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C'est par des exercices de cette espece qu'ils acquéroient
cette force de bras qui produisoient ces coups
extraordinaires, qu'on a beaucoup de peine à croire
aujourd'hui. Voyez
Les armes que l'usage de la poudre a introduites dans
les armées, n'exigeant aucun effort considérable, on
s'est insensiblement deshabitué de tous les exercices qui
pouvoient augmenter la force du corps, & l'endurcir
aux travaux. On ne craint point de dire qu'on porte
un peu trop loin aujourd'hui la négligence à cet
égard: de - là vient que notre jeune noblesse, quoique
pleine de valeur & d'envie de se signaler à la
guerre, soûtiendroit difficilement une longue suite
de travaux rudes & pénibles, le corps n'y étant
point assez accoûtumé. On sait combien nos cuirasses,
si legeres en comparaison de l'armure des anciens
gendarmes, paroissent incommodes par leur
poids: quel qu'en soit l'utilité & la nécessité, on s'en
débarrasseroit souvent dans l'action même, si les
reglemens n'obligeoient point à les porter. Le défaut
d'exercices fatigans est la cause de cette espece de
mollesse.
L'exercice des troupes de l'Europe aujourd'hui,
consiste uniquement dans le maniement des armes
& dans les évolutions. Voyez
Le maniement des armes, qu'on appelle communément l'exercice, comme nous l'avons déjà dit, a pour objet d'habituer les soldats à se servir avec grace, promptitude, & accord, des armes propres à l'infanterie, c'est - à - dire du fusil avec la bayonnette au bout, qui est aujourd'hui la seule arme du soldat.
Cet exercice renferme plusieurs choses arbitraires. Ses regles générales, suivant M. Bottée, sont de faire observer au soldat une contenance fiere, noble, & aisée. Or comme il est possible que des mouvemens qui paroissent aisés & naturels aux uns, ne le soient pas également aux yeux des autres; que des tems & des
Ce même auteur, après avoir donné un projet
d'exercice qui renferme tout ce qu'il y a d'utile dans
le maniement des armes, observe qu'il y a bien d'autres
choses dont il faut que les soldats soient instruits;
Ajoûtons à ces différentes observations, qu'il seroit peut - être très - utile de faire connoître au soldat toutes les différentes pieces du fusil, afin qu'il puisse le démonter, le nettoyer, & s'appercevoir plus facilement des réparations dont cette arme peut avoir besoin pour être en état de service.
Il seroit encore à - propos d'apprendre aux soldats à bien mettre la pierre au fusil, pour qu'elle frappe à - peu - près vers le milieu de la batterie: car on sait que lorsque les pierres sont trop longues, elles cassent au premier coup, & que quand elles sont trop courtes, elles ne font point de feu.
Plusieurs militaires très - intelligens prétendent aussi qu'il faudroit accoûtumer les soldats à ne pas s'effrayer des chevaux qui s'avanceroient sur eux avec impétuosité. L'expérience fait voir qu'un homme résolu, suffit seul pour détourner un cheval emporté ou échappé de son chemin: c'est pourquoi des soldats bien exercés à voir cette manoeuvre, seroient plus disposès à faire ferme contre une troupe de cavalerie qui voudroit les mettre en desordre.
C'est le sentiment particulier de M. le marquis de
Santa - Crux. Cet illustre & savant officier général
dit sur ce sujet,
(a) Ceci étoit écrit avant l'ordonnance du 6 Mai 1755, qui
décide définitivement tout ce qui a rapport à l'exercice de
l'infanterie.
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A l'exercice concernant le maniement des armes,
on a ajoûté l'exercice du feu, comme le nomme l'instruction
du 14 Mai 1754: exercice très - essentiel, qui
consiste à accoûtumer les troupes à tirer ensemble,
ou séparément, par section, pelotons, &c. suivant
qu'on le juge à - propos. Voyez
Le fond & la forme de notre exercice ordinaire est fort ancien. Il paroît être imité de celui des Grecs, rapporté par Elien dans son traité de Tactique. Le P. Daniel croit que nous l'avons rétabli & perfectionné sur le modele des Hollandois; & cela sur ce que M. de Montgommeri de Corboson, qui vivoit sous Charn des IX. & Henri III. parlant dans son traité de la milice françoise, de l'exercice particulier des soldats décrit par Elien, le compare avec celui qui se faisoit alors en Hollande sous le comte Maurice, & non point avec celui qui se faisoit en France.
On trouve dans le livre intitulé le Maréckal de bataille, par Lostelneau, imprimé en 1647, l'exercice & les évolutions en usage dans les troupes du tems de Louis XIII.
Louis XIV. donna un reglement sur ce sujet en 1703. Comme les troupes avoient encore alors des mousquets & des piques, on fut obligé de le réformer peu de tems apres, à cause de la suppression de ces deux armes, ce qui arriva vers l'année 1704. Ce reglement accommodé à l'usage des troupes armées de fusils, qu'on trouve dans le code militaire de M. Briquet & dans beaucoup d'autres livres, a été assez constamment & uniformément observé par toute d'infanterie, jusqu'à l'ordonnance du 7 Mai 1750, qui a introduit beaucoup de changemens dans l'ancien exercice. Voyez cette ordonnance, l'instruction concernant son exécution donnée en 1753; celle du 14 Mai 1754, qui rassemble tout ce qui avoit été précédemment ordonné sur cette matiere; & l'ordonnance du 6 Mai 1755. Voyez aussi, page 131 de l'art de la guerre par M. le maréchai de Puysegur, com. I. à quoi l'on peut réduire le maniement des armes, pour ne rien faire d'inutile.
Les majors des places doivent, suivant les reglemens militaires, faire faire l'exercice général aux troupes de la garnison une fois le mois; & les majors des régimens d'infanterie, deux fois la semaine aux soidats des compagnies qui ne sont pas de garde. Ordonn. de Louis XIV. du 12 Oct. 1661.
A cet exercice, nécessaire pour apprendre aux
soldats le maniement des armes dont ils se servent,
M. le Marquis de Santa - Crux voudroit qu'on ajoûrât
les exercices généraux qui peuvent les rendre plus
propres aux différens travaux qu'ils ont à faire dans
les armées.
Ce même auteur veut aussi qu'on accoûtume les
Cet auteur veut encore qu'on instruise les fantassins
à monter en croupe de la cavalerie, parce que
cela est souvent nécessaire pour les passages des rivieres,
les marches précipitées, &c. Il observe ausst
Les Germains, du tems qu'ils n'étoient pas moins
guerriers qu'ils le sont aujourd'hui, dit toûjours
M. de Santa - Crux, accoûtumoient leurs troupes
à souffrir la faim, la soif, la chaleur, & le froid - Platon ajoûte à ce conseil celui de les accoûtumer
à la dureté du lit; à l'égard de ce dernier, les entrepreneurs
ont grand soin qu'il soit observé: quant aux
sept autres, quoique les accidens de la guerre y
exposent assez de téms en tems, il est certain que
si dans une longue paix on n'est pas exposé nécessairement
à essuyer quelque fatigue, il faudroit
s'accoûtumer à celle que le métier force souvent
d'endurer, &c.».
Quant à la cavalerie, M. de Santa - Crux veut que les cavaliers exercent leurs chevaux à franchir des fossés, à grimper sur des montagnes, & à galoper dans les bois, afin que ces différens obstacles ne les arrêtent point dans l'occasion; que les chevaux soient habitués à tourner promptement de l'une & de l'autre main; qu'on les empêche de ruer, de peur qu'ils ne mettent les escadrons en desordre; qu'on evite avec soin qu'ils ne prennent le mords aux dents, & qu'ils ne jettent les cavaliers par terre ou qu'ils ne les emportent malgré eux au milieu des ennemis. A ces avis généraux, tirés de Xénophon dans son traité du général de la Cavalerie, M. de Santa - Crux ajoûte qu'il faut accoûtumer les chevaux à ne pas s'épouvanter de la fumée, du bruit de la poudre, de celui des tambours & des trompettes dont on se sert dans les armées: il propose aussi de mettre aux chevaux des brides qui les obligent à tenir la tête un peu élevée, afin que les cavaliers soient plus couverts; d'avoir des étriers un peu courts, parce qu'en s'appuyant dessus on a plus de force, & qu'on peut alonger plus facilement le corps & le bras pour frapper, &c. Voyez le xxviij. & le xxjx. chapitres des réflex. milit. de M. de Santa - Crux, com. I.
Les exercices de la cavalerie dont on vient de parler,
sont des exercices généraux qui peuvent lui être
très - utiles; mais à l'égard de celui qui concerne le
maniement des armes, soit à pié soit à cheval, qu'on
appelle ordinairement l'exercice de la cavalerie, nous
renvoyons à l'ordonnance du 22 Juin 1755. Nous
observerons seulement ici sur ce sujet, qu'un point
très - essentiel dans cet exercice, c'est de bien accoûtumer
la cavalerie à marcher ensemble, de maniere
que les différens rangs de l'escadron se meuvent comme
s'ils formoient un corps solide, sans déranger leur
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