ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"465"> &c. Feindre a une acception propre à la Poésie. Voyez l'article Fiction.

Feindre, Boiter (Page 6:465)

Feindre, Boiter, (Manége, Maréchallerie.) ces deux mots ne sont pas exactement synonymes; le premier n'est d'usage que dans le cas d'une claudication legere, & en quelque sorte imperceptible. Si nombre de personnes ont une peine extrème à discerner la partie qui dans l'animal qui boîte est affectée, quelle difficulté n'auront - elles pas à la reconnoître dans l'animal qui feint? Un cheval voisin de sa chûte, à chaque pas qu'il fait boite tout bas. Feindre se dit encore lorsqu'en frappant sur le pié de l'animal, ou en comprimant quelque partie de son corps, il nous donne par le mouvement auquel cette compression ou ce heurt l'engage, des signes de douleur. On doit d'abord sonder le pié de tout cheval qui feint ou qui boite, en frappant avec le brochoir sur la tête des clous qui maintiennent le fer. Voyez Ecart. Lorsque le clou frappé occasionne la douleur, & par conséquent l'action de feindre ou de boiter, on observe un mouvement très - sensible dans l'avant - bras, & nous exprimons ce mouvement par le terme de feindre pris dans le dernier sens. (e)

FEINTE (Page 6:465)

FEINTE, s. f. en Musique, est l'altération d'une note ou d'un ton, par dièse ou par bémol. C'est proprement le nom générique du dièse & du bémol même. Ce mot n'est plus guere en usage.

C'est de - là qu'on appelloit aussi feintes les touches chromatiques du clavier, que nous appellons aujourd'hui touches blanches, & qu'autrefois on faisoit noires plus ordinairement. Voyez Chromatique, & l'article suivant. (S)

Feinte coupée (Page 6:465)

Feinte coupée des épinettes & des clavessins qui ne sont pas à ravalement, est la touche du demi - ton de l'ut & de l'octave des basses que l'on coupe en deux, ensorte que cela forme deux touches que l'on accorde en b - fa - si & en a - mi - la, lorsqu'elles sont suivies d'un g - ré - sol, qui est - la - touche noire qui précede les quatriemes octaves. Voyez la figure de l'épinette à l'italienne, Pl. VI. de Lutherie, fig. 6. & son article.

Feinte (Page 6:465)

Feinte, (Escrime.) est une attaque qui a l'apparence d'une botte, & qui détermine l'ennemi à parer d'un côté, tandis qu'on le frappe d'un autre.

Pour bien faire une feinte, il faut, 1°. dégager (voyez Dégagement volontaire), & faire le mouvement de porter une botte sans avancer le pié droit: 2°. dans l'instant que l'ennemi pare cette fausse botte, vous évitez la rencontre de son épée (voyez l'article Dégagement forcé), & incontinent on alonge l'estocade, pour saisir le tems que son bras est occupé à parer.

Double feinte; elle se fait lorsqu'on attaque l'ennemi par deux feintes.

Feinte droite, c'est faire une feinte sans dégager.

Feinte (Page 6:465)

Feinte, dans l'usage de l'Jmprimerie, s'entend d'un manque de couleur qui se trouve à certains endroits d'une feuille imprimée, par comparaison au reste de la feuille. Un ouvrier fait une feinte, pour le peu qu'il manque à la justesse qu'il faut avoir pour appuyer également la balle sur la forme dans toute l'étendue de sa surface.

FEINTIERS ou ALOSIERES, VERGUES (Page 6:465)

* FEINTIERS ou ALOSIERES, VERGUES, VERGUEUX ou RETS VERGUANS, CAHUYAUTIERS, termes de Pêche qui sont synonymes, & qui désignent une sorte de filet propre à prendre des aloses; ce qui leur a fait donner aussi le nom d'alosieres: en voici la description.

Ce filet, qui est travaillé, est semblable à ceux dont on fait la dreige dans la mer (voy. Dreige), & fabriqué de même, à cette différence près, qu'il court 3 cordes le long du filet; celle de la tête, que les Pêcheurs nomment la corde du liége; celle du milieu, qu'ils nomment la corde du parmi; & celle du pié, qu'ils appellent la corde du plomb, parce qu'elle en est garnie, comme les tramaux de la dreige: elle sépare la nappe & les tramaux en deux. La corde du parmi, qui ne se trouve point dans les filets de mer, sert à mieux soûtenir le filet, dont la nappe est formée d'un fil très - fin, & que les aloses, les saumons & autres gros poissons creveroient aisément sans cette précaution.

Pour faire cette pêche on jette le filet dans l'eau, après avoir mis une bouée au bout forain. Il y a dans chaque bateau quatre hommes d'équipage, deux qui rament, un qui gouverne, & un quatrieme qui pare ou tend le filet, dont la position est en - travers de la riviere, pour que le poisson qui s'abandonne au courant de l'eau, puisse s'y prendre. On pêche de flot & de jusant.

Cette pêche des aloses dure depuis le mois de Février jusqu'à la fin de Mai.

Les alosieres ont les mailles des hamaux, qui sont les deux rets extérieurs du tramail, de huit pouces en quarré. La toile, nappe ou flue a les mailles de deux pouces quatre lignes en quarré. Ces filets ne sont pas chargés de beaucoup de plomb par bas; ensorte qu'étant considérés comme une dreige, ils ne causent point sur le fond de la riviere le même desordre que la dreige dans la mer, puisqu'ils ne font presque que rouler sur le sable.

FELAPTON (Page 6:465)

* FELAPTON, (Logique.) terme technique où les voyelles désignent la qualité des propositions qui entrent dans un syllogisme particulier; ainsi la voyelle E marque que la majeure doit être universelle négative; la voyelle A, la mineure universelle affirmative; la voyelle O, la conclusion particuliere négative. Voyez Syllogisme.

FELD (Page 6:465)

FELD, (Géog.) Ce mot qui en allemand signifie une plaine, une campagne, entre dans la composition de plusieurs noms géographiques, & se met dans quelques - uns au commencement, & dans quelques autres à la fin du mot, selon le caprice de l'usage. (C. D. J.)

FELDKIRCH ou VELDKIRCH (Page 6:465)

FELDKIRCH ou VELDKIRCH, Velcurium, (Géogr.) ville d'Allemagne, capitale du comté de même nom, au Tirol, sur l'Ill, à deux milles d'Appenzell, entre le lac de Constance au septentrion, & Coire au midi; elle est marchande, & a de beaux priviléges. Long. 27. 24. lat. 47. 14.

C'est à Feldkirch que naquit Bernhardi, (Barthélemi) fameux pour avoir été le premier ministre luthérien qui se soit marié publiquement, & qui ait soûtenu par ses écrits la condamnation du célibat des prêtres. Son mariage étonna Luther même, quoiqu'il approuvât son opinion; mais il scandalisa tellement les Catholiques, qu'ils chercherent à s'en venger: de - là vint que des soldats espagnols étant entrés chez lui, le pendirent dans son cabinet; heureusement sa femme accourut assez tôt pour le détacher & lui sauver la vie. Il mourut naturellement en 1551, âgé de soixante - quatre ans. (C. D. J.)

FÊLER (Page 6:465)

* FÊLER, v. act. (Gram. & Art méch.) Ce terme n'est applicable qu'aux ouvrages de terre, de verre, &c. qu'aux vaisseaux de porcelaine, &c. Ils sont fêlés, lossque la continuité de leurs parties est rompue d'une maniere apparente ou non apparente, sans qu'il y ait une séparation totale: si la séparation étoit entiere, alors le vaisseau seroit ou cassé ou brisé. De fêler on a fait le substantif fêlure. Un valet dit de lui - même, dans l'Andrienne, à propos d'un secret qu'on lui recommande: Plenus rimarum sum, hac illac perfluo; ce qu'on rendroit très - bien de cette maniere: Comment voulez - vous que je le garde? je suis fêlé de tous côtés?

FÉLICITÉ (Page 6:465)

FÉLICITÉ, s. f. (Gramm. & Morale.) est l'état permanent, du moins pour quelque tems, d'une ame contente, & cet état est bien rare. Le bonheur vient [p. 466] du dehors, c'est originairement une bonne heure. Un bonheur vient, on a un bonheur; mais on ne peut dire, il m'est venu une félicité, j'ai eu une félicité: & quand on dit, cet homme joüit d'une félicité parfaite, une alors n'est pas prise numériquement, & signifie seulement qu'on croit que sa félicité est parfaite. On peut avoir un bonheur sans être heureux. Un homme a eu le bonheur d'échapper à un piége, & n'en est quelquefois que plus malheureux; on ne peut pas dire de lui qu'il a éprouvé la félicité. Il y a encore de la différence entre un bonheur & le bonheur, différence que le mot félicité n'admet point. Un bonheur est un évenement heureux. Le bonheur pris indéfinitivement, signifie une suite de ces évenemens. Le plaisir est un sentiment agréable & passager, le bonheur considéré comme sentiment, est une suite de plaisirs, la prospérité une suite d'heureux évenemens, la félicité une joüissance intime de sa prospérité. L'auteur des synonymes dit que le bonheur est pour les riches, la félicite pour les sages, la béatitude pour les pauvres d'esprit; mais le bonheur paroît plûtôt le partage des riches qu'il ne l'est en effet, & la félicité est un état dont on parle plus qu'on ne l'éprouve. Ce mot ne se dit guere en prose au pluriel, par la raison que c'est un état de l'ame, comme tranquillité, sagesse, repos; cependant la poésie qui s'éleve au - dessus de la prose, permet qu'on dise dans Polieucte:

Ou leurs félicités doivent être infinies. Que vos felicités, s'il se peut, soient parfaites. Les mots, en passant du substantif au verbe, ont rarement la même signification. Féliciter, qu'on employe au lieu de congratuler, ne veut pas dire rendre heureux, il ne dit pas même se réjoüir avec quelqu'un de sa félicité, il veut dire simplement faire compliment sur un succes, sur un évenement agréable. Il a pris la place de congratuler, parce qu'il est d'une prononciation plus douce & plus sonore. Article de M. de Voltaire.

Félicité (Page 6:466)

Félicité, (Mythol.) c'étoit une déesse chez les Romains, aussi bien que chez les Grecs, qui la nommoient Eudomonie, *EU)DAI/MONIA. Vossius, de Idololat. lib. VIII. c. xviij. ne la croit point différente de la déesse Salus; mais il est presque le seul de son opinion.

Quoi qu'il en soit, on assûre que Lucullus, après avoir eu le bonheur dans ses premieres campagnes de conquérir l'Arménie, de remporter des victoires signalées contre Mithridate, de le chasser de son royaume, & de finir par se rendre maître de Sinope, crut à son retour à Rome devoir par reconnoissance une statue magnifique à la Félicité. Il fit donc avec le sculpteur Archésilas le marché de cette statue pour la somme de 60 mille sesterces; mais ils moururent l'un & l'autre avant que la statue fût achevée: c'est Pline qui rapporte ce fait, lib. XXXV. c. xij.

On conçoit sans peine qu'il ne convenoit pas à César d'ériger à la Félicité une simple statue, lui qui en avoit une dans Rome qui marchoit à côté de la Victoire; il falloit qu'un homme de cet ordre fît plus que Lucullus pour la déesse qui l'avoit élevé au comble de ses voeux: aussi Dion, lib. XLIV. raconte que dès que César se vit maître de la république, il forma le projet de bâtir à la Félicité un temple superbe dans la place du palais, appellée curia hostilia; mais sa mort prématurée fit encore échoüer ce dessein, & Lépide le triumvir eut l'honneur de l'exécuter.

Alors les prêtres, toûjours avides de nouveaux cultes qui augmentoient leurs richesses & leur crédit, ne manquerent pas de vanter la gloire du temple fondé par Lépide, précédemment leur souverain pontife, & d'exagérer les avantages qu'auroient ceux qui feroient fumer de l'encens sur ses autels. On dit à ce sujet que l'un de ces prêtres, sacrificateur de Cérès, promettant un bonheur éternel à ceux qui se feroient initier dans les mysteres de la déesse Félicité, quelqu'un lui répondit assez plaisamment: « Que ne te laisses - tu donc mourir, pour aller joüir de ce bonheur que tu promets aux autres avec tant d'assûrance »?

S. Augustin, dans son ouvrage de la cité de Dieu, liv. II. ch. xxiij. & liv. IV. ch. xviij. parlant de la Félicité, que les Romains n'admirent que fort tard dans leur culte, s'étonne avec raison que Romulus qui vouloit fonder le bonheur de sa ville naissante, & que Tatius, aussi - bien que Numa, entre tant de dieux & de déesses qu'ils avoient établis, eussent oublié la Félicité; & il ajoûte à ce sujet, que si Tullus Hostilius avoit connu la déesse, il ne se seroit pas avisé de s'adresser à la Peur & à la Pâleur pour en faire de nouvelles divinités, puisque quand on a la Félicité pour soi, l'on a tout, & l'on ne doit plus rien appréhender.

Mais les Payens auroient pû répondre deux choses à saint Augustin sur sa derniere remarque: 1°. que Tullus n'avoit bâti des temples à la Peur & à la Pâleur, que pour prévenir la terreur panique dans son armée, & porter l'épouvante chez les ennemis; c'est pourquoi Hésiode, dans sa description du bouclier d'Hercule, y représente Mars accompagné de la Peur & de la Crainte. 2°. L'on pouvoit répondre à S. Augustin, que les Romains pensoient qu'il étoit absolument nécessaire d'imprimer dans l'esprit des méchans la crainte d'être séverement punis, & que c'étoit par cette raison qu'ils avoient consacré des temples & des autels à la peur, à la fraude & à la discorde, &c.

Au reste, l'histoire ne nous apprend point si la déesse Félicité avoit beaucoup de temples à Rome; mais nous savons qu'elle se trouve souvent représentée sur les médailles antiques, quelquefois avec figure humaine, & le plus souvent par des symboles. En figure humaine, c'est une femme qui tient la corne d'abondance de la main gauche, & le caducée de la droite. Les symboles ordinaires représentent la Félicité sous deux cornes d'abondance qui se croisent, & un épi qui s'éleve entre les deux. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FELIN (Page 6:466)

FELIN, s. f. (Comm.) petit poids dont se servent les Orfévres & les Monnoyeurs, qui pese sept grains & un cinquieme de grain. Les deux felins font la maille. Le marc est composé de six cents quarante felins. Voyez Once, Marc, Grain, Poids , &c. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

FELIX, FELICISSIMUS, FELICITAS (Page 6:466)

FELIX, FELICISSIMUS, FELICITAS, (Littérature.) en françois heureux, très - heureux, &c. titres fréquens dans les monumens publics des Romains, adoptés d'abord par Sylla, prodigués ensuite aux empereurs, & qu'enfin les villes, les provinces & les colonies les plus malheureuses, dépendantes de l'empire, eurent la bassesse de s'appliquer, pour ne pas déplaire aux souverains de Rome.

Ajoûtons même qu'entre les différens titres qui se lisent sur les monumens antiques, celui de felix ou felicitas, est un de ceux qui s'y trouvent le plus souvent. Sylla, le barbare Sylla, que la fortune combla de ses faveurs jusqu'à la mort, quoique sa cruauté l'en eût rendu très - indigne, fut le premier des Romains qui prit le nom de felix, heureux.

Mais à qui ou à quoi dans la suite ne prodigua - ton pas faussement ce glorieux titre de felix ou de felicitas? Il fut attribue au triste tems présent, felicitas temporis, felix temporum reparatio; au siecle infortuné, soeculi felicitas: au sénat abattu, au peuple romain asservi, felicitas populi romani; à Rome malheureuse, roma felici; à l'empire consterné sous Ma<pb->

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