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Ferme particuliere (Page 6:511)
Ferme (Page 6:511)
Ferme au tiers franc (Page 6:511)
Fermes générales des Postes (Page 6:511)
Ferme (Page 6:511)
C'est le dégoût des soins pénibles de l'Agriculture
qui a rendu ce mot synonyme avec celui de maison
rustique. Presque toutes nos terres sont affermées; &
cette sorte d'abandon vaut encore mieux que les
soins peu suivis, & les demi - connoissances que pourtoient
y apporter la plûpart des propriétaires. Les
détails de la culture doivent être réservés à ceux qui
en font leur unique occupation. L'habitude seule apprend
à sentir toutes les convenances particulieres;
mais il y en a de générales dont il est également honnête
& avantageux au propriétaire d'être instruit.
Qui peut avec plus d'intérêt décider de la proportion
qui doit être entre les bâtimens & les terres de
la ferme, rassembler ou séparer ces terres, choisir un
fermier, mesurer le degré de confiance & les égards
qu'il mérite? L'ignorance sur tous ces points expose
à être grossierement trompé, ou même à devenir injuste.
Voyez
On n'est que très - rarement dans le cas de bâtir une ferme entiere; les terres que l'on acquiert sont presque toûjours attachées à quelques bâtimens déjà faits. Cependant il peut arriver qu'il n'y en ait point, ou qu'ils tombent en ruine, & que l'on soit contraint à une nouvelle construction. Alors la place naturelle de la maison est au milieu des terres qui en dépendent; leur éloignement augmente les dépenses de la culture; il y a plus de fatigue & de tems perdu. Cette position n'est cependant à rechercher que dans une plaine où il y a peu d'inégalités. Si les terres sont disposées en côteaux, la maison doit être placée au bas, afin que les voitures chargées de la récolte n'ayent qu'à descendre pour arriver aux granges.
Il faut proscrire tout ce qui est inutile dans les bâtimens d'une ferme, mais se garder encore plus de rien retrancher qui soit nécessaire. Si les granges ne peuvent pas contenir toute la récolte; s'il n'y a pas assez d'étables pour la quantité de bétail que les terres peuvent nourrir; si l'on manque de greniers où l'on puisse conserver le grain, lorsqu'il est à vil prix, un bon laboureur ne se chargera pas d'une ferme dans laquelle son industrie seroit contrainte. On n'établira cette proportion entre les bâtimens & les terres, qu'en s'instruisant parfaitement de la nature & de la quantité des récoltes qui varient dans les différens pays. Ce qui est nécessaire par - tout, c'est une cour spacieuse, & dans cette cour un lieu destiné au dé<cb->
Il est essentiel que la cour d'une ferme soit défendue des brigands & enfermée de murs; mais il ne l'est pas moins que les différens bâtimens dont elle est composée soient isolés entr'eux, pour empêcher la communication du feu, en cas d'accident. Cette crainte de l'incendie, & beaucoup d'autres raisons d'utilité doivent engager à placer une maison rustique dans un lieu voisin de l'eau. Il y a même peu d'autres avantages, qui ne doivent être sacrifiés à celui - là.
Choisir un fermier, seroit une chose assez difficile, s'il falloit entrer dans le détail des connoissances qui lui sont nécessaires; mais il y a des traits marqués auxquels on peut reconnoître celui qui est bon: par exemple, la richesse. Elle dépose en faveur des talens d'un laboureur, & elle répond d'une culture, qui sans elle ne peut être qu'imparfaite.
On regarde assez généralement l'Agriculture comme un art seulement pénible, qui peut être exercé par quiconque a du courage & des forces. On feroit plus de cas des laboureurs, vû le respect qu'on a pour l'opulence, si l'on savoit qu'ils ne peuvent rien sans elle. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à regarder ce qu'un homme qui se charge d'une ferme est contraint de dépenser avant de recueillir.
Qu'on prenne pour exemple une ferme de cinq cents arpens de terres labourables. Il faut d'abord monter la ferme en chevaux, en bestiaux, en instrumens, & en équipages; & voici ce qu'il en doit coûter.
Pour quatorze chevaux au moins . . . . . 4500 liv. Pour six cents moutons . . . . . . . . 5000 Pour vingt vaches . . . . . . . . . .1800 Pour monter le ménage en ustensiles & en instrumens . . . . . . . . . . . 3000 Pour la dépense du maréchal, du bourrelier, du cordier, &c. . . . . .2000 16300 liv.
Nous ne parlons ici que du nécessaire le plus
exact. Sans ce préalable la culture seroit impossible,
ou tout - à fait infructueuse. Après cela, voici le détail
des frais annuels. Il s'en faut de beaucoup que
nous ne les portions au prix auquel on fixe ordinairement
les labours, les fumiers, &c. Nous les évaluons sur les facilités qu'a un fermier de nourrir ses
chevaux & son bétail. On sait que les terres se divisent
en trois soles égales. Voyez
Pour ouatre labours donnés à 133 arpens de terre destinés à être semés en blé, chaque labour à 5 liv. . . . . . . 2660 liv. Pour fumer cette même quantité d'arpens, à 15 liv. pour chacun. . . . . . 2000 Pour 120 septiers de blé à semer . . . 1800 Pour sarcler le blé . . . . . . . . 200 Pour frais de récolte, de transport, & d'entrée dans la grange. . . . . . . 1200 Pour labourer deux fois 133 arpens destinés aux menus grains . . . . . . 1330 Pour la semence . . . . . . . . . 800 Pour sarcler. . . . . . . . . . . 300 Pour frais de récolte, &c.. . . . 700 10990 liv.
Il faut donc au moins 27000 liv. d'argent dépensé dans une ferme, telle que nous l'avons dite, avant la premiere récolte, & elle n'arrive que dix - huit mois après le premier labour; souvent même elle ne répond pas aux soins du fermier. Quelque habileté qu'ait un laboureur, il n'apprend à exciter toute la fécondité de ses terres, qu'en se familiarisant avec elles. Ainsi il ne doit pas attendre d'abord un dédommagement proportionné à ses avances; & il ne [p. 512]
On voit que le labourage est une entreprise qui demande une fortune déjà commencée. Si le fermier n'est pas assez riche, il deviendra plus pauvre d'année en année, & ses terres s'appauvriront avec lui. Que le propriétaire examine donc quelle est la fortune du fermier qui se présente; mais qu'il ne néglige pas non plus de s'assûrer de ses talens. Il est essentiel qu'ils soient proportionnés à l'étendue de la ferme dont on lui remet le soin.
Un homme ordinaire peut être chargé sans embarras
de l'emploi de quatre voitures. Une voiture
suffit à cent vingt - cinq arpens de terre d'une qualité
moyenne; & la voiture est composée pour ces terres
de trois ou quatre chevaux, selon les circonstances,
& la profondeur qu'on veut donner au labour.
Nous parlerons ailleurs de la culture à laquelle on
employe des boeufs. Voyez
Une ferme qui n'est composée que de terres labourables, peut souvent tromper, ou du moins ne pas remplir entierement les espérances du fermier. Il est très - avantageux d'y joindre des prés, des pâturages, des arbres fruitiers, de ces bois plantes dans les haies, dont on élague les branches, le fourrage & les si uits peuvent servir de dédommagement dans les années médiocres. Le produit des haies dispense le laboureur d'acheter du bois; & pour le plus grand nombre d'entr'eux, épargner, c'est plus que gagner. Une ferme de cette étendue, & ainsi composée, fournit à un homme intelligent les moyens de développer une industrie qui est toûjours plus active en grand, parce qu'elle est plus intéressée. Il résulte delà, que si l'on a deux petites fermes, dont les terres soient contigues, il est toûjours avantageux de les réunir. Elles auront ensemble plus de valeur; il y aura moins de bâtimens à entretenir, & un fermier vivra seul avec aisance, où deux se seroient peut - être ruinés.
Pour fixer le prix d'une ferme, il faut qu'un propriétaire connoisse bien la nature de ses terres, & qu'il juge des avantages ou des desavantages qui peuvent résulter de leur quantité combinée avec leur melange. On regarde ordinairement comme une chose fâcheuse d'avoir une telle quantité de terres, qu'elle ne soit pas entièrement proportionnée à un certain nombre de voitures: par exemple, d'en avoir plus que trois voitures n'en peuvent cultiver, & pas assez pour en occuper quatre. Et moi je dis, heureux le bon laboureur qui est dans ce cas - là! Il aura quatre voitures; ses labours, ses semailles, le transport de ses fumiers, tout sera fait plus promptement. Si quelques - uns de ses chevaux deviennent malades, rien n'en sera retardé; & la nécessité le rendant industrieux, il trouvera mille moyens avantageux d'employer le tems superflu de sa voiture.
La nature & l'assemblage des terres ne sont pas les seules choses à considérer avant de se décider sur le prix. Il varie encore dans les différens lieux en proportion de la rareté de l'argent, de la consommation des denrées, de la commodité des chemins, & de l'incertitude des récoltes qui n'est pas égale par - tout. Nous ne pouvons donc rien dire de précis là - dessus, & nous devons nous borner à montrer les objets sur lesquels il faut être attentif.
Les redevances en denrées sont celles qui coûtent le moins à la plûpart des fermiers. Ils sont plus attachés à l'argent, parce qu'ils en ont moins, que tous les jours ils sont dans le cas d'en dépenser nécessairement, & que d'ailleurs cette sorte de richesse n'est point embarrassante. Les autres réalisent leur argent; pour eux acquérir de l'argent, c'est réaliser.
Si le propriétaire est en doute sur la valeur juste de ses terres, il est de son intérêt de laisser l'avantage
Il n'est que trop vrai, que dans toute convention faite avec des hommes, on a besoin de précautions contre l'avidité & la mauvaise foi; il faut donc que le propriétaire prévienne dans les clauses d'un bail, & empêche pendant sa durée l'abus qu'on pourroit faire de sa confiance. Par exemple, dans les lieux où la marne est en usage, le fermier s'oblige ordinairement à marner chaque année un certain nombre d'arpens de terre; mais si l'on n'y veille pas, il épargnera peut - être sur la quantité de cet engrais durable, & la terre n'en recevra qu'une fécondation momentanée. On stipule souvent, & avec raison, que les pailles ne soient point vendues, mais qu'elles soient consommées par les bestiaux, & au profit des fumiers. Cela s'exécute sans difficulté dans tous les lieux éloignés des villes; mais par - tout où la paille se vend cher, c'est une convention que le plus grand nombre des fermiers cherche à éluder. Ce n'est pas qu'il n'y ait réellement un plus grand avantage à multiplier les engrais, sans lesquels on ne doit point attendre de grandes récoltes; mais l'avarice est aveugle, ou ne voit que ce qui est près d'elle. La vente actuelle des pailles touche plus ces laboureurs, que l'espérance bien fondée d'une suite de bonnes récoltes. Il faut donc qu'un propriétaire ait toûjours les yeux ouverts sur cet objet: il n'en est point de plus intéressant pour lui, puisque la conservation du fonds même de sa terre en dépend; cependant dans les années & dans les lieux où la paille est à un très haut prix, on peut procurer à son fermier l'avantage d'en vendre; mais il faut exiger que la voiture qui porte ce sourrage à la ville, revienne à la ferme chargée de fumier. Cette condition est une de celles sur lesquelles on ne doit jamais se relâcher.
On voit par - là qu'un propriétaire qui a donné ses
terres à bail, seroit imprudent s'il les regardoit comme
passées dans des mains étrangeres. Une distraction
totale l'exposeroit à les retrouver après quelques
années dans une dégradation ruineuse. L'attention devient moins nécessaire, lorsqu'on a pû s'assûrer
d'un fermier riche & intelligent; alors son intérêt
répond de ses soins. La mauvaise foi, en Agriculture, est presque toûjours un effet de la pauvreté
ou du défaut de lumieres. Cet homme étant trouvé,
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