ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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mé; ayant la facilité, à l'aide d'une manivelle, de
donner à l'essieu le même mouvement que lui imprime
la coulisse. La vapeur entre dans le cylindre, en
chasse l'air, & échauffe l'eau qui est au - dessus du
piston, que l'on fait couler dans le godet, pour remplir
les tuyaux par lesquels se décharge l'eau d'injection
(art. 21.) Pendant cette manoeuvre, la machine
reste en repos jusqu'au moment qu'elle donne
le signal pour avertir qu'il est tems de la faire joüer;
ce qui s'éprouve lorsque la vapeur ayant acquis assez
de force pour ouvrir la soupape qui fermoit sa cheminée
(art. 19.), en sort avec détonation. Aussi - tôt
le directeur de la machine, qui attend ce moment,
prend de la main droite la queue du marteau (art.
29.), de la gauche la branche (art. 27.); ferme le
régulateur, & un instant après ouvre le robinet d'injection
qui fait descendre le piston. Ensuite le régulateur
s'ouvre de lui - même, & la machine continue
de joüer, sans qu'on y touche, par un effet alternatif
de vapeur & d'injection d'eau froide, secondé du
poids de l'atmosphere.
Art. 32. Le mouvement de la machine doit être réglé
de maniere qu'elle produise quatorze impulsions par minute. Quand le mouvement de la machine est bien
réglé, elle produit ordinairement quatorze impulsions
par minute, ainsi qu'on l'a observé; & dans
un cas forcé, on peut en donner jusqu'à 16 & 17.
On a aussi observé que le piston mettoit un peu plus
de tems à monter qu'à descendre.
Art. 33. Conjecture sur la maniere dont se forme la
vapeur. Il faut considérer que le feu, qui est une matiere
subtile, pénetre le fond de l'alembic, passe autravers
de ses pores, met les parties de l'eau dans
une extrème agitation; & comme cette matiere ne
cherche qu'à s'étendre pour se mouvoir avec plus de
liberté, elle s'éleve au - dessus de l'eau, dont elle entraîne
les parcelles les plus déliées en une quantité
prodigieuse, qui font effort de toutes parts pour s'échapper,
avec une force qui devient supérieure à
celle du poids de l'air; & quand le régulateur vient
à s'ouvrir, elle entre avec impétuosité dans le cylindre,
pousse le piston devant elle, jusqu'à l'instant
où l'injection d'eau froide condense cette vapeur &
anéantisse sa force: alors elle retombe en eau. Ainsi
l'on voit que le jeu de cette machine dépend de l'effet
alternatif de l'eau chaude & de l'eau froide, joint
à l'action de l'atmosphere; le cylindre reste vuide,
& donne lieu au poids de l'atmosphere de ramener
le piston: ainsi l'on voit que dans l'espace d'environ
deux secondes que dure l'injection des huit pintes
d'eau froide (art. 11.), il se condense environ 4 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] muid
de vapeur; & pendant ce tems - là il s'en forme une
assez grande quantité pour relever le piston de nouveau,
aussi - tôt que le régulateur lui en laisse la liberté.
On a dit (art. 24.) que quand la vapeur entre
dans le cylindre, elle refoule l'eau qui se trouve au
fond, & en fait passer environ six pintes dans le rameau
d'évacuation (art. 21.), & deux dans l'alembic
par le tuyau nourricier (art. 22.), suivant l'expérience
que j'en ai faite.
Art. 34. Expérience de M. Desaguliers sur la force
de la vapeur de l'eau bouillante. M. Desaguliers, qui
a fait beaucoup d'expériences sur la machine à feu,
dit que la force de la vapeur dans le cylindre, ne
surpassoit jamais d'un [omission: formula; to see, consult fac-similé version] la résistance de l'air extérieur,
& n'y étoit jamais d'un [omission: formula; to see, consult fac-similé version] plus foible; mais entre ces
deux termes cette force change continuellement,
selon que le piston est plus ou moins élevé, c'est - à - dire selon que l'espace est plus ou moins grand. Il
prétend aussi que la vapeur de l'eau bouillante est
environ 14000 fois plus rare que l'eau froide; & qu'alors
elle est aussi forte par son ressort que l'air commun,
quoique 16 fois plus rare. Voyez Eau.
Art. 35. Expérience faite sur la quantité de charbon
de tèrre ou de bois nécessaire pour l'entretien du fourneau
pendant 24 heures. Le fourneau consume en 24 heures
6 muids de charbon de terre, contenant chacun 13
piés cubes, ou deux cordes de bois chacune de 7 piés
7 pouces de longueur sur autant de hauteur, & 3
piés 3 pouces de largeur.
On observe que deux hommes suffisent pour veiller
autour de la machine. Il y a un chef qui fait manoeuvrer
ladite machine, & un second qui a soin de
faire le feu au fourneau.
Art. 36. Quand la machine produit 14 impulsions
par minute, elle épuise 255 muids d'eau par heure: élevée à 242 piés de hauteur. On a dit (art. 32.) que la
machine produisoit 14 impulsions par minute, lorsque
le mouvement est bien réglé. L'on voit que dans
le même tems elle épuise une colonne d'eau de 112
piés de hauteur sur 8 pouces 3 lig. de diametre, ou
85 pintes par chaque impulsion; & qu'à cause de 14
qu'elle donne dans une minute, elle produit 1190 pintes
d'eau: partant dans une heure elle produit 71400
pintes, ou 255 muids d'eau, le muid contenant 8 piés
cubes, ou 280 pintes mesure de Paris.
Art. 37. Calcul de la puissance qui fait agir cette
machine. Pour insinuer de quelle maniere l'on doit
faire le calcul de cette machine, il faut considérer
que le diametre du piston étant de 30 pouces 6 lig.
(art. 6.), sa superficie sera d'environ 5 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] pié quarié,
qu'il faut multiplier par 2205 lignes, pesanteur
d'une colonne d'air d'un pié quarré de base, sur 31
[omission: formula; to see, consult fac-similé version] piés de hauteur. Il viendra 11392 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] liv. pour l'action
de l'air extérieur sur le piston, & par conséquent
pour la force de la puissance motrice.
Art. 38. Remarque essentielle pour calculer l'effort de
la puissance qui fait agir les pompes. La force de la puissance
qui aspire l'eau dans une pompe, doit être au
moins égale au poids de la colonne d'eau qui auroit
pour base le cercle du piston, & pour hauteur la
distance du puisart au piston, losqu'il est parvenu
dans sa plus haute élevation. A quoi il faut ajoûter
le poids de l'eau dont le piston est surmonté lorsqu'il
s'éleve au - dessus du terme de l'aspiration pour la
dégorger dans les bâches. Si l'on considere les choses
avec attention, on verra que quelle que soit la grosseur
du tuyau d'aspiration, la puissance qui éleve le
piston, soûtiendra toûjours le même poids, dans quelques
dispositions que soient ses parties, posées contre
un plan vertical, ou sur un plan incliné; que la
puissance appliquée au piston d'un diametre égal,
plus grand ou plus petit que le fond du tuyau, il
sera toûjours chargé du poids d'une colonne d'eau
qui auroit pour base le cercle du piston, & pour
hauteur celui du niveau de l'eau au - dessus du même
piston.
Art. 39. Calculer la puissance ou le poids de la colonne
d'eau des pompes aspirantes. Les pompes aspirantes
élevant ensemble une colonne d'eau de 242
piés de hauteur sur 8 pouces 3 lig. de diametre, l'on
trouvera que cette colonne pese 6290 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. La pompe
de la bâche faisant monter l'eau à 36 piés de hauteur
(art. 2.), le diametre de son piston n'est que de 4
pouces 2 l. Le poids de la colonne d'eau qu'elle refoule,
est de 237 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. qui étant ajoûtés à 6290 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. il
viendra 6527 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. à quoi il faut encore ajoûter le
poids des attirails qui répond au puits, que j'estime
d'envirou 3000 l. ainsi la puissance aura à surmonter
une résistance d'environ 9527 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. & comme
cette puissance a été trouvée de 11392 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. (art. 37.),
elle sera donc supérieure de 1864 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. au poids qu'elle
doit enlever.
Art. 40. La puissance doit être au poids comme 6 à
5, pour prévenir tout inconvénient. On remarquera
que cette supériorité de la puissance sur le poids,
doit être au moins dans le rapport de 6 à 5; elle est
nécessaire, non - seulement pour rompre l'équilibre,
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mais encore parce que le piston n'est point chassé
tout - à - fait par la pesanteur absolue de l'air, puisqu'il
fuit & se dérobe en partie à son impression; & que
d'ailleurs il ne faut pas compter que quand le piston
descend, le cylindre soit entierement privé d'air
grossier, puisque l'eau d'injection en entraîne toûjours
une certaine quantité, qui se trouvant renfermée
dans un plus petit espace à mesure que le piston descend,
pourroit acquérir une force de ressort assez
sensible pour lui résister.
Art. 41. Cette machine peut aussi servir à élever
l'eau aussi haut que l'on voudra au - dessus de l'horison.
On remarquera que si l'on avoit à élever l'eau d'une
source à une hauteur considérable au - dessus de l'horison
dans des tuyaux posés verticalement, ou sur
un plan incliné, on pourroit se servir de la même
machine, en disposant des pompes aspirantes & refoulantes,
de la maniere la plus convenable, suivant
la situation des lieux.
Art. 42. La théorie des machines à feu, à l'égard
de leurs effets, est la même que celle des pompes mûes par
un courant. Il faut remarquer que lorsqu'un fluide
fait mouvoir des pompes à l'aide d'une machine où
le bras du levier du poids est égal à celui de la puissance,
il arrivera toûjours que la superficie du piston,
celle d'une des aubes, la chûte capable de la
vitesse respective du fluide, & la hauteur où l'on
veut élever l'eau, composeront quatre termes réciproquement
proportionnels. L'on verra que cette
regle pourroit s'appliquer aux machines à feu, si l'on
pouvoit faire abstraction du poids des attirails & de
la pompe refoulante qui est dans la bâche supérieure;
car l'on peut regarder la superficie du piston qui
joue dans le cylindre, comme celle d'une aube,
c'est - à - dire le poids de la colonne d'air, ou celui
d'une colonne d'eau de 31 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] piés de hauteur (article
37.), comme la force absolue du fluide, qu'il faut
multiplier par [omission: formula; to see, consult fac-similé version] pour avoir la force relative (article 40.): alors le produit du quarré du dlametre
du grand piston, par la hauteur réduite de la colonne
équivalente au poids de l'atmosphere, seroit égal au
produit du quarré du diametre du petit piston qui
doit aspirer ou refouler l'eau; & par la hauteur où
elle doit être élevée, il arriveroit que si le tourillon
n'étoit pas au centre, c'est - à - dire dans le milieu du
balancier, il faudroit que ces deux produits fussent
dans la raison réciproque du bras du levier du grand
& du petit piston, suivant le principe de la méchanique.
Nous supposerons que la valeur de toutes les
lignes que nous allons désigner par des lettres, seront
exprimées en piés ou fractions de piés.
Art. 43. Formule générale pour déterminer les dimensions
des principales parties des machines à feu. Je
nomme P le poids du grand piston, D son diametre
ou celui du cylindre, & a son bras de levier, p le
poids des attirails qui répondent au petit piston, d
son diametre, & b son bras de levier, h hauteur où
l'eau doit être élevée, ou profondeur du puits, C
poids de la colonne d'eau que la pompe de la bâche
supérieure doit refouler, y compris le poids des attirails
de son piston, e son bras de levier, f poids de
la coulisse, & i son bras de levier. On prendra la
superficie du cercle du grand piston; on la multipliera
par 2205 (art. 37.), & l'on aura l'action de
l'air extérieur sur le piston, ou la force de la puissance
motrice qu'il faut multiplier par [omission: formula; to see, consult fac-similé version], y ajoûter
ensuite P, & multiplier le tout par le bras de
levier a, puis ajoûter au produit le poids de la
coulisse multiplié par son bras de levier, l'on aura
une expression de l'action de la puissance autour du
cylindre; ensuite on cherchera la superficie du cercle
du petit piston qu'on multipliera par la hauteur
h du puits, & l'on aura l'expression du volume de
la colonne d'eau qu'il faut aspirer ou refouler; &
pour en avoir le poids, on multipliera par 70 liv,
pesanteur d'un pié cube d'eau; on ajoûtera au produit
le poids des attirails, multipliant cette quantité
par son bras de levier b, à quoi il faudra encore
ajoûter le produit du poids de la colonne d'eau de la
bâche supérieure ou de la pompe refoulante par son
bras de levier, & l'on aura l'action de la puissance
autour du puits; égalant les deux actions, on aura
la formule générale pour la machine à feu. A l'égard
des frotemens, comme leur résistance dans cette machine
est presque insensible, n'ayant guere lieu qu'aux
tourillons du balancier, dont le rayon est extrèmement
petit par rapport au bras du levier de la
puissance; on les regarde comme nuls, pour ne
point trop composer la formule.
Art. 44. L'on peut rendre la formule plus simple
dans le cas où l'on veut en faire usage. Je considere
que parmi les grandeurs qui composent la formule
ci - dessus, il y en a plusieurs qui sont déterminées
par la disposition qu'il faudra donner à la machine;
par exemple, l'on connoîtra toûjours le bras du levier
& le poids de la colonne d'eau qu'il faudra élever dans la cuvette d'injection, par la disposition des
tourillons du balancier, & par conséquent le rapport
des deux bras du levier, le poids des attirails
des pompes aspirantes ayant déterminé la profondeur
du puits, la pesanteur du grand piston & celle
de la coulisse; c'est - à - dire qu'il faut supprimer de la
formule ci - dessus la pesanteur du grand piston, le
produit du poids de la coulisse par son bras de levier: si on soustrait d'abord le poids des attirails pour
avantager la puissance agissante, il est aussi naturel
de placer les tourillons dans le milieu du balancier,
à moins qu'on ne soit contraint d'en user autrement
pour rendre le bras de levier de la puissance plus
grande que celui du poids, & il ne restera plus dans
la formule que les trois grandeurs D, d & h, qui sont
sujettes à varier.
Art. 45. Connoissant le diametre du piston des pompes,
& la hauteur où l'on veut enlever l'eau, c'est - à - dire
la profondeur du puits, trouver le diametre du cylindre.
On a déterminé le diametre des pompes (art. 43.),
afin que la machine puisse fournir une certaine quantité
d'eau proportionnée à la relevée du piston, &
au nombre des impulsions par minute. Par le même
article, on a aussi déterminé la profondeur du puits;
il ne s'agit, pour connoître le diametre du cylindre,
qu'à supposer D=x & D2=x2, & dégager cette
inconnue. Voyez Equation.
Art. 46. Connoissant la hauteur où l'on doit élever
l'eau, ou la profondeur du puits, & le diametre du cyliudre,
trouver le diametre du piston des pompes. Pour
connoître le diametre du piston des pompes, on suppose
que le diametre du cylindre est déterminé de
même que la profondeur du puits où l'on veut faire
monter l'eau, ou la refoulant sur une éminence. Pour
cela, il faut supposer d=x & d2=x2 en la place
de d2, & résoudre l'équation.
Art. 47. Connoissant le diametre du cylindre & celui
des pompes, trouver la hauteur où l'on veut enlever
l'eau, ou la profondeur du puits. Pour connoître la
profondeur du puits, on suppose que le diametre du
cylindre est déterminé de même que celui du piston
des pompes, qui doit aspirer ou refouler l'eau; il
faut supposer h=x, & en la place de h, il faut mettre
sa valeur qui est x dans la formule générale.
Dépense de la machine à feu, telle qu'elle est dans nos
Planches. La machine à feu du bois de Bossu, est la
plus parfaite que nous ayons dans les environs. Ceux
qui en ont fait la dépense, m'ont dit qu'elle leur
avoit coûté, y compris le bâtiment dans lequel
cette machine doit être renfermée, environ trente
mille livres, ci . . . . . . . . . 30000 liv.
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