ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"260"> qui défend de les dissoudre à contre - tems, & ne veut pas non plus que l'on soit contraint de demeurer en société contre son gré.

Ainsi la clause apposée dans le cheptel, que le bailleur pourra exiguer toutes fois & quantes, doit être interprétée benignement & limitée à un tems commode; desorte que le bailleur ne peut exiguer en hyver, ni au fort des labours ou de la moisson.

Coquille à l'endroit cité, remarque encore que la faculté d'exiguer toutes fois & quantes, doit être réciproque & commune au preneur, qu'autrement la société seroit léonine.

Lorsqu'un métayer après l'expiration de son bail est sorti du domaine ou métairie sans aucun empêchement de la part du propriétaire, ce dernier n'est pas recevable après l'an à demander l'exiguë ou remise de ses bestiaux, quoiqu'il justifie de l'obligation du preneur; n'étant pas à présumer que le maître eût laissé sortir son métayer sans retirer de lui les bestiaux, & qu'il eût gardé le silence pendant un an.

Mais quand les bestiaux sont tenus à cheptel par un tiers, l'action du bailleur pour demander l'exiguë dure 30 ans.

La coûtume de Nivernois, ch. xxj. art. 10. porte qu'après que le bailleur aura exigué & prisé les bêtes, le preneur a dix jours par la coûtume pour opter de retenir les bêtes suivant l'estimation, ou de les laisser au bailleur; que si le preneur garde les bestiaux, il doit donner caution du prix, qu'autrement le bailleur le pourra garder pour l'estimation.

L'article 11. ajoûte que quand le preneur a fait la prisée dans le tems à lui permis, le bailleur a le même tems & choix de prendre ou laisser les bestiaux.

La coûtume de Berry dit que si le bétail demeure à celui qui exiguë & prise, il doit payer comptant; que si le bétail demeure à celui qui souffre la prisée, il a huitaine pour payer.

L'article 551. de la coûtume de Bourbonnois charge le preneur qui retient les bestiaux de donner caution du prix, autrement les bêtes doivent être mises en main tierce. Voyez Cheptel. (A)

EXJIA ou ECIJA (Page 6:260)

EXJIA ou ECIJA, (Géog. mod.) ville de l'Andalousie, en Espagne; elle est située sur le Xenil. Long. 13. 23. lat. 37. 22.

EXIL (Page 6:260)

EXIL, s. m. (Hist. anc.) bannissement. Voyez l'article Bannissement.

Chez les Romains le mot exil, exilium, signifioit proprement une interdiction, ou exclusion de l'eau & du feu, dont la conséquence naturelle étoit, que la personne ainsi condamnée étoit obligée d'aller vivre dans un autre pays, ne pouvant se passer de ces deux élémens. Aussi Ciceron, ad Heren. (supposé qu'il soit l'auteur de cet ouvrage) observe que la sentence ne portoit point précisément le mot d'exil, mais seulement d'interdiction de l'eau & du feu. Voyez Interdiction.

Le même auteur remarque que l'exil n'étoit pas à proprement parler un châtiment, mais une espece de refuge & d'abri contre des châtimens plus rigoureux: exilium non esse supplicium, sed perfugium portusque supplicii. Pro Caecin. Voy. Punition ou Chatiment.

Il ajoûte qu'il n'y avoit point chez les Romains de crime qu'on punît par l'exil, comme chez les autres nations: mais que l'exil étoit une espece d'abri où on se mettoit volontairement pour éviter les chaînes, l'ignominie, la faim, &c.

Les Athéniens envoyoient souvent en exil leurs généraux & leurs grands hommes, soit par jalousie de leur mérite, soit par la crainte qu'ils ne prissent trop d'autorité. Voyez Ostracisme.

Exil se dit aussi quelquefois de la relégation d'une personne dans un lieu, d'où il ne peut sortir sans congé. Voyez Relégation.

Ce mot est dérivé du mot latin exilium, ou de exul, qui signifie exilé; & les mots exilium ou exul sont formés probablement d'extra solum, hors de son pays natal.

Dans le style figuré, on appelle honorable exil, une charge ou emploi, qui oblige quelqu'un de demeurer dans un pays éloigné & peu agréable.

Sous le regne de Tibere, les emplois dans les pays éloignés étoient des especes d'exils mystérieux. Un évêché en Irlande, ou même une ambassade, ont été regardés comme des especes d'exils: une résidence ou une ambassade dans quelque pays barbare, est une sorte d'exil. Voyez le Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)

EXILLES (Page 6:260)

EXILLES, (Géog. mod.) ville de Piémont; elle appartient au Briançonnois; elle est située sur la Daire. Long. 24. 35. lat. 45. 5.

EXIMER (Page 6:260)

EXIMER, v. act. (hist. & droit publ. d'Allemagne.) On nomme ainsi en Allemagne l'action par laquelle un état ou membre immédiat de l'empire est soustrait à sa jurisdiction, & privé de son suffrage à la diete. Les auteurs qui ont traité du droit public d'Allemagne, distinguent deux sortes d'exemption, la totale & la partielle. La premiere est celle par laquelle un Etat de l'empire en est entierement détaché, au point de ne plus contribuer aux charges publiques, & de ne plus reconnoître l'autorité de l'Empire; ce qui se fait ou par la force des armes, ou par cession. C'est ainsi que la Suisse, les Provinces - Unies des Pays - Bas, le landgraviat d'Alsace, &c. ont été eximés de l'Empire dont ces états relevoient autrefois. L'exemption partielle est celle par laquelle un état est soustrait à la jurisdiction immédiate de l'Empire, pour n'y être plus soûmis que médiatement; ce qui arrive lorsqu'un état plus puissant en fait ôter un autre plus foible de la matricule de l'Empire, & lui enleve sa voix à la diete; pour lors celui qui exime doit payer les charges pour celui qui est eximé, & ce dernier de sujet immédiat de l'Empire, devient sujet médiat, ou landsasse. Voyez cet article. ( - )

EXINANITION (Page 6:260)

EXINANITION, s. f. (Medecine.) Ce terme signifie la même chose qu'évacuation: il est employé de même pour désigner l'action par laquelle il sort quelque matiere du corps en général, ou de quelqu'une de ses parties, soit par l'opération de la nature, soit par celle de l'art. Voyez Evacuation. (d)

EXISTENCE (Page 6:260)

EXISTENCE, s. f. (Métaphys.) Ce mot opposé à celui de néant, plus étendu que ceux de réalité & d'actualité, opposés, le premier à l'apparence, & le second à la possibilité simple; synonyme de l'un & de l'autre, comme un terme général l'est des termes particuliers qui lui sont subordonnés (voyez Synonyme), signifie dans sa force grammaticale, l'état d'une chose entant qu'elle existe. Mais qu'est - ce qu'exister? quelle notion les hommes ont - ils dans l'esprit lorsqu'ils prononcent ce mot? & comment l'ont - ils acquise ou formée? La réponse à ces questions sera le premier objet que nous discuterons dans cet article: ensuite, après avoir analysé la notion de l'existence, nous examinerons la maniere dont nous passons de la simple impression passive & interne de nos sensations, aux jugeméns que nous portons sur l'existence même des objets, & nous essayerons d'établir les vrais fondemens de toute certitude à cet égard.

De la notion de l'existence. Je pense, donc je suis, disoit Descartes. Ce grand homme voulant élever sur des fondemens solides le nouvel édifice de sa philosophie, avoit bien senti la nécessité de se dépouiller de toutes les notions acquises, pour appuyer desormais toutes ses propositions sur des principes dont l'évidence ne seroit susceptible ni de preuve ni [p. 261] de doute; mais il étoit bien loin de penser que ce premier raisonnement, ce premier anneau par lequel il prétendoit saisir la chaîne entiere des connoissances humaines, supposât lui - même des notions très - abstraites, & dont le développement étoit très - difficile; celles de pensée & d'existence. Locke en nous apprenant, ou plûtôt en nous démontrant le premier que toutes les idées nous viennent des sens, & qu'il n'est aucune notion dans l'esprit humain à laquelle il ne soit arrivé en partant uniquement des sensations, nous a montré le véritable point d'où les hommes sont partis, & où nous devons nous replacer pour suivre la génération de toutes leurs idées. Mon dessein n'est cependant point ici de prendre l'homme au premier instant de son être, d'examiner comment ses sensations sont devenues des idées, & de discuter si l'expérience seule lui a appris à rapporter ses sensations à des distances déterminées, à les sentir les unes hors des autres, & à se former l'idée d'étendue, comme le croit M. l'abbé de Condillac; ou si, comme je le crois, les sensations propres de la vûe, du toucher, & peut - être de tous les autres sens, ne sont pas nécessairement rapportées à une distance quelconque les unes des autres, & ne présentent pas par elles - mêmes l'idée de l'étendue. Voyez Idée, Sensation, Vue, Toucher, Substance spirituelle . Je n'ai pas besoin de ces recherches: si l'homme à cet égard a quelque chemin à faire, il est tout fait long - tems avant qu'il songe à se former la notion abstraite de l'existence; & je puis bien le supposer arrivé à un point que les brutes mêmes ont certainement atteint, si nous avons droit de juger qu'elles on'une ame. Voyez Ame des Bêtes. Il est au moins incontestable que l'homme a sû voir avant que d'apprendre à raisonner & à parler; & c'est à cette époque certaine que je commence à le considérer.

En le dépouillant donc de tout ce que le progrès de ses réflexions lui a fait acquérir depuis, je le vois, dans quelqu'instant que je le prenne, ou plûtôt je me sens moi - même assailli par une foule de sensations & d'images que chacun de mes sens m'apporte, & dont l'assemblage me présente un monde d'objets distincts les uns des autres, & d'un autre objet qui seul m'est présent par des sensations d'une certaine espece, & qui est le même que j'apprendrai dans la suite à nommer moi. Mais ce monde sensible, de quels élémens est - il composé? Des points noirs, blancs, rouges, verds, bleus, ombrés ou clairs, combinés en mille manieres, placés les uns hors des autres, rapportés à des distances plus ou moins grandes, & formant par leur contiguité une surface plus ou moins enfoncée sur laquelle mes regards s'arrêtent; c'est à quoi se réduisent toutes les images que je reçois par le sens de la vûe. La nature opere devant moi sur un espace indéterminé, précisément comme le peintre opere sur une toile. Les sensations de froid, de chaleur, de résistance, que je reçois par le sens du toucher, me paroissent aussi comme dispersées çà & là dans un espace à trois dimensions dont elles déterminent les différens points; & dans lequel, lorsque les points tangibles sont contigus, elles dessinent aussi des especes d'images, comme la vûe, mais à leur maniere, & tranchées avec bien moins de netteté. Le goût me paroît encore une sensation locale, toûjours accompagnée de celles qui sont propres au toucher, dont elle semble une espece limitée à un organe particulier. Quoique les sensations propres de l'oüie & de l'odorat ne nous présentent pas à - la-fois (du moins d'une façon permanente) un certain nombre de points contigus qui puissent former des figures & nous donner une idée d'étendue, elles ont cependant leur place dans cet espace dont les sensations de la vûe & du toucher nous déterminent les dimensions; & nous leur assignons toûjours une si<cb-> tuation, soit que nous les rapportions à une distance éloignée de nos organes, ou à ces organes mêmes. Il ne faut pas omettre un autre ordre de sensations plus pénétrantes, pour ainsi dire, qui rapportées à l'intérieur de notre corps, en occupant même quelquefois toute l'habitude, semblent remplir les trois dimensions de l'espace, & porter immédiatement avec elles l'idée de l'étendue solide. Je ferai de ces sensations une classe particuliere, sous le nom de tact intérieur ou sixieme sens, & j'y rangerai les douleurs qu'on ressent quelquefois dans l'intérieur des chairs, dans la capacité des intestins, & dans les os mêmes; les nausées, le mal - aise qui précede l'évanoüissement, la faim, la soif, l'émotion qui accompagne toutes les passions; les frissonnemens, soit de douleur, soit de volupté; enfin cette multitude de sensations confuses qui ne nous abandonnent jamais, qui nous circonscrivent en quelque sorte notre corps, qui nous le rendent toûjours présent, & que par cette raison quelques metaphysiciens ont appellées sens de la coexistence de notre corps. Voy. les articles Sens & Toucher. Dans cette espece d'analyse de toutes nos idées purement sensibles, je n'ai point rejetté les expressions qui supposent des notions réfléchies, & des connoissances d'un ordre bien postérieur à la simple sensation: il falloit bien m'en servir. L'homme réduit aux sensations n'a point de langage, & il n'a pû les désigner que par les noms des organes dont elles sont propres, ou des objets qui les excitent; ce qui suppose tout le système de nos jugemens sur l'existence des objets extérieurs, déjà formé. Mais je suis sûr de n'avoir peint que la situation de l'homme réduit aux simples impressions des sens, & je crois avoir fait l'énumération exacte de celles qu'il éprouve: il en résulte que toutes les idées des objets que nous appercevons par les sens, se réduisent, en derniere analyse, à une foule de sensations de couleur, de résistance, de son, &c. rapportées à différentes distances les unes des autres, & répandues dans un espace indéterminé, comme autant de points dont l'assemblage & les combinaisons forment un tableau solide (si l'on peut employer ici ce mot dans la même acception que les Géometres), auquel tous nos sens à - la - fois fournissent des images variées & multipliées indéfiniment.

Je suis encore loin de la notion de l'existence, & je ne vois jusqu'ici qu'une impression purement passive, ou tout au plus le jugement naturel par lequel plusieurs métaphysiciens prétendent que nous transportons nos propres sensations hors de nous - mêmes, pour les répandre sur les différens points de l'espace que nous imaginons. Voyez Sensation, Vue & Toucher. Mais ce tableau composé de toutes nos sensations, cet univers idéal n'est jamais le même deux instans de suite; & la mémoire qui conserve dans le second instant l'impression du premier, nous met à portée de comparer ces tableaux passagers, & d'en observer les différences. (Le développement de ce phénomene n'appartient point à cet article, & je dois encore le supposer, parce que la mémoire n'est pas plus le fruit de nos réflexions que la sensation même. Voyez Mémoire). Nous acquérons les idées de changement & de mouvement (Remarquez que je dis idée, & non pas notion; voyez ces deux articles). Plusieurs assemblages de ces points colorés, chauds ou froids, &c. nous paroissent changer de distance les uns par rapport aux autres, quoique les points eux - mêmes qui forment ces assemblages, gardent entr'eux le même arrangement ou la même coordination. Cette coordination nous apprend à distinguer ces assemblages de sensations par masses. Ces masses de sensations coordonnées, sont ce que nous appellerons un jour objets ou individus. Voy. ces deux mots. Nous voyons ces individus s'approcher, se fuir, disparoitre quelquefois entierement, ou pour reparoî<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.