ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"355"> Paris en 1731, après avoir eu le malheur d'être privé de l'usage de ses yeux dès l'âge de vingt - quatre ans, étoit un esprit très - pénétrant, très - étendu; un écrivain fécond & délicat; un modele de décence, de politesse & d'honnêteté dans la critique. Ses ouvrages, en grand nombre, sont remplis de beautés, de goût & d'érudition choisie. Enfin les fables même qu'il a publiées, indépendamment des autres morceaux excellens qui nous restent de lui en plusieurs genres, empêcheront toûjours qu'on n'ose le mettre au rang des auteurs médiocres.

Je ne dirai rien de nos voisins; le talent de conter supérieurement n'a point passé chez eux, ils n'ont point de fabulistes. Je sai bien que le poëte Gai a fait en anglois des fables estimées par sa nation, & que Geller, poëte saxon, a publié des fables & des contes qui ont eu beaucoup de succès dans son pays; mais les Anglois ne regardent les fables de Gai que comme son meilleur ouvrage, & les Allemands même reprochent à Geller d'être monotone & diffus. Je doute que ce qui manque à l'un pour être excellent, & que deux défauts aussi considérables que ceux qu'on reconnoît dans l'autre, puissent être rachetés par la pureté du style, la délicatesse des pensées, & les sentimens d'amour & d'amitié qu'on dit que celui - ci a sû répandre dans ce genre d'ouvrages; & par la force de l'expression, & la beauté de la morale & des maximes qu'on accorde à celui - là. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FAÇADE (Page 6:355)

FAÇADE, s. f. (Archit.) c'est le frontispice ou la structure extérieure d'un bâtiment. On dit le frontispice d'une église, d'un temple, d'un monument public, &c. On dit la façade du côté des jardins, du côté de la rue, de la cour, du grand chemin, &c. On appelle encore façade latérale, le mur de pignon ou le retour d'un bâtiment isolé. C'est par la décoration de la façade d'un édifice, que l'on doit juger de l'importance de ce dernier, du motif qui l'a sait élever, & de la dignité du propriétaire: c'est par son ordonnance que la capacité d'un architecte se manifeste, & que les hommes intelligens jugent de la relation qu'il a sû observer entre la distribution des dedans, & celle des dehors, & de ces deux parties avec la solidité. L'on peut dire que la façade d'un bâtiment est à l'édifice, ce que la physionomie est au corps humain: celle - ci prévient en faveur des qualités de l'ame; l'autre détermine à bien juger de l'intérieur d'un bâtiment. Mais, de même qu'un peintre, un sculpteur doit varier les expressions de ses figures, afin de ne pas donner à un soldat le caractere d'un héros, ni aux dieux de la fable, des traits qui tiennent trop de l'humanité; il convient qu'un architecte fasse choix d'un genre de décoration, qui désigne sans équivoque les monumens sacrés, les édifices publics, les maisons royales, & les demeures des particuliers; attention que nos modernes ont trop négligée jusqu'à présent. Tous nos frontispices, nos façades extérieures portent la même empreinte: celles de nos hôtels sont revêtues des mêmes membres d'architecture, & l'on y remarque les mêmes ornemens qui devroient être reservés pour nos palais; négligence dont il résulte non - seulement un défaut de convenance condamnable, mais encore une multiplicité de petites parties, qui ne produisent le plus souvent qu'une architecture mesquine, & un desordre dont se ressentent presque toutes les productions de nos jours, sans excepter les temples consacrés à la Divinité.

Malgré l'abus général dont nous parlons, nouallons citer les frontispices & les façades de nos bâtimens françois les plus capables de servir d'autorités, & dont les compositions sont les plus exemptes des défauts que nous reprochons ici. De ce nombre sont, la façade du Louvre du côté de Saint Germain l'Auxerrois, par Claude Perault, pour la décoration des palais des rois: la façade de Versailles, du côté des jardins, par Hardoüin Mansard, pour les maisons royales: la façade du château de Maisons, par François Mansart, pour les édifices de ce genre: la façade du côté de la cour de l'hôtel de Soubise, par M. de la Mair, pour la demeure de nos grands seigneurs: la façade de la maison de campagne de M. de la Boissiere, par M. Carpentier, pour nos belvéders & nos jolies maisons de campagne: les façades de la maison de M. de Janvri, fauxbourg Saint - Germain, par M. Cartaut, pour nos maisons particulieres: la façade du bâtiment de la Charité, rue Taranne, par M. Destouches, pour nos maisons à loyer: le frontispice de l'église de Saint Sulpice, par M. de Servandoni, pour annoncer la grandeur & la magnificence de nos édifices sacrés: celui des Feuillans du côté de la rue Saint Honoré, pour la pureté de l'architecture, par François Mansart: celui de l'église de la Culture de Sainte Catherine, pour la singularité, par le P. de Creil. Enfin nous terminerons cette énumération par la décoration de la porte de Saint - Denis, élevée sur les desseins de François Blondel, comme autant de modeles qui doivent servir d'étude à nos architectes, attirer l'attention des amateurs, & déterminer le jugement de nos propriétaires. Voyez la plus grande partie des façades que nous venons de citer, & les descriptions qui en ont été faites, répandues dans les huit volumes de l'Architecture françoise. Voyez aussi les façades que nous donnons dans cet Ouvrage, Pl. d'Architecture. (P)

FACE (Page 6:355)

FACE, (Ar at.) visage de l'homme. Cette partie animée par le souffle de Dieu, suivant l'expression de Moyse (Gen. ij. 7.), a des avantages très - considérables sur celle qui lui répond dans les autres animaux, & qu'on appelle bec, museau, ou hure. Voyez Bec, &c.

Cicéron, Ovide, Silius Italicus, & plusieurs autres, ont remarqué que l'homme seul de tous les animaux, a la face tournée vers le ciel. Brown, l. I V. ch. j. de son ouvrage sur les erreurs populaires, a dit là - dessus des choses assez curieuses. Voy. Brown's Worcks, p. m. 149 - 151.

M. de Buffon, dans le second tome de son histoire naturelle, a exprimé parfaitement les traits caractéristiques qui peignent les passions fortes par le changement de la physionomie. Si l'on considere combien les passions ont de degrés & de combinaisons différentes, si l'on observe ensuite que chaque modification des mouvemens de l'ame est reconnoissable à des yeux exercés, on sera étonné de la diversité prodigieuse des mouvemens, dont les muscles de la face sont susceptibles. Voyez Physionomie.

On juge encore du tempérament; & presque des moeurs & du caractere d'esprit, par l'inspection des rides du front. Le principe de cet art, dont l'application paroît fort vaine, a été singulierement défendu par M. Lancisi, dans une dissertation qui est à la tête du Theatrum anat. de Manget. Voy. Métoposcopie.

Les Anatomistes sont assez d'accord sur l'exposition des os de la face; mais ils different extrèmement dans les descriptions des muscles de cette partie. Celles de Santorini sont très - remarquables. Observ. anat. chap. j. Voyez les articles particuliers des os & des muscles de la face, comme Maxillaire, Masseter, &c.

On distingue la face en partie supérieure ou front, & en partie inférieure. Enfin on se sert du mot face, pour exprimer le côté supérieur, antérieur, &c. de différentes parties du corps. (g)

Face (Page 6:355)

Face, (Séméiotique.) Voyez Visage.

Face hippocratique, voyez Visage Hippocratique. [p. 356]

FACE (Page 6:356)

FACE, s. f. en Géomét. désigne en général un dès plans qui composent la surface d'un polyhedre: ainsi on dit que l'hexahedre a six faces. V. Polyhedre.

La face ou le plan sur lequel le corps est appuyé, ou supposé appuyé, est appellée proprement sa base, & les autres plans gardent le nom de face. Chacune des faces peut servir de base, ou être supposée servir de base. Cependant lorsqu'un corps est long & étroit, comme un obélisque, on prend pour base la face la moins étendue. (O)

Face (Page 6:356)

* Face, (Astrol. jud. & Divinat.) c'est la troisieme partie de chaque signe du zodiaque, que les Astrologues ont regardé comme composé de 30 degrés. Ils ont divisé ces 30 degrés en trois. Les dix premiers degrés composent la premiere face; les dix suivans, la seconde; & les dix autres, la troisieme face. Ils ont ensuite rapporté ces faces aux planetes, & ils ont dit que Vénus correspondoit dans telle circonstance à la troisieme face du Taureau, c'est - à - dire qu'elle étoit dans les dix derniers degrés de ce signe. On voit bien que toutes ces idées sont arbitraires, & que si l'Astrologie fonde ses prédictions sur ces divisions, il ne faut que les connoître un peu pour être desabusés. Quand on conviendroit qu'en conséquence de la liaison, qui est nécessairement entre tous les êtres de l'Univers, il ne seroit pas impossible qu'un effet relatif au bonheur ou au malheur de l'homme, dût absolument co - exister avec quelque phénomene céleste, ensorte que l'un étant donné, l'autre résultât ou suivît toûjours infailliblement; peut - on jamais avoir un assez grand nombre d'observations pour fonder en pareil cas quelque certitude? Ce qui doit ajoûter beaucoup de force à cette considération, c'est que toute la durée de nos observations en ce genre ne sera jamais qu'un point, relativement à la durée du monde, antérieure & postérieure à ces observations. Celui qui craindroit, lorsque le Soleil descend sous l'horison, que la nuit qui approche ne fût sans fin, seroit regardé comme un fou: cependant je voudrois bien que l'on entreprît de determiner le nombre des expériences suffisant pour ériger un évenement en loi uniforme & invariable de l'Univers, lorsqu'on n'a de la constance de l'évenement aucune démonstration tirée de la nature du méchanisme, & qu'il ne reste, pour s'en assûrer, que des observations réitérées.

Face d'une Place (Page 6:356)

Face d'une Place, (Fortificat.) c'est la même chose que le front d'une place: c'est un de ses côtés, composé d'une courtine & de deux demi bastions. Voyez Front.

Lorsqu'on veut attaquer une place, il est très - important d'en bien connoître les différentes faces, ou les différens fronts, afin d'attaquer le plus foible ou celui qui donne le plus de facilité pour les approches, & pour y faire arriver les munitions commodément. Voyez Attaque. (Q)

Faces (Page 6:356)

Faces (les) d'un ouvrage de Fortification, sont en général les deux côtés de l'ouvrage les plus avancés vers la campagne, ou le dehors de la place.

Ainsi les faces du bastion sont les deux côtés qui forment un angle saillant du côté de la campagne; elles sont par leur position les plus exposées de toutes les parties de l'enceinte, au feu de l'ennemi; & comme elles ne sont d'ailleurs défendues que par le flanc du bastion opposé, elles sont les parties les plus foibles du bastion, ou de l'enceinte des places fortifiées: c'est par cette raison que l'attaque du bastion se fait par les faces; on y fait breche ordinairement vers le milieu ou le tiers, à compter de l'angle flanqué; on se trouve par - là en état, lorsqu'on s'est établi sur la breche, d'occuper plus promptement tout l'intérieur du bastion. Voy. Attaque du Bastion.

Les faces du bastion doivent avoir au moins 35 ou 40 toises, afin que le bastion ne soit pas trop pe<cb-> tit. On les trouve bien proportionnées à 50; parce qu'elles donnent alors le bastion d'une grandeur raisonnable. Lorsqu'elles doivent défendre quelqu'ouvrage au - delà du fossé, il faut qu'elles ayent la longueur nécessaire pour les bien flanquer; elles ne doivent point être trop inclinées vers la courtine, afin de défendre plus avantageusement ou moins obliquement l'approche du bastion.

Les faces de la demi - lune, des contre - gardes, des tenaillons ou grandes lunettes, &c. sont de même les deux côtés de ces ouvrages qui forment un angle vers la campagne; ainsi que celles des places d'armes du chemin couvert. Ces dernieres devroient avoir toûjours 15 ou 20 toises, afin de rendre les places d'armes plus grandes, & de pouvoir flanquer plus avantageusement les branches ou les côtés du chemin couvert, qui en sont flanqués ou défendus. Voyez Chemin couvert & Places d'armes du Chemin couvert . (Q)

Face (Page 6:356)

Face, (Arts, Dessein, Sculpture, Peinture.) nom donné par les Dessinateurs à une dimension du corps humain, pour fixer les justes proportions que ces parties doivent avoir ensemble.

Pour cet effet, les Dessinateurs divisent ordinairement la hauteur du corps en dix parties égales, qu'ils appellent faces en terme d'art; parce que la face de l'homme a été le premier modele de ces mesures. On distingue trois parties égales dans chaque face, c'est - à dire dans chaque dixieme partie de la hauteur du corps: cette seconde division vient de celle que l'on a faite de la face humaine en trois parties égales. La premiere commence au - dessus du front, à la naissance des cheveux, & finit à la racine du nez; le nez fait la deuxieme partie de la face; & la troisieme, en commençant au - dessous du nez, va jusqu'au - dessous du menton. Dans les mesures du reste du corps, on désigne quelquefois la troisieme partie d'une face, ou une trentieme partie de toute la hauteur, par le mot de nez, ou de longueur du nez.

La premiere face dont nous venons de parler, qui est toute la face de l'homme, ne commence qu'à la naissance des cheveux, qui est au - dessus du front; depuis ce point jusqu'au sommet de la tête, il y a encore un tiers de face de hauteur, ou, ce qui est la même chose, une hauteur égale à celle du nez: ainsi depuis le sommet de la tête jusqu'au - bas du menton, c'est - à - dire dans la hauteur de la tête, il y a une face & un tiers de face; entre le bas du menton & la fossette des clavicules, qui est au - dessus de la poitrine, il y a deux tiers de face: ainsi la hauteur depuis le dessus de la poitrine jusqu'au sommet de la tête, fait deux fois la longueur de la face; ce qui est la cinquieme partie de toute la hauteur du corps. Depuis la fossette des clavicules jusqu'au - bas des mammelles, on compte une face: au - dessous des mammelles commence la quatrieme face, qui finit au nombril; & la cinquieme va à l'endroit où se trouve la bifurcation du tronc; ce qui fait en tout la moitié de la hauteur du corps. On compte 2 faces dans la longueur de la cuisse jusqu'au genou; le genou fait une demi face. Il y a 2 faces dans la longueur de la jambe, depuis le bas du genou jusqu'au coup - de - pié, ce qui fait en tout neuf faces & demie; & depuis le coup - de - pié jusqu'à la plante du pié, il y a une demi - face, qui complete les dix faces, dans lesquelles on a divisé toute la hauteur du corps.

Cette division a été faite pour le commun des hommes; mais pour ceux qui sont d'une taille haute & fort au - dessus du commun, il se trouve environ une demi - face de plus dans la partie du corps, qui est entre les mammelles & la bifurcation du tronc: c'est donc cette hauteur de surplus dans cet endroit du corps qui fait la belle taille. Alors la naissance de la bifurcation du tronc ne se rencontre pas précisément

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