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Terminons cet article par quelques réflexions de M. le chevalier de Folard, sur l'exercice des troupes pendant la paix.
Pour éviter ces inconvéniens, M. de Folard propose
A ces réflexions générales de M. le Blond sur les exercices, M. d'Authville a cru pouvoir ajoûter les observations particulieres qui suivent.
Pour concevoir tout ce qu'on doit enseigner & apprendre aux exercices, on doit se représenter les troupes suivant leurs différentes especes & dans tous les différens cas où elles peuvent se trouver: on reunit ces cas sous quatre points de vûe.
1°. Lorsqu'elles sont sous les armes pour s'instruire de ce qu'elles doivent faire dans toutes les circonstances de la guerre.
2°. Lorsque pour les endurcir & les fortifier, on les fait ou travailler ou marcher.
3°. Lorsque loin de l'ennemi elles sont sous les armes, soit en marche, soit pour passer des revûes, soit pour faire des exercices de parade, pour rendre des honneurs, faire des réjoüissances, ou assister à des exécutions.
4°. Lorsqu'en présence de l'ennemi, elles attendent l'occasion de le combattre avec avantage, le cherchent, l'attaquent, le poursuivent, ou font retraite.
Pour parvenir à rendre le soldat capable de remplir tous ces objets, les exercices doivent être très fréquens; c'est le plus sûr moyen d'établir & maintenir dans les armées une bonne discipline.
Il faut s'appliquer à entretenir les anciens soldats dans l'usage de tout ce qu'ils ont appris & de tout ce qu'ils ont fait pendant la guerre, & les instruire sur les nouvelles découvertes faites au profit des armes, qui sont ordinairement le fruit & la suite des progrès faits à la guerre; on doit avec encore plus de soin former les nouveaux soldats, & les exercer plus souvent dans tout ce que les uns & les autres sont obligés de savoir.
Les exercices se renferment en cinq parties principales:
1°. Maniement des armes propres à chaque espece
de troupes, on y doit comprendre l'art de monter
à cheval. Voyez
2°. La marche, mouvement par lequel une troupe,
soit à pié soit à cheval, se porte avec ordre enavant
ou de tout autre côté. Voyez
3°. Les évolutions: on entend par - là tous les changemens
de figure qu'on fait subir à une troupe. Voy.
4°. Le travail, qui consiste dans la construction des retranchemens, forts, ou d'autres ouvrages faits pour l'attaque & défense des places & des camps, & dans le transport des choses qui y sont nécessaires.
5°. La connoissance des signaux, tels que les divers
sons de la trompette, des tambours, &c. Voyez
L'ordonnance du 6 Mai, quant aux exercices de l'infanterie, & celle du 22 Juin 1755, en ce qui concerne la cavalerie, sont si étendues qu'il seroit impossible de les rapporter ici. Avant que de fixer ce qui doit être exécuté dans les exercices, le ministere de la guerre a cru qu'il devoit consulter chaque corps de troupes en particulier; pour cet effet il a été adressé à tous les régimens de cavalerie & d'in<pb-> [p. 243]
Ces ordonnances contiennent les titres suivans:
Cavalerie. Infanterie. Des obligations des officiers, Des obligations des officiers & de la maniere dont ils & de la maniere dont ils doivent saluer. doivent porter les armes & De l'école du cavalier. en saluer, ainsi que les ser - Du maniement des armes à gens. pié. De l'école du soldat. Du maniement des armes à De la formation & assemblée cheval. du bataillon. De l'inspection à pié. Du maniement des armes. De l'inspection à cheval. De la marche. Des maximes générales pour Des manoeuvres par rang & les manoeuvres. par file. Des manoeuvres pour une Des évolutions pour rompre compagnie. & reformer les bataillons. Des manoeuvres pour un ré - De la colonne. giment. De l'exercice du feu. Des manoeuvres pour une Des batteries, des tambours, troupe de cinquante maitres. & des signaux relatifs aux Des signaux. évolut ons. Des revûes.
Si nous surpassons les anciens en adresse, en agilité, il faut convenir qu'ils nous étoient bien supérieurs en force, puisqu'ils s'appliquoient sans cesse à la Gymnastique, & à fortifier leurs soldats.
On trouve ci - dessus, en abrégé, les différens exercices des Romains: pour ce qui est des Grecs, dont la Tactique d'Elien renferme tous les exercices, un officier fort savant nous en promet une traduction dans peu de tems avec des notes; elle sera précédée d'un discours sur la milice des Grecs en genéral.
S'il est d'une indispensable nécessité que toutes les troupes en général soient constamment exercées aux différentes manoeuvres de la guerre, on peut assûrer que cette loi oblige plus essentiellement la cavalerie que l'infanterie: non - seulement le cavalier doit savoir tout ce qu'on fait pratiquer au simple fantassin; destiné à un genre de combat différent, il faut encore qu'il s'y forme avec la plus grande attention, & qu'il y forme en même tems son cheval: il faut qu'il apprenne à manier ce cheval, & à le conduire avec intelligence; qu'il l'accoûtume à l'obéissance & à la docilité; qu'il le dresse à un grand nombre de mouvemens particuliers; que par des soins vigilans, il entretienne & augmente la force & la vigueur naturelle de cet animal, sa souplesse & sa legereté, & qu'il le rende capable de partager tous les sentimens dont il est lui - même tour - à - tour animé, soit à l'aspect de l'ennemi, soit au commencement du combat, soit dans la poursuite: il n'est rien de plus dangereux pour un cavalier, que de monter un cheval mal dressé: la perte de sa vie & de son honneur le punit très - souvent de sa négligence à cet égard.
La Grece divisée en autant de républiques qu'elle contenoit de villes un peu considérables, offroit autour de leur enceinte, le spectacle singulier & frappant d'une multitude d'habitans incessamment occupés à la lutte, au saut, au pugilat, à la course, au jeu du disque: ces exercices particuliers servoient de préparation à un exercice général de toute la nation, qui se renouvelloit tous les quatre ans en Elide (proche de la ville de Pise, autrement dite Olympie), & formoit la brillante solemnité des jeux olympiques. Si l'on refléchit sur le caractere des
Les exercices dans lesquels il falloit exceller, pour entrer dans la carriere olympique, entretenoient le corps agile, souple, leger, & procuroient aux Grecs une vigueur & une adresse qui les rendoit supérieurs à leurs ennemis.
C'est dans la même vûe & pour les mêmes raisons, que furent institués les jeux pythiques Les amphictions, les députés des principales villes de la Grece y présidoient, & regloient tout ce qui pouvoit contribuer à la sûreté & à la pompe de la fête.
Quant aux Romains, moins éloignés de nos tems, l'on sait que chacune de leurs immenses conquêtes a été le fruit de leurs exercices, & de l'attention qu'ils apportoient à former des soldats.
On accoûtumoit les soldats romains, comme on
l'a dit plus haut, à faire vingt milles de chemin d'un
pas ordinaire en cinq heures d'été, & d'un pas plus
grand, vingt - quatre milles dans le même tems: ces
pas comparés à ceux que prescrit la nouvelle ordonnance,
leur sont égaux, suivant l'exacte supputation
des heures, des milles, & des piés. Voyez
L'hyver comme l'été, les cavaliers romains étoient régulierement exercés tous les jours; & lorsque la rigueur de la saison empêchoit qu'on ne pût le faire à l'air, ils avoient des endroits couverts, destinés à cet usage. On les dressoit à sauter sur des chevaux de bois, tantôt à droite, tantôt à gauche; premierement sans armes, ensuite tout armés, & la lance ou l'épée à la main: après que les cavaliers s'étoient ainsi exercés seul à seul, ils montoient à cheval, & on les menoit à la promenade. Là on leur faisoit exécuter tous les mouvemens qui servent à attaquer & à poursuivre en ordre: si on leur montroit à plier, c'étoit pour leur apprendre à se reformer promptement, & à retourner à la charge avec la plus grande impétuosité. On les accoûtumoit à monter & à descendre rapidement par les lieux les plus roides & les plus escarpés, afin qu'ils ne pussent jamais se trouver arrêtés par aucune difficulté du terrein.
Enfin les exercices des Romains (au rapport de Josephe, liv. III. ch. vj.) ne différoient en rien des véritables combats: ils pouvoient, ajoûte - t - il, se nommer batailles non sanglantes, & leurs batailles des exercices sanglans.
L'histoire nous fait voir une des principales causes des succès d'Annibal, dans le relâchement où les Romains étoient tombés après la premiere guerre punique.
Vingt ans de négligence ou d'interruption dans
leurs exercices ordinaires, les avoient tellement énervés & rendus si peu propres aux manoeuvres de la
guerre, qu'ils ne purent tenir contre les Carthaginois, & qu'ils furent défaits autant de fois qu'ils oserent
paroître devant eux en bataille rangée: ce ne
fut que par l'usage des armes qu'ils sortirent peu - à - peu de l'état de foiblesse & d'abattement où les avoit
réduits le mauvais emploi qu'ils avoient fait du repos
de la paix: de sages généraux firent revivre dans les
légions l'esprit romain, en y rétablissant l'ancienne
discipline & l'habitude des exercices: alors leur courage
se ranima; & l'expérience leur ayant donné de
nouvelles forces, d'abord ils arrêterent les progrès
rapides de l'ennemi, ensuite ils balancerent ses succès,
enfin ils en devinrent les vainqueurs. Scipion
fut un de ceux qui contribua davantage à un si
prompt changement: il ne croyoit pas qu'il y eût
de meilleur moyen pour assûrer la victoire à ses troupes,
que de les exercer sans relâche. C'est dans cette
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