ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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an milieu de la hauteur du corps, mais un peu au - dessous.
Lorsqu'on étend les bras, de façon qu'ils soient
tous deux sur une même ligne droite & horisontale,
la distance qui se trouve entre les extrémités des
grands doigts des mains, est égale à la hauteur du
corps. Depuis la fossette qui est entre les clavicules
jusqu'à l'emboîture de l'os de l'épaule avec celui du
bras, il y a une face: lorsque le bras est appliqué
contre le corps & plié en - avant, on y compte quatre
faces; savoir deux entre l'emboîture de l'épaule
& l'extrémité du coude, & deux autres depuis le
coude jusqu'à la premiere naissance du petit doigt,
ce qui fait cinq faces; & cinq pour le côté de l'autre
bras, c'est en tout dix faces, c'est - à - dire une longueur
égale à toute la hauteur du corps.
Il reste cependant à l'extrémité de chaque main la
longueur des doigts, qui est d'environ une demi - face; mais il faut faire attention que cette demi - face se
perd dans les emboîtures du coude & de l'épaule,
lorsque les bras sont étendus.
La main a une face de longueur; le pouce a un tiers
de face, ou une longueur de nez, de même que le
plus long doigt du pié; la longueur du dessous du
pié est égale à une sixieme partie de la hauteur du
corps en entier.
Si l'on vouloit vérifier ces mesures de longueur
sur un seul homme, on les trouveroit fautives à
plusieurs égards; parce qu'on n'a rien observé de
parfaitement exact dans le détail des proportions du
corps humain. Non - seulement les mêmes parties du
corps n'ont pas les mêmes dimensions proportionnelles
dans deux personnes différentes, mais souvent
dans la même personne, une partie n'est pas exactement
semblable à la partie correspondante: par exemple,
souvent le bras ou la jambe du côté droit, n'a
pas exactement les mêmes dimensions que le bras ou
la jambe du côté gauche, &c.
Il a donc fallu des observations répétées pendant
long - tems, pour trouver un milieu entre ces différences,
afin d'établir au juste les dimensions des parties
du corps humain, & de donner une idée des
proportions qui font ce que l'on appelle la belie nature. Ce n'est pas par la comparaison du corps d'un
homme avec celui d'un autre homme, ou par des
mesures actuellement prises sur un grand nombre de
sujets, qu'on a pû acquérir cette connoissance; c'est
par les efforts qu'on a faits pour imiter & copier exactement
la nature: c'est à l'art du dessein qu'on doit
tout ce que l'on peut savoir en ce genre. Le sentiment
& le goût ont fait ce que la méchanique ne pouvoit
faire; on a quitté la regle & le compas, pour
s'en tenir au coup - d'oeil; on a réalisé sur le marbre
toutes les formes, tous les contours de toutes les parties
du corps humain, & on a mieux connu la nature
par la représentation, que par la nature même.
Dès qu'il y a eu des statues, on a mieux jugé de
leur perfection en les voyant, qu'en les mesurant.
C'est par un grand exercice de l'art du Dessein, &
par un sentiment exquis, que les grands statuaires
sont parvenus à faire sentir aux autres hommes les
justes proportions des ouvrages de la nature. Les
anciens ont fait de si belles statues, que d'un commun
accord on les a regardées comme la représentation
exacte du corps humain le plus parfait. Ces
statues, qui n'étoient que des copies de l'homme,
sont devenues des originaux; parce que ces copies
n'étoient pas faites d'après un seul individu, mais
d'après l'espece humaine entiere bien observée, &
si bien vûe, qu'on n'a pû trouver aucun homme
dont le corps fût aussi bien proportionné que ces statues.
C'est donc sur ces modeles que l'on a pris les
mesures du corps humain, telles que nous les avons
rapportées.
Il seroit encore bien plus difficile de déterminer
les mesures de la grosseur des différentes parties du
corps; l'embonpoint ou la maigreur change si fort
ces dimensions, & le mouvement des muscles les
fait varier dans un si grand nombre de positions,
qu'il est presque impossible de donner là - dessus des
résultats sur lesquels on puisse compter.
Telles sont les réflexions judicleuses que M. de
Buffon a jointes aux divisions données par les dessinateurs
de la hauteur & de la largeur du corps humain,
pour en établir les proportions. Voyez l'article
Proportion. Voyez son Hist. nat. tom. II. p. 545.
in - 4°. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Face
(Page 6:357)
Face, en Musique, est une combinaison, ou des
sons d'un accord, en commençant par celui qu'on
veut, & prenant les autres selon leur suite naturelle
ou celle des touches du clavier qui forment le même
accord: d'où il suit qu'un accord a autant de faces
possibles, qu'il y a de sons qui le composent; car
chacun peut être le premier à son tour.
L'accord parfait ut, mi, sol, a trois faces. Par la
premiere ut, mi, sol, tous les doigts son rangés par
tierces, & la tonique est sous le premier. Par la seconde
mi, sol, ut, il y a une quarte entre les deux
derniers doigts, & la tonique est sous le troisieme.
Par la troisieme sol, ut, mi, la quarte est entre les
deux premiers doigts, & la tonique est sous celui du
milieu. Voyez Renversement.
Comme les accords dissonnans ont ordinairement
quatre sons, ils ont aussi quatre faces, qu'on peut
trouver avec la même facilité. Voy. Doigter. (S)
Face
(Page 6:357)
Face, en terme d'Architecture, est un membre plat
qui a beaucoup de largeur & peu de saillie. Telles
sont les bandes d'une architrave, d'un larmier, &c.
Voyez Bande. (P)
Face
(Page 6:357)
Face, (Manege.) terme qui dans notre art signifie
la même chose que celui de chamfrin. Nous employons
l'un & l'autre pour désigner spécialement
tout l'espace, qui, depuis les sourcils où le bord inférieur
des salieres, regne jusqu'à l'endroit où les os
du nez terminent inférieurement leur trajet. Les chevaux
dont le chamfrin est blanc, c'est - à - dire dont
l'étoile ou la pelote, qui est située au milieu du front,
se propage & s'étend en forme de bande jusqu'aux
nasaux, sont appellés belle face. L'épithete prouve
sans doute que cette marque a été considérée comme
un trait de beauté dans l'animal. Quoique nous ayons
conservé cette expression, nous n'adoptons pas unanimement
les idées des anciens à cet égard; nous
nous croy ons fondés à rejetter aussi celles qu'ils se
sont formées de la bonté, du bonheur ou du malheur,
de la franchise ou de l'indocilité du cheval, relativement
à l'existence ou à la non - existence de cette
bande de poils blancs, à sa non - interruption ou à sa
disparition dans certaine étendue, à son plus ou moins
de prolongement sur la levre antérieure, qui, noyée
ou recouverte entierement de ces mêmes poils,
constitue le cheval qui boit dans le blanc, dans le lait.
L'ignorance érigea les conjectures de ces premiers
observateurs en maximes; & s'il est encore parmi
nous une foule de perionnes qui les honorent de ce
nom, n'en accusons que l'aveuglement avec lequel
elles se livrent au penchant qui les porte à encenser
des erreurs, tellement accréditées par le tems & par
le préjugé, qu'elles triomphent de la vérité même.
On exclut avec soin des haras les étalons & les jumens
belle face, par la raison qu'ils fourniroient trop
de blanc, & que les poulains qu'ils produiroient,
pourroient en être entachés d'une maniere très - desagréable à la vûe. (e)
Faces de Pignon
(Page 6:357)
Faces de Pignon, terme d'Horlogerie, ce sont
les plans ou côtés qui terminent l'épaisseur d'un pignon.
Les Horlogers polissent ordinairement celles
qui sont exposées à la vûe. Pour qu'elles soient bien
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faites, il faut qu'elles soient fort plates, & bien brillantes: comme cela est assez difficile à exécuter, on
a imaginé un instrument ou outil, pour les adoucir
& les polir. Voyez l'article suivant
Outil a faire des Faces ; voyez aussi Pignon, &c. (T)
Faces
(Page 6:358)
Faces, (outil à faire des) Horlogerie; c'est un instrument
dont les Horlogers se servent pour polir les
faces des pignons. La tige du pignon passe au - travers
du trou qui est au milieu de la piece P, contre la face
du pignon. On applique cette partie P enduite des
matieres nécessaires pour la polir ou l'adoucir, & on
la tient par la zone S. Il faut supposer qu'on fait tourner
le pignon tout comme un foret; & qu'on appuie
l'outil contre sa face, de même qu'on appuie la
piece à percer contre le foret. Cette piece P étant
mobile sur les deux points t, t de la zone ou anneau
z; & cet anneau étant mobile de même sur les points
o, o de la zone S, fixés à angles droits avec les premiers
t, t, il s'ensuit que si la main vacille dans l'opération,
la face du pignon ne s'en polira pas moins
plate, ces différentes zones obéissant en tout sens à
tous les mouvemens qu'on pourroit faire, & la plaque
P frotant par - là toûjours également sur toutes
les parties de la face P, tant près du centre que vers
les extrémités. Voyez Faces de Pignon. (T)
Face, Plate - face
(Page 6:358)
Face, Plate - face, (Luther.) c'est dans le fût
d'orgue les parties KLMN, Planc. I. fig. 1. placées
entre les tourelles. Ces plates - faces sont quelquefois
bombées ou concaves, selon la volonté de celui qui
donne le dessein de l'orgue. On doit faire ensorte que
les plates - faces correspondantes soient semblables &
symmétriques; que les tuyaux dont elles sont remplies
soient de même grandeur, & leurs bouches
arrangées symmétriquement; ensorte que si celles
des tuyaux d'une plate - face vont en montant d'un
sens, comme, par exemple, de la partie latérale de
l'orgue vers le milieu, celles de l'autre plate - face
aillent en montant de l'autre partie latérale vers le
milieu, où elles se réuniroient si elles étoient prolongées;
ou bien elles font le chevron rompu, comme
dans la fig. 1. auquel cas la plate face correspondante
doit être semblable.
Face d'Outil
(Page 6:358)
Face d'Outil, terme d'usage chez les Orfévres &
autres Artistes. On appelle ainsi le biseau d'un échope formé sur la meule, & avec lequel on coupe.
Faire ce biseau sur la meule ou la pierre à l'buile,
s'appelle faire la face de l'outil.
FACETTE
(Page 6:358)
FACETTE, s. f. (Géom.) est le diminutif de face.
Il se dit des plans qui composent la surface d'un polyhedre,
lorsque ces plans sont fort petits.
Les miroirs & verres qui multiplient les objets,
sont taillées à facettes. Voyez Verre a Facettes
ou Polyhedre. (O)
Facettes
(Page 6:358)
Facettes, en terme de Diamantaire, voyez Pans.
FACHEUX
(Page 6:358)
* FACHEUX, adj. (Gramm.) terme qui est du
grand nombre de ceux par lesquels nous désignons
ce qui nuit à notre bien - être: nous l'appliquons aux
personnes & aux choses. Si l'on fait à un commerçant
quelque banqueroute considérable au moment
où il est pressé par des créanciers, la banqueroute
est un évenement fâcheux; la conjoncture où il se
trouve est fâcheuse, ses créanciers sont des gens fâcheux. On voit par les fâcheux de Moliere, qu'un fâcheux est un importun qui survient dans un moment
intéressant, occupé, où la présence même d'un ami
est de trop, & où celle d'un indifférent embarrasse
& peut donner de l'humeur, quand elle dure.
FACIALE
(Page 6:358)
FACIALE, en Anatomie, nom de la principale
artere de la face. Haller.
FACIENDAIRE
(Page 6:358)
FACIENDAIRE, s. m. (Hist. ecclés.) nom qu'on
donne dans quelques maisons religieuses, à celui qui
est chargé des commissions de la maison.
FACILE
(Page 6:358)
FACILE, adj. (Littér. & Morale.) ne signifie pas
seulement une chose aisément faite, mais encore qui
paroît l'être. Le pinceau du Correge est facile. Le
style de Quinaut est beaucoup plus facile que celui
de Despréaux, comme le style d'Ovide l'emporte
en facilité sur celui de Perse. Cette facilité en Peinture, en Musique, en Éloquence, en Poésie, consiste
dans un naturel heureux, qui n'admet aucun
tour de recherche, & qui peut se passer de force &
de profondeur. Ainsi les tableaux de Paul Veronese
ont un air plus facile & moins fini que ceux de Michel - Ange. Les symphonies de Rameau sont supérieures
à celles de Lulli, & semblent moins faciles.
Bossuet est plus véritablement éloquent & plus facile
que Flechier. Rousseau dans ses épîtres n'a pas à
beaucoup près la facilité & la vérité de Despréaux.
Le commentateur de Despréaux dit que ce poëte
exact & laborieux avoit appris à l'illustre Racine à
faire difficilement des vers; & que ceux qui paroissent
faciles, sont ceux qui ont été faits avec le plus
de difficulté. Il est très - vrai qu'il en coûte souvent
pour s'exprimer avec clarté: il est vrai qu'on peut
arriver au naturel par des efforts; mais il est vrai
aussi qu'un heureux génie produit souvent des beautés
faciles sans aucune peine, & que l'enthousiasme
va plus loin que l'art. La plûpart des morceaux passionnés
de nos bons poëtes, sont sortis achevés de
leur plume, & paroissent d'autant plus faciles qu'ils
ont en effet été composés sans travail: l'imagination
alors conçoit & enfante aisément. Il n'en est pas ainsi
dans les ouvrages didactiques: c'est - là qu'on a besoin
d'art pour paroître facile. Il y a, par exemple, beaucoup
moins de facilité que de profondeur dans l'admirable
essai sur l'homme de Pope. On peut faire facilement
de très - mauvais ouvrages qui n'auront rien
de gêné, qui paroîtront faciles, & c'est le partage de
ceux qui ont sans génie la malheureuse habitude de
composer. C'est en ce sens qu'un personnage de l'ancienne
comédie, qu'on nomme italienne, dit à un
autre:
Tu fais de méchans vers admirablement bien.
Le terme de facile est une injure pour une femme:
c'est quelquefois dans la société une loüange pour
un homme: c'est souvent un défaut dans un homme
d'état. Les moeurs d'Atticus étoient faciles, c'étoit
le plus aimable des Romains. La facile Cléopatre se
donna à Antoine aussi aisément qu'à César. Le facile
Claude se laissa gouverner par Agrippine. Facile
n'est - là, par rapport à Claude, qu'un adoucissement,
le mot propre est foible. Un homme facile est
en général un esprit qui se rend aisément à la raison,
aux remontrances; un coeur qui se laisse fléchir aux
prieres: & foible est celui qui laisse prendre sur lui
trop d'autorité. Article de M. de Voltaire.
FACILITÉ
(Page 6:358)
FACILITÉ, s. f. terme de Peinture. Dans les Arts
& dans les talens, la facilité est une suite des dispositions
naturelles. Un homme né poëte répand dans
ses ouvrages cette aisance qui caractérise le don que
lui a fait la nature. Voyez Facile. L'artiste que le
ciel a doüé du génie de la Peinture, imprime à ses
couleurs la legereté d'un pinceau facile; les traits
qu'il forme sont animés & pleins de feu. Est - ce à la
conformation & à la combinaison des organes que
nous devons ces dispositions qui nous entraînent
comme malgré nous, & qui nous font surmonter les
difficultés des Arts? Est - ce dans l'obscurité des causes
physiques de nos sensations que nous devons rechercher
les principes de cette facilité? Quelle qu'en soit
la source, qu'il seroit avantageux de l'avoir assez approfondie
pour pouvoir diriger les hommes vers les
talens qui leur conviennent, pour aider la nature,
& pour faire de tant de dispositions souvent ignorées
ou trop peu secondées, un usage avantageux au
bien général de l'humanité! Au reste la facilité seule,
en découvrant des dispositions marquées pour un
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