ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"401"> de que l'impiété. Que prétendent les impies? se délivrer d'un joug, au lieu que les fanatiques veulent étendre leurs fers sur toute la terre. Zélotypie infernale! A - t - on vû des sectes d'incrédules s'attrouper, & marcher en armes contre la divinité? Ce sont des ames trop foibles pour prodiguer le sang humain: cependant il faut quelque force pour pratiquer le bien sans motif, sans espoir, & sans intérêt. Il y a de la jalousie & de la méchanceté à troubler des ames en possession d'elles - mêmes, parce qu'elles n'ont ni les prétentions, ni les moyens que vous avez..... On se garde bien au reste d'adopter de semblables raisonnemens, qui ont fait le tourment de tant d'hommes aussi célebres par leurs disgraces, que par les écrits qui les leur ont attirées.

Mais s'il étoit permis d'emprunter un moment, en faveur de l'humanité, le style enthousiaste, tant de fois employé contr'elle, voici l'unique priere qu'on opposeroit aux fanatiques:

« Toi qui veux le bien de tous les hommes, & qu'aucun ne périsse; puisque tu ne prens aucun plaisir à la mort du méchant, délivre nous, non pas des ravages de la guerre & des tremblemens de terre, ce sont des maux passagers, limités, & d'ailleurs inévitables, mais de la fureur des persécuteurs qui invoquent ton saint nom. Enseigne - leur que tu hais le sang, que l'odeur des viandes immolées ne monte point jusqu'à toi, & qu'elle n'a point la vertu de dissiper la foudre dans les airs, ni de faire descendre la rosee du ciel. Éclaire tes zélateurs, afin qu'ils se gardent au - moins de confondre l'holocauste avec l'homicide. Remplis - les tellement de l'amour d'eux - mêmes, qu'ils puissent oublier leur prochain, puisque leur pitié n'est qu'une vertu destructive. Hé! quel est l'homme que tu as chargé du soin de tes vengeances, qui ne les mérite cent fois plus que les victimes qu'il t'immole? Fais entendre que ce n'est ni la raison ni la force, mais ta lumiere & ta bonté, qui conduisent les ames dans tes voies, & que c'est insulter à ton pouvoir, que d'y mêler le bras de l'homme. Quand tu voulus former l'Univers, l'appellas - tu à ton secours? & s'il te plaît de m'introduire à ton banquet, n'es - tu pas infini dans tes merveilles? mais tu ne veux pas nous sauver malgré nous. Pourquoi n'imite - t - on pas la douceur de ta grace, & prétend - t - on m'inviter par la crainte à t'aimer? Répands l'esprit d'humanité sur la terre, & cette bienveillance universelle, qui nous remplit de vénération pour tous les êtres avec qui nous partageons le don précieux du sentiment, & qui fait que l'or & les émeraudes sondus ensemble ne sauroient jamais égaler devant toi le voeu d'un coeur tendre & compatissant, encore moins expier l'horreur d'un homicide ».

Fanatisme du patriote. Il y a une sorte de fanatisme dans l'amour de la patrie, qu'on pent appeller le culte des foyers. Il tient aux moeurs, aux lois, à la religion, & c'est par - là sur - tout qu'il mérite davantage ce nom. On ne pout rien produire de grand sans ce zele outré, qui grossissant les objets, enfle aussi les espérances, & met au jour des prodiges incroyables de valeur & de constance. Tel étoit le patriotisme des Romains. Ce fut ce principe d'héroïsme qui donna à tous les siecles le spectacle unique d'un peuple conquérant & vertueux. On peut regarder le vieux Brutus, Caton, les Decius pere & fils, & les trois cents Fabius dans l'histoire civile, comme les lions & les baleines dans l'histoire naturelle, & leurs actions prodigieuses, comme ces volcans inattendus, qui desolant en partie la surface du globe, affermissent ses fondemens, & causent l'admiration après l'effroi. Mais ne mettez pas au même rang les vains déclamateurs, qui s'enthousiasment indifféremment de tous les préjugés d'état, & qui pré<cb-> ferent toûjours leur pays, uniquement parce qu'ils y sont nés. Il est sans doute beau de mourir pour sa patrie; & quelle est la chose pour laquelle on ne meurt pas? Donc la nature n'a pas mis de bornes à ces maximes ...... Écoutez les plus beaux vers, ou l'idée la plus neuve & la plus sublime d'un de nos grands poëtes dans ces derniers jours. Voyez comme une mere parle à son époux, qui veut lui arracher son fils, pour le sacrifier au fils de ses rois.

Va, le nom de sujet n'est pas plus grand pour nous, Que ces noms si sacrés & de pere & d'époux. La nature & l'hymen, voilà les lois premiercs, Les devoirs, les liens des nations entieres: Ces lois viennent des dieux, le reste est des humains. Cet article est de M. Deleyre, auteur de l'analyse de la philosophie du chancelier Bacon.

Fanatisme (Page 6:401)

Fanatisme, (maladie) voyez Démonomanie, Mélancolie , & l'article précédent.

FANEGOS (Page 6:401)

FANEGOS, s. m. (Commerce.) mesure des grains dont on se sert en Portugal; quinze fanegos font le muid; quatre alquiers font le fanegos; quatre muids de Lisbonne font le last d'Amsterdam. Voyez Muid, Alquier, Last . Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

FANEQUE (Page 6:401)

FANEQUE, s. m. (Comm.) mesure des grains dont on se sert dans quelques villes d'Espagne, comme à Cadix, S. Sébastien, & Bilbao. Il faut vingt - trois à vingt - quatre faneques de S. Sébastien, pour le tonneau de Nantes, de la Rochelle & d'Avray, c'est - à - dire pour neuf septiers & demi de Paris. La mesure de Pilbao étant un peu plus grande, vingt à vingt - un faneques suffisent pour un tonneau de Nantes, Avray, & la Rochelle. Cinquante faneques de Cadix & de Séville, font le last d'Amsterdam; chaque faneque pese 93 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] livres de Marseille; quatre chays font la faneque, & douze anegras le catus. Voyez Muid, Last, Anegras , &c. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

FANER (Page 6:401)

* FANER, v. act. (Econ. rustiq.) c'est, lorsque le foin a été fauché, qu'il a reposé sur le pré, & que le dessus en est sec, le retourner avec des fourches & l'agiter un peu en l'air: cette façon se réitere plusieurs fois, & elle rend le foin meilleur. Voyez les articles Foin & Pré.

FANFARE (Page 6:401)

FANFARE, s. f. sorte d'air militaire, pour l'ordinaire court & brillant, qui s'exécute par des trompettes, & qu'on imite sur d'autres instrumens. La fanfare est communément à deux dessus de trompettes, accompagnées de tymballes; & bien exécutée, elle a quelque chose de martial & de gai, qui convient fort à son usage. De toutes les troupes de l'Europe, les allemandes sont celles qui ont les meilleurs instrumens militaires; aussi leurs marches & fanfares font - elles un effet admirable. C'est une chose à remarquer, que dans tout le royaume de France, il n'y a pas un seul trompette qui sonne juste, & que les meilleures troupes de l'Europe, sont celles qui ont le moins d'instrumens militaires & les plus discordans; ce qui n'est pas sans inconvénient. Durant les dernieres guerres, les paysans de Baviere & d'Autriche, tous musiciens nés, ne pouvant croire que des troupes reglées eussent des instrumens si faux & si détestables, prirent tous ces vieux corps pour de nouvelles levées, qu'ils commencerent à mépriser, & l'on ne sauroit dire à combien de braves gens des tons taux ont coûté la vie. Tant il vrai que dans l'appareil de la guerre, il ne faut rien négliger de ce qui frappe les sens. (S)

FANFARON (Page 6:401)

* FANFARON, s. m. celui qui affecte une bravoure qu'il n'a point: un vrai fanfaron sait qu'il n'est qu'un lâche. L'usage a un peu étendu l'acception de ce mot; on l'applique à celui même qui exagere ou qui montre avec trop d'affectation & de confiance la [p. 402] bravoure qu'il a; & plus généralement à celui qui se vante d'une vertu, quelle qu'elle soit, au - delà de la bienséance; mais les lois de la bienséance varient selon les tems & les lieux. Ainsi tel homme est pour nous un fanfaron, qui ne l'étoit point pour son siecle, & qui ne le seroit point aujourd'hui pour sa nation. Il y a des peuples fanfarons. La fanfaronade est aussi dans le ton. Il y a tel discours héroïque, qu'un mot ajoûté ou changé, feroit dégénérer en fanfaronade; & réciproquement, il y a tel propos fanfaron, qu'une pareille correction rendroit héroïque. Il y a plus, le même discours dans la bouche de deux hommes différens, est un diseours élevé, ou une fanfaronade. On tolere, on admire même dans celui qui a pardevers soi de grandes actions, un ton qu'on ne souffriroit point dans un homme qui n'a rien fait encore qui garantisse & qui justifie ses promesses. Je trouve en général tous nos héros de théatre un peu fanfarons. C'est un mauvais goût qui passera difficilement; il a pour la multitude un faux éclat qui l'ébloüit; & il est difficile de rentrer dans les bornes de la nature, de la vérité, & de la simplicité, lorsqu'une fois on s'en est écarté. Il est bien plus facile d'entasser des sentences les unes sur les autres, que de converser.

FANION (Page 6:402)

FANION, s m. (Art milit.) c'est une espece d'étendard qui sert à la conduite des menus bagages des régimens de cavalerie & d'infanterie. La banderole du fanion doit être d'un pié quarré, & d'étoffe de laine des couleurs affectées aux régimens. Le nom du régiment auquel le fanion appartient, est écrit dessus.

Le fanion est porté par un des valets des plus sages du régiment, lequel est choisi par le major. Il est conduit par un officier subalterne, auquel on donne le nom de waquemestre.

Le devoir de cet officier consiste à veiller à la conduite des menus bagages du régiment, & de contenir les valets tous ensemble à la suite du fanion, à l'exception néanmoins de ceux qui marchent avec leurs maîtres dans les divisions. Il est défendu aux valets de quitter le fanion de leur régiment, à peine de foüet. (Q)

FANNASHIBA (Page 6:402)

FANNASHIBA, s. m. (Hist. nat. bot.) c'est un grand arbre qui croît au Japon; ses feuilles sont d'un verd foncé, & forment une espece de couronne; ses fleurs sont en bouquets, étant attachées les unes aux autres; elles repandent une odeur très - agréable & si forte, qu'on la peut sentir à une lieue, quand le vent donne. Les dames les font secher, & s'en servent à parfumer leurs appartemens. On plante cet arbre dans le vo sinage des temples & pagodes; & quand il est vieux, on le brûle dans les funérailles des morts. Hubner, dictionn. universel.

FANNE (Page 6:402)

FANNE d'une graine, (Jardinage.) est la même chose que feuille. On se sert de ce mot, particulierement en pai lant des anémones & des renoncules. (K)

FANNER, FANNÉ (Page 6:402)

FANNER, FANNÉ, (Jardinage.) le trop de soleil, la cessation du mouvement de la seve, alterent tellement les feuilles d'un arbre ou d'une plante, qu'au lieu d'être fermes & élevées, elles baissent & se flétrissent; ce qui fait dire qu'elles sont fannées. (K)

FANO (Page 6:402)

FANO, (Géograph.) fanum fortunoe, à cause d'un temple de la forcune qui y fut bâti par les Romains, en mémoire d'une victoire signalée qu'ils remporterent sur Asdrubal frere d'Annibal, dans la seconde guerre punique, l'an de Rome 547; jolie petite ville maritime d'ltalie, dans l'état de l'Eglise, au duché d'Urbin, avec un évêché qui releve du pape, & un ancien arc de triomphe dont les inscriptions sont presque toutes effacées. L'église cathédrale y possede de beaux tableaux du Guide. Cette ville est la patrie de deux papes; savoir de Marcel Il. qui mourut vingt - quatre heures après son élection, le 9 Avril 1555, non sans soupçon d'avoir été empoisonné; & de Clément VIII. élu pape en 1592, mort en 1605, si connu par l'absolution d'Henri IV. & la création de plus de cinquante cardinaux pendant son pontificat. Fano est sur le golfe de Venise, à trois lieues sud - est de Pésaro, huit nord - est d'Urbin; elle est la patrie de Taurellus (Laelius), connu par ses Pandectoe Florentinoe, en trois volumes in - fol. Long. 30d. 40'. lat. 43d. 53'. (D. J.)

Fano (Page 6:402)

Fano, (Comm.) petit poids dont on se sert à Goa & dans quelques autres lieux des Indes orientales, pour peser les rubis: il est de deux karats de Venise. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

FANON (Page 6:402)

FANON, s. m. (Marine.) Prendre le fanon de l'artimon, c'est le raccourcissement du point de la voile que l'on trousse & ramasse avec des garcettes, pour prendre moins de vent; ce qui ne se fait que dans de très - gros tems. Ce mot est particulierement pour la voile d'artimon, & quelquefois pour la misene. (Z)

Fanon (Page 6:402)

Fanon, terme de Chirurgie, piece d'appareil pour la fracture des extrémités inférieures. On fait les fanons avec deux baguettes ou petits bâtons de la grosseur du doigt: chaque baguette est garnie de paille, qu'on maintient autour du bâton avec un fil qui l'entortille d'un bout à l'autre. La longueur des fanons est différente, suivant la grandeur des sujets, & suivant la partie fracturée. Les fanons qui servent pour la jambe doivent être d'égale longueur, & s'étendre depuis le dessus du genou jusqu'à quatre travers de doigts au - delà du pié. Ceux qui doivent maintenir la cuisse sont iné aux; l'externe doit aller depuis le dessus du pié jusqu'au - delà de l'os des îles; l'interne est plus court, & doit se terminer supérieurement au pli de la cuisse, & ne point blesser les parties naturelles. Le mot de fanon signifie un bâton de torche. Pour s'en servir on les roule un de chaque côté dans les parties latérales d'un piece de linge d'une longueur & d'une largeur suffisantes, sur le plein de laquelle la partie puisse être placée avec tout l'appareil qui y est appliqué. Voyez Planche IV. de Chirurgie, figure 1. On serre les fanons des deux côtés du membre; mais avant de les attacher par le moyen de trois ou quatre liens ou rubans de fil qu'on a eu soin de passer par - dessous, on a l'attention de mettre des compresses assez épaisses pour remplir les vuides, comme au - dessous du genou, & au - dessus des malléoles ou chevilles, afin que les fanons fassent une compression égale dans toute la longueur du membre, & qu'ils ne blessent point les parties sur lesquelles ils porteroient si elles n'étoient point garnies. Dans quelques hôpitaux on a pour cet usage des petits sachets remplis de paille d'avoine. On noue extérieurement les rubans qui serrent les fanons contre le membre, & on met ordinairement une petite compresse quarrée au milieu de la partie antérieure de la partie, sous chacun de ces rubans pour les soùtenir, & remplir le vuide qu'il y auroit entre le ruban & l'appareil. On voit assez par cette description, quel est l'usage des fanons; ils maintiennent la partie fracturée dans la direction qu'on lui a donnée, & s'opposent à tous les mouvemens volontaires & involontaires, plus que toute autre partie de l'appareil: ils servent aussi à éviter le dérangement dans le transport qu'on est quelquefois obligé de faire d'un blessé d'un lit dans un autre.

Lorsque les fanons sont appliqués, on doit poser le membre sur un coussin ou oreiller, dans une situation un peu oblique, ensorte que le pié soit plus élevé que le genou, & le genou plus que la cuisse: cette position favorise le retour du sang des extrémités vers le centre. Dans les hôpitaux militaires, où l'on n'a point d'oreillers, on met la partie dans des faux - fanons. On donne ce nom à un drap plié de façon, qu'il n'ait de large que la hauteur des fanons i

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