans un poteau de bois pour étrangler les cartouches.

Un rabot pour diminuer la grosseur des baguettes des fusées volantes lorsqu'elles sont trop pesantes.

Du fil de fer & des pinces plates, pour attacher les baguettes aux fusées de table.

Une petite marmite de fer blanc pour faire chauffer la colle - forte au bain - marie.

Une enclume de fonte, & deux gros marteaux de la même nature, pour faire le sable de fer.

Un assortiment de cordes & ficelles de différentes grosseurs, pour étrangler & lier les fusées.

Un assortiment de carton & de papier de différentes qualités.

Une planchette pour tracer les cartouches cubiques des marons.

Un chevalet pour tenir les fusées volantes.

Un étau de serrurier, un marteau, une rape - à - bois, & quelques limes.

Ces outils n'ont point d'usage particulier dans l'artifice; mais ils servent dans beaucoup d'occasions, & il seroit difficile de s'en passer.

Les différentes especes de feu d'artifice peuvent se distribuer,

1°. En feux qui s'élevent ou qui sont portés dans l'air; tels que les fusées de plusieurs sortes, les serpenteaux, les pluies de feu, les marons, les saucissons, les étoiles, &c. Voyez ces articles.

2°. En feux qui brûlent sur terre, tels que les lances à feu, les jets de feu, les soleils, les girandoles, &c. Voyez ces articles

3°. En feux préparés pour l'eau, tels que les genouillers, les trompes, les jattes, &c. V. ces articles.

Les effets de ces derniers articles qui brûlent sur l'eau & dans l'eau, paroissent si contraires à la nature du feu, qu'il n'est pas étonnant que des charlatans, pour rendre la chose plus merveilleuse & en tirer plus de lucre, ayent fait croire qu'il y entroit des drogues fort cheres, comme le vif - argent, l'ambre jaune, le camphre, les huiles de soufre, de salpetre, le petrole, l'huile de térebenthine, l'antimoine, la sciûre d'ivoire & de bois, & d'autres ingrédiens, qui produisent pour la plûpart un mauvais effet, qui est de donner beaucoup de fumée.

Toutes les fusées d'air & de terre brûlent dans l'eau, il ne s'agit que de les mettre en état de surnager.

Art. XI. De la maniere de communiquer le feu d'un artifice mobile à un artifice fixc. Le secret de cette communication de feu a été apporté de Bologne en France, en 1743, par les sieurs Ruggieri, actuellement artificiers du Roi & de la ville. On admira dans les spectales pyriques qu'ils donnerent sur le théatre de la comédie italienne, l'art avec lequel ils faisoient communiquer le feu successivement & à tems, d'un soleil tournant à un soleil fixe, & de suite à plusieurs autres pieces mobiles & fixes, placées sur un même axe de fer.

L'auteur de ce mémoire ayant trouvé ce secret, il s'est fait un plaisir de le rendre public dans son traité d'artifice, imprimé à Berne en 1750. Il consiste dans une chose fort simple, c'est d'approcher deux étoupilles l'une de l'autre, assez près, sans cependant qu'elles se touchent, pour que l'une ne puisse brûler sans donner feu à l'autre: voici la maniere dont il faut opérer.

On suppose un soleil fixe, placé entre deux soleils tournans sur un axe de fer; le premier est fixé dessus par une cheville qui traverse son moyeu & l'axe; les deux autres sont retenus par des écrous vissés sur l'axe, au moyen desquels on leur donne pour tourner autant & si peu de jeu que l'on veut.

L'espace entre le premier soleil tournant & le soleil fixe, est de six pouces quatre lignes. On le remplit par deux cylindres de chacun trois pouces de longueur & de deux pouces de diametre, aussi enfilés sur l'axe; ils sont collés de colle forte, l'un sur le moyeu du soleil fixe, & l'autre sur le moyeu du soleil tournant.

Entre ces deux cylindres, doit être enfilé sur l'axe un bouton de quatre lignes d'épaisseur, sur un pouce de diametre: il sert à les tenir dans un écartement de quatre lignes l'un de l'autre; & pour ne pas multiplier les pieces, on prend ordinairement ce bouton sur l'un des cylindres dont il fait partie, ou bien on l'y ajoûte en le collant dessus.

Sur la surface plane de chaque cylindre un peu au - dessus du bouton, doit être creusée une rainure circulaire de deux lignes & demie de largeur, & d'autant de profondeur, dans lesquelles on colle une étoupille avec de l'amorce; c'est par ces étoupilles que se doit faire la communication du feu, celle d'un cylindre ne pouvant brûler qu'elle ne donne feu à celle de l'autre vis - à - vis, n'y ayant que quatre lignes de distance entr'elles. Le feu est apporté à l'une par une étoupille, qui partant de l'extrémité du dernier des jets du soleil tournant, vient rendre à l'étoupille de ladite rainure circulaire, y étant conduite dans une rainure creusée sur le rayon qui porte le jet d'où elle part, sur le noyeu & sur le cylindre, d'où s'étant communiqué par son extension à l'étoupille de la rainure circulaire opposée, il est conduit de - là à la gorge de l'un des jets du soleil fixe, par une étoupille couchée dans une rainure faite sur son cylindre & sur son moyeu, jusqu'au pié du jet d'où elle va se rendre à sa gorge. Ces étoupilles doivent être bien couvertes avec du papier collé dessus, excepté celles qui sont placées dans les rainures circulaires; on les garantit des étincelles de feu avec un tuyau de carton ou de laiton bien mince, dans lequel on place les deux cylindres: ce tuyau doit les couvrir presqu'en entier; & pour qu'il ne gêne pas leur mouvement, on lui donne de diametre deux lignes de plus qu'aux cylindres.

La longueur que l'on donne aux cylindres, a deux objets: le premier est d'éloigner les étoupilles circulaires des bords du tuyau qui les couvre, par où les étincelles pourroient s'introduire: le second est de tenir les soleils fixes & tournans dans un écartement assez grand pour que le feu ne puisse se communiquer de l'un à l'autre; ce qui arriveroit s'ils étoient plus proches, quoique les communications soient bien couvertes.

L'espace entre le soleil fixe & le second soleil tournant, étant garni d'une pareille communication entre deux cylindres, le feu se portera à ce second soleil par une étoupille qui tirera son feu du pié de l'un des jets du soleil fixe, on y percera un trou pour y faire communiquer l'étoupille, & à laquelle il donnera feu en finissant.

De ce second soleil tournant, le feu peut de même être conduit à un second fixe, & ainsi successivement à plusieurs pieces.

Cette piece d'artifice qu'on nomme machine pyrique, se termine ordinairement par une étoile; elle est formée par six barres de trois à quatre piés de longueur, on les visse sur un moyeu pareil à celui d'un soleil fixe, il y a deux jets attachés au bout de chacune sur une traverse qui croise la barre, leurs gorges se croisent, & l'ouverture de l'angle qu'on leur donne est mesurée pour former une étoile; une étoupille couchée dans une rainure sur chacune des [p. 646] barres, qui communique d'un bout à la gorge des jets, & de l'autre à une étoupille circulaire qui entoure le moyeu au pié des barres, leur communique à tous le feu en même tems.

En place des jets qui forment l'étoile, on peut garnir les barres de six soleils tournans; ils doivent être composés, quoique plus petits, comme ceux décrits ci - dessus, savoir, d'une communication de feu entre deux cylindres, séparés par un bouton, & couverts d'un tuyau de laiton; le tout ne doit avoir au plus que quatre pouces de longueur: l'axe sur lequel ils doivent tourner, est une cheville de fer qui traverse la roue & les deux cylindres. Elle est vissée par le bout, & assez longue pour traverser la barre sur laquelle on veut la placer; on l'arrête avec un écrou derriere la barre qui est percée pour y donner passage, il reçoit le feu par l'étoupille couchée sur la barre à laquelle on joint celle du cylindre qui est appliqué dessus.

C'est avec de pareils soleils que l'on éclaire les décorations en découpures & les berceaux en treillages; on les fait ordinairement à trois jets qui prennent feu successivement.

Art. XII. D'une pâte dont les Chinois se servent pour représenter en feu des figures d'animaux & des devises. Nous devons encore au pere d'Incarville, cette maniere de former des figures. Elle consiste en une pâte faite de soufre en poudre impalpable & de colle de farine, dont on couvre des figures d'ozier, de carton ou de bois; ces figures doivent être premierement enduites d'argille ou terre grasse, pour les empêcher de brûler; après que la couche de pâte de soufre est posée, & pendant qu'elle est encore humide, on la poudre de poussier qui s'y attache; lorsqu'elle est bien seche, on colle des étoupilles sur ses principales parties, pour que le feu se porte par - tout en même tems, & on la couvre en entier de papier collé: les Chinois peignent ces figures de la couleur des animaux qu'elles représentent; leur durée en feu est proportionnée à l'épaisseur de la couche de pâte qui les couvre.

Lorsque les figures sont petites, on peut les mouler ou les modeler massives; comme cette pâte ne coule point en brûlant, elles conservent leurs formes jusqu'à ce qu'elles soient entierement consumées.

On peut aussi en faire usage pour former des devises & autres desseins.

Les Chinois s'en servent encore pour représenter des raisins; ils leur donnent la couleur pourprée en substituant à la colle de farine de la chair de jujubes; ils les font cuire, & en séparent la peau & le noyau. Cet article est tiré du Manuel de l'artificier de M. Perrinet d'Orv al, ouvrage excellent, qui nous fournira de plus tous les autres articles que nous avons cités plus haut.

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