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Les mines de fer se trouvent dans la terte, ou par filons, ou par lits & en couches suivies, ou par fragmens détachés que l'on nomme rognons; on les trouve souvent dès la premiere couche de la terre; il s'en rencontre aussi au fond de quelques lacs & marais.
On ne donnera point ici la descriprion des travaux,
par lesquels on fait passer les mines pour en
tirer le fer; on en trouvera les détails à l'article
Le fer qui vient de la premiere fonte de la mine,
s'appelle fer de gueuse; il est rarement pur & propre
à être traité au marteau: cependant on peut s'en servir
à différens usages, comme pour faire des plaques
de cheminées, des chaudieres, &c. Mais pour lui donner
la ductilité & la pureté qui conviennent, il faut
le faire fondre à plusieurs reprises, & le frapper à
grands coups de marteau; c'est ce qu'on nomme affiner. Ce n'est qu'à force de forger le fer, qu'on lui
donne de la ductilité, la tenacité & la douceur; qualités
qui lui sont nécessaires pour qu'il passe par les
autres opérations de la forge. Voyez
L'acier n'est autre chose qu'un fer très - pur, & dans
lequel, par différens moyens, on a fait entrer le plus
de phlogistique qu'il est possible. V.
On a crû fort long - tems qu'on ne pouvoit employer que du charbon de bois pour l'exploitation des mines de fer, & que le charbon de terre n'y étoit point propre; mais il n'y a pas long - tems qu'en Angleterre on a trouvé le moyen de se servir avec assez de succès du charbon de terre dans le traitement des mines de fer. Il faut pour cela qu'il ne contienne que très - peu, ou même point de parties sulphureuses, & beaucoup de matiere bitumineuse. Voyez Wright, dissert. de ferro, page 4.
Nous avons dit plus haut que le fer est si abondamment répandu dans le regne minéral, qu'il y a très peu de terres & de pierres qui n'en contiennent une portion. C'est ici le lieu de rapporter la fameuse expérience de Becher. Ce chimiste prit de l'argille ou terre à potier ordinaire, dont on se sert pour faire les briques. Après l'avoir séchée & pulvérisée, il la mêla avec de l'huile de lin, & en forma des boules qu'il mit dans une cornue; & ayant donné un degré de feu qui alloit en augmentant pendant quelques heures, l'huile passa à la distillation, & les boules resterent au fond de la cornue: elles étoient devenues noires. Après les avoir pulvérisées, tamisées & lavées, elles déposerent un sédiment noir, dont, après l'avoir séché, il tira du fer en poudre au moyen d'un aimant.
Cette expérience de Becher donna lieu à beaucoup d'autres, & l'on trouva que non - seulement l'argille, mais encore toutes les substances végétales, donnoient, après avoir été réduites en cendres, une certaine quantité d'une matiere attirable par l'aimant. C'est - là ce qui donna lieu à la fameuse question de M. Geoffroy, de l'académie royale des Sciences de Paris: s'il étoit possible de trouver des cendres des plantes sans fer? sur quoi il s'éleva une dispute très - vive, pour savoir si le fer qu'on trouvoit dans les cendres des végétaux, y existoit réellement avant qu'elles enssent été brûlées; ou si ce métal n'y avoit été formé que par l'incinération & la combustion du végétal.
M. Lemery le jeune soûtint le premier sentiment contre M. Geoffroy qui maintenoit le dernier, & la dispute dura pendant plusieurs années entre ces deux académiciens, comme on peut le voir dans les mémoires de l'académie royale des Sciences, des annees 1704, 1705, 1706, 1707, 1708 & 1709, où l'on trouvera les raisons sur lesquelles chacun des adversaires établissoit son sentiment.
Ces deux avis ont eu chacun leurs partisans. M. [p. 496]
Quoi qu'il en soit, il est certain que le fer étant si généralement répandu dans le regne minéral, & ce métal étant disposé à se dissoudre & à être décomposé par tous les acides, par l'eau, & même par l'air, il n'est pas surprenant qu'il soit porté dans les végétaux, pour servir à leur accroissement & entrer dans leur composition. Il y a même lieu de croire que c'est le fer diversement modifié, qui est le principe des différentes couleurs que l'on y remarque. Cela posé, il n'y a pas non plus à s'étonner s'il se trouve du fer dans les cendres des substances animales; il est aisé de voir qu'il a dû nécessairement passer dans le corps des animaux, au moyen des végétaux qui leur ont servi d'alimens. Des expériences réitérées prouvent ce que nous avançons. En effet, il se trouve plus ou moins de fer dans le sang de tous les animaux: c'est la chair & le sang des hommes qui en contiennent une plus grande quantité; les quadrupedes, les poissons, & enfin les oiseaux, viennent ensuite. Il faut pour cela que les parties des animaux soient réduites en cendres, & alors on trouvera que dans les os & les graisses il n'y a point du tout de fer; qu'il n'y en a que très - peu dans la chair, mais que le sang en contient beaucoup. Ces parties ferrugineuses ne se trouvent point dans la partie séreuse, mais dans les globules rouges, qui donnent la couleur & la consistence au sang. M. Menghini, savant Italien, a cherché à calculer la quantité de fer contenue dans chaque animal, & il a trouvé que deux onces de la partie rouge du sang humain donnoient vingt grains d'une cendre attirable par l'aimant; d'où il conclut qu'en supposant qu'il y ait dans le corps d'un adulte 25 livres de sang, dont la moitié est rouge dans la plûpart des animaux, on doit y trouver 70 scrupules de particules de fer attirables par l'aimant.
M. Gesner, auteur d'un ouvrage allemand qui a pour titre, selecta physico - oeconomica, tome I. p. 244. imprimé à Stutgard, rapporte ces expériences; il y joint ses conjectures, qui sont que les particules de fer qui se trouvent dans le sang, doivent contribuer à sa chaleur, en ce qu'elles doivent s'échauffer par le frotement que le mouvement doit causer entr'elles; & il insinue que ces phénomenes étant examinés avec soin, peuvent éclairer la Medecine, & jetter du jour sur le traitement des maladies inflammatoires: d'ailleurs on sait que les remedes martiaux excitent au commencement un mouvement de fievre dans ceux qui en font usage.
Le fer, suivant les meilleurs chimistes, est composé d'une portion considérable de phlogistique, du principe mercuriel ou métallique, & d'une grande quantité de terre grossiere; à quoi quelques - uns ajoûtent qu'il entre un sel vitriolique dans sa composition. Nous allons examiner ce métal, eu égard aux substances dont la Chimie se sert pour le décomposer.
Le fer à l'air perd une partie de son phlogistique, ce qui fait qu'il se convertit en rouille, qui est une chaux martiale: sur quoi il faut observer que l'acier, qui, comme nous l'avons déjà remarqué, n'est que du fer très - chargé de phlogistique, ne se rouille pas
L'eau agit sur le fer; mais, suivant M. Roüelle, ce n'est pas comme dissolvant: cependant elle le dégage de son phlogistique, & le change en rouille.
Quant aux différens effets du fer allié avec les autres substances métalliques, on n'a crû pouvoir mieux faire que de rapporter ici les expériences que M. Brandt, célebre chimiste suédois, a communiquées à l'académie de Stockolm, dont il est membre, dans un mémoire inséré dans le tome XIII. des mémoires de l'académie royale de Suede, année 1751, dont nous donnons ici l'extrait.
Le fer & l'or fondus en parties égales, donnent un alliage d'une couleur grise, un peu aigre, & attirable par l'aimant.
Parties égales de fer & d'argent donnent une composition dont la couleur est à peu de chose près aussi blanche que celle de l'argent; mais elle est plus dure, quoiqu'assez ductile: elle est attirable par l'aimant.
Si on fait fondre une partie de fer avec deux parties d'étain, on aura une composition qui sera d'un gris obscur dans l'endroit de la fracture, malléable, & attirable par l'aimant.
Le cuivre s'unit avec le fer par la fusion, & acquiert par - là de la dureté. Cette composition est grise, aigre, & peu ductile: elle est attirable par l'aimant.
Une partie de fer & trois parties de plomb fondus à l'aide du slux noir & de la poussiere de charbon, donnent une composition qui ressemble à du plomb, & qui est attirable par l'aimant. On peut douter de cette expérience de M. Brandt.
Le fer peut être amalgamé avec le mercure, si pendant qu'on triture ensemble ces deux substances, on verse dessus une dissolution de vitriol; mais l'union qui se fait pour lors n'est point durable, & le mercure au bout de quelque tems se sépare du fer, qui est réduit en rouille ou en saffran de Mars.
Parties égales de fer & de régule d'antimoine fondus ensemble, font une composition qui ressemble à du fer de gueuse, & qui n'est point attirable par l'aimant.
Le fer fondu avec l'arsenic & le flux noir, forme une composition semblable au fer de gueuse, qui n'est point attirable par l'aimant.
Le régule du cobalt s'unit avec le fer, sans qu'il arrive aucun déchet de leur poids. Quand la fusion s'opere à l'aide d'un alkali & d'une matiere inflammable, la composition qui en résulte est attirable par l'aimant.
Le fer & le bismuth s'unissent par la fusion, & le tout qui s'est formé est attirable par l'aimant.
Le fer & le zinc ne peuvent point former d'union, parce que le zinc se brûle & se dissipe à un degré de chaleur aussi violent que celui qu'il faut pour mettre le fer en fusion.
Le fer seul exposé à la flamme, se réduit en une chaux ou safran de Mars; phénomene qui n'arrive point dans les vaisseaux fermés, quelle que fût la violence du feu: pour lors ce métal ne fait que se purifier & se perfectionner.
Le fer se dissout avec une effervescence considérable dans l'acide nitreux; mais lorsque cet acide est très - concentré, la dissolution n'est jamais claire & transparente. Quand on veut qu'elle soit claire, il faut affoiblir l'acide nitreux avec une grande quantité d'eau, & n'y mettre qu'un peu de fer. C'est un moyen d'avoir de l'esprit de nitre fumant, très - fort, que de le distiller sur du fer.
L'acide du sel marin dissout le fer aussi - bien que l'acide végétal. L'eau régale, soit qu'elle ait été faite avec du sel ammoniac, soit avec du sel marin, agit aussi sur le fer.
L'acide vitriolique dissout le fer, & forme avec lui
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