ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"463"> une feconde fois vers le même peuple, & prononçoit publiquement les paroles suivantes: « Ecoutez, Jupiter, & vous Junon; écoutez Quirinus, écoutez dieux du ciel, de la terre, & des enfers: je vous prens à témoin qu'un tel peuple (il le nommoit) refuse à tort de nous rendre justice; nous délibérerons à Rome dans le sénat sur les moyens de l'obtenir ».

En arrivant à Rome il prenoit avec lui ses collegues, & à la tête de son corps il alloit faire son rapport au sénat. Alors on mettoit la chose en délibération; & si le plus grand nombre de suffrages étoit pour déclarer la guerre, le fécial retournoit une troisieme fois sur les frontieres du même pays, ayant la tête couverte d'un voile de lin, avec une couronne de verveine par - dessus; là il prononçoit en présence au moins de trois temoins, la formule suivante de déclaration de guerre. « Ecoutez Jupiter, & vous Junon; écoutez Quirinus, écoutez dieux du ciel, de la terre, & des enfers: comme ce peuple a outragé le peuple romain, le peuple romain & moi, du consentement du sénat, lui déclarons la guerre ». Après ces mots, il jettoit sur les terres de l'ennemi un javelot ensanglanté & brûlé par le bout, qui marquoit que la guerre étoit déclarée; & cette cérémonie se conserva long - tems chez les Romains.

On voit par cette derniere formule que nous a conservé Tite - Live, que le roi n'y est point nommé, & que tout se faisoit au nom & par l'autorité du peuple, c'est - à - dire de tout le corps de la nation.

Les historiens ne s'accordent point sur l'institution des féciaux; mais soit qu'on la donne à Numa, comme le prétendent Denys d'Halicarnasse & Plutarque, soit qu'on aime mieux l'attribuer à Ancus Martius, coniormément à l'opinion de Tite - Live & d'Aulugelle, il est toûjours très - vraissemblable que l'un ou l'autre de ces deux princes ont tiré l'idée de cet établissement des anciens peuples du Latium ou de ceux d'Ardée; & l'on ne peut guere douter qu'il n'ait été porté en Italie par les Pelasges, dont les armées étoient précédées par des hommes sacrés, qui n'avoient pour armes qu'un caducée avec des bandelettes.

Au reste, Varron remarque que de son tems les fonctions des fécialiens étoient entierement abolies, comme celles des hérauts d'armes le sont parmi nous.

Celui qui sera curieux de recourir sur ce sujet aux sources mêmes, peut se satisfaire dans Tite - Live, déc. 1. liv. I. c. xxjv. Cicéron, liv. II. des lois; Aulugelle, liv. XVI. ch. jv. Denys d'Halicarnasse, l. II. Plutarque, vie de Numa; Ammien Marcellin, l. XIX. ch. j. Diodore de Sicile, liv. VII. ch. ij. & parmi les modernes, Rosinus Ant. Rom. lib. III. c. xxj. Struvius Ant. Rom. synt. chap. xiij. Pitisci, lexicon, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FECOND (Page 6:463)

FECOND, adj. (Littérature.) est le synonyme de fertile quand il s'agit de la culture des terres: on peut dire également un terrein fécond & fertile; fertiliser & féconder un champ. La maxime qu'il n'y a point de synonymes, veut dire seulement qu'on ne peut se servir dans toutes les occasions des mêmes mots. Voyez Dictionnaire, Encyclopédie, & Synonyme. Ainsi une femelle de quelqu'espece qu'elle soit n'est point fertile, elle est féconde. On féconde des oeufs, on ne les fertilise pas. La nature n'est pas fertile, elle est féconde. Ces deux expressions sont quelquefois également employées au figuré & au propre. Un esprit est fertile ou fécond en grandes idées. Cependant les nuances sont si délicates qu'on dit un orateur fécond, & non pas un orateur fertile; fécondité, & non fertilité de paroles; cette méthode, ce principe, ce sujet est d'une grande fécondité, & non pas d'une Brande fertilité. La raison en est qu'un principe, un sujet, une méthode, produisent des idées qui naissent les unes des autres comme des êtres successivement enfantés, ce qui a rapport à la génération. Bienheureux Scuderi, dont la fertile plume; le mot fertile est - là bien placé, parce que cette plume s'exerçoit, se répandoit sur toutes sortes de sujets. Le mot fécond convient plus au génie qu'à la plume. Il y a des tems féconds en crimes, & non pas fertiles en crimés. L'usage enseigne toutes ces petites différences. Article de M. de Voltaire.

FECONDATION (Page 6:463)

FECONDATION, s. f. (Économie animale.) on appelle ainsi la faculté prolifique, la fécondité réduite en acte, le moment de la conception, celui où toutes les conditions requises de la part de l'animal mâle & de la femelle, respectivement, concourent dans celle - ci & commencent à y opérer les changemens, les mouvemens, en un mot, les effets nécessaires pour la génération. Voyez Génération.

Ainsi la fécondation regarde proprement l'animal femelle, dans lequel se fait la conception, la formation du foetus, du petit animal ordinairement de la même espece que celle du mâle & de la femelle qui ont coopéré pour sa génération. Voyez Grossesse, pour les femmes, Imprégnation, pour les autres animaux. Voyez aussi Foetus. (d)

FÉCONDITÉ (Page 6:463)

FÉCONDITÉ, s. f. (Mythol. Médaill. Littérat.) divinité romaine, qui n'étoit autre que Junon: les femmes l'invoquoient pour avoir des enfans, & se soûmettoient volontiers pour en obtenir, à une pratique également ridicule & obscene. Lorsqu'elles alloient à ce dessein dans le temple de la déesse, les prêtres du temple les faisoient deshabiller, & les frappoient sur le ventre avec un foüet qui étoit fait de lanieres de peau de bouc.

Quelquefois on confond la fécondité avec la déesse Tellus, & alors elle est représentée nue jusqu'à la ceinture, & à demi - couchée par terre, s'appuyant du bras gauche sur un panier plein d'épis & autres fruits, auprès d'un arbre ou sep de vigne qui l'ombrage, & de son bras droit elle embrasse un globe ceint du zodiaque, orné de quelques étoiles; c'est ainsi qu'elle est représentée dans quelques médailles de Julia Domna; dans d'autres, c'est seulement une femme assise, tenant de la main gauche une corne d'abondance, & tendant la droite à un enfant qui est à ses genoux; enfin, dans d'autres médailles c'est une femme qui a quatre enfans, deux entre ses bras & deux debout à ses côtés: voilà sans doute le vrai symbolc de la fécondité.

Au reste, Tacite rapporte que les Romains pousserent la flaterie envers Néron jusqu'à ériger un temple à la fécondité de Poppée; mais cet historien nous raconte lui - même bien d'autres traits de flaterie; c'est un vice qui n'a point de bornes sous les tyrans & les despotes. Voyez Flaterie. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fécondité (Page 6:463)

Fécondité, s. f. (Économ. anim.) c'est la faculté prolifique, la disposition dans l'homme & dans les animaux mâles & femelles à satisfaire à toutes les conditions requises (respectivement au sexe de chaque individu) pour l'ouvrage de la génération, pour la production de son semblable.

Comme il est nécessaire en traitant de cette disposition entant que lésée, d'exposer en quoi elle consiste dans l'état de perfection; il est jugé convenable, pour éviter la répétition, de renvoyer aux articles où il sera question du défaut de fécondité, ce qu'il y a à dire sur cette faculté, & les conditions qu'elle exige pour être réduite en acte: ainsi voyez Impuissance, pour ce qui regarde le sexe maseulin; Stérilité, pour ce qui est du féminin. Voyez surtout Génération. (d)

FÉCULE (Page 6:463)

FÉCULE, s. f. (Pharmacie.) On appelle fécule, une poudre blanche assez semblable à l'amydon, qui [p. 464] se separe du suc exprimé de certaines racines, & se précipite à la maniere des feces.

Les racines dont on tire communément les fécules, sont la bryone, l'iris nostras, & le pié - de - veau. Voyez ces différens articles.

On attribuoit autrefois à ces fécules les vertus médicinales des racines dont on les retiroit. Zwelfer a le premier combattu cette erreur: il dit dans ses notes sur la pharmacopée d'Augsbourg, que les fécules ne sont rien autre chose que des poudres subtiles farineuses, privées du suc végétal, qui n'ont conséquemment aucune efficacité, aucune vertu. Dans son appendix ad animadversiones, il appelle les fécules un médicament inutile & épuisé, inutile & effetum medicamenti genus. Qui pourra croire, ajoûte - t - il, qu'une racine que l'on a épuisée de son suc par l'expression, ait encore les vertus qu'elle avoit auparavant? or les fécules sont dans ce cas; elles ne different point du reste de la racine que l'on rejette comme inutile, & conséquemment on doit les bannir de l'usage médicinal.

Nous pensons aujourd'hui comme Zwelfer: on ne garde plus les fécules dans les boutiques, & les Medecins ne les demandent plus.

On donne aussi quelquefois le nom de fécules, à ces feces vertes qui se séparent des sucs exprimés des plantes lorsqu'on les purifie. Voyez Partie colorante verte des plantes, au mot Végétal. (b)

FÉCULENCE (Page 6:464)

FÉCULENCE, s. f. (Medecine.) Les Medecins se servent quelquefois de ce terme, pour désigner la matiere sédimenteuse des urines. Voyez Urine, Sédiment. (d)

FÉES (Page 6:464)

FÉES, s. f. (Belles - Lettr.) termes qu'on rencontre fréquemment dans les vieux romans & les anciennes traditions; il signifie une espece de génies ou de divinités imaginaires qui habitoient sur la terre, & s'y distinguoient par quantité d'actions & de fonctions merveilleuses, tantôt bonnes, tantôt mauvaises.

Les fées étoient une espece particuliere de divinités qui n'avoient guere de rapport avec aucune de celles des anciens Grecs & Romains, si ce n'est avec les larves. Voyez Larves. Cependant d'autres prétendent avec raison qu'on ne doit pas les mettre au rang des dieux; mais ils supposent qu'elles étoient une espece d'êtres mitoyens qui n'étoient ni dieux ni anges, ni hommes ni démons.

Leur origine vient d'Orient, & il semble que les Persans & les Arabes en sont les inventeurs, leur histoire & leur religion étant remplies d'histoires de fées & de dragons. Les Perses les appellent peri, & les Arabes ginn, parce qu'ils ont une province particuliere qu'ils prétendent habitée par les fées; ils l'appellent Gimnistan, & nous la nommons pays des fées. La reine des fées, qui est le chef - d'oeuvre du poëte anglois Spencer, est un poëme épique, dont les personnages & les caracteres sont tirés des histoires des fées.

Naudé, dans son Mascurat, tire l'origine des contes des fées, des traditions fabuleuses sur les parques des anciens, & suppose que les unes & les autres ont été des députés & des interpretes des volontés des dieux sur les hommes; mais ensuite il entend par fées, une espece de sorcieres qui se rendirent célebres en prédisant l'avenir, par quelque communication qu'elles avoient avec les génies. Les idées religieuses des anciens, observe - t - il, n'étoient pas à beaucoup près aussi effrayantes que les nôtres, & leur enfer & leurs furies n'avoient rien qui pût être comparé à nos démons. Selon lui, au lieu de nos sorcieres & de nos magiciennes, qui ne font que du mal, & qui sont employées aux fonctions les plus viles & les plus basses, les anciens admettoient une espece de déesses moins malfaisantes, que les auteurs latins appelloient albas dominas: rarement elles faisoient du mal, elles se plaisoient davantage aux actions uti les & favorables. Telle étoit leur nymphe Egerie, d'où sont sorties sans doute les dernieres reines fées, Morgane, Alcine, la fée Manto de l'Arioste, la Gloriane de Spencer, & d'autres qu'on trouve dans les romans anglois & françois; quelques - unes présidoient à la naissance des jeunes princes & des cavaliers, pour leur annoncer leur destinée, ainsi que faisoient autrefois les parques, comme le prétend Hygin, ch. clxxj. & clxxjv.

Quoi qu'en dise Naudé, les anciens ne manquoient point de sorcieres aussi méchantes qu'on suppose les nôtres, témoin la Canidie d'Horace, ode V. & satyre j. 5. Les fées ne succéderent point aux parques ni aux sorcieres des anciens, mais plûtôt aux nymphes; car telle étoit Egerie. Voyez Nymphes, Parques, &c.

Les fées de nos romans modernes sont des êtres imaginaires que les auteurs de ces sortes d'ouvrages ont employés pour opérer le merveilleux ou le ridicule qu'ils y sement, comme autrefois les poëtes faisoient intervenir dans l'épopée, dans la tragédie, & quelquefois dans la comédie, les divinités du Paganisme: avec ce secours, il n'y a point d'idée folle & bisarre qu'on ne puisse hasarder. Voy. l'article Merveilleux. Dictionn. de Chambers. (G)

FÉERIE (Page 6:464)

FÉERIE, s. f. On a introduit la féerie à l'opéra, comme un nouveau moyen de produire le merveilleux, seul vrai fond de ce spectacle. Voyez Merveilleux, Opéra.

On s'est servi d'abord de la magie. Voyez Magie. Quinault traça d'un pinceau mâle & vigoureux les grands tableaux des Medée, des Arcabonne, des Armide, &c. les Argines, les Zoradïes, les Phéano, ne sont que des copies de ces brillans originaux.

Mais ce grand poëte n'introduisit la féerie dans ses opéra, qu'en sous - ordre. Urgande dans Amadis, & Logistille dans Rolland, ne sont que des personnages sans intérêt, & tels qu'on les apperçoit à peine.

De nos jours le fond de la féerie, dont nous nous sommes formés une idée vive, legere & riante, a paru propre à produire une illusion agréable, & des actions aussi intéressantes que merveilleuses.

On avoit tenté ce genre autrefois; mais le peu de succès de Manto la fée, & de la Reine des Peris, sembloit l'avoir décrédité. Un auteur moderne, en le maniant d'une maniere ingénieuse, a montré que le malheur de cette premiere tentative ne devoit être imputé ni à l'art ni au genre.

En 1733, M. de Moncrif mit une entrée de féerie dans son ballet de l'empire de l'Amour; & il acheva de faire goûter ce genre, en donnant Zelindor roi des Silphes.

Cet ouvrage qui fut représenté à la cour, fit partie des fêtes qui y furent données après la victoire de Fontenoy. Voyez Fêtes de la Cour

MM. Rebel & Francoeur qui on ont fait la musique, ont répandu dans le chant une expression aimable, & dans la plûpart des symphonies un ton d'enchantement qui fait illusion: c'est presque partout une musique qui peint, & il n'y a que celle - là qui prouve le talent, & qui mérite des éloges. (B)

FÉEZ (Page 6:464)

FÉEZ, s. f. pl. (Jurisp.) dans la coûtume d'Anjou, article 359, sont les faix ou charges féodales & foncieres, & toutes autres charges réelles des héritages. (A)

FEILLETTE, FEUILLETTE ou FILLETTE (Page 6:464)

FEILLETTE, FEUILLETTE ou FILLETTE, s. f. (Comm.) sorte de tonneau destiné à mettre du vin; il signifie aussi une petite mesure de liqueurs. Voyez Feuillette. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

FEINDRE (Page 6:464)

* FEINDRE, c'est en général se servir, pour tromper les hommes, & leur en imposer, de toutes les démonstrations extérieures qui designent ce qui se passe dans l'ame. On feint des passions, des desseins,

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