ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"357"> an milieu de la hauteur du corps, mais un peu au - dessous.

Lorsqu'on étend les bras, de façon qu'ils soient tous deux sur une même ligne droite & horisontale, la distance qui se trouve entre les extrémités des grands doigts des mains, est égale à la hauteur du corps. Depuis la fossette qui est entre les clavicules jusqu'à l'emboîture de l'os de l'épaule avec celui du bras, il y a une face: lorsque le bras est appliqué contre le corps & plié en - avant, on y compte quatre faces; savoir deux entre l'emboîture de l'épaule & l'extrémité du coude, & deux autres depuis le coude jusqu'à la premiere naissance du petit doigt, ce qui fait cinq faces; & cinq pour le côté de l'autre bras, c'est en tout dix faces, c'est - à - dire une longueur égale à toute la hauteur du corps.

Il reste cependant à l'extrémité de chaque main la longueur des doigts, qui est d'environ une demi - face; mais il faut faire attention que cette demi - face se perd dans les emboîtures du coude & de l'épaule, lorsque les bras sont étendus.

La main a une face de longueur; le pouce a un tiers de face, ou une longueur de nez, de même que le plus long doigt du pié; la longueur du dessous du pié est égale à une sixieme partie de la hauteur du corps en entier.

Si l'on vouloit vérifier ces mesures de longueur sur un seul homme, on les trouveroit fautives à plusieurs égards; parce qu'on n'a rien observé de parfaitement exact dans le détail des proportions du corps humain. Non - seulement les mêmes parties du corps n'ont pas les mêmes dimensions proportionnelles dans deux personnes différentes, mais souvent dans la même personne, une partie n'est pas exactement semblable à la partie correspondante: par exemple, souvent le bras ou la jambe du côté droit, n'a pas exactement les mêmes dimensions que le bras ou la jambe du côté gauche, &c.

Il a donc fallu des observations répétées pendant long - tems, pour trouver un milieu entre ces différences, afin d'établir au juste les dimensions des parties du corps humain, & de donner une idée des proportions qui font ce que l'on appelle la belie nature. Ce n'est pas par la comparaison du corps d'un homme avec celui d'un autre homme, ou par des mesures actuellement prises sur un grand nombre de sujets, qu'on a pû acquérir cette connoissance; c'est par les efforts qu'on a faits pour imiter & copier exactement la nature: c'est à l'art du dessein qu'on doit tout ce que l'on peut savoir en ce genre. Le sentiment & le goût ont fait ce que la méchanique ne pouvoit faire; on a quitté la regle & le compas, pour s'en tenir au coup - d'oeil; on a réalisé sur le marbre toutes les formes, tous les contours de toutes les parties du corps humain, & on a mieux connu la nature par la représentation, que par la nature même.

Dès qu'il y a eu des statues, on a mieux jugé de leur perfection en les voyant, qu'en les mesurant. C'est par un grand exercice de l'art du Dessein, & par un sentiment exquis, que les grands statuaires sont parvenus à faire sentir aux autres hommes les justes proportions des ouvrages de la nature. Les anciens ont fait de si belles statues, que d'un commun accord on les a regardées comme la représentation exacte du corps humain le plus parfait. Ces statues, qui n'étoient que des copies de l'homme, sont devenues des originaux; parce que ces copies n'étoient pas faites d'après un seul individu, mais d'après l'espece humaine entiere bien observée, & si bien vûe, qu'on n'a pû trouver aucun homme dont le corps fût aussi bien proportionné que ces statues. C'est donc sur ces modeles que l'on a pris les mesures du corps humain, telles que nous les avons rapportées.

Il seroit encore bien plus difficile de déterminer les mesures de la grosseur des différentes parties du corps; l'embonpoint ou la maigreur change si fort ces dimensions, & le mouvement des muscles les fait varier dans un si grand nombre de positions, qu'il est presque impossible de donner là - dessus des résultats sur lesquels on puisse compter.

Telles sont les réflexions judicleuses que M. de Buffon a jointes aux divisions données par les dessinateurs de la hauteur & de la largeur du corps humain, pour en établir les proportions. Voyez l'article Proportion. Voyez son Hist. nat. tom. II. p. 545. in - 4°. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Face (Page 6:357)

Face, en Musique, est une combinaison, ou des sons d'un accord, en commençant par celui qu'on veut, & prenant les autres selon leur suite naturelle ou celle des touches du clavier qui forment le même accord: d'où il suit qu'un accord a autant de faces possibles, qu'il y a de sons qui le composent; car chacun peut être le premier à son tour.

L'accord parfait ut, mi, sol, a trois faces. Par la premiere ut, mi, sol, tous les doigts son rangés par tierces, & la tonique est sous le premier. Par la seconde mi, sol, ut, il y a une quarte entre les deux derniers doigts, & la tonique est sous le troisieme. Par la troisieme sol, ut, mi, la quarte est entre les deux premiers doigts, & la tonique est sous celui du milieu. Voyez Renversement.

Comme les accords dissonnans ont ordinairement quatre sons, ils ont aussi quatre faces, qu'on peut trouver avec la même facilité. Voy. Doigter. (S)

Face (Page 6:357)

Face, en terme d'Architecture, est un membre plat qui a beaucoup de largeur & peu de saillie. Telles sont les bandes d'une architrave, d'un larmier, &c. Voyez Bande. (P)

Face (Page 6:357)

Face, (Manege.) terme qui dans notre art signifie la même chose que celui de chamfrin. Nous employons l'un & l'autre pour désigner spécialement tout l'espace, qui, depuis les sourcils où le bord inférieur des salieres, regne jusqu'à l'endroit où les os du nez terminent inférieurement leur trajet. Les chevaux dont le chamfrin est blanc, c'est - à - dire dont l'étoile ou la pelote, qui est située au milieu du front, se propage & s'étend en forme de bande jusqu'aux nasaux, sont appellés belle face. L'épithete prouve sans doute que cette marque a été considérée comme un trait de beauté dans l'animal. Quoique nous ayons conservé cette expression, nous n'adoptons pas unanimement les idées des anciens à cet égard; nous nous croy ons fondés à rejetter aussi celles qu'ils se sont formées de la bonté, du bonheur ou du malheur, de la franchise ou de l'indocilité du cheval, relativement à l'existence ou à la non - existence de cette bande de poils blancs, à sa non - interruption ou à sa disparition dans certaine étendue, à son plus ou moins de prolongement sur la levre antérieure, qui, noyée ou recouverte entierement de ces mêmes poils, constitue le cheval qui boit dans le blanc, dans le lait. L'ignorance érigea les conjectures de ces premiers observateurs en maximes; & s'il est encore parmi nous une foule de perionnes qui les honorent de ce nom, n'en accusons que l'aveuglement avec lequel elles se livrent au penchant qui les porte à encenser des erreurs, tellement accréditées par le tems & par le préjugé, qu'elles triomphent de la vérité même. On exclut avec soin des haras les étalons & les jumens belle face, par la raison qu'ils fourniroient trop de blanc, & que les poulains qu'ils produiroient, pourroient en être entachés d'une maniere très - desagréable à la vûe. (e)

Faces de Pignon (Page 6:357)

Faces de Pignon, terme d'Horlogerie, ce sont les plans ou côtés qui terminent l'épaisseur d'un pignon. Les Horlogers polissent ordinairement celles qui sont exposées à la vûe. Pour qu'elles soient bien [p. 358] faites, il faut qu'elles soient fort plates, & bien brillantes: comme cela est assez difficile à exécuter, on a imaginé un instrument ou outil, pour les adoucir & les polir. Voyez l'article suivant Outil a faire des Faces ; voyez aussi Pignon, &c. (T)

Faces (Page 6:358)

Faces, (outil à faire des) Horlogerie; c'est un instrument dont les Horlogers se servent pour polir les faces des pignons. La tige du pignon passe au - travers du trou qui est au milieu de la piece P, contre la face du pignon. On applique cette partie P enduite des matieres nécessaires pour la polir ou l'adoucir, & on la tient par la zone S. Il faut supposer qu'on fait tourner le pignon tout comme un foret; & qu'on appuie l'outil contre sa face, de même qu'on appuie la piece à percer contre le foret. Cette piece P étant mobile sur les deux points t, t de la zone ou anneau z; & cet anneau étant mobile de même sur les points o, o de la zone S, fixés à angles droits avec les premiers t, t, il s'ensuit que si la main vacille dans l'opération, la face du pignon ne s'en polira pas moins plate, ces différentes zones obéissant en tout sens à tous les mouvemens qu'on pourroit faire, & la plaque P frotant par - là toûjours également sur toutes les parties de la face P, tant près du centre que vers les extrémités. Voyez Faces de Pignon. (T)

Face, Plate - face (Page 6:358)

Face, Plate - face, (Luther.) c'est dans le fût d'orgue les parties KLMN, Planc. I. fig. 1. placées entre les tourelles. Ces plates - faces sont quelquefois bombées ou concaves, selon la volonté de celui qui donne le dessein de l'orgue. On doit faire ensorte que les plates - faces correspondantes soient semblables & symmétriques; que les tuyaux dont elles sont remplies soient de même grandeur, & leurs bouches arrangées symmétriquement; ensorte que si celles des tuyaux d'une plate - face vont en montant d'un sens, comme, par exemple, de la partie latérale de l'orgue vers le milieu, celles de l'autre plate - face aillent en montant de l'autre partie latérale vers le milieu, où elles se réuniroient si elles étoient prolongées; ou bien elles font le chevron rompu, comme dans la fig. 1. auquel cas la plate face correspondante doit être semblable.

Face d'Outil (Page 6:358)

Face d'Outil, terme d'usage chez les Orfévres & autres Artistes. On appelle ainsi le biseau d'un échope formé sur la meule, & avec lequel on coupe. Faire ce biseau sur la meule ou la pierre à l'buile, s'appelle faire la face de l'outil.

FACETTE (Page 6:358)

FACETTE, s. f. (Géom.) est le diminutif de face. Il se dit des plans qui composent la surface d'un polyhedre, lorsque ces plans sont fort petits.

Les miroirs & verres qui multiplient les objets, sont taillées à facettes. Voyez Verre a Facettes ou Polyhedre. (O)

Facettes (Page 6:358)

Facettes, en terme de Diamantaire, voyez Pans.

FACHEUX (Page 6:358)

* FACHEUX, adj. (Gramm.) terme qui est du grand nombre de ceux par lesquels nous désignons ce qui nuit à notre bien - être: nous l'appliquons aux personnes & aux choses. Si l'on fait à un commerçant quelque banqueroute considérable au moment où il est pressé par des créanciers, la banqueroute est un évenement fâcheux; la conjoncture où il se trouve est fâcheuse, ses créanciers sont des gens fâcheux. On voit par les fâcheux de Moliere, qu'un fâcheux est un importun qui survient dans un moment intéressant, occupé, où la présence même d'un ami est de trop, & où celle d'un indifférent embarrasse & peut donner de l'humeur, quand elle dure.

FACIALE (Page 6:358)

FACIALE, en Anatomie, nom de la principale artere de la face. Haller.

FACIENDAIRE (Page 6:358)

FACIENDAIRE, s. m. (Hist. ecclés.) nom qu'on donne dans quelques maisons religieuses, à celui qui est chargé des commissions de la maison.

FACILE (Page 6:358)

FACILE, adj. (Littér. & Morale.) ne signifie pas seulement une chose aisément faite, mais encore qui paroît l'être. Le pinceau du Correge est facile. Le style de Quinaut est beaucoup plus facile que celui de Despréaux, comme le style d'Ovide l'emporte en facilité sur celui de Perse. Cette facilité en Peinture, en Musique, en Éloquence, en Poésie, consiste dans un naturel heureux, qui n'admet aucun tour de recherche, & qui peut se passer de force & de profondeur. Ainsi les tableaux de Paul Veronese ont un air plus facile & moins fini que ceux de Michel - Ange. Les symphonies de Rameau sont supérieures à celles de Lulli, & semblent moins faciles. Bossuet est plus véritablement éloquent & plus facile que Flechier. Rousseau dans ses épîtres n'a pas à beaucoup près la facilité & la vérité de Despréaux. Le commentateur de Despréaux dit que ce poëte exact & laborieux avoit appris à l'illustre Racine à faire difficilement des vers; & que ceux qui paroissent faciles, sont ceux qui ont été faits avec le plus de difficulté. Il est très - vrai qu'il en coûte souvent pour s'exprimer avec clarté: il est vrai qu'on peut arriver au naturel par des efforts; mais il est vrai aussi qu'un heureux génie produit souvent des beautés faciles sans aucune peine, & que l'enthousiasme va plus loin que l'art. La plûpart des morceaux passionnés de nos bons poëtes, sont sortis achevés de leur plume, & paroissent d'autant plus faciles qu'ils ont en effet été composés sans travail: l'imagination alors conçoit & enfante aisément. Il n'en est pas ainsi dans les ouvrages didactiques: c'est - là qu'on a besoin d'art pour paroître facile. Il y a, par exemple, beaucoup moins de facilité que de profondeur dans l'admirable essai sur l'homme de Pope. On peut faire facilement de très - mauvais ouvrages qui n'auront rien de gêné, qui paroîtront faciles, & c'est le partage de ceux qui ont sans génie la malheureuse habitude de composer. C'est en ce sens qu'un personnage de l'ancienne comédie, qu'on nomme italienne, dit à un autre:

Tu fais de méchans vers admirablement bien. Le terme de facile est une injure pour une femme: c'est quelquefois dans la société une loüange pour un homme: c'est souvent un défaut dans un homme d'état. Les moeurs d'Atticus étoient faciles, c'étoit le plus aimable des Romains. La facile Cléopatre se donna à Antoine aussi aisément qu'à César. Le facile Claude se laissa gouverner par Agrippine. Facile n'est - là, par rapport à Claude, qu'un adoucissement, le mot propre est foible. Un homme facile est en général un esprit qui se rend aisément à la raison, aux remontrances; un coeur qui se laisse fléchir aux prieres: & foible est celui qui laisse prendre sur lui trop d'autorité. Article de M. de Voltaire.

FACILITÉ (Page 6:358)

FACILITÉ, s. f. terme de Peinture. Dans les Arts & dans les talens, la facilité est une suite des dispositions naturelles. Un homme né poëte répand dans ses ouvrages cette aisance qui caractérise le don que lui a fait la nature. Voyez Facile. L'artiste que le ciel a doüé du génie de la Peinture, imprime à ses couleurs la legereté d'un pinceau facile; les traits qu'il forme sont animés & pleins de feu. Est - ce à la conformation & à la combinaison des organes que nous devons ces dispositions qui nous entraînent comme malgré nous, & qui nous font surmonter les difficultés des Arts? Est - ce dans l'obscurité des causes physiques de nos sensations que nous devons rechercher les principes de cette facilité? Quelle qu'en soit la source, qu'il seroit avantageux de l'avoir assez approfondie pour pouvoir diriger les hommes vers les talens qui leur conviennent, pour aider la nature, & pour faire de tant de dispositions souvent ignorées ou trop peu secondées, un usage avantageux au bien général de l'humanité! Au reste la facilité seule, en découvrant des dispositions marquées pour un

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