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Ces dernieres considérations sur la nature de la fibre, conduisent à traiter de ses propriétés.
Propriétés de la fibre en général. Toute fibre, telle même que nous pouvons l'avoir par une division grossiere (qui est bien éloignée de parvenir à nous donner la fibre élémentaire, la fibre simple), par une division qui ne peut nous fournir rien de plus fin, de plus menu, qu'un fascicule de fibres simples, dont le nombre est aussi petit qu'il est possible, en conservant un volume suffisant, pour tomber sous les sens; toute fibre est transparente, c'est - à - dire qu'elle transmet en tous sens les rayons de lumiere, comme tous les corps homogenes réduits en filets bien subtils ou en lames très - minces. Lorsqu'une fibre est seche, qu'elle est par conséquent dépouillée des parties hétérogenes des fluides dont elle étoit pénétrée, elle a encore cette propriété plus marquée; elle peut produire alors les effets d'un prisme, c'est - à - dire qu'elle peut décomposer un rayon de lumiere, & en exhiber les couleurs primitives, en les séparant; c'est une propriété que l'on peut aussi observer dans un cheveu, dans un poil.
Toutes les fibres du corps humain ont de la flexibilité; cette propriété est sensible dans toutes les parties molles, sans qu'elles soient décomposées; elle n'est pas moins dans les parties les plus dures, lorsqu'elles sont divisées en petites lames, qui sont alors susceptibles d'être pliées, courbées aisément, sans qu'il s'y fasse de solution de continuité. Les parties élémentaires qui forment les fibres ainsi flexibles, ne sont donc pas unics entr'elles par des surfaces si étendues & si pleines, qu'elles se touchent exactement dans tous leurs points; parce qu'il résulteroit d'un tel arrangement des corps aussi solides que leurs élémens même, qui n'auroient ni flexibilité ni divisibilité: les fibres étant susceptibles de l'une & de l'autre de ces propriétés, sont par conséquent composées de parties qui ne se touchent que par des portions de surfaces interrompues; c'est - à - dire, que les élémens des fibres & les fibres elles - mêmes unies pour former les organes, laissent des points, des espaces entr'eux, c'est - à - dire des pores, selon l'étendue desquels il n'y a point de contact; qui sont plus ou moins petits, à proportion de la densité propre à ces organes; & ceux - ci sont conséquemment plus ou moins compressibles, ce qui contribue beaucoup à déterminer les différens degrés de dureté & de mollesse qui les différencie.
Toute fibre, dans quelque partie du corps humain que ce soit, est doüée plus ou moins d'une force élastique: c'est ce qui est prouvé, par ce que l'on voit constamment arriver dans les parties molles coupées, dont chaque portion se retire sur elle - même, se raccourcit sensiblement vers la partie fixe: en quelque sens que soient coupées des chairs, des membranes, des vaisseaux, des fibres de toutes ces fortes d'organes, la même retraction des portions séparées se fait toûjours, & elles restent dans cet état jusqu'à ce
Mais cette propriété suppose dans la fibre une autre propriété, qui, bien qu'elle consiste dans un effet opposé, en est cependant une disposition nécessaire; c'est la faculté de pouvoir être alongée, c'est la distractilité: car puisque l'élasticité consiste dans la faculté qu'a un corps qui a souffert un changement dans la situation intrinseque de ses parties intégrantes sans solution de continuité, de les remettre dans leur premier état (par une force qui lui est propre); dès que la cause de ce changement cesse, il faut absolument que ce corps soit susceptible de ce premier effet dans ses parties; qu'elles soient mises dans une sorte d'éloignement, les unes par rapport aux autres; en un mot, que le contact cesse entr'elles (sans qu'elles se séparent les unes des autres, au point de faire solution de continuité pour le tout qu'elles composent) avant de leur faire recouvrer leur précédente situation respective, & de les ramener à leur premier état: c'est donc, ce me semble, fort à propos que l'on distingue deux effets bien différens, qui s'operent toutes les fois que la faculté élastique est réduite en acte dans les corps qui en sont susceptibles, d'autant plus que ces deux effets dépendent l'un & l'autre d'une puissance réellement aussi active pour l'un que pour l'autre: l'une sert autant à retenir les parties qui tendent à être écartées les unes des autres, & entierement desunies, que l'autre sert à les rapprocher & rétablir entr'elles le contact d'union, au point où il étoit; l'élasticité tend à raccourcir les fibres plus alongées que ne le comporte leur tendance naturelle; cet effet s'opere de la même maniere [p. 666]
Il suit donc de ce qui vient d'être dit concernant
la distractilité, qu'elle doit avoir lieu dans la fibre,
pour que celle - ci puisse exercer son élasticité: ce qui
arrive toûjours, soit que la cause qui tend la fibre la
tire selon sa longueur, soit que la fibre de droite qu'elle
est entre deux points fixés, soit forcée à se courber,
ou que de courbe qu'elle est, elle le devienne
davantage; soit qu'étant courbe sans avoir d'attache
fixe, elle soit forcée à prendre une courbure plus
étendue, quoique de la même modification (car ce
sont - là les combinaisons générales selon lesquelles la
fibre peut être alongée, tirée, forcée en différens
sens): mais puisque la fibre entiere se laisse ainsi distendre,
& qu'il s'ensuit que les particules élémentaires dont elle est formée, se séparent alors les unes
des autres selon sa longueur, sans que pour cela il y
ait dissociation complette, attendu qu'il n'y a point
de solution de continuité apparente; comment cela
peut - il se faire? est - ce, selon l'idée de Bellini, parce
que les élémens des fibres sont disposés de maniere que
le milieu de leurs surfaces répond au joint de deux
autres contiguës, selon ce que l'on observe dans la
construction des murs de brique ou de pierre de taille,
ce qui fait dépendre la propriété dont il s'agit,
non des élémens de chaque fibre entr'eux, mais de la
totalité des fibres entr'elles, en tant qu'elles concourent
à former un organe quelconque? est - ce par la
raison, que les fibres ont des parties rameuses, qui
s'entrelacent & se lient ensemble, selon l'idée de quelques
autres physiologistes? est - ce par la force d'attraction
newtonienne, qui conserve la continuité,
quoique le contact immédiat soit diminué jusqu'à un
certain point? Cette derniere opinion paroît la plus
probable; mais de quelque maniere que la chose se
fasse, c'est tout un; peu importe: cette recherche
appartient absolument à la Physique générale, ainsi
que ce qui regarde l'élasticité, la distractilité; ce n'est
donc pas ici le lieu d'examiner quelle peut être la
cause de ces phénomenes: d'ailleurs, il vaudroit
mieux les admettre eux - mêmes, comme des causes
dont il n'est intéressant de savoir que les lois
constantes, que de se rendre le joüet de l'imagination,
en travaillant à donner des explications qui auroient
le sort de toutes celles qui ont paru jusqu'à
présent; dont on peut dire qu'elles se sont détruites
les unes les autres, au point de s'être presque fait
oublier. Voyez
Ce sur quoi il importe le plus d'insister, est l'effet des deux propriétés dont il vient d'être question, bien avérées dans toutes les fibres animales; d'où il résulte que tant qu'elles sont entieres, de quelque maniere qu'elles soient disposées dans le corps vivant, elles sont absolument dans un état de distension; par conséquent elles ne sont jamais laissées à elles - mêmes; elles sont toujours dans un état vio<cb->
C'est cette tendance, cet effort continuel des fibres, qui sont les principaux moyens par lesquels la vie se maintient: car étant toûjours distendues, elles sont dans une disposition continuelle à agir pour se raccourcir, dès que la force qui les alonge vient à diminuer; elles résistent à être intérieurement distendues, tant que leur force de ressort est supérieure ou même égale à celle qui tend à les alonger davantage. Il y a plusieurs raisons d'empêehement à ce que les fibres ne puissent pas se raccourcir autant que leur élasticité le comporteroit: les raisons particulieres à chaque aggrégé de fibres, sont tirées de leurs différentes positions méchaniques: ainsi p. e. dans celles qui sont antagonistes les unes des autres réciproquement, quoiqu'elles paroissent dans certains cas, comme le relâchement des muscles, n'être plus dans un état violent; cependant si on vient à couper un des aggrégés antagonistes, il se fait toûjours un raccourcissement dans chacune des portions séparées; elles s'écartent l'une de l'autre, se retirent vers leur point fixe; & l'antagoniste, qui reste entier, se contracte tout autant à proportion que celui qui a été coupé se retire: ce qui prouve bien que toutes ces fibres de part & d'autre, n'étoient pas sans tension; qu'elles faisoient encore effort pour se raccourcir davantage; & par conséquent, qu'elles ne cessoient pas d'être en action, quoique sans effet sensible.
Quant à l'obstacle général au relâchement entier des fibres, la cause en est facile à trouver; c'est la masse des fluides contenus dans les vaisseaux, qui tient les fibres dont ils sont composés, dans un état de distension continuelle, plus ou moins forte cependant, selon que le volume des fluides augmente ou diminue: dans le premier cas, les fibres sont tendues ultérieurement en quelque sens qu'elles soient posées: dans le second cas, elles se détendent de même en tous sens; mais ce relâchement n'est jamais parfait, tant qu'il reste des fluides dans les parties contenartes; il n'est que respectif; il n'est qu'un état de moindre distension; les fibres sont toûjours distendues en tous sens; dans le premier cas, c'est la distractilité des fibres qui est exercée, & l'élasticité dans le second; changemens qui ne cessent de se succéder tant que dure la vie, ensorte qu'elle semble dépendre d'un perpétuel inéquilibre.
Mais cet inéquilibre ne peut être connu que par
rapport aux solides comparés aux fluides, & réciproquement;
car pour ce qui est des solides entr'eux
& des fluides entr'eux respectivement, on peut au
contraire se les représenter comme dans un perpétuel
équilibre de forces, d'action, de réaction proportionnées,
au moins dans l'état de santé, qui est la
vie la plus parfaite; équilibre dont les maladies ne
sont que des lésions. Voyez
Une autre propriété des fibres, qui dérive bien naturellement
de la force élastique, c'est la vibratilité;
ce seroit ici le lieu d'en traiter aussi; mais elle
appartient de trop près au méchanisme de l'oüie,
pour en séparer ce qu'il y a à dire de cette propriété
consectaire. Voyez
Quant à l'irritabilité observée particulierement
par M. Haller, dans quelques - unes des parties du
corps humain, il suffit qu'elle ne soit pas une propriété
commune à toutes les fibres, pour qu'il ne doive
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