ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"324"> dire, en assez bonne santé (quoique dans un corps où sont des causes morbifiques) pour se suffire à elle - même, ainsi qu'elle fait dans presque tous les sujets robustes, bien constitués, qui guérissent si souvent de bien des maladies considerables, sans secours de medecins, mais non pas sans ceux de la medecine naturelle, que la divine Providence a attachée à la seule disposition de la machine animale, mise en oeuvre par une puissance motrice, toûjours portée à éloigner tout ce qui peut nuire à la conservation de l'individu, même dans les efforts qui paroissent être le plus contraire à cette conservation: puissance, dont l'essence est autant inconnue, que ses opérations sont évidentes & assez généralement utiles, pour qu'on doive y avoir égard. C'est sur ce fondement que porte absolument la doctrine de l'exspectation, qui consiste par conséquent à observer l'ordre le plus constant de ces opérations, ce qui les précede & ce qui les suit: doctrine dont les connoissances qui la forment, ne peuvent qu'être acquises avec beaucoup de peine, & par une étude continuelle de l'histoire des maladies, recueillie par les grands maîtres qui ont suivi cette doctrine; par une extrème application à observer, à recueillir, à comparer les faits, ainsi qu'ils l'ont pratiqué eux - mêmes: c'est le seul moyen que l'on ait pour parvenir à être aussi utiles qu'eux au genre humain, présent & futur.

Mais c'est un moyen trop difficile à employer; pour qu'il n'ait pas été négligé, & même rejetté par ceux qui ont voulu abreger le chemin qui conduit à la réputation & à la fortune: la facilité de faire des systèmes, de les adopter, d'en imposer au public, pour qui le rideau est toûjours tiré sur les vérités qui caractérisent la science médicinale, a fourni l'expédient: on a étudié la physique du corps humain dans le cadavre, mais non pas celle du corps vivant, qui paroît être généralement plus ignorée que jamais: on s'est montré plus savant dans les écoles, dans les livres, depuis la découverte de la circulation du sang; mais on n'a presque rien fait pour l'avancement de l'art de guérir: on a multiplié les remedes à l'infini: on en a même trouvé de nouveaux; mais il n'y a pas moins de maladies mortelles, de maladies longues, incurables. Tous ces défauts ne peuvent raisonnablement être attribués qu'à l'abandon qu'on a fait de la route tenue par les anciens, c'est - à - dire de l'observation à la faveur de laquelle ils avoient fait de très - grands progrès, en très - peu de tems: progrès qui ont été suspendus, dès qu'on a cessé d'observer; par conséquent, depuis plusieurs siecles, & particulierement depuis que l'on ne s'est occupé dans l'étude de la Medecine, que des productions de l'imagination, auxquelles on s'est efforcé de soûmettre, d'adapter la pratique de l'art; depuis qu'on fait consister cet art dans le seul usage des remedes, dont on ne tire l'indication que de l'idée que l'on se forme sur la nature de la cause morbifique: idée le plus souvent conçûe d'après les hypothèses que l'on a embrassées; enfin depuis que l'on ne fait aucune attention aux différens mouvemens salutaires, ou tendans à l'être, qui s'operent dans le cours des maladies, indépendamment d'aucun secours, aux efforts de la puissance conservatrice, pour le bien de son individu (voyez Effort), & que l'on trouble tout dans l'ordre des maturations, des coctions, des crises, qui sont les opérations sur lesquelles les maladies les plus violentes peuvent être terminées heureusement, même sans aucun secours, dont le défaut, par conséquent, est bien moins nuisible que le mauvais usage; d'où on seroit fondé à conclure, que l'abus de la Medecine a rendu cette science plus pernicieuse que secourable à l'humanité.

Mais comment a - t - on jamais sû que la nature seule pouvoit produire de bons effets, si ce n'est par le moyen de l'observation? & a - t - on pû observer ces effets, sans laisser à elle - même la cause qui les produit? Il a donc fallu attendre pour observer: on ne peut, par conséquent, réparer tous les défauts de la pratique de nos jours, qu'en rétablissant l'exspectation, à la faveur de laquelle seule, on peut apprendre à agir avec méthode, pour secourir les hommes dans leurs maladies, & sans laquelle on ne parviendra jamais à rendre l'art de guérir, digne de son nom, & aussi utile au genre humain, qu'il est susceptible de l'être. Voyez Medecine, Méthode cu. rative , &c. (d)

EXSUCTION (Page 6:324)

EXSUCTION, s. f. Ce terme est employé par M. Quesnay, essai physiq. pour signifier l'extraction qui se fait du suc des alimens, par le méchanisme de la digestion. Voyez Digestion. (d)

EXTASE (Page 6:324)

EXTASE, s. f. (Théolog.) ravissement de l'esprit hors de son assiete naturelle, ou situation dans laquelle un homme est transporté hors de lui - même, de maniere que les fonctions de ses sens sont suspendus.

Le ravissement de S. Paul jusqu'au troisieme ciel, étoit ce que nous appellons extase. L'histoire ecclésiastique fait foi que plusieurs saints ont été ravis en extase pendant des journées entieres. C'est un état réel, trop bien attesté pour qu'on puisse douter de son existence.

Mais comme le mensonge & l'imposture s'efforcent de copier la vérité, & d'abuser de choses d'ailleurs innocentes, il est bon d'observer que les faux mystiques, les enthousiastes, les fanatiques ont supposé des extases, pour tâcher d'autoriser leurs rêveries ou leurs impiétés. Le faux prophete Mahomet persuada aux Arabes ignorans que les accès d'épilepsie auxquels il étoit sujet, étoient autant d'extases où il recevoit des révélations divines. (G)

Extase (Page 6:324)

Extase, s. m. (Medecine.) Ce terme, dérivé du grec, est employé sous différentes significations par les auteurs; Hippocrate s'en sert en plusieurs endroits de ses ouvrages, pour marquer une aliénation d'esprit très - considérable, un délire complet, tel que celui des phrénétiques, des maniaques. Voyez les coaques, text. 486. lib. II. les prorethiques, XVI. 12. 13. 14.

Sennert, prax. medic. lib. I. part. II. cap. xxx. parle aussi de l'extase en différens sens; il lui donne entr'autres, avec Scaliger, celui d'enthousiasme, quoique très - impropre. Voyez Enthousiasme.

L'usage a prévalu d'appelier extase une maladie soporeuse en apparence, mais mélancolique en effet, dans laquelle ceux qui en sont affectés, sont privés de tout sentiment & de tout mouvement, semblent morts, & paroissent quelquefois roides comme une statue, sans l'être, autant que dans le tetane & le catochus; ils n'ont par conséquent pas la flexibilité des cataleptiques: ils en sont distingués d'ailleurs, en ce qu'ils avoient avant l'attaque, l'esprit fortement occupé de quelqu'objet, & qu'ils se le rappellent souvent après l'accès extatique. Ils ont cependant cela de commun, que s'ils sont debout, ils restent dans cette situation immobiles, & de même de toute autre attitude dans laquelle ils peuvent être surpris par l'attaque. Voyez Catalepsie.

Nicolas Tulpius, Henri de Hers & autres, rapportent des observations, par lesquelles ils assûrent avoir vû des filles & de jeunes hommes passionnément amoureux tomber dans l'extase, par le chagrin de ce qu'on leur refusoit l'objet de leur passion, & n'en revenir que parce qu'on leur crioit qu'on la satisferoit. La dévotion produit aussi quelquefois cet effet, comme il en conste par l'observation du Capucin, dont parle le même Henri de Hers. M. de Sauvage dit [p. 325] dans ses classes de maladies, avoir vû en 1728 à Montpellier, un homme qui ayant oüi dire qu'on devoit le faire prendre pour le traduire en prison, en fut si frappé de peur, qu'il en perdit le mouvement & le sentiment: on avoit beau crier, l'interroger, le pincer, il ne bougeoit ni ne disoit mot; il tenoit les yeux à demi - ouverts, retenant toûjours la même attitude dans laquelle il avoit été saisi d'épouvante.

Les saignées, les émétiques, les clysteres acres, irritans; les sternutatoires, les cauteres actuels; tous ces remedes employés avec prudence, séparément ou conjointement, selon que le cas l'exige, peuvent remplir toutes les indications dans cette maladie. On doit avoir attention de ne faire d'abord usage que des moins violens, en passant par degrés aux plus actifs. (d)

EXTENSEUR (Page 6:325)

EXTENSEUR, adj. pris subst. (Anat.) est le nom d'un muscle qui produit le mouvement des os, que les Anatomistes appellent extension.

Ce mouvement est opposé à la flexion, & devient même une flexion en sens contraire, si la forme de l'articulation ne s'y oppose, comme on le voit dans les splenius & complexus, dans les cubitaux & radiaux externes, dans les extenseurs des doigts du pié, &c.

Les muscles extenseurs des doigts de la main & du pié, n'ont point d'autre nom que celui qu'ils tirent de leur fonction. M. Morgagni observe que les muscles du pouce & des autres doigts de la main, surtout les extenseurs, présentent beaucoup de variétés dans les différens sujets, pour ce qui regarde le nombre & la distribution de leurs tendons, & qu'on ne peut en promettre une description bien certaine. Voyez ses adversar. anat. II. pag. 40. On peut appliquer cette remarque aux extenseurs des orteils, comme nous verrons plus bas.

L'extenseur commun des doigts de la main, vient de la partie postérieure & inférieure du condyle externe de l'humerus; il sort d'une gaine tendineuse qui enveloppe & pénetre les muscles anconé, radial & cubital externes: il se divise en trois portions charnues, terminées par trois tendons qui passent sous le ligament annulaire commun externe du poignet. Un quatrieme tendon qui va au petit doigt, mais qu'on ne trouve pas toûjours, passe pour un anneau particulier du même ligament. Les extrémités de ces tendons s'inserent aux tubercules oblongs & transverses des parties supérieures externes des têtes des secondes phalanges; ensuite elles s'écartent latéralement en deux bandelettes qui se réunissent encore, & s'attachent aux faces convexes des troisiemes phalanges près de leurs bases.

L'extenseur propre du petit doigt est enveloppé dans son principe de la gaine tendineuse du coude, dont il est parlé ci - dessus. Il est attaché le long de la moitié supérieure externe de l'os du coude. Son tendon divisé superficiellement dans le trajet sur le dos de la main, accompagne le quatrieme tendon de l'extenseur commun, & s'unit avec lui sur le quatrieme os du métacarpe.

L'extenseur propre de l'index, qu'on appelle aussi indicateur, vient par un principe tendineux de la partie externe & moyenne du cubitus, au - dessous de l'attache du grand extenseur du pouce. Il est encore un peu attaché au ligament inter - osseux; il se termine par un tendon qui passe par le ligament annulaire des tendons de l'extenseur commun, & qui s'unit avec le tendon de ce muscle qui va au doigt index, au - dessus de la tête du premier os du métacarpe.

Le petit extenseur du pouce de la main vient de la partie externe & presque supérieure de l'os du coude; il s'attache ensuite au ligament inter - osseux, forme un tendon qui passe dans le sinus antérieur de la tête inférieure du rayon, & s'unit avec le tendon du grand extenseur du pouce, sur la partie convexe de la base de la seconde phalange.

Le grand extenseur du pouce de la main, tire son origine de la partie externe & moyenne du cubitus; il s'attache aussi au ligament inter - osseux, & à la partie moyenne du radius. Son tendon passe sous le ligament transversal externe du poignet; & après s'être uni avec le tendon du petit extenseur, va se terminer à la partie convexe de la troisieme phalange, près la base.

Le long extenseur des doigts du pié, vient du côté externe de la tête du cibia, de l'épine antérieure de la tête du péroné, de la partie supérieure du ligament inter - osseux: il est attaché le long de la face interne du péroné. En passant sous le ligament annulaire commun, il se divise en quatre tendons qui se portent sur la face supérieure des quatre derniers orteils.

Le court extenseur des orteils vient de la partie supérieure & antérieure du calcanéum & de l'astragal; il se divise en quatre tendons, dont le premier s'attache à la partie convexe de la premiere phalange du pouce. Les autres tendons forment dans les trois doigts suivans, avec les tendons du long extenseur, des tendons communs qui s'inserent aux secondes phalanges de ces doigts: de - là les tendons des deux extenseurs se séparent; & s'unissant derechef, se terminent aux troisiemes phalanges.

L'extenseur propre du pouce est attaché aux trois quarts supérieurs de la face interne du péroné, à la partie voisine du ligament inter - osseux, & un peu à l'extrémité inférieure du tibia. Son tendon s'insere à la partie supérieure de la premiere tête de la derniere phalange du pouce.

Cowper, & après lui Douglas, ont admis un court extenseur du gros orteil; mais ce muscle, par leur description, semble faire partie du court extenseur des orteils, ainsi que l'a pensé M. Albinus. Voyez son ouvrage intitulé, Historia musculorum hominis, pag. 603.

Il est aisé d'expliquer l'extension libre de chaque doigt de la main, & l'extension nécessairement simultanée des quatre doigts du pié après le pouce, par la différence des extenseurs des doigts de la main & du pié. La myographie comparée du chien, donnée par M. douglas, explique aussi la simultanéïté de l'extension des doigts de cet animal.

On trouvera la comparaison des muscles extenseurs & fléchisseurs, dans l'article Fléchisseur. (g)

EXTENSIBILITÉ (Page 6:325)

EXTENSIBILITÉ, s. f. (Phys.) est la propriété que certains corps ont de pouvoir souffrir de l'extension. Ce mot se dit principalement des cordes, des métaux, &c. Voyez Ductilité & Extension.

EXTENSION (Page 6:325)

EXTENSION, s. f. (Phys.) en parlant des corps, est la même chose qu'étendue. Voyez Etendue.

Extension (Page 6:325)

Extension signifie aussi la même chose que dilatetion, expansion, raréfaction. Voyez ces mots.

On voit une preuve bien sensible de l'extension des métaux par la chaleur, à la machine de Marly; toutes les barres qui servent à communiquer le mouvement des roues, varient tellement de longueur, qu'on a été obligé de faire plusieurs trous à l'endroit de leur jonction, pour les ajuster entr'elles à proportion de leur longueur. Supposant deux tiers de ligne pour l'alongement d'une barre de fer de six piés, ce seroit six pouces sur cent toises; ce qui produiroit dans le jeu des pistons un dérangement considérable, sans la précaution dont on vient de parler. La chaleur, ainsi que le froid, doivent par cette raison déranger souvent les horloges de clocher: la même raison peut influer quelquefois sur les montres de poche. D'habiles artistes ayant remarqué que l'extension du fer

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