ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"359"> talent, ne peut pas conduire un artiste à la perfection; il faut que cette qualité soit susceptible d'être dirigée par la réflexion. On naît avec cette heureuse aptitude; mais il faudroit s'y refuser jusqu'à ce qu'on eût préparé les matériaux dont elle doit faire usage. Il faudroit enfin qu'elle ne se développât que par degrés, & c'est lorsque la facilité est de cette rare espece, qu'elle est un sur moyen pour arriver aux plus grands succès. Et qu'on ne croye pas que la patience & le travail puissent subvenir absolument au défaut de facilité: non. Si l'un & l'autre peuvent conduire par une route pénible à des succès, il manquera toûjours à la perfection qu'on peut acquérit ainsi, ce qu'on desire à la beauté, lorsqu'elle n'a pas le charme des graces. On admire dans Boileau la raison fortifiée par un choix laborieux d'expressions justes & precises. Bien moins captif, le talent divin & facile de Lafontaine touche à - la - fois l'esprit & le coeur.

La facilité dont je dois parler ici, celle qui regarde particulierement l'art de la Peinture, est de deux especes. On dit facilité de composition, & le sens de cette façon de s'exprimer rentre dans celui du mot génie; car un genie abondant est le principe fécond qui agit dans une composition facile: Il faut donc remettre à en parler lorsqu'il sera question du mot Génie. La seconde application du terme facilité est celle qu'on en fait lorsqu'on dit un pinceau facile; c'est l'expression de l'aisance dans la pratique de l'art. Un peintre, bon praticien, assûré dans les principes du clair obscur, dans l'harmonie de la couleur, n'hésite point en peignant; sa brosse se promene hardiment, en appliquant à chaque objet sa couleur locale. Il anit ensemble les lumieres & les demi - teintes; il joint celles - ci avec les ombres. La trace de ce pinceau dont on suit la route, indique la liberté, la franchise, enfin la facilité. Voilà ce que présente l'idée de ce terme, & je finis cet article en hasardant le conseit de se rendre sévere & difficile même dans les études par lesquelles on prépare les matériaux de l'ouvrage; mais lorsque la réflexion en a fixé le choix, de donner à l'exécution du tableau cet air de liberté, cette facilité d'exécution qui ajoûte au mérite de tous les ouvrages des Arts. Article de M. Watelet.

FAÇON (Page 6:359)

* FAÇON, s. m. (Gramm.) Ce terme a un grand nombre d'acceptions differentes. Il se dit tantôt d'une maniere d'être, tantôt d'une maniere d'agir. Il est habillé d'une étrange façon: ses façons sont étranges: les façons de cet ouvrage seront considérables, la façon en est belle & simple. Dans ces deux derniers exemples c'est un terme d'art. Il embrasse dans celui - là, tout le travail; il a rapport dans celui - ci, au bon goût du travail. Quand on dit, cet ouvrage est en façon d'ébene, de marqueterie ou de tabatiere, on veut faire entendre qu'on lui a donné ou la forme qu'on donne au même ouvrage quand on le fait d'ébene, ou celle qu'on remarque à tout ouvrage de marqueterie en général, ou la forme même d'une tabatiere.

Façon se rapporte aussi quelquefois à la maniere de travailler d'un artiste, ainsi que dans cet exemple: ces moulures, ces contours sont à la façon de Germain; ou même à la personne, comme quand on dit, ce trait est de votre façon; c'est - à - dire, je crois qu'il est de vous, tant il ressemble à ceux qui vous échappent. En Grammaire il est synonyme à tour: cette façon de parler n'est pas ordinaire. Façons se prend aussi pour une sorte de procédés particuliers à un état: il a toutes les façons d'un galant homme: il est inutile d'avoir avec moi de mauvaises façons: ces gens étoient mis d'une certaine façon: ils étoient d'une certaine façon. Des façons ou des formalités déplacées, sont presque la même chose: vous faites trop de façons: abregez ces façons - là. Une façon d'astrologue, c'est un homme qu'on seroit tenté de prendre pour tel, à des ridicules qui lui sont communs, à lui & aux Astrologues. La façon en est mesquine & petite; mais on dit mieux le faire en Peinture (voyez Faine en Peinture): c'est la maniere de travailler. La mal - façon est une maniere de dire abregée parmi les Artistes: vous en payeriez la mal - façon, ou la mauvaise façon. Il y a beaucoup d'autres acceptions de façon, les précédentes sont les principales. De façon que, de maniere que, sont des conjonctions qui lient ordinairement la cause avec l'effet; la cause est dans le premier membre, l'effet dans le second: il se conduisit de façon qu'il se sit exclure de cette société; où l'on voit que de façon que & de maniere que sont dans plusieurs cas des conjonctions collectives, & qu'elles résument toutes les différentes liaisons de la cause avec l'effet.

Façons d'un Vaisseau (Page 6:359)

Façons d'un Vaisseau, (Marine.) On entend par ce mot, cette diminution qu'on fait à l'avant & à l'arriere du dessous du vaisseau; de sorte que l'on dit les façons de l'avant & les façons de l'arriere. Voyez Marine, Planche I. (Z)

Façon (Page 6:359)

* Façon, (Facture de bas au métier.) On appelle façon cette portion du bas qui est figurée, & qui est placée à l'extrémité des coins. Il y a deux façons à chaque bas. Voyez a l'article Bas, la maniere dont on les exécute.

FAÇONNER (Page 6:359)

FAÇONNER, v. act. c'est, en Pâtisserie, faire au - dessus des bords d'une piece, quelle qu'elle soit, des agrémens avec le pouce de distance en distance.

FACTEUR (Page 6:359)

FACTEUR, s. m. en Arithmétique & en Algebre, est un nom que l'on donne à chacune des deux quantités qu'on multiplie l'une par l'autre, c'est - à - dire au multiplicande & au multiplicateur, par la raison qu'ils font & constituent le produit. Voyez Multiplication.

Engénéral on appelle, en Algebre, facteurs les quantités qui forment un produit quelconque. Ainsi dans le produit a b c d, a, b, c, d, sont les facteurs.

Les facteurs s'appellent autrement diviseurs, surtout en Arithmétique, & lorsqu'il s'agit d'un nombre qu'on regarde comme le produit de plusieurs autres. Ainsi 2, 3, sont diviseurs de 12; & le nombre 12 peut être considéré comme composé des trois facteurs 2, 2, 3, &c. & ainsi du reste. Voyez Diviseur.

Toute quantité algébrique de cette forme xm +axm - 1+bxm - 2.....+r, peut être divisée exactement par xx+px+q,p & q étant des quantités réelles; & par conséquent xx+px+q est toûjours un facteur de cette quantité. Je suis le premier qui aye démontré cette proposition. Voyez les mém. de l'acad. de Berlin, 1746. Voyez aussi Imaginaire, Fraction rationnelle, Equation , &c.

La difficulté d'intégrer les équations différentielles à deux variables, consiste à retrouver le facteur qui a disparu par l'égalité à zéro. M. Fontaine est le premier qui ait fait cette remarque. V. Intégral. (O)

Facteur (Page 6:359)

Facteur, dans le Commerce, est un agent qui fait les affaires & qui négocie pour un marchand par commission: on l'appelle aussi commissionnaire; dans certains cas, courtier; & dans l'Orient, coagis, commis. Voyez Commissionnaire, Commis, &c.

La commission des facteurs est d'acheter ou de vendre des marchandises, & quelquefois l'un & l'autre.

Ceux de la premiere espece sont ordinairement établis dans les lieux où il y a des manufactures considérables, ou dans les villes bien commerçantes. Leur fonction est de faire des achats pour des marchands qui ne résident pas dans le lieu, de faire emballer les marchandises, & de les envoyer à ceux pour qui ils les ont achetées.

Les facteurs pour la vente sont ordinairement fixés dans des endroits où on fait un grand commerce; les marchands & fabriquans leur envoyent leurs marchandises, pour les vendre au prix & autres condi<pb-> [p. 360] tions dont ils les chargent dans les ordres qu'ils leur donnent.

Les salaires & appointemens qu'on leur donne pour leur droit de vente, sont communément affranchis de toutes dépenses de voiture, d'échange, des remises, &c. excepté les ports de lettres, qui ne passent point en compte. Voyez Factorage. (G)

Facteur (Page 6:360)

Facteur signifie aussi celui qui tient les registres d'une messagerie, qui a soin de délivrer les ballots, marchandises, paquets arrivés par les chevaux, mulets, charrettes ou autres voitures d'un messager; qui les fait décharger sur son livre, & qui reçoit les droits de voiture, s'ils n'ont pas été acquittés au lieu de leur chargement. Voyez Message & Messagerie. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

Facteur (Page 6:360)

Facteur d'instrumens de Musique, est un artisan qui fabrique des instrumens de musique, comme les facteurs d'orgues, de clavessins, &c.

On appelle aussi facteurs, ces ouvriers qui se transportent dans les maisons des particuliers qui les y appellent, pour accorder des instrumens de musique. Voyez Instrumens de Musique.

FACTICE (Page 6:360)

FACTICE, adject. (Gramm.) qui est fait par art, qui n'est point naturel.

Les eaux distillées sont des liqueurs factices.

On distingue le cinnabre en naturel & en factice. Voyez Cinnabre & Mercure.

FACTION (Page 6:360)

FACTION, s. f. (Politiq. & Gram.) Le mot faction venant du latin facere, on l'employe pour signifier l'état d'un soldat à son poste en faction, les quadrilles ou les troupes des combattans dans le cirque, les factions vertes, bleues, rouges & blanches. Voyez Faction, (Hist. anc.) La principale acception de ce terme signifie un parti séditieux dans un état. Le terme de parti par lui - même n'a rien d'odieux, celui de faction l'est toûjours. Un grand homme & un médiocre peuvent avoir aisément un parti à la cour, dans l'armée, à la ville, dans la Littérature. On peut avoir un parti par son mérite, par la chaleur & le nombre de ses amis, sans être chef de parti. Le maréchal de Catinat, peu considéré à la cour, s'étoit fait un grand parti dans l'armée, sans y prétendre. Un chef de parti est toûjours un chef de faction: tels ont été le cardinal de Retz, Henri duc de Guise, & tant d'autres.

Un parti séditieux, quand il est encore foible, quand il ne partage pas tout l'état, n'est qu'une faction. La faction de César devint bientôt un parti dominant qui engloutit la république. Quand l'empereur Charles VI. disputoit l'Espagne à Philippe V. il avoit un parti dans ce royaume, & enfin il n'y eut plus qu'une faction; cependant on peut dire toûjours le parti de Charles VI. Il n'en est pas ainsi des hommes privés. Descartes eut long - tems un parti en France, on ne peut dire qu'il eût une faction. C'est ainsi qu'il y a des mots synonymes en plusieurs cas, qui cessent de l'être dans d'autres. Article de M. de Voltaire.

Factions (Page 6:360)

* Factions, (Hist. anc.) c'est le nom que les Romains donnoient aux différentes troupes ou quadrilles de combattans qui couroient sur des chars dans les jeux du cirque. Voyez Cirque. Il y en avoit quatre principales, distinguées par autant de couleurs, le verd, le bleu, le rouge, & le blanc; d'où on les appelloit la faction bleue, la faction rouge, &c. L'empereur Domitien y en ajoûta deux autres, la pourpre & la dorée; dénomination prise de l'étoffe ou de l'ornement des casaques qu'elles portoient: mais elles ne subsisterent pas plus d'un siecle. Le nombre des factions fut réduit aux quatre anciennes dans les spectacles. La faveur des empereurs & celle du peuple se partageoient entre les factions, chacune avoit ses partisans. Caligula fut pour la faction verte, & Vitellius pour la bleue. Il résulta quelquefois de grands desordres de l'intérêt trop vif que les spectateurs prirent à leurs factions. Sous Justinien, une guerre sanglante n'eût pas plus fait de ravage; il y eut quarante mille hommes de tués pour les factions vertes & bleues. Ce terrible évenement fit supprimer le nom de faction dans les jeux du cirque.

Faction (Page 6:360)

Faction, dans l'Art militaire; c'est le tems qu'un soldat demeure en sentinelle: ainsi être en faction, signifie être en sentinelle. Voyez Sentinelle.

Un soldat en sentinelle est aussi appellé factionnaire. Il y a des factionnaires pour la garde des drapeaux, des faisceaux d'armes, des prisonniers, &c. (P)

FACTIONNAIRE (Page 6:360)

FACTIONNAIRE, s. m. se dit, dans un régiment d'infanterie, du plus ancien capitaine, qui doit passer à la place de capitaine de grenadiers lorsque cette compagnie vient à vaquer; mais on lui ajoûte le nom de premier: ainsi le premier factionnaire dans un régiment d'infanterie, est le plus ancien capitaine immédiatement après celui des grenadiers. (Q)

FACTORAGE (Page 6:360)

FACTORAGE, s. m. (Comm.) Voyez Facteur, Courtage, &c.

Le factorage ou les appointemens des facteurs, qu'on nomme aussi commissionnaires, varie suivant les différens pays & les différens voyages qu'ils sont obligés de faire. Le plus commun est fixé à 3 pour 100 de la valeur des marchandises, sans compter la dépense des emballages, qu'il faut encore payer indépendamment de ce droit.

A la Virginie, aux Barbades & à la Jamaïque, le factorage est depuis 3 jusqu'à 5 pour 100: il en est de même dans la plus grande partie des Indes occidentales. En Italie il est de deux & demi pour cent; en Hollande, un & demi; en Espagne, en Portugal, en France, &c. deux pour cent. Voyez les dictionn. du Commerce, de Trévoux & de Chambers. (G)

FACTORERIE ou FACTORIE (Page 6:360)

FACTORERIE ou FACTORIE, s. f. (Gramm.) lieu où réside un facteur, bureau dans lequel un commissionnaire fait commerce pour ses maîtres ou commettans. Voyez Facteur, Commissionnaire, Commettant .

On appelle ainsi dans les Indes orientales & autres pays de l'Asie où trafiquent les Européens, les endroits où ils entretiennent des facteurs ou commis, soit pour l'achat des marchandises d'Asie, soit pour la vente ou l'échange de celles qu'on y porte d'Enrope.

La factorie tient le milieu entre la loge & le comptoir; elle est moins importante que celui - ci, & plus considérable que l'autre. Voyez Comptoir & Loge. Voyez aussi les dictionn. de Commerce, de Trévoux & de Chambers. (G)

FACTUM (Page 6:360)

FACTUM, s. m. (Jurisprud.) Ce terme, qui est purement latin dans son origine, a été employé dans le style judiciaire, lorsque les procédures & jugemens se rédigeoient en latin, pour exprimer le fait, c'est - à - dire les circonstances d'une affaire.

On a ensuite intitulé & appellé factum, un mémoire contenant l'exposition d'une affaire contentieuse. Ces sortes de mémoires furent ainsi appellés, parce que dans le tems qu'on les rédigeoit en latin, on y mettoit en tête ce mot, factum, à cause qu'ils commençoient par l'exposition du fait, qui précede ordinairement celle des moyens.

Depuis que François I. eut ordonné, en 1539, de rédiger tous les actes en françois, on ne laissa pas de conserver encore au palais quelques termes latins, du nombre desquels fut celui de factum, que l'on mettoit en tête des mémoires.

Le premier factum ou mémoire imprimé, ainsi intitulé, factum, quoique le surplus fût en françois, fut fait par M. le premier président le Maitre, dans une affaire qui lui étoit personnelle contre son gen<pb->

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