ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"497"> un sel que l'on nomme vitriol; mais pour que la dissolution se fasse promptement, il faut que l'acide vitriolique ne soit pas concentré. Pendant que cette dissolution s'opere, il s'en dégage des vapeurs qui s'enfiamment avec explosion. La même chose arrive avec l'acide du sel marin.

Le fer, quand il a été mis dans l'état de chaux métallique, n'est plus soluble, ni dans l'acide nitreux, ni dans l'acide végétal: celui du sel marin agit un peu sur la chaux martiale, & la dissolution devient d'un rouge très - vif: celle qui se fait dans l'acide vitriolique, est verte.

Parties égales de limaille de fer & de nitre triturées ensemble, s'enflamment & détonnent quand on met ce mélange dans un creuset rougi: par là le fer est mis dans l'état de chaux; phénomene qui prouve évidemment que le fer contient du phlogistique. Cette vérité est encore confirmée par l'expérience que rapporte M. Brandt, qui dit que lorsque pour dégager l'argent du plomb on se sert d'un têt ou d'une grande coupelle entourée d'un cercle de fer, la litharge ou le verre de plomb qui se fait dans cette opération, se réduit en plomb, lorsqu'il vient à toucher le cercle de fer qui entoure la coupelle.

On peut encore ajoûter une expérience qui prouve cette vérité: c'est qu'on peut enlever à du fer son phlogistique, pour le faire passer dans d'autre fer. C'est ainsi qu'en trempant une barre de fer dans du fer de gueuse en fusion, la barre se change en acier.

Le fer mêlé avec du soufre, & mis à rougir dans les vaisseaux fermés, se change en une chaux métallique ou en safran de Mars; mais si l'on applique du soufre à du fer qui a été rougi jusqu'à blancheur ou jusqu'au point de la soudure, le fer & le soufre se combinent, & forment une union semblable à celle qu'ils font dans la pyrite martiale, & le corps qui en résulte se décompose à l'air & y tombe en efflorescence, comme cela arrive à quelques pyrites.

Si l'on triture une chaux martiale, eu de la mine de fer qui a éte grillée avec du sel ammoniac, le tout devient susceptible de la sublimation.

Le tore de soufre, le sel de Glauber, le sel de duobus, & les autres sels formés par l'union de l'alkali fixe & de l'acide vitriolique, dissolvent le fer, comme les autres métaux, à l'aide de la fusion, & forment des sels avec lui, sur - tout si l'on joint aux deux derniers sels une quantité suffisante de matiere inflammable.

Lorsque le fer est dans l'état d'une chaux métallique, ou de ce qu'on nomme safran de Mars, il entre aisément en fusion avec les matieres vitrifiables; c'est ce qui fait que l'on peut s'en servir avec succès dans les émaux, la peinture sur la porcelaine & sur la fayence, &c.

Un phénomene digne d'attention, que nous devons à M. Brandt, c'est que les chaux martiales mêlées avec des matieres vitrifiables, demandent un degré de feu moins violent pour être vitrifiées, que celui qu'elles exigent pour être réduites, c'est - à dire remises dans l'état métallique, tandis que les autres métaux demandent un feu plus fort pour leur vitrification que pour leur réduction: sur quoi ce savant chimiste observe qu'il est important de faire attention à cette propriété du fer dans le traitement de ce métal, & lorsqu'il est question de le séparer d'avec les métaux parfaits.

Ni la mine de fer, après qu'elle a été grillée, ni la pierre à chaux, traitées séparément dans un creuset couvert au fourneau de fusion, ne se changent en verre, quand même on donneroit un feu très violent pendant une demi - heure; mais si on mêle ensemble ces deux substances en parties égales, en donnant le même degré de feu, en beaucoup moins de tems elles seront entierement vitrifiées, & changées en un verre noir. M. Brandt ajoûte que si l'on joint du spath fusible à la pierre calcaire, la vitrification se fera encore plus promptement.

Il y a du fer qui a la propriété d'être cassant lorsqu'il est froid: c'est à l'arsenic que M. Brandt attribue cette mauvaise qualité. En effet, comme on l'a déjà remarqué, ce demi - métal s'unit très - intimement avec le fer par la fusion, desorte qu'il est ensuite très difficile de l'en séparer. Ce qui prouve le sentiment de M. Brandt, c'est que le fer cassant à froid est très fusible, & que de toutes les substances minérales il n'y en a point qui facilite plus la fusion que l'arsenic. Le moyen le plus sûr de prévenir cette union du fer & de l'arsenic, c'est de griller soigneusement la mine avant que de la faire fondre; car il est plus facile de faire partir ainsi la partie arsénicale, qu'à l'aide des additions, telles que les alkalis, les pierres caicaires, le sousre, &c. d'autant plus que l'arsenic s'en va en fumée quand il ne rencontre point de substance à laquelle il s'attache & qu'il mette en fusion. Pour que ce grillage soit plus exact, M. Brandt conseille de mêler du charbon pilé grossierement, avec la mine qu'on veut griller, afin que la chaleur soit assez forte pour en expulser la plus grande partie de l'arsenic.

Quant à la propriété que le fer a quelquefois de se casser quand il est rougi, M. Brandt l'attribue à l'acide du soufre, qui n'en a pas été suffisamment dégagé par le grillage: c'est aussi la raison pourquoi le fer de cette espece est plus difficile à mettre en fusion. Pour remédier à cet inconvénient, il faut faire essuyer au fer un grand feu dans les premieres opérations; & pour que la masse de fer fondu soit mieux pénétrée dans le fourneau, il faut faire ensorte que le sol n'en soit point trop profond. Voyez les mémoires de l'académie royale des Sciences de Suede, vol. XIII. année 1751.

Le fer exposé au miroir ardent, se vitrifie, & se change en un verre qui ressemble à de la poix résine.

Si l'on mêle ensemble partie égale de limaille de fer & de soufre en poudre, & qu'on les humecte avec de l'eau, au bout de quelque tems il part des vapeurs & fumées de ce mélange, qui à la fin s'enflamme. M. Lemery, à qui on doit cette expérience, prétend expliquer par - là la formation des volcans & des embrasemens soûterreins.

Personne n'ignore qu'un caillou frappé avec du fer, donne des etincelles. Quoique cette expérience soit très - commune, elle présente un phénomene très - digne de remarque. En effet, le fer est de tous les métaux le plus difficile à faire entrer en fusion; cependant dans l'expérience dont il s'agit, il y entre en un clin - d'oeil, puisque chaque étincelle qui part, n'est autre chose que du fer fondu & réduit en une scorie, comme on peut s'en assûrer à l'aide du microscope. Voyez Feu.

Le fer a plus de disposition à s'unir avec le soufre, que les autres substances métalliques; c'est pourquoi on peut s'en servir pour les dégager de leur soufre. C'est cette propriété du fer qui a donné lieu à la phrase dont se servent les métallurgistes allemands, qui disent que le fer est le maître dans le fourneau.

Si la seule utilité décidoit du prix des choses, il est certain que le fer devroit être regardé comme le plus précieux des métaux; il n'y a point de profession, d'art ou de métier dans lesquels on n'en ait un besoin indispensable, & il saudroit des volumes pour indiquer seulement ses différens usages: tout le monde sait que la Medecine en tire des avantages très réels dans un grand nombre de maladies, on les trouvera à l'article Remedes Martiaux. ( - )

Fer cassant à froid (Page 6:497)

Fer cassant à froid; il se connoît en ce qu'il a le grain gros & clair à la cassure, comme l'étain de glace. Quand on manie la barre, on le trouve rude à la main; il est tendre au feu; il ne peut endu<pb-> [p. 498] rer une grande chaleur sans se brûler. Il y a de ces sortes de fers qui deviennent plus cassans en les forgeant, & ne peuvent être ni dressés ni tournés à froid.

Fer doux (Page 6:498)

Fer doux. Le fer doux se connoît à la cassure, qui doit être noire tout - en - travers de la barre: alors il est malléable à froid, & tendre à la lime; mais il est plus sujet à être cendreux, c'est - à - dire moins clair & moins luisant après qu'il est poli; il s'y trouve des taches grises: ce n'est pas qu'il ne se trouve des barres de ce fer qui n'ont point ces défauts.

Il y a d'autres fers qui à la cassure paroissent gris, noirs, & tirant sur le blanc, qui sont beaucoup plus roides que le précédent; ils font très - bons pour les Maréchaux, les Serruriers, les Taillandiers, & en général tous les ouvriers en gros ouvrages noirs; car à la lime on lui remarque des grains qu'on ne peut emporter.

Il y a d'autres fers mêlés à la cassure; ils ont une partie blanche, & l'autre grise ou noire; le grain en est un peu plus gros qu'aux fers ci - dessus; ils sont réputés les meilleurs; ils se forgent facilement; ils se liment bien prenant un beau poli, & ne sont sujets ni à des grains, ni à des cendrures, parce qu'ils s'affinent à mesure qu'on les travaille.

Il y a une autre sorte de fer qui a le grain fort petit, comme l'acier; il est pliant à froid, & bouillant à la forge; ce qui le rend difficile à forger & à limer. Il est bon pour les outils & les travaux de la terre.

Fer rouverain (Page 6:498)

Fer rouverain, il se connoît à des gerçures ou découpures qu'on voit traverser les quarrés des barres; il est pliant, malléable à froid, & cassant à chaud; il rend une odeur de soufre à la forge; si on le frappe, il en sort des étincelles semblables à de petites flammes en étoiles. Quand on le chauffe un peu plus blanc que couleur de cerise rouge, il s'ouvre à chaud, & quelquefois presque tout en - travers de la barre, sur - tout lorsqu'on le bat, ou qu'on le ploye. Il est sujet à avoir des pailles & des grains: c'est le défaut du fer d'Espagne.

Les vieux fers qui ont été exposés long - tems à l'air, sont sujets à devenir rouverains.

Fleur de Fer (Page 6:498)

Fleur de Fer, voyez Flos Martis.

Fer (Page 6:498)

Fer, (Marque des Fers.) droit domanial de la couronne, faisant partie de la ferme générale des aides, consistant au dixieme qui se devoit prendre sur tout ce qui se tiroit des mines & minieres du royaume, dont Charles VI. ordonna la levée à son profit par lettres patentes du 30 Mai 1413, comme lui appartenant de plein droit en qualité de roi, & non aux seigneurs qui le prétendoient.

Il fut rendu par la suite plusieurs édits & arrêts, pour créer divers officiers, remédier aux abus, & empêcher les inconvéniens qui n'arrivoient que trop fréquemment par la rupture des ouvrages. En 1602, la charge le sur - intendant des mines fut créée en faveur de Roger de Bellegarde, & Beringhen en eut le contrôle général. Le meilleur moyen qui fut employé, fut de rétablir l'usage du fer doux, & de ne permettre celui du fer aigre qu'aux ouvrages dont la rupture ne pouvoit causer aucun accident; il fut créé à cette occasion de nouveaux officiers, pour connoître, marquer, & distinguer le fer doux d'avec le fer aigre; il fut attribué à tous ces officiers divers droits. En 1628, le fer mis en oeuvre & apporté des pays étrangers, fut déclaré sujet, ainsi que celui des forges du royaume, & assujettis à être conduits & déchargés aux bureaux pour y payer les droits.

La quincaillerie étant un composé de fer & d'acier, fut déclarée sujette en 1636.

La mine de fer est sujette auxdits droits, sauf l'évaluation que l'on a fixée au quart; & s'il est réduit en quintal de gueuses, il paye comme fer parfait, parce que les fontes ne sont plus sujetres à aucun déchet. Ces droits sont fixés par l'ordonnance de 1680, sur le fait des aides & entrées, à raison de 13 sous 6 den. par quintal de fer, 18 sous par quintal de quincaillerie grosse & menue, 20 sous par quintal d'acier, & 3 sous 4 den. par quintal de mine de fer, sur le pié de 100 l. poids de marc par quintal, pour distinguer le poids de forges qui est beaucoup plus fort.

Il n'y a nulle exemption de ces droits, ni aucun privilége; les fermiers du domaine, les propriétaires des forges de quelque qualité qu'ils soient, même les ecclésiastiques pour celles qui sont du temporel de leurs bénéfices, encore qu'ils les fassent valoir par les mains de leurs domestiques, tous indistinctement y sont assujettis. Les boulets de canon, bombes, & grenades, quoique pour le service de S. M. y ont été déclarés sujets.

Ces droits font partie de la ferme générale, & sont soûfermés pour tout le royaume à une seule compagnie. Les baux sont de six ans, comme ceux des autres droits d'aides. La régie est la même. Cet article est de M. Dufour.

*Fer - blanc. M. Colbert appella en France les premiers manufacturiers en fer blanc qu'on y ait vûs. Les uns s'établirent à Chenesey en Franche - Comté, les autres à Beaumont - la - Ferriere en Nivernois, mais ces ouvriers précieux ne trouvant pour les soûtenir ni une intelligence ni une protection telles que celles qui les avoient attirés, n'eurent aucun succes, & se retirerent. Il s'en éleva une manufacture à Strasbourg sur la fin de la régence. Il y a actuellement quatre manufactures de fer - blanc en France: 1° celle de Mansvaux en Alsace, établie il y a quarante - deux ans: 2° celle de Bain en Lorraine, établie en 1733, sur des lettres - patentes du duc François III. confirmées en 1745 par le roi Stanislas de Pologne: 3° celle de Moramber en Franche - Comté, établie depuis cinq années: 4° une établie depuis trois ans à une lieue de Nevers. On y porte le fer en petits barreaux: le meilleur est celui qui s'étend facilement, qui est ductile & doux, & qui se forge bien à - froid; mais il ne faut pas qu'il ait ces qualités avec excès. On le chauffe en A; on l'applatit d'abord un peu en B, & dès le premier voyage sous le gros marteau C, on le coupe en petits morceaux qu'on appelle semelles. La semelle peut fournir deux feuilles de ferblanc, d d d. On chauffe ces morceaux jusqu'à étinceler violemment, dans l'espece de forge A; on les applatit grossierement. On rechauffe une troisieme fois, & on les étend sous le même gros marteau C, jusqu'à doubler à - peu - près leurs dimensions; puis on les plie en deux, suivant la longueur. On les trempe dans une eau trouble qui contient une terre fabuleuse, à laquelle il feroit peut - être très - à - propos d'ajoûter du charbon en poudre, les semelles en seroient moins brûlées. L'effet de cette immersion est d'empêcher les plis de souder. Quand on a une grande quantité de ces feuilles pliées en deux, on les transporte à la forge S; on les y range à côté les unes des autres verticalement, sur deux barres de fer qui les tiennent élevées, & l'on en forme une file plus ou moins grande, selon leur épaisseur: on appelle cette fille, une trousse. Un levier de fer qu'on leve ou qu'on abaisse quand il en est tems, sert à tenir la trousse serrée: on met ensuite dessous & dessus du plus gros charbon, & l'on chauffe. Quand on s'apperçoit que la file est bien rouge, un ouvrier prend un paquet ou une trousse de quarante de ces feuilles doubles, & le porte sous le marteau. Ce second marteau est plus gros que le précédent; il pese 700, & n'est point acéré. Là ce paquet est battu jusqu'à ce que les feuilles ayent acquis à - peu - près leur dimension; mais il

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