ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"671"> conséquences de celles - ci, que d'après les phénomenes qui s'ensuivent. Que ces causes soient sensibles ou non, les effets doivent toûjours l'être pour déterminer les Medecins à s'y interesser: c'est ce que Galien paroît avoir très - bien observé, même pour le sujet dont il s'agit (méth. l. II. cap. jv.): il établit d'abord les deux vices dont peuvent être principalement affectés les solides: sunt autem duoe primoe passiones, dit - il; altera angustatio seu constrictio meatuum, altera ampliatio seu relaxatio. « Les lésions radicales des canaux, c'est - à - dire par conséquent des solides en général, ne peuvent être que leur resserrement ou leur relâchement ». Nam si prima elementa supponantur impossibilia, continue le même auteur, nulloe erunt alioe, praterquam in compositione, passiones; sola autem compositio ea quoe dicimus discrimina recipit. « Car si on suppose les premiers élémens inaltérables, il ne peut y avoir de lésions que dans les parties qui en sont composées; ces lésions n'admettent d'autre différence, que celle qui vient d'être mentionnée »; quare necesse est similarium quamlibet partium tunc suum habere robur, ajoûte - t - il; cum meatuum moderationem obtinet, quâ moderatione corruptâ, à naturali dispositione digrediatur oportet. « C'est pourquoi il est nécessaire que chacune des parties similaires ait une force qui lui soit propre, tant que les canaux sont dans l'état convenable; mais lorsque cet état vient à souffrir quelque dérangement, il s'ensuit que les parties ne restent plus dans leur disposition naturelle ». Et pour ne laisser aucun doute sur ce qu'il entend par parties similaires, il finit par cette considération, dont on ne peut certainement faire l'application qu'aux fibres primitives. Sed quo uam una quoeque mediocritas duplicem patitur corruptionem, alteram exuperantiam, alteram defectum; liquet, quod prima passiones corporum simplicium duplices erunt, quarum alteroe ex ampliatione, alteroe ex angusiatione meatuum consistunt. « Mais parce que l'état moyen, qui est l'état naturel, est susceptible d'être vicié de deux manieres, savoir par excès ou par défaut, il paroît évident qu'il ne peut y avoir d'autre maladie des corps simples, que le resserrement & le relâchement des conduics qui en sont formés ».

C'est ainsi que le fameux auteur dont il s'agit, jette le fondement de la théorie des maladies des solides, sans s'appercevoir que c'est celui de la doctrine des méthodiques, qu'il a tant combattu; mais ils n'ont jamais si bien posé leurs principes, que Galien le fait pour eux; ils vouloient réduire toutes les maladies à celles des solides, au lieu que Galien, reconnoissant ces lésions primordiales des parties consistantes, ne se bornoit pas là; il sentoit la nécessité d'admettre des dégénérations dans les fluides, indépendantes des vices dans les solides: mais c'est de ces vices dont il doit être question ici, & de ceux qui regardent les parties similaires seulement, c'est - à - dire les fibres simples; quant à celles des parties dissimilaires ou instrumentaires, voyez Organe, Organiques, (maladies)

Une partie élémentaire prise séparément, dit Boerhaave (d'après Galien, ainsi qu'on vient de le voir), n'éprouve aucune altération dans sa substance, aucune maladie par conséquent; & quand même on en supposeroit quelqu'espece, elle resteroit toûjours inconnue, parce qu'il n'y a pas apparence que les effets pussent tomber sous les sens; d'ailleurs on ne pourroit pas distinguer ces effets de ceux des vices, dont sont affectées les parties composées de corpuscules élémentaires: mais l'élément est inaltérable de sa nature, ainsi qu'il a été établi au commencement de cet article; on peut décider conséquemment, qu'il ne sauroit être affecté d'aucune façon: il ne peut non plus y avoir aucune lésion dans les parties qui sont immédiatement formées de ces corpuscules primitifs, unis entr'eux, c'est - à - dire dans les fibres simples, si ce n'est eu égard à leur connexion, qui peut être ou trop forte ou trop foible: la solution de continuité regarde les parties composées: il n'est pas possible de donner ici une reglè générale, par laquelle on puisse déterminer quel doit être le degré de cohésion des parties élémentaires de la fibre, pour qu'il soit le plus convenable à la santé; il n'y en a réellement point de fixe; il varie selon les différens tempéramens; d'ailleurs il n'est pas toûjours le même dans un même sujet: il change avec l'âge, & dans tous les tems de la vie il est susceptible d'une certaine extension, en plus ou en moins, sans que la santé en souffre; cette extension est nécessaire pour l'exercice de la plûpart des fonctions, qui donne lieu à l'alongement, au tiraillement des organes, par conséquent des fibres dont ils sont compotés; ainsi les principaux vices de ces parties simples consistent principalement en ce qu'elles cedent trop ou trop peu aux efforts qui tendent à les alonger: d'où il suit que l'on peut comprendre ces vices sous deux genres essentiellement bien différens; le premier est caractérisé par la laxité, par le défaut de ressort des fibres: le second, par l'astriction & l'excés d'élasticité; c'est par conséquent dans tous les deux cas, par la seule cohésion que l'on connoît, que peche la fibre; ce défaut & l'excès de l'union des parties élémentaires qui la composent, font toute la différence.

Il n'est pas possible de juger de ces lésions des solides simples, sans en consi lérer les effets dans les organes qui en sont composés, parce que ceux - ci ne peuvent que participer à la nature & à toutes les qualités de leurs principes; & ceux - là ne sont jamais apperçûs séparément pendant la vie de l'animal auquel ils appartiennent: ils sont toûjours des parties intimement liées à leur tout: il ne se trouve dans aucune partie du corps aucune fibre simple, qui ne soit pas unie à d'autres pour former une membrane; il ne se trouve aussi aucune membrane simple, qui ne soit repliée sur elle - même pour former un vaisseau simple: cette membrane n'est pas susceptible d'autre vice, que les fibres qui entrent dans sa composition, par leur union entr'elles, selon leur longueur: cette union, semblable à celle des parties élémentaires, peut également pécher, ou parce qu'elle est trop forte, ou parce qu'elle l'est trop peu: on peut dire la même chose des membranes plus composées, & de toutes les autres parties qui forment les organes par leur union entr'elles, en tant que cette union se fait par le contact, par la cohésion, ainsi que celle des élémens pour les fibres, des fibres pour les membranes primitives: ainsi tous les organes, quelque composés qu'ils soient, sont sujets aux mêmes vices que les parties les plus simples: les vaisseaux de cette qualité ne sont point connus par les sens, ni même ceux du second, du troisieme ordre; on n'apperçoit guere que ceux du cinquieme, du sixieme. L'aorte est composée de plus d'un million de vaisseaux & de membranes de ces différens ordres; cependant cette artere n'est pas exposée à d'autres maladies que la fibre simple, dont les deux genres principaux sont ainsi qu'il a été dit ci - devant, & qu'il va être expliqué, la laxité & l'astriction.

On appelle laxité dans les fibres, l'état dans lequel les corpuscules élémentaires qui concourent par leur union à la formation des fibres, ont si peu de force de cohésion entr'eux, qu'elle cede aisément aux moindres efforts des mouvemens nécessaires pour la santé, ou au moins de ceux qui ne sont guere plus considérables qu'il ne faut dans l'état le plus naturel, le plus reglé, le plus tranquille, respectivement aux différens tems de la vie: ensorte que les fibres [p. 672] éprouvent par la moindre cause de cette nature, des changemens dans leur longueur, qui augmentent celle - ci plus qu'il n'est convenable, pour l'intégrité de ces parties, tendent à leur causer la solution de continuité, ou réduisent presqu'à rien les effets qui pouvoient résulter de la continuité, tant qu'elle auroit subsisté au degré de force propre à la santé: le même vice qui fait la laxité dans les fibres par le peu de cohésion entre leurs corpuscules intégrans, fait aussi la laxité dans les parties composées des fibres, par le défaut de cohésion entr'elles; celle - ci ne pouvant pas être connue différemment de celle des parties intégrantes des fibres même: pour la formation de celles - ci, elles sont unies en long; pour l'union des fibres entr'elles, les parties intégrantes sont mises en large: ces corpuscules élémentaires sont les seuls moyens d'union dans la composition de toutes les parties du corps, quelque variées qu'elles soient pour la forme & pour le volume.

La cause prochaine de la laxité, tant dans les parties simples que composées, est la position trop éloignée des corpuscules intégrans des fibres entr'eux, & des fibres elles - mêmes entr'elles: ensorte que ces différentes parties sont presque hors de la sphere de la puissance qui les retient unies les unes aux autres; ainsi, sous un volume donné, comparé à l'état naturel, il y a dans ce cas moins de corpuscules pour former les fibres, & moins de fibres pour former la partie composée quelconque; ainsi la cause de la laxité établit en même tems le défaut de densité, puisqu'il entre moins de matiere sous forme solide dans la composition de la partie d'un volume donné: conséquemment doit - il y avoir aussi défaut de ressort, puisque c'est la multiplicité plus ou moins considérable des points de contact dans les parties intégrantes des corps, qui rend ceux - ci plus ou moins élastiques; plus le nombre de ces points diminue, moins il y a de force de cohésion pour remettre dans leur premier état ces parties, lorsque la force qui les a écartées les unes des autres, vient à cesser ses effets.

C'est aussi de la laxité des fibres, que provient la débilité, la mollesse des parties qui en sont composées; en effet, celles - ci sont dites foibles lorsqu'elles ne peuvent ni produire ni soûtenir les efforts nécessaires pour les actions ordinaires de la vie, auxquelles ces parties concourent: mais ces efforts ne pouvant se faire sans alonger, sans distendre les fibres, soit que ce soit des fluides qui dilatent des vaisseaux, qui en écartent les parois, soit que ce soit un muscle tiraillé par la contraction de son antagoniste, ou par sa propre tension; pour opérer cette contraction, ces efforts tendent à la solution de continuité des fibres; dans tous ces cas, cet effet sera produit d'autant plus aisément, qu'il y aura moins de résistance de la part de la force cohésive, ou tout au moins la distension lorsqu'elle n'est pas poussée jusqu'à causer la rupture, fait - elle perdre presque toute l'élasticité aux fibres; parce que la force distendante tend à éloigner de plus en plus les parties intégrantes les unes des autres, à les tirer de la sphere de cohésion.

On appelle mous, les corps solides dont les parties sont aisément déplacées par la pression, sans cesser d'être continues: la laxité ne peut qu'augmenter la flexibilité des fibres, jusqu'à la rendre défectueuse à proportion que ce premier vice est plus considérablement établi; cela suit de tout ce qui vient d'être dit: par conséquent les parties composées de fibres ainsi trop flexibles, doivent être d'une trop grande mollesse.

Les causes qui disposent à ces différens vices provenant de la laxité des fibres, sont la disposition héréditaire dans certaines familles, qui consiste dans une délicatesse d'organes, dépendante du trop peu de résistance des fibres, à se laisser distendre outre me<cb-> sure; l'habitude ou l'usage de se nourrir d'alimens de bon suc, mais de qualité à humecter, pris en grande quantité avec la faculté de les bien digérer, joints à cela sur - tout le défaut d'exercice, la résidence dans un climat chaud & humide, tout ce qui peut avoir rapport à ces circonstances, tout ce qui tend à faire surabonder les fluides dans le corps humain, qui empêche ou ne favorise pas la dissipation de leur superflu, qui fait séjourner les sucs aqueux, huileux, dans les vaisseaux simples, ensorte qu'il s'en introduise des molécules entre les parties intégrantes des fibres & entre les fibres même; que ces molécules interposées écartent celles - là, en diminuent la cohésion, s'insinuent entre celles - ci, empêchent qu'elles se touchent entr'elles, de maniere que le contact qui se faisoit par des surfaces linéaires, ne se fasse plus que par des points entre ces molécules sphériques & les fibres: d'où il arrive que la solidité des parties qui en sont composées, diminue en raison directe de la diminution du contact, & par conséquent de la cohésion; c'est ce qu'on observe bien sensiblement a l'égard des cuirs macérés dans l'eau, de l'effet des bains sur la peau, de la putréfaction commencante, qui ne peut jamais se faire qu'à la faveur de l'humidité, &c.

Tout ce qui peut contribuer à diminuer les forces ambiantes qui servent à presser tout le corps en général (comme la chaleur de l'air ou la diminution de son poids, ainsi qu'on l'observe sur les animaux mis dans un four chaud, dans la machine du vuide); tout ce qui tend à affoiblir les puissances qui peuvent comprimer les vaisseaux simples, susceptibles de s'oblitérer, d'être convertis en fibre composée; enfin tout ce qui peut rendre imparfait l'ouvrage de la nutrition, empêcher l'assimilation des parties destinées à réparer les pertes, les abrasions des solides, corrompre la qualité des humeurs plastiques, susceptibles de s'épaissir, de se durcir dans certains petits vaisseaux, & de les convertir par - là d'une autre maniere, en partie plus solide, en fibre composée: telles sont en général les différentes causes qui peuvent établir la laxité, la débilité des fibres; on peut en tirer aisément toutes les conséquences particulieres qui peuvent avoir rapport à ce sujet; on peut se rendre facilement raison d'après ces principes, de tous les phénomenes, de tous les effets de ce genre de vice des fibres.

Ces effets sont différens, selon les différentes fonetions des parties qui pechent; ainsi la laxité dans les fibres musculaires, dans les organes du mouvement volontaire, produit la difficulté de mettre en jeu les membres, de soûtenir les fatigues du corps, de se livrer à l'exercice, au travail, de marcher, de porter des fardeaux, & de faire des efforts de quelque espece que ce soit, rend tout le corps affaissé, les muscles disposés à la paralysie; & cette disposition est proportionnée au degré du vice, qui l'entretient dans les fibres nerveuses: ce vice produit la soiblesse de l'esprit, la stupidité, l'insensibilité de l'ame, en un mot la diminution & l'abolition même de la faculté que ces fibres ont de procurer le sentiment & le mouvement aux parties auxquelles elles se diûribuent. Voyez Paralysie. Dans les membranes, la laxité produit le relâchement, la distensibilité; d'où peuvent s'ensuivre les hernies de toute espece, les luxations, &c. Dans les fibres vasculeuses, la laxité produit des tumeurs enkistées, anévrysmales; variqueuses. Dans les fibres osseuses, ce vice produit le défaut de fermeté, de dureté dans les os; la disposition à ce qu'ils se renflent, deviennent difformes, se courbent, se ramollissent: d'où s'ensuit la difficulté à soûtenir le corps debout, sur son séant, élevé, & même l'immobilité totale.

Passons au second genre des principaux vices qui

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